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guant le peuple par des élections multiplés qu'il faudra recommencer.

» Désormais donc, je l'espère, tu mettras tous tes soins, mon cher cousin, à éclairer sur mes intentions véritables les personnes en relation avec toi, et tu te garderas d'accréditer par des paroles inconsidérées les calomnies absurdes, qui vont jusqu'à prétendre que de sordides intérêts dominent ma politique. Rien, répète-le très-haut, rien ne troublera la sérénité de mon jugement et n'ébranlera mes résolutions. Libre de toute contrainte morale, je marcherai dans le sentier de l'honneur, avec ma conscience pour guide et lorsque je quitterai le Pouvoir, si l'on peut me reprocher des fautes fatalement inévitables, j'aurai fait du moins ce que je crois sincèrement mon devoir.

>> Reçois, mon cher cousin, l'assurance de mon amitié.

>> LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE. >>

4 mai. — Célébration du premier anniversaire de la proclamation de la Constitution.

M. le Président de la République assiste à un banquet donné par la ville de Paris à l'occasion de cette solennité tous les grands fonctionnaires de l'Etat y sont invités.

M. le Préfet de la Seine porte un toast à la République et au Président de la République.

M. le Président de la République répond :

<«<< Je suis heureux d'entendre à l'hôtel de ville

M. le Préfet de la Seine associer mon nom à la prospérité de la République.

>> Je remercie les membres du corps municipal de m'avoir appelé au milieu d'eux pour fêter en commun un grand anniversaire. C'est qu'ils sont convaincus, comme le peuple qui m'a élu, de mon dévouement aux grands principes de notre révolution, principes que l'ordre, la loyauté et la fermeté du Gouvernement peuvent seuls consolider. Que la ville de Paris reçoive donc ici mes remercîments, et l'hommage de mon sincère attachement.

» A la ville de Paris! »

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7 et 8 mai. Dans la séance de nuit du 7 au 8 mai, l'Assemblée constituante prend la résolution suivante :

« L'Assemblée nationale invite le Gouvernement à >> prendre les mesures nécessaires pour que l'expé>>dition d'Italie ne soit pas plus longtemps détour>> née du but qui lui était assigné. »

A l'occasion de ce vote, le Président de la République adresse au général Oudinot, commandant en chef de l'armée expéditionnaire d'Italie, la lettre

suivante :

« Mon cher Général,

>> La nouvelle télégraphique, qui annonce la résistance imprévue que vous avez rencontrée sous les murs de Rome, m'a vivement peiné. J'espérais, vous

le savez, que les habitants de Rome, ouvrant les yeux à l'évidence, recevraient avec empressement une armée, qui venait accomplir chez eux une mission bienveillante et désintéressée.

» Il en a été autrement; nos soldats ont été reçus en ennemis notre honneur militaire est engagé ; je ne souffrirai pas qu'il reçoive aucune atteinte. Les renforts ne vous manqueront pas. Dites à vos soldats que j'apprécie leur bravoure, que je partage leurs peines, et qu'ils pourront toujours compter sur mon appui et sur ma reconnaissance.

» Recevez, mon cher général, l'assurance de ma haute estime.

>> LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE. >>

7 juin. Message du Président de la République à l'Assemblée législative.

MESSAGE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE.

MESSIEURS LES REPRÉSENTANTS,

La Constitution prescrit au Président de la République de vous présenter, chaque année, l'exposé de l'état général des affaires du pays.

Je me conforme à cette obligation qui me permet, en vous soumettant la vérité dans toute sa simplicité, les faits dans ce qu'ils ont d'instructif, de vous parler aussi de ma conduite passée et de mes intentions pour l'avenir.

Mon élection à la première magistrature de la République avait fait naître des espérances, qui n'ont point encore pu toutes se réaliser.

Jusqu'au jour où vous vous êtes réunis dans cette enceinte, le pouvoir exécutif ne jouissait pas de la plénitude de ses prérogatives constitutionnelles. Dans une telle position, il lui était difficile d'avoir une marche bien assurée.

Néanmoins, je suis resté fidèle à mon manifeste. A quoi, en effet, me suis-je engagé, en acceptant les suffrages de la nation?

A défendre la société audacieusement attaquée; A affermir une République sage, grande, honnête;

A protéger la famille, la religion, la propriété; A provoquer toutes les améliorations et toutes les économies possibles;

A protéger la presse contre l'arbitraire et la li

cence;

A diminuer les abus de la centralisation;

A effacer les traces de nos discordes civiles; Enfin, à adopter à l'extérieur une politique sans arrogance comme sans faiblesse.

Le temps et les circonstances ne m'ont point encore permis d'accomplir tous ces engagements, cependant de grands pas ont été faits dans cette voie.

Le premier devoir du Gouvernement était de consacrer tous ses efforts au rétablissement de la confiance, qui ne pouvait être complète que sous un pouvoir définitif. Le défaut de sécurité dans le pré

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sent, de foi dans l'avenir, détruit le crédit, arrête le travail, diminue les revenus publics et privés, rend les emprunts impossibles et tarit les sources de la richesse.

Avant d'avoir ramené la confiance, on aurait beau recourir à tous les systèmes de crédit, comme aux expédients les plus révolutionnaires, on ne ferait pas renaître l'abondance là où la crainte et la défiance du lendemain ont produit la stérilité.

Notre politique étrangèré elle-même ne pouvait être à la hauteur de notre puissance passée qu'autant que nous aurions reconstitué à l'intérieur ce qui fait la force des nations : l'union des citoyens, la prospérité des finances.

Pour atteindre ce but, le Gouvernement n'a eu qu'à suivre une marche ferme et résolue, en montrant à tous que, sans sortir de la légalité, il emploierait les moyens les plus énergiques pour rassurer la société.

Partout aussi il s'efforça de rétablir le prestige de l'autorité, en mettant tous ses soins à appeler aux fonctions publiques les hommes qu'il jugeait les plus honnêtes et les plus capables, sans s'arrêter à leurs antécédents politiques.

C'est encore afin de ne pas inquiéter les esprits, que le Gouvernement a dû ajourner le projet de rendre la liberté aux victimes de nos discordes civiles. Au seul mot d'amnistie, l'opinion publique s'est émue en sens divers; on a craint le retour de nouveaux troubles; néanmoins, j'ai usé d'indul

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