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sances et de l'Autriche même, qui ont porté en avant et concentré leurs forces, que le Roi a jugé nécessaire de faire reprendre à son armée la même position qu'elle occupoit sur le Pô à la fin de la dernière guerre, d'après une convention signée le 7 février entre les généraux autrichien et napolitain.

La marche de l'armée napolitaine sur le Pô ne peut donc être envisagée que comme une mesure de précaution et de prévoyance, dictée par le renouvellement de l'état de choses qui donna lieu à la convention sus-énoncée, et par la considération que le Roi ne pouvant compter que sur ses propres forces, la ligne du Pô est la seule qui puisse le mettre en mesure de se défendre contre toute attaque qu'on pourroit, méditer contre ses états.

Cette explication qui a été donnée à temps au commandant en chef de l'armée autrichienne en Italie, pour prévenir tout acte d'hostilité jusqu'à ce que les deux cours se fussent entendues, n'a pas produit l'effet qu'on attendoit, puisque le Roi a été informé qu'une canonnière napolitaine a été arrêtée et désarmée dans le port de Cervia. Une autre canonnière qui portoit des dépêches au consul napolitain à Venise, a été également arrêtée sur la pointe

de Goro, à l'embouchure du Pô, on a tiré sur elle, et lorsque le commandant a déclaré qu'il étoit chargé de dépêches pour ledit agent, on lui a répondu que, d'après les ordres de M. le feld-maréchal Bellegarde, aucun bâtiment napolitain ne pouvoit être reçu sur toute la côte autrichienne.

Enfin, un officier napolitain qui avoit été envoyé au pont de Lagoscuro pour recevoir des caisses de fusils dont le gouvernement autrichien avoit accordé l'exportation, a été renvoyé sans pouvoir obtenir la remise de ces

armes.

S. M. Napolitaine regrette infiniment que Sa Sainteté et S. A. I. et R. le grand-duc de Toscane, malgré les assurances les plus amicales qu'elle leur a fait donner, aient pris la détermination précipitée de s'éloigner de leurs capitales. Le Roi a dû voir avec peine dans cette circonstance, que le ministre autrichien à la cour de Rome, au lieu de calmer les inquiétudes mal fondées du Saint-Père, ait contribué au contraire, avec la plus grande chaleur, à l'engager à quitter sa résidence, tandis que S. M. lui avoit fait déclarer, que le passage ses troupes par les États romains n'auroit pas apporté le moindre changement dans l'état du

TOME VII.

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de

gouvernement; qu'elles n'auroient pas même traversé la ville de Rome, et que tous les objets qui leur avoient été fournis dans leur passage, auroient été exactement payés.

Pourquoi donc s'effrayer de la sorte du simple passage de troupes amies, avec des restrictions si rassurantes? Certainement, le Roi auroit bien voulu s'abstenir de faire passer ses troupes par les États romains, mais les circonstances étoient si urgentes et les routes des Abbruzzes si impraticables à cause de la fonte des neiges, qu'il n'a pas pu suspendre cette mesure. Les alliés, moins pressés peut-être que le Roi, en agirent de même à l'égard de la Suisse dans la dernière guerre, et personne ne put les blâmer.

Au reste, le Roi déclare, comme il a tou→ jours déclaré à la face du monde entier, qu'il n'a d'autre désir que la paix, d'autres prétentions que l'accomplissement immédiat du traité du 11 janvier. Il se flatte que S. M. l'empereur d'Autriche, animé des mêmes dispositions et de cet esprit de conciliation et de justice qui le caractérisé, et pénétré des vrais motifs qui ont mis le Roi dans la fâcheuse nécessité de prendre des mesures extraordinaires, pour veiller à sa propre conservation et à la sûreté

de ses états, voudra bien étouffer le germe de mésintelligence si contraire à la politique et aux intérêts des deux cours et des deux nations, en rétablissant, par la prompte exécution du traité sus-énoncé, le parfait accord et les rapports intimes qui les ont si heureusement unies.

A cet effet, les soussignés prient S. A. M. lę prince de Metternich de vouloir bien porter cette note à la haute connoissance de S. M. l'empereur d'Autriche, et de leur transmettre au plus tôt une réponse catégorique sur ces propositions, afin qu'ils puissent l'expédier sans délai à leur cour.

Les soussignés préviennent, en attendant, S. A. M. le prince de Metternich, que, d'après les ordres de leur cour, ils ont communiqué la présente note aux ministres plénipotentiaires des cours de Russie, d'Angleterre et de Prusse, qui ont pris part ou concouru au traité susmentionné.

Ils saisissent, etc.

Le duc DE CAMPOCHIARO,

Le prince DE CARIATIT

ANNEXE 3.

Réponse du prince de Metternich à la précédente note, en date de Vienne, le 10 avril 1815.

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LE soussigné ministre d'état et des affaires étrangères de l'empereur d'Autriche a mis sous les yeux de S. M. I. la déclaration que MM. les plénipotentiares de Naples lui ont fait l'honneur de lui adresser le 8 de ce mois. Il a l'ordre de leur faire la réponse suivante.

Le traité d'alliance entre l'Autriche et la cour de Naples étoit à peine conclu, qu'on ne tarda pas à reconnoître, tant par l'inaction prolongée de l'armée napolitaine, que par une foule de preuves matérielles tombées entre les mains des armées alliées, que dans le cours des négociations, le Roi, loin de se rallier au but commun pour lequel les puissances agissoient dans la guerre de 1813 et de 1814, avoit principalement calculé ses démarches sur l'issue des évènemens.

l'Empereur ne resta pas moins fidèle au traité d'alliance du 11 janvier 1814. Ne voulant s'arrêter ni aux motifs qui pouvoient avoir provoqué la négociation, ni aux circonstances qui

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