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Nous regarderons comme notre frère l'ami de l'indépendance de l'Allemagne, nous remettrons avec douceur sur la voie l'homme foible qui s'est laissé égarer; mais nous poursuivrons impitoyablement, comme traître à la patrie commune, le vil partisan de la tyrannie étrangère.

Bunzlau, le 23 mars 1813.

Signé BLÜCHER.

N° VI.

Première proclamation adressée aux Saxons par le Comte de Wittgenstein, en date du

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Comment vous parlerai-je? Comme votre ennemi? je ne le suis pas. Vous êtes de francs Allemands, et je suis venu, au nom de mon Empereur, pour délivrer tous les Allemands d'un joug ignominieux. Je vous parlerai donc comme votre ami; écoutez-moi, car je vous veux du bien.

Peut-être êtes-vous étonnés à l'aspect des Russes et des Prussiens qui entrent armés dans votre pays; peut-être êtes-vous inquiets, et ne savez

vous pas ce que vous ferez, puisque votre Roi vous a abandonnés et vous a ordonné de rester en repos. Mais quand une maison est en feu, on ne commence pas par demander au propriétaire la permission de l'éteindre. La maison de votre Roi est en feu depuis long-temps, il est lui-même dans l'embarras, il n'ose pas parler comme il le voudroit, ayant un cœur allemand. Car faites. cette simple réflexion : lui, Roi allemand, obligé depuis si long-temps de livrer aux François votre sueur et votre sang, vous exhorteroit au repos dans un moment où le repos est un crime? Elle a sonné l'heure qui ne sonne pas deux fois, l'heure de la délivrance du joug étranger; et il pourroit désirer que vos oreilles fussent bouchées? Depuis quarante-cinq ans votre Roi a voulu votre bonheur, votre honneur; et il voudroit aujourd'hui notre malheur et votre infamie? Non, non, il vous a exhortés lui-même à maintenir l'ancien renom des Saxons. En quoi consistoit cet ancien renom? Lisez vos chroniques, vous l'y trouverez. Il a jadis existé aussi un ambitieux Empereur des François, on l'appeloit Charlemagne; il fallut qu'il vous fit la guerre pendant trente ans pour vous subjuguer. Mais alors vous aviez aussi un Roi, il s'appeloit Wittekind; il ne vous délaissa pas quand vous étiez dans la peine; il ne vous

exhorta pas au repos,

il vous conduisit lui-même au combat sanglant pour votre liberté. Voilà l'antique renom auquel vous devez tenir. Mille ans se sont écoulés depuis cette époque, Dieu n'avoit pas depuis mille ans affligé l'Europe d'un tel fléau; il se représente, et vous ne voudriez pas le combattre aujourd'hui comme vos aïeux le combattirent jadis? Vous tendriez volontairement le dos? Écoutez et songez qu'il vous est plus aisé de combattre qu'il ne le fut pour vos aïeux il y a mille ans. Ils étoient seuls; seuls ils furent obligés de se défendre contre le puissant Charles.

Mais vous, vous n'êtes pas seuls; mon Empereur avec toute sa puissance, le Roi de Prusse avec toute sa puissance, se sont levés pour venir vous secourir, vous délivrer, et si vous le voulez, la lutte ne durera pas trente ans; en un an, avec l'aide de Dieu, nous ferons tomber vos chaînes, et alors vous pourrez avec honneur rester en repos. Alors vos fabriques détruites fleuriront de nouveau, votre commerce retrouvera ses anciens débouchés qui sont aujourd'hui fermés, votre agriculture prospérera, vos enfans ne seront plus traînés à la boucherie; alors en un mot sera revenu l'heureux temps du repos, et votre Roi vous en remerciera. Quant à celui qui jusqu'à ce moment voudroit rester en repos, je ne

le reconnois pas pour un vrai Saxon, pour un Allemand. Qui n'est pas pour la liberté est contre elle. Choisissez donc entre mon affection fraternelle ou mon épée. Réunissez-vous à moi pour reconquérir avec moi votre Roi et son indépendance, et alors il pourra, si Dieu le veut, régner encore quarante-cinq ans dans la paix et l'abondance; car ne croyez pas que je veux vous faire renoncer à lui; je veux au contraire resserrer plus fortement les nœuds qui vous unissent à lui, et qui ont été rompus par la tyrannie étrangère. Vous aurez un Roi libre, et vous serez nommés les Saxons libres. Levez-vous, levez-vous, armezvous, quand ce seroit avec vos faux, vos fléaux, vos faucilles! Exterminez l'étranger de dessus votre terre! Vous me trouverez, avec mes Russes et les braves Prussiens, partout où le danger est le plus grand. Déjà le jugement de Dieu s'est manifesté sur le présomptueux. Croyez-moi, nous vaincrons, la longanimité de Dieu est épuisée. Nous vaincrons; ce n'est point par une vaine forfanterie que je parle ainsi, mais par l'effet de ma confiance en Dieu, en vous, et dans la sainteté et la justice de notre cause.

Donné à mon quartier-général de Berlin, le

mars 1815.

Le Comte DE WITTGENSTEIN.

No VII.

Proclamation du Prince Kutusoff, adressée aux Allemands le 25 mars 1815.

Au moment où les troupes russes victorieuses, accompagnées de celles du roi de Prusse, leurs alliées, entrent en Allemagne, S. M. l'Empereur de Russie et S. M. le Roi de Prusse annoncent aux Princes et aux peuples de l'Allemagne le retour de leur liberté et de leur indépendance. Ces monarques ne viennent que pour les aider à recouvrer ces biens héréditaires des peuples qui leur ont été enlevés, mais qui sont imprescriptibles; et pour donner à la régénération d'un empire vénérable un puissant appui et une garantie durable. C'est cette fin unique, grande, élevée au-dessus de toutes les considéra-* tions d'intérêt personnel, et par conséquent seule digne de Leurs Majestés, qui cause et qui dirige la marche de leurs troupes.

Ces armées, conduites sous les yeux des deux monarques par leurs généraux, sont pleines de confiance dans un Dieu tout-puissant et juste; elles espèrent terminer pour le monde entier, et à jamais pour l'Allemagne, ce qu'ellesont déjà si glorieusement commencé pour elles-mêmes, pour

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