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avant dans la lutte? Il n'avoit aucune espérance d'échapper à la vengeance de Buonaparte si celui-ci avoit eu des succès.

5o De quelle manière a-t-il occupé les différentes parties de l'Italie que les François avoient évacuées? Son occupation n'a-t-elle pas ressemblé à une prise de possession permanente, plutôt qu'à une occupation momentanée ?

6° Tous les officiers et lui-même n'ont-ils pas l'habitude de dire que toute l'Italie devroit être réunie, et qu'il devroit être le chef de l'indépendance italienne?

7° Ce sentiment n'est-il pas parfaitement d'accord avec celui de Buonaparte?

8o A quoi tendent les efforts qu'il fait pour retenir à son service les officiers françois qui, il le sait bien, ne serviront jamais contre leurs compatriotes?

9° Que veulent ses communications amicales et continuelles avec toutes les autorités françoises, avec Fouché, avec les postes avancés, et celles que dernièrement il eut, sans la connoissance et la participation des ministres d'Autriche, avec le quartier-général du ViceRoi?

10° Enfin, existe-t-il quelqu'un en Italie existe-t-il un soldat ou un officier dans l'armée autrichienne au sud du Pô, qui ait confiance dans la sincérité de Murat? V. E. elle-même ou moi, en avons-nous? Tous ne croient-ils pas que son seul objet étoit de gagner du temps? qu'il fait et fera usage de tous les prétextes pour rester inactif jusqu'à ce que l'issue de la lutte actuelle soit décidée, pour se jeter alors du côté du plus fort?

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EXTRAIT

DE

LA COMMUNICATION OFFICIELLE

QUI FUT FAITE,

PAR LEGOUVERNEMENT DE LA GRANDE-BRETAGNE, A L'AMBASSADEUR DE RUSSIE,

A LONDRES,

Le 19 janvier 1805 (1).

ON a mis sous les yeux de S. M. le résultat des communications faites par le prince Tchartoriski à l'ambassadeur de S. M. à Saint-Pétersbourg, et des explications confidentielles données par V. E. S. M. a vu, avec une satisfaction inexprimable, le plan de politique sage, grand et généreux que l'empereur de Russie est disposé d'adopter dans la situation

(1) Cette pièce importante, écrite en anglois, jette un grand jour sur les évènemens qui se sont passés en Europe depuis dix ans; elle a été rendue publique, au mois de mai 1815, par ordre du Prince-Régent de la Grande-Bretagne. En la lisant on ne doit pas perdre de vue l'époque où elle a été composée, et celle où le projet qu'elle renferme a été exécuté.

calamiteuse de l'Europe. S. M. est encore heureuse de s'apercevoir que les vues et les sentimens de l'Empereur, par rapport à la délivrance de l'Europe, et à sa tranquillité et sa sûreté future, répondent entièrement aux siens. En conséquence, le Roi désire entrer dans l'explication la plus claire et la plus franche sur chaque point qui tient à ce grand objet, et de former avec S. M. I. l'union de conseil et le concert le plus intime, afin que, par leur influence et leurs efforts réunis, on puisse s'assurer de la coopération et de l'assistance d'autres puissances du continent dans une proportion analogue à la grandeur et à l'importance de l'entreprise, du succès de laquelle dépend le salut futur de l'Europe.

Pour cela, le premier pas doit être de fixer, aussi précisément que possible, les objets vers lesquels un tel concert doit tendre.

Il paroît, d'après l'explication qui a été donnée des sentimens de l'Empereur, auxquels S. M. adhère parfaitement, qu'ils se rapportent à trois objets :

1° De soustraire à la domination de la France les contrées qu'elle a subjuguées depuis le commencement de la révolution, et de réduire la France à ses anciennes limites, telles qu'elles étoient avant cette époque ;

2° De faire, à l'égard des territoires enlevés à la France, des arrangemens qui, en assurant leur tranquillité et leur bonheur, forment en même temps une barrière contre les projets d'agrandissement futurs de la France' ;

3o D'établir, à la restauration de la paix, une convention et une garantie pour la protection et la sûreté mutuelle des différentes puissances, et pour rétablir en Europe un système général de droit public.

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Le premier et le second objet sont énoncés généralement et dans des termes qui admettent la plus grande extension; mais ni l'un ni l'autre ne peut être considéré en détail sans égard à la nature et à l'étendue des moyens par lesquels ils peuvent être obtenus. Le premier est certainement celui que les vœux de S. M. et ceux de l'Empereur voudroient voir établi sans aucune modification ni exception; et rien de moins ne pourroit complètement satisfaire les vues que les deux souverains ont pour la délivrance et la sécurité de l'Europe. S'il étoit possible de réunir à la Grande-Bretagne et à la Russie les deux autres grandes puissances militaires du continent, il paroît hors de doute qu'une telle réunion de forces les mettroit en état d'accomplir tout ce qu'elles se seroient pro

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