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D'ailleurs, quand on a l'honneur d'être à la tête du peuple français, il y a un moyen infaillible de faire le bien: c'est de le vouloir.

LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE.

10 décembre 1848.- Cinq millions et demi de suffrages appellent Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République.

20 décembre.

Louis-Napoléon Bonaparte est proclamé par l'Assemblée nationale. Il prononce à la tribune le discours suivant :

Citoyens Représentants,

Les suffrages de la nation et le serment que je viens de prêter commandent ma conduite future. Mon devoir est tracé; je le remplirai en homme d'honneur.

Je verrai des ennemis de la patrie dans tous ceux qui tenteraient de changer, par des voies illégales, ce que la France entière a établi.

Entre vous et moi, citoyens Représentants, il ne saurait y avoir de véritables dissentiments. Nos volontés, nos désirs, sont les mêmes.

Je veux, comme vous, rasseoir la société sur ses bases, affermir les institutions démocratiques, et rechercher tous les moyens propres à soulager les maux de ce peuple généreux et intelligent, qui vient de me donner un témoignage si éclatant de sa confiance.

La majorité que j'ai obtenue non-seulement me

pénètre de reconnaissance, mais elle donnera au Gouvernement nouveau la force morale sans laquelle il n'y a pas d'autorité.

Avec la paix et l'ordre, notre pays peut se relever, guérir ses plaies, ramener les hommes égarés, et calmer les passions.

Animé de cet esprit de conciliation, j'ai appelé près de moi des hommes honnêtes, capables et dévoués au pays, assuré que, malgré les diversités d'origine politique, ils sont d'accord pour concourir avec vous à l'application de la Constitution, au perfectionnement des lois, à la gloire de la République.

La nouvelle administration, en entrant aux affaires, doit remercier celle qui la précède des efforts qu'elle a faits pour transmettre le pouvoir intact, pour maintenir la tranquillité publique.

La conduite de l'honorable général Cavaignac a été digne de la loyauté de son caractère et de ce sentiment du devoir qui est la première qualité du chef d'un État.

Nous avons, citoyens Représentants, une grande mission à remplir c'est de fonder une République dans l'intérêt de tous, et un Gouvernement juste, ferme, qui soit animé d'un sincère amour du progrès, sans être réactionnaire ou utopiste.

Soyons les hommes du pays, non les hommes d'un parti, et, Dieu aidant, nous ferons du moins le bien, si nous ne pouvons faire de grandes choses.

19 février. - Le Président de la République passe

en revue 26,000 hommes de troupes réunies au Champ-de-Mars. A la suite de cette revue, il adresse au général Changarnier la lettre suivante :

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» Je vous prie de témoigner aux divers corps dont j'ai passé la revue aujourd'hui ma vive satisfaction pour leur belle tenue, et toute ma reconnaissance pour leur accueil sympathique.

» Avec de semblables soldats notre jeune Répu blique ressemblerait bientôt à son aînée, celle de Marengo et Hohenlinden, si les étrangers nous y forçaient. Et à l'intérieur, si les anarchistes relevaient leur drapeau, ils seraient aussitôt réduits à l'impuissance par cette armée toujours fidèle au devoir et à l'honneur. ́

>> Faire l'éloge des troupes, c'est faire l'éloge du chef qui les commande.

>> Veuillez bien, mon cher général, lever les punitions pour fautes de discipline.

>> Je suis heureux de cette nouvelle occasion de vous exprimer mes sentiments particuliers de haute estime et d'amitié.

>> LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE. »

25 février. Inauguration du chemin de fer de Compiègne à Noyon.

Le Président prononce le discours suivant :

<< Je vous remercie, monsieur le Maire, des paro

les que vous venez de faire entendre, et de l'accueil que me fait avec vous la ville de Noyon.

>> Les espérances, qu'a fait concevoir au pays mon élection, ne seront point trompées; je partage ses vœux pour l'affermissement de la République ; j'espère que tous les partis, qui ont divisé le pays depuis quarante ans, y trouveront un terrain neutre, où ils pourront se donner la main pour la grandeur et la prospérité de la France. >>

10 avril. Le Président de la République adresse au prince Napoléon-Jérôme, ambassadeur à Madrid, la lettre suivante :

Elysée-National, le 10 avril 1849.

<< Mon cher cousin,

» On prétend qu'à ton passage à Bordeaux tu as tenu un langage, propre à jeter la division parmi les personnes les mieux intentionnées. Tu aurais dit << que, dominé par les chefs du mouvement réac»tionnaire, je ne suivais pas librement mes inspi>> rations; qu'impatient du joug, j'étais prêt à le >> secouer, et que, pour me venir en aide, il fallait, >> aux élections prochaines, envoyer à la Chambre >> des hommes hostiles à mon Gouvernement, plutôt » que des hommes du parti modéré. »

>> Une semblable imputation de ta part a le droit de m'étonner. Tu me connais assez pour savoir que je ne subirai jamais l'ascendant de qui que ce soit,

et que je m'efforcerai sans cesse de gouverner dans l'intérêt des masses et non dans l'intérêt d'un parti. J'honore les hommes qui, par leur capacité et leur expérience, peuvent me donner de bons conseils. Je reçois journellement les avis les plus opposés, mais j'obéis aux seules impulsions de ma raison et de mon cœur.

» C'était à toi moins qu'à tout autre de blâmer en moi une politique modérée, toi qui désapprouvais mon manifeste, parce qu'il n'avait pas l'entière sanction des chefs du parti modéré. Or, ce manifeste, dont je ne me suis pas écarté, demeure l'expression consciencieuse de mes opinions. Le premier devoir était de rassurer le pays. Eh bien! depuis quatre mois il continue à se rassurer de plus en plus. A chaque jour sa tâche; la sécurité d'abord, ensuite les améliorations.

>> Les élections prochaines avanceront, je n'en doute pas, l'époque des réformes possibles, en affermissant la République par l'ordre et la modération. Rappeler tous les anciens partis, les réunir, les réconcilier, tel doit être le but de nos efforts. C'est la mission attachée au grand nom que nous portons ; elle échouerait, s'il servait à diviser et non à rallier les soutiens du Gouvernement.

>>> Par tous ces motifs, je ne saurais approuver ta candidature dans une vingtaine de départements : car, songes-y bien, à l'abri de ton nom on veut faire arriver à l'Assemblée des candidats hostiles au Pouvoir, et décourager ses partisans dévoués, en fati

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