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ne fût statué sur le terme définitif; que néanmoins S. A. R. le Prince-Régent, fidèle aux principes qu'elle avoit une fois adoptés, ne se refuseroit pas à préférer le terme de huit ans pour la cessation finale de la traite; que cependant la question se trouvant étroitement liée à tout le système commercial du Portugal, et l'abo lition de la traite devant nécessairement altérer ce système, les mesures ultérieures à prendre pour cet objet ne pouvoient que dépendre du résultat des discussions commerciales qui se trouvoient entre le gouvernement Portugais et celui de la Grande-Bretagne.

Après cette explication lord Castlereagh a prié MM. les plénipotentiaires présens d'adresser à M. le plénipotentiaire de Portugal les mêmes propositions, accompagnées des mêmes instances qui avoient eu lieu vis-à-vis de M. le plénipotentiaire d'Espagne ; et MM. les plénipotentiaires de Russie, de France, d'Autriche, de Prusse et de Suède ont renouvélé vis-à-vis M. le comte de Palmella leurs déclarations précédentes.

Sur quoi la séance a été levée.

Lecture faite du précédent protocole à la

séance du samedi, 28 janvier, M. le chevalier de Labrador, plénipotentiaire de S. M. le roi d'Espagne, en se référant à des développemens ultérieurs donnés à son opinion sur le terme de l'abolition de la traite dans la séance du 20, a demandé d'insérer au protocole les explications additionnelles dont la teneur suit:

« Si les colonies espagnoles d'Amérique étoient, pour ce qui concerne les Nègres, dans le même état que les colonies angloises, S. M. C. ne balanceroit pas un seul moment à prononcer l'abolition immédiate de la traite; mais les questions de l'abolition ayant été agitées dans le parlement anglois, depuis 1788 jusqu'à 1807, les propriétaires anglois ont eu tout le temps de faire des achats extraordinaires d'esclaves, et en effet il les ont faits de façon que, dans la Jamaïque, où il n'y avoit, en 1787, que deux cent cinquante mille esclaves, il y en avoit, à l'époque de l'abolition, en 1807, quatre cent mille. Au contraire les propriétaires espagnols ont été, pendant les derniers vingt ans, privés presqu'entièrement de se procurer des esclaves; car l'état de guerre dans lequel l'Espagne s'est trouvée engagée avec l'Angleterre, pendant la plupart de ce temps, rendoit presque impossibles les

expéditions des bâtimens négriers ; et le reste de la même époque, toute l'attention et tous les moyens de la péninsule et de ses colonies ont été dirigés contre l'agression du tyran du continent. En conséquence de cette position extraordinaire dans laquelle l'Espagne s'est trouvée, les propriétaires des colonies espagnoles n'ont pu remplacer les esclaves que la mort a enlevés ou l'âge a rendus inutiles depuis vingt ans; ils possèdent des établissemens où ils ont employé des sommes immenses et qu'ils ont entretenus à grands frais, avec l'espoir de pouvoir un jour se procurer les esclaves nécessaires, et l'abolition immédiate de la traite les ruineroit pour toujours. Ils ont réclamé la protection et la justice que leur souverain leur doit, et S. M. leur a promis de permettre la continuation de la traite pendant huit ans, temps fort inférieur à celui qu'ils demandoient, et dont ils avoient besoin pour se rembourser des capitaux employés dans leurs plantations. Si quelqu'un peut encore douter de la nécessité de cette mesure, il suffira de lui faire observer, qu'à la Jamaïque il y a dix esclaves pour chaque blanc, le nombre de ceux-ci n'étant que de quarante mille et celui des Nègres de quatre cent mille,

et qu'à l'île de Cuba, la mieux fournie d'esclaves de toutes les colonies espagnoles, il y a deux cent soixante-quatorze mille blancs et deux cent douze mille esclaves seulement. >>

Vu et approuvé.

Signés NESSELRODE; STEWART, lieutenant-
général; CASTLEREAGH; TALLEYRAND;
PALMELLA, SALDANHA, LOBO; LOEWEN-
HIELM; GOMEZ LABRADOR; le baron DE
BINDER HUMBOLDT.

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ANNEXE 2.

Protocole de la seconde conférence particulière relative à l'abolition de la traite des Nègres, le samedi 28 janvier 1815.

Furent présens, lord Castlereagh, premier plénipotentiaire de S. M. Britannique;

Lord Stewart, plénipotentiaire de S. M. Britannique;

M. le prince de Talleyrand, premier plénipotentiaire de S. M. T. Ch. ;

M. le chevalier de Labrador, plénipotentiaire de S. M. le roi d'Espagne ;

M. le comte de Palmella, M. le comte de

Saldanha, M. le chevalier de Lobo, plénipotentiaires de S. A. R. le Prince-Régent de Portugal;

M. le comte de Nesselrode, plénipotentiaire de S. M. l'empereur de toutes les Russies; M. le comte de Loewenhielm, plénipotentiaire de S. M. le roi de Suède;

M. le baron de Humboldt, plénipotentiaire de S. M. le roi de Prusse;

M. le prince de Metternich, premier plénipotentiaire de S. M. l'empereur d'Autriche ; M. le baron de Binder.

Il a été fait lecture du procès-verbal de la séance précédente, lequel, y compris l'article additionnel inséré sur la demande de M. le plénipotentiaire d'Espagne, a été approuvé et signé.

M. le prince de Metternich, premier plénipotentiaire de S. M. l'empereur d'Autriche n'ayant pas pu être présent en personne à la première conférence, a confirmé tout ce que M. le baron de Binder y auroit dit, et déclaré son adhésion aux différentes résolutions qui y ont été prises. Il a désiré qu'il en fût fait mention expresse au protocole.

On a lu ensuite le projet de déclaration rédigé

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