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éviterez de parler de l'ancienne forme du gouvernement en termes qui puissent causer des illusions; car il se pourroit que des considérations dictées par l'intérêt général, engageassent à adopter un autre système.

Quant aux mesures à prendre dans le Milanez, je ne désire pas que V. S. y laisse le général M' Farlane, maintenant que les Autrichiens se sont avancés. L'intervention de V. S. placée à une si grande distance du siège des conseils des alliés, compliqueroit d'une manière dangereuse les intérêts de l'Italie; et je désire que V. S. ne fasse rien pour encourager la fermentation qui règne en Italie sur des questions politiques.

Signé CASTLEReagh,

No VI.

Note présentée le 11 mai 1814, à Paris, au vicomte Castlereagh, par M. Pareto ministre plénipotentiaire de la république· de Génes (1).

LE soussigné, ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire de la république de

(1) En françois.

TOM. VI.

ว่า

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Gênes, a l'honneur de soumettre à S. E. mylord Castlereagh, premier secrétaire d'état de S. M. Britannique au département des affaires étrangères, la note suivante :

Les grands évènemens qui viennent de se passer en Europe et les résolutions magnanimes annoncées par les hautes puissances alliées, ont donné l'éveil aux espérances de tous les peuples assujettis dans ces dernières années à la domination françoise: celles de la nation génoise n'ont qu'un seul but, celui de recouvrer son ancienne existence momentanément suspendue.

Les espérances que le désir de secouer un joug, supporté impatiemment, avoit toujours nourries, ont augmenté à l'approche des armées victorieuses de S. M. Britannique. Remplis d'une égale confiance dans les dispositions bienfaisantes de toutes les hautes puissances alliées, les Génois cependant n'ont pu voir sans la plus vive joie, que leur sort alloit dépendre plus particulièrement de cette nation généreuse avec laquelle ils eurent en tout temps les rapports si étroits d'industrie et de commerce. Aussi l'enthousiasme fut-il à son comble, et les clameurs du peuple et une décla

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ration des notables de la ville, hâtèrent peutêtre le terme d'une résistance inutile. Certes, même sans ces circonstances, la délivrance de Gênes n'en étoit pas moins assurée par les triomphes des armes britanniques. Mais il est honorable pour les Génois d'y avoir en quelque sorte coopéré eux-mêmes, et d'avoir hautement proclamé le vœu du retour à leur ancienne indépendance et à leurs anciennes lois, étant encore, pour ainsi dire, sous les baïonnettes des François.

Ce vœu spontané est non-seulement, le vœu général de la nation; il en est le besoin. Placée dans un territoire étroit et stérile, elle n'a qu'un seul moyen d'existence, le commerce d'économie et dans la concurrence des ports. voisins, le commerce ne sauroit avoir lieu que d'après un système et des règlemens financiers les moins onéreux possibles, tels qu'ils existoient autrefois. L'ancien gouvernement génois étoit, par sa nature, le plus économe et le moins couteux de tous les gouvernemens de l'Europe; l'impôt y étoit très-léger, les droits sur le commerce presque insignifians. En vain se flatteroit-on de conserver ce système, si Gênes étoit régie par toute autre forme de gouvernement, et moins encore si elle étoit

réunie à un état plus étendu. Des besoins sans nombre et sans mesure viendroient de nouveau écraser ce malheureux pays, qui, affoibli depuis quinze ans par des pertes immenses, sacrifié à des intérêts étrangers aux siens, au lieu de voir cicatriser ses plaies, verroit bientôt tarir à jamais les sources de son industrie, et consommer sa ruine.

Des considérations si graves reçoivent une nouvelle sanction par la longue et heureuse expérience qu'on a faite de l'ordre de choses dont on invoque le rétablissement. Pendant plus de deux siècles et demi, depuis 1508 jusqu'en 1797, il à fait constamment le bonheur de la nation, qui, après de longs orages, y a trouvé le repos qu'elle avoit cherché vainement dans les autres systèmes d'administration. Si quelques modifications concernant les conditions d'éligibilité aux charges publiques y ont paru nécessaires, le résultat d'un commun accord et d'une parfaite unanimité entre tous les citoyens n'en sera que mieux assuré.

Cet accord et cette unanimité ont été consta

tés par S. E. lord Bentinck, qui a reconnu l'expression légitime de la volonté nationale. Il a pú également reconnoître quelle invincible répugnance inspiroit une domination étran

gère, puisque les faux bruits de la réunion de Gênes à un état voisin, s'étant par hasard répandus, dans la ville, la consternation a été générale, et un jour de fête s'est converti en un jour de deuil, jusqu'à ce que ces craintes aient été calmées par l'espoir que les déclarations répétées des hautes puissances ont dû faire renaître.

En effet, les vœux des Génois sont entièrement conformes au grand dessein qui a été le noble but de tant d'efforts, celui de reconstruire sur ses bases l'ancien édifice social de l'Europe. La république de Gênes n'a disparu, en 1805, d'entre le nombre des états indépendans, que par le seul fait de la violence. En droit, elle n'a point cessé d'exister, la réunion de son territoire à la France n'ayant jamais été reconnue par les autres gouvernemens et moins encore par le gouvernement britannique. Par conséquent, l'application à cette république 4,9 des principes établis par les hautes puissances, ne peut être douteuse. C'est même en raison de la foiblesse de ce petit état, que leur magnanimité en éclatera davantage,,,

Si, d'après des motifs d'une si haute importance, on pouvoit hasarder des conjectures sur ce qui, à cet égard, paroît convenir aux intérêts

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