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mourut subitement. Je mis sur le bocal son épitaphe, adressée à sa maîtresse :

Aucun sujet ne bouge
Sous ton aimable loi;
Même ton poisson rouge

Est mort d'amour pour toi.

Il ne vous paraîtra, sans doute, pas présomptueux de ma part de parler de pêche, lorsque vous aurez lu les états de service que je viens de détailler.

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Pour faire le présent livre et le rendre plus complet que ce qui avait été écrit précédemment sur le même sujet, j'ai dû colliger, compiler, emprunter. J'ai pris partout ce que j'ai trouvé de bon, mais quel état! lire deux cents pages quelquefois pour prendre dix lignes. C'est un rude métier que celui de compilateur, et je ne le recommencerai pas : — j'ai ajouté de mon cru les résultats de mon opinion personnelle. Pour l'histoire des poissons, j'ai demandé des renseignements à Buffon, à Valmont de Bomare, à Lacepède et à cent autres; pour ce qui est de ce dernier, je lui ai rendu un service à cause duquel je suis convaincu qu'il me pardonnera mes emprunts. Je vais établir dans ce chapitre que d'autres que moi lui ont de ce temps-ci fait de notables emprunts, et ne s'en sont pas suffisamment vantés,

Je vais transcrire ci-dessous le compte rendu d'une séance de l'Académie dans lequel on verra que « M. Milne-Edwards démontre l'importance de la fécondation des poissons; >> -que « M. Coste a fait voir que le transport des poissons peut s'exécuter avec la plus grande facilité. »

Enfin, on y verra encore que « M. Valenciennes a fait un rapport sur les espèces de poissons de la Prusse qui pourraient être importées et acclimatées dans les eaux douces de la France. >>

M. Valenciennes a été chargé d'une mission à cet effet et a été chercher « les poissons qui, suivant lui, peuvent être importés et acclimatés dans les eaux douces de la France. >>

MM. Milne-Edwards, Coste et Valenciennes ont dû se donner bien de la peine, subir bien des veilles, faire et renouveler bien des expériences, avant d'arriver à de pareils résultats. Combien ils auraient diminué les unes et abrégé les autres, si, comme moi, ils avaient lu soigneusement Lacépède : ils y auraient trouvé toutes leurs découvertes toutes faites, - depuis l'empoissonnement par les œufs, jusqu'au transport des poissons, jusqu'aux noms de ceux que M. Valenciennes « a voulu acclimater en France. >>

Voici les pièces à l'appui de ce que j'avance,

Les pêcheurs Gehin et Remy, qui sont illettrés et d'ailleurs n'ont pas de bibliothèque à leur disposition, sont excusables d'avoir cherché et trouvé par eux-mêmes la fécondation artificielle, qui, du reste, n'est qu'indiquée dans Lacépède; mais pour MM. Milne-Edwards, Coste et Valenciennes, ils sont impardonnables envers eux-mêmes de n'avoir pas pensé à lire Lacépède.

EXTRAIT DU MÉMOIRE DE LACÉPÈDE.

<< De toutes les saisons, la plus favorable au transport des poissons est l'hiver, à moins que le froid ne soit très-rigoureux. Le printemps et l'automne le sont beaucoup moins que la saison des frimas; mais il faut toujours les préférer à l'été. La chaleur aurait bientôt fait périr des individus accoutumés à une température assez douce; et d'ailleurs ils ne résisteraient pas à l'influence funeste des orages qui règnent si fréquemment pendant l'été.

>> Il ne faut exposer aux dangers du transport que des poissons assez forts pour résister à la fatigue, à la contrainte et aux autres inconvénients de leur voyage. A un an, ces animaux seraient encore ́trop jeunes; l'âge le plus convenable pour les faire

passer d'une eau dans une autre est celui de trois ou quatre ans.

» On ne remplira pas entièrement d'eau les tonneaux dans lesquels on les renfermera. Sans cette précaution, les poissons, montant avec rapidité vers la surface de l'eau, blesseraient leur tête contre la partie supérieure du vaisseau dans lequel ils seront placés. Ces tonneaux devront d'ailleurs présenter un assez grand espace. Bloch, qui a écrit des observations très-utiles sur l'art d'élever les animaux dont nous nous occupons, demande qu'un tonneau destiné à transporter des poissons du poids de cinquante kilogrammes (cent livres, ou à peu près) contienne trois cent vingt litres ou pintes d'eau.

Quelle que soit la température de l'air, il faut

qu'il y ait toujours une communication libre entre l'atmosphère et l'intérieur du tonneau, soit pour procurer aux poissons, suivant l'opinion de quelques physiciens, l'air qui peut leur être nécessaire, soit pour laisser échapper les miasmes malfaisants et les gaz funestes qui se forment en abondance dans tous les endroits où les habitants des eaux sont réunis en très-grand nombre, même lorsque la chaleur n'est pas très-forte, et leur donnent la mort souvent dans un espace de temps extrêmement court. Mais, comme ces soupiraux si nécessaires

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