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neur pour lui envoyer premier que

d'éclater le dessein, afin qu'il en fasse part à ses amis qui le doivent servir en cette entreprise.

Son éminence saura que Larguier est la ville qui domine le port de Porto-Corso, où il n'y a qu'une tour pour la garde d'icelui; il est à une lieue de Larguier. Ladite ville est forte extrêmement et se peut comparer à celle de Monaco, et on croit que Larguier vaut mieux que Cagliari, pour ce qu'il est de plus facile garde.

Sassari est la ville où est le parlement de toute l'ile, où ceux de Cagliari même viennent plaider en dernier ressort; ville fort riche, fort peuplée, sans aucune fortification.

Roze est une ville nullement fortifiée, mais extrêmement pleine de vins, de blés et de choses dont ils font trafic particulier.

Castel-Arragonier est une fort bonne place, et avec un peu de soins on la peut rendre imprenable.

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Le gouvernement dudit gouverneur contient la moitié du royaume de Sardaigne, qui consiste en cent soixante bourgs ou villes et quatre cités, qui sont Sassari, Larguier, Roze, Castel-Arragonier et Lousquadour.

M. de Bordeaux envoya l'instruction suivante à M. de Lavoie en l'engageant à donner tous ses soins à cette négociation.

INSTRUCTION AU SIEUR DE LAVOIE

POUR L'EXÉCUTION DU TRAITÉ PAR LUI COMMENCÉ AVEC LE SIEUR MARQUIS De Lerme, GOUVERNEUR DE SASSARI.

Premièrement.

De Marseille, le 5 décembre 1637.

Le sieur de Lavoie s'en ira, conformément à la résolution prise avec le sieur marquis, droit à Laisenaire, y mouillera l'ancre, et tirera un coup de canon sans balle pour servir de signal de son arrivée.

Et lorsque ledit sieur marquis viendra ou qu'il enverra vers lui, il lui fera voir le brevet du roi portant assurance de toutes les grâces

que ledit sieur marquis avait demandées, et l'assurera, en outre, de 4,000 écus de pension pour l'un de ses frères en France, et de 50,000 écus, une fois payés, audit sieur marquis aussitôt après l'exécution des choses par lui promises, avec le double des appointements annuels qu'il reçoit du roi d'Espagne'; et ce, afin de lui donner mieux moyen de soutenir les dépenses nécessaires pour l'honneur et autorité de sa charge.

Ledit sieur de Lavoie acceptera l'offre faite par ledit sieur marquis de livrer la Porte-Réale de Larguier, comme aussi Porto-Torre et les Salines, et s'instruira par lui des moyens qu'il aura de satisfaire à cet article.

gens

de pied

Saura de lui de quelles troupes il aura besoin, soit de ou de cheval, et quels hommes de guerre de son pays il pourra mettre sur pied; d'autant que l'intention du roi n'étant autre que de remettre ces peuples en liberté, il désire que ce pays soit le moins foulé qu'il se des pourra gens guerre, et n'y envoyer que ce qui absolument sera nécessaire pour tirer ces hommes de l'esclavage où ils sont à présent. De sorte qu'il dépend dudit sieur marquis de régler les hommes qu'il faut, le temps et la forme la meilleure pour l'exécution de ce dessein.

de

Ces choses résolues, ledit sieur de Lavoie demandera des sûretés pour leur exécution et les otages promis, qui ne peuvent être suffisants qu'en donnant l'un ou l'autre des frères dudit marquis de Lerme; sans lesquels otages ledit sieur Lavoie ne se dessaisira point du brevet du roi, mais simplement d'une copie signée de sa main, après en avoir montré l'original audit sieur marquis ; fera avec lui un traité qu'il avichacun d'eux en ait sera bien être, lequel sera signé double, afin copie.

que

Que si ledit sieur marquis ne veut ou ne peut donner pour otage l'un de ses frères, il n'est pas raisonnable que l'armée du roi aille se présenter de delà sans assurance de pouvoir exécuter son dessein; mais, en ce cas, il faudrait que ledit sieur marquis proposât quelque expédient dans lequel le roi pût trouver sûreté.

Si cette exécution se peut faire, il faudrait que ledit sieur marquis

dégarnit, autant qu'il pourrait, les places du pays qui lui seront le plus suspectes, pour d'icelles fournir de vivres, munitions de guerre, et particulièrement de farines et de biscuits, les places qu'il devra livrer au roi; en sorte qu'il s'y pût d'abord rencontrer de quoi faire subsister quatre mille hommes pendant trois mois, et, ce faisant, tout ce qui serait trouvé dans lesdites places de munitions ou de vivres serait payé comptant audit sieur marquis.

Il faudrait aussi tirer dudit sieur marquis un mémoire des canons qui sont dans ses places, de leurs calibres et munitions, comme aussi de la quantité de cavalerie et d'infanterie qui pourrait être mise sur pied par le pays pour sa liberté.

Selon la résolution qui sera prise, ledit sieur de Lavoie s'en reviendra le plus diligemment qu'il se pourra, si mieux n'aime envoyer par le sieur Cazenac les mémoires de ce qu'il aura fait et traité, et cela seulement en cas que ledit sieur marquis ne demandât l'exécution de ladite entreprise présentement, mais vers la fin de l'hiver; car autrement, si ledit sieur marquis voulait donner les mains pour faire réussir promptement le dessein, le sieur de Lavoie s'en reviendrait sans retardement; et en ce cas, pour dédommager ledit sieur de Lavoie de la dépense faite pour lui et ses intéressés en l'armement de son vaisseau, lui serait payé comptant, huit jours après son retour, les sommes auxquelles se trouveront monter les dépenses dudit armement, de la levée de six vingts matelots qu'il doit embarquer, et de leurs vivres pour quatre mois, remettant dans les magasins du roi ce qui se trouvera de reste au retour que fera ledit vaisseau. Et pour récompenser ledit sieur de Lavoie et ses associés audit armement, de la dépense et perte de temps que feront lesdits matelots pendant leur séjour en Sardaigne, pour le traité ci-dessus, a été accordé qu'il lui sera payé par le sieur trẻsorier général de la marine la somme de (en blanc dans l'original) sans que pour ce l'on puisse prétendre contre ledit sieur de Lavoie, pour le roi ni monseigneur le cardinal, aucun autre droit ni part aux

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(En marge, de la main de Sourdis): En cas de retour, il sera récompensé à proportion du temps.

prises qu'il pourrait faire à la mer en allant en Sardaigne ou en revenant, sinon le dixième dû à son éminence, selon les ordonnances et coutumes de la mer.

Fait à Marseille, le cinquième jour de décembre 1637.

LOUIS, PAR la grace de Dieu, roi de FRANCE ET DE NAVARRE, A TOUS CEUX QUI CES PRÉSENTES LETTRES VERRONT, SALUT.

Ayant été particulièrement informé de la bonne volonté que le sieur (en blanc dans l'original) à présent gouverneur pour le roi d'Espagne de la ville de Sassari, principale de Sardaigne, et autres voisines, a fait paraître pour notre service au sieur chevalier de Lavoie, de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, et même qu'il a traité avec lui pour remettre en nos mains la ville de Sassari, celles de Roze, Arquier, Castel-Arragonier et autres lieux et places du gouvernement qu'il tient en ladite île, et ayant eu bien agréables les conditions et avantages promis audit gouverneur par ledit sieur chevalier, savoir faisons qu'après avoir vu et entendu la lecture de mot à mot des articles du traité fait entre ledit chevalier et ledit gouverneur, nous avons iceux agréés, approuvés et ratifiés, agréons et approuvons et ratifions par ces présentes signées de notre main, et avons pour l'exécution d'iceux accordé et octroyé, accordons et octroyons audit sieur gouverneur desdites villes et places de Sassari, Arquier, Roze, Castel-Arragonier et autres lieux de ladite île de Sardaigne, que moyennant qu'il remette lesdites villes et places ci-dessus nommées en nos mains ou de ceux qui auront commandement en notre armée navale de levant, nous le maintiendrons et conserverons et ses descendants et postérité dans ledit gouvernement, tout aussi bien qu'il le tient et possède pour le roi d'Espagne;

Que nous l'honorons de notre ordre du Saint-Esprit, que nous lui donnerons toutes les récompenses et charges qu'il pourra mériter en nous rendant service, et que dans la conquête des villes, cités, bourgs, villages, châteaux et forteresses étant en ladite île et royaume de Sardaigne, nous ferons donner ordre et tenir la main très-soigneusement par tous les chefs de nos gens de guerre qu'il ne soit fait aucune

violence, tort ni déplaisir aux personnes et maisons qui se trouveront adonnées dudit sieur gouverneur, et même que tous les seigneurs des maisons qui auront pour marque de sauvegarde le sceau des armes dudit sieur gouverneur jouiront des mêmes priviléges et exemptions dont les naturels Français jouissent en notre royaume; promettant audit sieur gouverneur en foi et parole de roi de faire inviolablement garder et observer tout le contenu en ces présentes, sans y entretenir ni permettre qu'il y soit entretenu en aucune manière, et obligeons nos successeurs rois à faire le semblable. En témoin de quoi nous avons fait mettre notre scel à ces présentes, données en notre château de Chantilly, le cinquième jour du mois de décembre, l'an de grâce 1637, et de notre règne le vingt-huitième.

Signé LOUIS,

et plus bas : Par le roi, SUBLET, et scellé.

Cette lettre de M. de Bordeaux à M. de Noyers, renferme des détails étendus sur quelques questions administratives, et sur la prise de plusieurs vaisseaux turcs par M. de Chastellux.

LETTRE DE M. L'ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX

A M. DE NOYERS (PAR SANSON).

MONSIEUR,

Marseille, le 15 décembre 1637.

Trois choses ont fait résoudre messieurs le premier président de Champigny et moi de vous envoyer ce courrier. La première, pour vous donner avis de l'élection des procureurs du pays, de leur humeur, et de ce qu'il y a à craindre de leur gouvernement.

La seconde, pour vous dire qu'ils refusent d'imposer pour l'année qui vient la subsistance des troupes que les autres avaient mise pour l'année courante, remettant à l'assemblée prétendue qui se tiendra, et qui serait presque lors inutile, d'autant que l'assemblée ne se tenant que vers la fin de janvier, on ne pourrait faire l'imposition qu'en

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