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regardant l'abolition universelle de la traite des Nègres comme une mesure particulièrement digne de leur attention, conforme à l'esprit du siècle et aux principes généreux de leurs augustes souverains, ils sont animés du désir sincère de concourir à l'exécution la plus prompte et la plus efficace de cette mesure, par tous les moyens à leur disposition, et d'agir dans l'emploi de ces moyens, avec tout le zèle et toute la persévérance qu'ils doivent à une aussi grande et belle cause.

Trop instruits toutefois des sentimens de leurs souverains, pour ne pas prévoir que, quelque honorable que soit leur but, ils ne le poursuivront pas sans de justes ménagemens pour les intérêts, les habitudes et les préventions mêmes de leurs sujets, lesdits plénipotentiaires reconnoissent en même temps que cette déclaration générale ne sauroit préjuger le terme que chaque puissance en particulier pourroit envisager comme le plus convenable pour l'abolition définitive du commerce des Nègres par conséquent la détermination de l'époque où ce commerce doit universellement cesser, sera un objet de négociation entre les puissances; bien entendu que l'on ne négligera aucun moyen propre à en assurer et à en accé

lérer la marche ; et que l'engagement réciproque contracté par la présente déclaration entre les Souverains qui y ont pris part, ne sera consi⚫déré comme rempli qu'au moment où un succès complet aura couronné leurs efforts réunis. En portant cette déclaration à la connoissance de l'Europe et de toutes les nations civilisées de la térre, lesdits plénipotentiaires se flattent d'engager tous les autres gouvernemens, et notamment ceux qui, en abolissant la traite des Nègres, ont manifesté déjà les mêmes sentimens, à les appuyer de leur suffrage dans une cause dont le triomphe final sera un des plus beaux monumens du siècle qui l'a embrassée et qui l'aura si glorieusement terminée.

ANNEXE 6.

Déclaration des plénipotentiaires portugais, datee de Vienne, le 6 février 1815.

Les soussignés plénipotentiaires de S. A. R. le prince-régent de Portugal au congrès, se conformant aux vues bienfaisantes et libérales de leur auguste maître, n'ont pas hésité à se joindre à MM. les plénipotentiaires des autres cours signataires du traité de Paris, pour at

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tester publiquement, par une déclaration solennelle, leur désir d'accélérer l'époque où la cessation générale et absolue de la traite des Nègres pourra avoir lieu.

D'après le même principe, ils ont déjà eu l'honneur d'annoncer dans la conférence du 28 janvier, l'engagement qu'ils venoient de prendre au nom de S. A. R. dans un traité avec S. M. Britannique, de défendre immédiatement aux navires portugais ce commerce sur toutes les côtes de l'Afrique, situées au nord de l'équateur; engagement beaucoup plus étendu que celui qui a été pris par les autres puissances qui continuent encore la traite. Les soussignés se flattent d'avoir, dans le cours de la discussion qui a eu lieu à ce sujet entre MM. les plénipotentiaires, démontré jusqu'à l'évidence les obstacles qui empêchent S. A. R. le princerégent de Portugal de suivre, pour l'extinction du système de la traite, une marche trop précipitée, qui détruiroit la prospérité naissante de ses états d'Amérique, et causeroit la ruine d'un grand nombre de ses sujets. Ils ont cependant déclaré dans la conférence du 20 janvier, que le Portugal s'engageroit, ainsi que l'a fait l'Espagne, à abolir définitivement la traite des esclavés au bout de huit ans; mais qu'ils

étoient forcés d'exiger toutefois, comme une condition indispensable pour cette abolition finale, que S. M. Britannique se prétât de son côté aux changemens qu'ils ont proposés dans le système commercial entre le Portugal et la Grande-Bretagne, attendu que la prohibition

que

l'on a en vue doit nécessairement causer des variations dans tout le système commercial des états portugais.

Après toutes ces explications, aussi franches que précises, les soussignés espéroient avoir convaincu MM. les plénipotentiaires des Hautes-Puissances signataires du traité de Paris, de l'impossibilité où se trouve S. A. R. le prince-régent de Portugal, d'outre- passer, sans blesser les intérêts de ses sujets, les mesures qu'ils ont annoncées. C'est donc avec peine qu'ils ont entendu, dans la conférence du 4 de ce mois, une proposition de S. E. mylord Castlereagh, tendante à faire entrevoir qu'on se réservoit d'employer d'autres moyens que ceux de la négociation, pour engager les puissances qui continueroient la traite au delà de cinq ans, à adopter forcément une mesure qui ne peut jamais être demandée que comme un acte volontaire de toute puissance indépen-dante. 7

Ils croient de leur devoir de déclarer en cette occasion, que S. A. R. le prince-régent de Portugal: se réserve (quelques soient ses engagemens précédens avec les autrés puissances qui défendroient chez elles l'introduc tion des denrées coloniales portugaises) d'exercer une retaliation bien justifiée, en prohibant dans ses états, de son côté, l'importation des produits commerciaux des nations qui auroient adopté à son égard une mesuré aussi inusitée.

Les soussignés, en profitant de cette occasion pour assurer LL. EE. MM. les plénipotentiaires des puissances signataires du traité de Paris de leur plus haute considération, demandent que la présente déclaration soit transcrite par entier dans le protocole des conférences de la commission.

Signés Le comte DE PALMELLA.

A. DE SALDANHA DE Gama.
JOAQUIM LOBO, DA SILVEIRA.

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Dépêche du vicomte Castlereagh au même, datée de Vienne, le 14 fevrier 1815.

MYLORD',

J'ai l'honneur de transmettre à V. S. pour

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