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Piémont. Au nom de Dieu, monsieur, autant que je suis votre serviteur, surmontez les difficultés que vous rencontrerez en cette occasion, afin de donner contentement à son éminence, et de fermer la bouche à ceux qui ne vous aiment point, et me croyez,

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Le retour de M. de Baume n'a rien changé à la résolution que le roi a prise de préférer à tous autres desseins celui du secours dé Parme. Ce n'est pas que sa majesté n'estime qu'il y ait bien à profiter par la construction du fort de la Turbie; mais comme il arrive souvent que la variété des entreprises les détruit toutes, l'on a résolu de s'attacher à celle-là seule, afin que l'on en puisse plus facilement venir à chef. Les moyens d'exécution seront désormais en vos mains, puisque sa majesté envoie tout ce que vous avez désiré; il n'y a que l'article du fret des vaisseaux pour passer l'infanterie qui a étonné son éminence, comme je le vous ai mandé, ne croyant pas que tant de vaisseaux que le roi entretient ne soient suffisants de lui rendre ce service sans en mander d'autres ; néanmoins, comme le roi ne veut pas que rien retarde cette entreprise, son éminence a assuré sa majesté qu'elle vous avait fait donner 60,000 livres pour les dépenses imprévues, sur lesquelles l'on prendra cette dépense en toute extrémité; mais elle ne croit pas qu'il en soit besoin, puisque les barques que le pays avait données pour l'attaque des îles n'étant pas quittées du service, encore que le dessein n'ait réussi, elles pourront rendre cette assistance aux troupes de sa majesté, qui ne leur en saura moindre gré que s'ils l'avaient fait à l'attaque des îles.

La dépêche du roi vous donnant assez au long les intentions de sa majesté sur tout le contenu en vos dépêches, que j'ai vues et fait voir

très-soigneusement comme toutes celles que j'ai reçues ci-devant, vous me permettrez de ne vous être importun par redites, et me ferez l'honneur de me croire,

Monsieur,

Votre très-humble et très-affectionné serviteur,

DE NOYERS.

LETTRE DU ROI

A M. L'ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX, POUR LE SECOURS DE PARME.

De Saint-Germain-en-Laye, le 26 décembre 1636.

Mons. l'archevêque de Bordeaux, après avoir considéré tout ce que vous avez mandé par le sieur de Baumes, et ce qu'il a représenté sur les choses qui se peuvent entreprendre de delà, je n'en ai point trouvé de plus importante et plus nécessaire pour la réputation de mes armes et le bien de mon service que le secours de mon cousin le duc de Parme, de manière que je n'ai rien à ajouter à ma première lettre qui sera cijointe, si ce n'est que je veux que l'on emploie tous les soins et tous les efforts possibles pour l'exécuter promptement, remettant à une autre saison l'entreprise des îles et celle du fort proposé près de la Turbie, quoique je les tienne toutes deux très-importantes et nécessaires; mais présentement j'estime qu'il faut préférer le secours de mon cousin le duc de Parme, et la prudence veut que l'on s'attache plutôt fortement à un seul dessein que de porter ses pensées à plusieurs et n'en assurer aucun, comme il est arrivé jusqu'ici de mon armée navale.

Afin donc de retrancher toutes les difficultés et longueurs que vous avez mises en avant sur le sujet de ce secours, j'envoie mes ordres trèsprécis à mon cousin le maréchal de Vitry de fournir incontinent et effectivement les troupes mentionnées en l'état que je vous envoie, et pour leur faire délivrer le pain et le biscuit nécessaire pour un mois, que vous jugez qu'elles pourront être en mer, et pour six jours qu'elles auront à marcher; ensemble, les munitions de guerre dont ils auront besoin pour se défendre à leur passage, conformément au mémoire que vous en avez envoyé.

Je vous donnerai avis, outre cela, que je prie mon frère le duc de Savoie, et mande à mon cousin le duc de Créquy, d'envoyer au port de Villefranche deux cents chevaux d'élite de mon armée d'Italie, pour les embarquer sur mes vaisseaux et servir à soutenir l'infanterie lorsqu'elle sera à terre; vous aurez donc à les prendre à votre passage, et à vous fournir des vaisseaux nécessaires à cette fin.

Pour ce qui est du nombre des vaisseaux dont vous avez besoin pour ce passage, je ne vois pas d'apparence qu'en comptant ceux de mon armée navale qui ont été équipés en Provence ainsi que ceux qui sont passés du ponant, il ne s'en trouve suffisamment pour le trajet de quatre mille hommes de pied et de deux cents chevaux, qui est le nombre de cavalerie qui pourra être embarqué, vu même qu'il y a eu nombre de flûtes d'Hollande frétées; et néanmoins, s'il ne s'en trouvait assez pour cela, j'estime que les mêmes barques que le pays avait fournies pour l'attaque des îles pourront suppléer à ce défaut, ne doutant point les communautés qui s'étaient disposées à en supporter la dépense ne continuent volontiers pour un mois encore, si tant dure ce passage, lorsqu'elles seront informées par vous combien il importe à mon contentement et à mon service qu'elles me rendent encore ce témoignage de leur bonne volonté. Je vous adresse des traites en avance sur vous pour chacune des îles, afin que vous en ménagiez et receviez l'effet.

que

Par ce moyen, chacun sachant expressément ce qu'il y aura en sa charge, ce sera à vous à faire qu'il ne manque rien aux vaisseaux nécessaires pour ce trajet, et qu'ils soient prêts aussitôt que mon cousin le maréchal de Vitry fera fournir les troupes et les munitions, et de bouche et de guerre. En me promettant que de votre part il n'y aura aucun manquement, je n'ajouterai rien à cette lettre, que pour vous recommander que l'on apporte plus de secours en cette affaire que l'on n'a fait en celle des îles, et pour, prier Dieu qu'il vous ait, mons. l'archevêque de Bordeaux, en sa sainte garde.

LOUIS.

SUBLET.

LETTRE DU ROI

AUX CONSULS ET HABITANTS DE HYÈRES, POUR ASSISTER DE LEURS BARQUES M. L'ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX.

DE PAR LE ROI, COMTE DE Provence.

Chers et bien-amés, prévoyant que l'on pourra avoir besoin pour quelque temps des barques que vous avez fournies pour porter de nos gens de guerre sur la mer, et les employer en ce qui s'offrira à faire dans les occasions présentes, nous avons bien voulu vous témoigner, par cette lettre, que nous vous savons beaucoup de gré de l'affection que vous avez fait connaître en cela pour notre service, et vous dire que nous avons à plaisir et désirons que vous continuiez pour quelque temps l'entretenement desdites barques, suivant ce que le sieur archevêque de Bordeaux vous fera plus particulièrement entendre du besoin que nous en avons; de quoi nous remettant sur lui, nous ne vous ferons celle-ci plus expresse, ni plus longue, que pour vous dire que vous ayez à lui donner entière créance sur tout ce qu'il vous dira en ce sujet; si n'y faites faute, car tel est notre plaisir.

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le 26 décembre 1636.

LOUIS.
SUBLET.

LETTRE DU SIEUR FABIO SCOTTI

A M. L'ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX, TOUCHANT LE SECOURS DE PARME.

MONSIEUR,

De Cannes, le 26 décembre 1636.

Avec le retour de M. le chevalier de La Guette, j'ai reçu votre lettre du 22, par laquelle j'ai été grandement fâché, ayant vu la difficulté que vous mettez en avant, tout-à-fait contraire à ce que nous concertâmes ensemble à l'amiral; c'est pourquoi je renvoie le même sieur chevalier de La Guette, vous suppliant, monsieur, de tout mon coeur, comme il

vous fera encore de ma part, de vouloir nous faire pourvoir de pain, munitions et autres choses nécessaires, afin que le secours de son altesse mon maître ne pâtisse point; car ayant parlé à M. le maréchal de Vitry, il assure de ne pouvoir en façon du monde faire cette provision; mais j'espère qu'il fera ce qu'il pourra afin que la province vous satisfasse, monsieur, en argent pour le coût du pain des soldats. Je m'arrête ici pour tirer ce que je pourrai de M. le maréchal, et dans deux jours je serai auprès de vous, vous suppliant, monsieur, de me délivrer de la nécessité d'aller à la cour, puisque mon âge me le permet difficilement. Le même sieur chevalier vous donnera une lettre de son altesse mon maître, et pour ce qui regarde ce que son altesse me recommande, c'est de vous prier, monsieur, de le favoriser en sorte qu'il soit promptement secouru, ne pouvant plus soutenir plus long-temps; c'est là où je finis, vous suppliant m'honorer de votre faveur, et de me croire, Votre très-humble serviteur,

FABIO SCOTTI.

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