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le retiendroit que deux jours, et que lui, lui, général Monthion, espéroit dans l'intervalle se procurer des renseignemens positifs sur le lieu où se trouvoient le major Lützow et son détachement.

Le major de Schütz crut devoir accepter cette proposition; mais à son retour de Zerbst, il apprit, à son extrême surprise, que le corps de Lützow avoit été attaqué et désarmé le 17, le même jour où le major-général lui assuroit qu'il n'avoit absolument aucune nouvelle de ce corps, ce qui l'empêchoit de consentir au départ du major de Schütz. Celui-ci, pénétré d'une juste indignation, alla trouver le Prince de Neuchâtel. Après quelques tentatives infructueuses, il obtint enfin une audience dans laquelle le Prince répondit à ses réclamations «< qu'il falloit regarder cette affaire «< comme un simple malentendu; que d'ailleurs «< c'étoient les Wurtembergeois qui avoient atta«< qué; qu'il avoit déjà écrit touchant cette affaire <«< aux commissaires de l'armistice à Neumarkt, (6 pour donner les éclaircissemens nécessaires. »

Le Baron de Martens, qui le 24 avoit été envoyé par le général Bülow pour demander que l'attentat commis contre le corps de Lützow fût sévèrement recherché, et que le fait fût mis au jour par une commission mixte, obtint de même une réponse évasive. Le Prince se

contenta de répondre qu'il avoit écrit amplement de cette affaire au général Barclay de Tolly dans la lettre dont il donnoit copie, et qu'il enverroit incessamment une copie de ces dépêches au général Bülow.

Le major - général prétendoit dans cette dépêche que dès le 17 le major de Lützow avoit été instruit de l'armistice, ce qui ne résulte pas des témoignages unanimes dont on a dressé procèsverbal.

le

Le major de Lützow avoit fait dire, disoit le major-général à l'officier qui lui apporta la copie de l'armistice, qu'il ne le reconnoissoit pas; mais le capitaine de cavalerie Monbé n'apporta que 14 au major la première nouvelle de l'armistice. Cet officier fut aussi le porteur de la lettre le que major de Lützow envoya à ce sujet au général Gersdorf, et qui fut remise par ce dernier en main propre au Prince de Neuchâtel et à l'Empereur Napoléon. Comment peut-on nier des faits aussi clairement démontrés?

Le Prince ajoute que le major avoit continué les hostilités depuis le 7 jusqu'au 18. Cette assertion est aussi absolument dénuée de fondement. Le major a cessé toute hostilité dès qu'il a été instruit de l'armistice; il a même renvoyé à Gera, par le volontaire de Schmidt, les trois

gendarmes qui avoient été faits prisonniers avant qu'il connût l'armistice.

La seule satisfaction que propose le majorgénéral au général Barclay de Tolly, est l'échange des prisonniers faits respectivement depuis le 14 du mois de juin.

Nota. Le major Lützow ne périt pas dans l'affaire de Kitzen: il trouva moyen de se sauver avec quelque peu de braves. Un attentat pareil à celui qu'on se permit contre ce partisan fut commis le 22 juin 1813. Le capitaine de Colomb, chef d'un corps de partisans, qui s'est distingué dans cette guerre, se trouvoit, depuis le 8 mai, sur les derrières de l'armée françoise. Ayaut eu connoissance de l'armistice, il voulut, le 22 juin, passer l'Elbe à Acken; on s'y opposa. Sommé de se rendre prisonnier par un détachement supérieur, il força le passage, et ne perdit que quatorze hommes.

No XII.

Rapport de Lord Wellington sur la bataille de Vittoria, le 21 juin 1813 (1).

- De Salvatierra le 22 juin, et d'Irunzun le 24 juin 1812.

MYLORD,

L'ARMÉE ennemie commandée par Joseph Buonaparte, et conduite par son major-général le

(1) Nous avons donné, tom. I, p. 70, un bulletin an

maréchal Jourdan, prit le 19 une position en avant de Vittoria. Leur aile gauche s'appuyoit contre les hauteurs qui s'étendent jusqu'à Puebla de Arlanzon et se prolongeoit à travers le val de Zadora, vers Arugnez. Leur centre occupoit une éminence qui domine le val de Zadora. Leur aile droite étoit dans les environs de Vittoria, destinée à défendre le passage de la rivière de Zadora dans le voisinage de cette ville. Une réserve étoit placée derrière l'aile gauche, au village de Gomicha.

La nature du terrain parcouru par notre armée depuis qu'elle étoit arrivée sur l'Ebre nous avoit obligés d'étendre nos colonnes: de sorte que nous fimes halte le 20 pour les resserrer davantage. Nous prîmes à gauche vers Margina, direction qui nous sembla la plus nécessaire. Je reconnus encore ce même jour la position de l'ennemi, dans le dessein de l'attaquer le lendemain matin, s'il n'attaquoit pas.

En conséquence nous attaquâmes hier l'ennemi, et j'ai le bonheur de pouvoir annoncer à V. S. que l'armée alliée sous mes ordres a rem

glois sur la bataille de Vittoria; nous n'avons pu alors nous procurer le rapport officiel, qui est une pièce importante pour l'histoire.

porté une victoire complète. Nous avons chassé l'ennemi de toutes ses positions; nous lui avons pris cent cinquante- un canons (1), quatre cent quinze caissons de munitions, tout son bagage, ses provisions, ses bestiaux, sa caisse militaire, et nous lui avons fait un grand nombre de prisonniers.

Les opérations de la journée commencèrent ainsi le lieutenant-general sir Rowland Hill s'empara des hauteurs de la Puebla, sur lesquelles s'appuyoit l'aile gauche de l'ennemi, et qu'il n'avoit pas garnies de beaucoup de forces.

Le général Hill détacha à cet effet une brigade de la division espagnole sous le général Murillo, tandis qu'une seconde brigade posée entre son corps, placé sur la route de Miranda à Vittoria, et les troupes envoyées contre les hauteurs de Puebla, entretenoit la communication. Cependant l'ennemi, qui s'étoit convaincu de l'impor tance de ces hauteurs, renforça tellement ses troupes de ce côté, que sir R. Hill se vit obligé de faire avancer sur ce point d'abord le soixanteonzième régiment et le bataillon d'infanterie légère de la brigade du major-genéral Walker sous

(1) D'après les rapports postérieurs ce nombre montoit à cent quatre-vingts.

TOME IV.

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