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le lieutenant-colonel Cadogan, et graduellement un plus grand nombre de troupes, de sorte que les alliés, malgré tous les efforts de l'ennemi, emportèrent ces hauteurs et s'y maintinrent. Le combat fut chaud, la perte considérable. Le général Murillo fut blessé, sans néanmoins abandonner le champ de bataille. J'annonce avec douleur que le lieutenant-colonel Cadogan a été tué. Le Roi perd en lui un officier du meilleur esprit et d'une bravoure éprouvée, qui possédoit l'estime et l'affection de l'armée entière, et dont la patrie, s'il eût vécu plus long-temps, eût eu à espérer les plus grands services.

Sir Rowland Hill put alors, sous la protection des hauteurs de la Puebla, passer d'abord près du village de ce nom la rivière de Zadora, ensuite traverser le défilé formé par cette rivière et par les hauteurs, puis attaquer le village de Sabyana de Alava sur le front de l'ennemi, l'enlever et le conserver contre les attaques réitérées de l'ennemi.

Les difficultés du terrain empêchèrent que les communications entre nos colonnes, qui s'étoient mises en mouvement le long de la rivière Baja pour attaquer, eussent lieu aussitôt que je m'y étois attendu. Il étoit tard lorsque j'appris que la colonne composée de la troisième et de la septième division, sous les ordres du Comte de

Dalhousie, étoit arrivée au lieu de sa destination. Cependant la quatrième division et la légère, aussitôt que sir R. Hill eut pris possession de Sabyana de Alava, avoient passé la Zadora, la première par le pont de Nunelaus, la seconde par celui de Tres-Puntas. A peine le passage étoit-il effectué, que la colonne commandée par le Comte de Dalhousie arriva à Mendouza, tandis que la troisième division sous le lieutenantgénéral sir Thomas Picton traversa la rivière plus haut, et fut suivie de la septième division sous le Comte de Dalhousie.

Ces quatre divisions, qui formoient le centre de l'armée, étoient destinées à attaquer les hauteurs occupées par la droite du centre de l'armée ennemie, tandis que sir Hill partant de Sabyana de Alava attaqueroit la gauche du centre. L'ennemi, qui avoit affoibli sa ligne par les corps détachés sur les hauteurs de Puebla, abandonna sa position dans la vallée aussitôt qu'il vit nos préparatifs d'attaque, et se retira en bon ordre à Vittoria.

Nostroupes s'avancèrent dans le meilleur ordre, sans se laisser arrêter par les difficultés du terrain. Cependant le lieutenant - général sir Thomas Graham qui commandoit l'aile gauche de l'armée, composée de la première et de la cinquième di

vision, formées par les brigades d'infanterie des généraux Bock et Anson, et qui le 20 s'étoit mis en mouvement sur Margine, s'étoit avancé de là sur Vittoria par la route de Bilbao. Il avoit en outre avec lui la division espagnole sous le colonel Longa; et le général Guyon, qui dans un autre dessein avoit été détaché à l'aile gauche, puis rappelé, et étoit arrivé le 20 à Orduna, en partit dans la même matinée, et se trouva par conséquent sur un point où il pouvoit soutenir le lieutenant-général Graham, si cela étoit nécessaire.

L'ennemi avoit une division d'infanterie, et quelque cavalerie sur la route de Vittoria à Bilbao, et appuyoit son aile droite sur des hauteurs escarpées qui couvrent le village de GamarraMajor. Il avoit des forces considérables dans les deux Gamarra et à Abechuco, qui servoient de têtes aux ponts sur le Zadora. Le général Pack fut détaché avec la brigade portugaise, et le colonel Longa avec la division espagnole, pour tourner et enlever ces hauteurs. La brigade légère de dragons du major-général Anson, et la cinquième division d'infanterie sous les ordres du généralmajor Oswald, furent chargées de soutenir l'attaque, et ce dernier eut le commandement de cette division.

Le général Graham rapporte que les troupes

portugaises et espagnoles se sont parfaitemeut conduites dans l'exécution de ce plan. Le quatrième et le huitième régiment de chasseurs se sont particulièrement distingués. Le colonel Longa, qui étoit à l'aile gauche, prit possession de Gamarra-Menor.

Dès que nous nous fûmes rendus maîtres des hauteurs, le village de Gamarra-Major fut emporté d'assaut par la brigade du général Robinson, de la cinquième division. La brigade s'étoit avancée en colonnes de bataillon au milieu d'un feu violent d'artillerie et de mousqueterie, sans tirer un coup, et soutenue seulement par deux canons de la brigade d'artillerie du major Lawson. L'ennemi souffrit considérablement et perdit trois

canons.

Alors le lieutenant-général fit attaquer le village d'Abechuco par la première division, aidée de deux batteries, consistant dans la brigade du capitaine Dubourdieu, et dans la cavalerie à cheval du capitaine Ramsay. Protégée par ces batteries, la brigade du colonel Halvert marcha à l'attaque. Le village fut pris après que le bataillon léger se fut emparé sur le pont de trois canons et d'un obusier. Les brigades d'infanterie portugaise du général Bradford soutinrent l'attaque.

Tandis que l'on se battoit à Abechuco, l'en

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nemi fit les plus grands efforts pour se remettre en possession de Gamarra-Major, mais toutes ses attaques furent vigoureusement repoussées par les troupes de la cinquième division sous le major-général Oswald. Cependant l'ennemi avoit encore une réserve de deux divisions d'infanterie sur les hauteurs de la rive gauche de Zadora. Il fut impossible de passer sur les ponts avant que l'ennemi eût été chassé de Vittoria par les troupes qui avoient fait l'attaque contre le centre de l'aile gauche.

Mais alors tout se réunit pour la poursuite, qui fut continuée jusque bien avant dans la nuit.

Le mouvement des troupes commandées par sir Thomas Graham, l'occupation de Gamarra et d'Abechuco, coupèrent à l'ennemi la retraite par le grand chemin de France; il fut obligé de prendre la route de Pampelune.

Il ne fut plus possible à l'ennemi de tenir dans aucune position assez long-temps pour emmener son artillerie et ses bagages. Toute l'artillerie qui n'avoit pas été prise lors des premières attaques d'Aruguez et de Zadora, ou ensuite quand nos troupes occupèrent d'autres positions, le fut dans le voisinage de Vittoria, avec toutes les munitions, tout le bagage, en un mot, avec tout ce que l'armée trainoit à sa suite. J'ai tout lieu de

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