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ailleurs; 6 Vienne; 7° Châlons-sur-Saône ; 8 Arles; 9° Gap.

« Les écoles monastiques les plus florissantes à la même époque étaient celles de: 1° Luxeuil en Franche-Comté; 2° Fontenelle, ou Saint-Vandrille en Normandie; on y vil jusqu'à 300 étudiants; 3° Sithiu en Normandie; 4° Saint-Médard; 5° Lérins.

« Les plus célèbres des monastères français avaient été fondés par des Irlandais qui clablirent aussi les grandes maisons de StGall en Allemagne, de Bobio en Italie et les monasteria scolarum en Bretagne.

« Il serait aisé, ajoute M. Guizot, d'étendre cette liste; mais la prospérité des écoles monastiques était sujette à de grandes vicissitudes elles brillaient sous un abbé distingué, et dépérissaient sous son successeur.

« Dans les monastères de filles même l'étude tenait assez de place; celui que saint Césaire avait fondé à Arles réunissait, au commencement du visiècle, deux cents religieuses, la plupart occupées à copier des livres, soit des ouvrages religieux, soit peut-être même quelques ouvrages des anciens.

Les études purement spéculatives cessent, tous les écrits ont un seul but, les actions former les croyances, et par elles la vie. On n'étudie plus pour savoir, on n'écrit plus pour écrire. Les écrits, les études prennent un caractère et un but pratiques. Quiconque s'y livre aspire à agir immédiatement sur les hommes, à régler leurs actions, à gouverner leur vic, à convertir ceux qui ne croient pas. La science et l'éloquence sont des moyens d'action de gouvernement. Il n'y a plus de littérature désintéressée, plus de littérature véritable. Le caractère purement spéculatif de la philosophie, de la poésie, des lettres, des arts, a disparu; ce n'est plus le beau qu'on cherche; quand on le, rencontre, on s'en sert plus qu'on n'en jouit. L'application positive, l'influence sur les hommes, l'autorité, c'est là le but, le triomphe de tous les travaux de l'esprit, de tout le développement intellectuel.

« C'est pour n'avoir pas bien saisi le caractère de cette époque qu'on s'en est fait, je crois, une fausse idée. On n'y a vu presque point d'ouvrages, point de littérature proprement dite, point d'activité intellectuelle, désintéressée, distincte de la vie positive. On en a conclu, et vous avez sûrement entendu dire, vous pouvez lire partout, que c'était un temps d'apathie et de stérilité morale, un temps livré à la lutte désordonnée des forces matérielles, où l'intelligence était sans développement et sans pouvoir.

« Il n'en est rien; sans doute il n'est resté de ce temps ni philosophie, ni poésie, ni lit

férature proprement dite; mais ce n'est pas à dire qu'il n'y eût point d'activité intellec tuelle; il y en avait au contraire beaucoup : seulement elle ne se produisait pas sous des formes qu'elle a revêtues à d'autres époques elle n'aboutissait pas au même résultat. C'était une activité toute d'application, de circonstance, qui ne s'adressait point à l'ave nir, qui n'avait nul dessein de lui léguer des monuments littéraires propres à le charmer ou à l'instruire. Le présent, ses besoins, sa destinée, les intérêts et la vie des contemporains, c'était là le cercle où se renfermail, où s'épuisait la littérature de cette époque. Elle produisait peu de livres, et pourtant elle était féconde et puissante sur les esprits.

« Aussi est-on fort étonné quand, après avoir entendu dire et pensé soi-même que ce temps avait été stérile et sans activité intellectuelle, on y découvre, en y regardant de plus près, un monde pour ainsi dire d'écrits peu considérables il est vrai, et souvent peu remarquables, mais qui, par leur nombre et l'ardeur qui y règne, attestent un mouvement d'esprit et une fécondité assez rares. Ce sont des sermons, des instructions, des exhortations, des homélies, des conférences sur les matières religieuses. Jamais aucune révolution politique, jamais la liberté de la presse n'a produit plus de pamphlets. Les trois quarts, que dis-je ? les quatre-vingtdix-neuf centièmes peut-être de ces petits ouvrages ont été perdus; destinés à agir au moment même, presque tous improvisés, rarement recueillis par leurs auteurs ou par d'autres, ils ne sont point parvenus jusqu à nous; et cependant il nous en reste un nombre prodigieux; ils forment une véritable et riche littérature. » (Hist. de la civilis. en France.)

Nous devons, en terminant ce siècle, remarquer la position prise par l'enseignement théologique relativement à la papauté. Nonseulement il la reconnaît comme le centre de l'Eglise catholique, mais il fait tout dependre d'elle, juridiction, doctrine, etc.; il lui préparait ainsi l'heureuse influence qui Jui était réservée. « Toutes les lumières actuelles, dit Jean de Müller, le grand historien de la Suisse, dont le génie entreprenant de l'Europe ne permet même plus d'apprécier les conséquences, non-seulement pour nous, mais pour toutes les parties du monde, partent en principe de la hiérarchie qui, à la chute de l'empire romain, soutint et dirigea l'humanité. » Le pape saint Grégoire le Grand, placé à l'entrée du moyen âge, donua à l'enseignement théologique l'impulsion qui devait l'élever si baut.

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OUVRAGES.

1° Panégyrique de Théodoric; 2o Vie de saint Epiphane, évêque de Pavie; 3o des Lettres; 4° des Poésies; 5o des écrits théologiques qui ont une faible réputation.

1 Un traité de la Trinité; 2° un des deux natures en Jésus-Christ; 3° cinq livres éloquents, de la Consolation de la philosophie. Boĕce fut un dialecticien fameux; il recourt aux notions qu'Aristote donne de la personne et de la nature pour soutenir nos mystères.

1° Deux poemes religieux; 2o des Lettres; 5° des Ser móns perdus; 4° des Poemes perdus. M. Guizot compare les écrits de saint Avite sur la création et la chute du premier homme avec le Paradis perdu de Milton. Saint Avite égale souvent et quelquefois surpasse le počte anglais.

Il est nommé le saint Augustin de son siècle. Nous l'avons fait connaître ci-dessus.

On lui attribue des commentaires sur saint Paul; mais on ne reconnaît d'authentique que ses Lettres.

La première collection des canons et des décrétales des papes. C'est lui qui a introduit l'ère chrétienne.

1 Des Sermons; 2° un traité sur la grâce et le libre arbitre, perdu. Ses écrits sont solides et clairs. Il emprunte des comparaisons aux choses sensibles afin d'être mieux compris.

1° Unc Bibliothèque des Pères; 2o une collection abré. gée des canons; 5° quelques opuscules. Des opuscules théologiques.

Sa Règle. Son institut était destiné à avoir une trèshaute influence sur les sciences et les lettres. Il semble avoir été suscité de Dieu pour sauver, contre les barbares, les sciences et la civilisation.

Il rédigea les Actes des apôtres en vers qui se lisaient à la suite de l'office.

Histoire du nestorianisme et de l'eutychianisme.

Auteur d'un grand nombre d'ouvrages. Les plus estimés sont les Institutions aux lettres divines et le traité de l'Ame. Il occupa le premier les moines à transcrire les livres.

Théologien, canoniste, excellent poëte pour son temps.
Des quatre vertus cardinales.

Extrait des sectes des hérétiques et du synode de Chalcédoine.

1° L'Histoire ecclésiastique de France; 2o de la Gloire des martyrs; 3° de la Gloire des confesseurs; 4° Vies des Pères; 5° des Miracles de saint Martin; 6o plusieurs écrits théologiques, perdus. Chacun connatt le mérite des écrits de saint Grégoire de Tours.

Une Chronique de l'an 455 à l'an 581.

Histoire ecclésiastique estimée; elle commence à l'époque où celles de Socrate et Sozamène finissent, et se termine à l'an 594.

L'un des plus grands docteurs de l'Eglise et le plus fécond des pontiles romains. 1° Pastoral, qui traite des devoirs des pasteurs; 2° des Homélies; 3o des Commentaires sur Job remplis d'instructions morales; 4° des Dialogues. Cet ouvrage laisse à désirer une critique plus sévère; 5o douze livres de Lettres qui renferment un grand nombre de lettres sur les points les plus importants de la discipline.

Ses œuvres sont très-utiles au théologien ascétique. Voy. ci-dessus.

1o Des Poésies sacrées; 2o des Vies de saints.

Théologien et poëte.

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VIIE SIÈCLE.

ÉCOLE HÉRÉTIQUE.

Evêque des Arméniens.

Patriarche d'Alexandrie. Archevêque de Constantinople.

Nous sommes arrivés à l'âge le plus pauvre de la théologie. L'Occident ne nous offre rien de remarquable. Il y a des écoles, de nombreux monastères; on s'y occupe d'écrire les légendes des saints, qu'on embellit à l'envi. On copie les manuscrits; mais les copistes sont si ignorants, que les textes deviennent méconnaissables; une foule de passages sont confondus ou mutilés. Benoît Biscop, abbé de Wérémouth, réunit tous les livres qu'il peut se procurer. Saint Isidore donne un peu de vie à la théologie en Espagne. Tajon, évêque de Saragosse, écrit une Somme complète de théologie. Quoiqu'elle ne contienne rien de remarquable, c'est cependant un écrit extraordinaire pour ce siècle. «Tajon, dit Mabillon, rédigea en cinq livres, sous certains titres, tout ce qu'il trouva dans saint Grégoire touchant la théologie, sans y mêler aucun raisonnement, ni même les témoignages des autres Pères, excepté quelques-uns de saint Augustin. Le premier livre de cette compilation traite de Dieu et de ses attributs; le second, de l'incarnation, de la prédication de l'Evangile, des pasteurs et des ouailles; le troisième, des divers ordres de l'Eglise, des vertus et des vices; le quatrième, des jugements de Dieu, des tentations, des péchés; et le cinquième, enfin, des réprouvés, du jugement dernier et de la résurrection. »>

L'Orient était toujours tourmenté par les hérésies arienne, nestorienne et eutychienne. Celle-ci surtout excitait une vive agitation dans tout l'empire; sur la fin du vi siècle, elle commença à se modifier dans certains esprits. Les partisans de l'eutychianisme, considérant que tout procède de la volonté, consentirent à admettre deux natures en Jésus-Christ, pourvu qu'on ne reconnût en lui qu'une volonté. Les raisons qui appuyaiènt cette opinion paraissaient plausibles. JésusChrist étant Dieu et homme tout ensemble, la divinité devait certainement s'imposer à l'humanité du Christ. La volonté de Jésus étant sage, devait s'abdiquer absolument et totalement pour laisser la volonté divine agir el diriger. Les chefs de cette école étaient nombreux. C'étaient Sergius, patriarche de Constantinople, littérateur exercé, théologien habile, politique rusé qui gagna l'empereur Héraclius au parti. Athanase, évêque des Armén. I joignait la dissimulation et la ruse à une haute éloquence; ce qui lui donnait beaucoup d'importance et d'influence

Il fut le premier instigateur de l'hérésie du monothélisme.

Ses neuf articles furent condamnés au concile de Latran.

Théologien, littérateur, sophiste: il employa toute son activité à la cause monothélite.

sur les esprits. - Paul, qui devint par la suite archevêque de Constantinople; il se montra très-ardent monothélite, soutint des controverses contre saint Maxime, et adressa au pontife de Rome un écrit sous le titre : Lettre dogmatique au pape.— Cyrus, patriar che d'Alexandrie, auteur des neuf articles condamnés par le concile de Latran.

Les seuls noms des chefs de la nouvelle école montrent combien elle était redoutable. Ils comprirent que, pour triompher, il fallait s'emparer de l'esprit du pape. Sergius écrivit à Honorius une lettre extrêmement artificieuse. Les termes en avaient été si habilement pesés et arrangés que, sans contenir l'erreur en effet, il était facile de la déduire. Honorius se laissa surprendre. Tou ché des mots de conciliation et de paix, el croyant le dogme en sûreté, il fit la fatale réponse tant de fois citée par les gallicans, qui n'établit nullement le monothélisme, comme nous le démontrons dans le Dictionnaire dogmatique. Cette réponse donna une force incroyable à la secte hérétique.

Voici comment M. Cousin de S. D. envisage la nouvelle école. « L'école monothélique nais sait dès lors; elle enseignait qu'à la vérité les deux natures subsistaient encore, et que l'hu manité n'était pas confondue en Jésus-Christ avec la Divinité; mais que la volonté humaine était si parfaitement assujettie et gouvernée par la bonté divine, qu'il ne lui restait plus d'acti vité ni d'action unique; qu'ainsi il n'y avait en Jésus-Christ qu'une seule volonté et une seule opération. Le symbole hérétique diffère peu, comme on le voit, des précédents. Eutychès avait matérialisé, pour ainsi dire, lecole nestorienne: Sergius spiritualisa l'ecole d'Eutychès. Ces écoles étaient donc sœurs quant au fonds; on pourrait même leur assurer une origine commune et philosophique, celle du système platonique sur les deux âmes humaines, sensitive et ralsonnable. Cependant l'école catholique, ayant Sophronius de Jérusalem à sa tête, ne cessait de combattre la nouveauté de celle opinion; l'école monothélique la défendit avec acharnement, et tout à coup l'on vit se développer sur une vaste échelle l'une des plus grandes luttes que le catholicisme ait eues à soutenir contre l'erreur. Dans l'Armenie, Athanase; Paul et Sergius à Constanti nople; à Alexaudrie Cyrus, patriarche de cette ville, et un certain Théodore de Phara professaient et enseignaient publiquement

cette doctrine impie. Dès lors le monothélisme cut ses écoles, ses ardents missionnaires, ses prosélytes nombreux; il eut un retentissement qui scandalisa tout l'Occident, comme le témoigne le pape Jean IV; mais il ne tarda pas à rencontrer de nobles et généreux contradicteurs. Le premier que nous voyons briller à la tête de l'école catholique, dans celle fameuse lutte, est Sophronius, moine, et plus tard patriarche de Jérusalem. Après lui viennent saint Maxime et le pape saint Martin, les deux martyrs de la vérité contre l'erreur, les deux grands athlètes de ta foi catholique contre le monothélisme. Maxime semble avoir été suscité de Dieu exprès pour défendre la question des deux volontés. C'était un théologien savant et judicieux; personne, ni avant, ni après lui, n'a si bien établi le dogme catholique sur ce point si important. Sa dispute contre Pyrrhus fait aussi éclater sa grande manière de dire à la fois nette, concise et éloquente. Héraclius. voyant les troubles que cette dispute théologique excitait partout, donna un édit, connu dans l'histoire ecclésiastique sous le nom d'Ecthèse ou exposition de foi, par lequel, tout en enseignant qu'il n'y avait qu'une seule volonté en Jésus-Christ, il défendait d'agiter plus longtemps cette question.

« Mais l'année suivante, le pape Jean IV, dans un concile tenu à Rome, rejeta l'ecthèse, et condamna les monothélites. Héraclius se soumit; mais la division ne finit pas pour cela. En 648, nouvel édit, que l'on nomma type ou formulaire, de l'empereur Constant, lequel supprime l'ecthèse d'Héraclius, et ordonne de nouveau le silence. Mais la vérité doit être prêchée et non étouffée par la contrainte. Aussi en 649, comme les hérétiques dogmatisaient encore, le pape Martin Ir tint

NOM

à Rome un concile qui condamne l'ecthèse, le type et le monothélisme. « Nous ne pou« vons, disaient les évêques, abjurer tout à << la fois l'erreur et la vérité. »

« L'empereur, indigné de ce prétendu affront, commença alors à persécuter le pape Martin, qui mourut de misère et de souffrance en exil en 655, relégué dans la Chersonèse taurique, aujourd'hui la Crimée; enfin en 680, sous le règne de Constantin Pogonat et le pontificat du pape Agathon, se tint le vi concile œcuménique, dans lequel le monothélisme et ses adhérents furent solennellement condamnés. L'Eglise assemblée décida qu'il y a en Jésus-Christ deux volontés et deux opérations, qu'elles sont réunies dans une seule personne sans division, sans mélange et sans changement, qu'elles ne sont point contraires; mais que la volonté humaine se conforme entièrement à la volonté divine, et lui est parfaitement soumise en Jésus-Christ. L'empereur Philippicus Bardane prit de nouveau la défense des monothélites, mais ne régna que deux ans. Peu à peu cette hérésie se perdit dans celle des eutychiens. Ou prétend néanmoins que les maronites du mont Liban ont persévéré dans le monothélisme jusqu'au x siècle. »

Ce siècle vit naître une religion nouvelle qui fit infiniment de mal au christianisme; elle ne voulut pas recourir à la science pour s'établir; le sabre et des ruses grossières furent ses armes. A ces traits chacun reconnaît le mahométisme, qui débuta en déclarant la guerre à la science par la destruction des écoles fameuses et de la riche bibliothèque d'Alexandrie. L'école mahométane n'est point de notre sujet; nous nous contentons d'indiquer un grand fait qui aura une funeste action sur la religion.

TABLEAU DES THÉOLOGIENS DU VII SIÈCLE.

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OUVRAGES.

Un grand nombre d'ouvrages dogmatiques et moraux, parmi lesquels on remarque le traité de la Trinité en cinq dialogues, attribué autrefois à saint Athanase. C'était un homme profondément érudit, d'une sagacité rare, d'un jugement exquis.

1o Le livre des écrivains ecclésiastiques, qui sert de continuation à ceux de saint Isidore; 2° un traité de la Virginité perpétuelle de Marie; 3° quelques Lettres et quelques Sermons.

Un recueil de formules ou de modèles d'actes publics ou privés. Il y en a qui concernent les affaires religieuses. 1o Le plus ancien Pénitencier de l'Eglise latine; zo des opuscules.

1° Dux viæ adversus acephalos; 2° onze livres de considérations anagogiques sur la création du monde; 3° cinq livres dogmatiques; 4o quelques homéliesTrois livres sur la vie future.

Une collection précieuse de canons, connue sous le nom de Concorde des canons.

1° Quelques sermous; 2o un abrégé moral de l'Ecri ture sainte.

Une fameuse Somme de théologie, que nous avons appréciée.

ÉCOLE ANTI-CHRÉTIENNE.

L'A'coran. Nous n'avons pas à apprécier cet ouvrage,

ÉCOLE HÉRÉTIQUE.

Patriarche de
Constantinople.
Patriarche de
Constantinople.

Patriarche d'Alexandrie. Evêque

des Arméniens.

La science avait été profondément endormie pendant le siècle précédent; elle se réveille avec celui-ci. C'est le vin siècle qui jette les bases d'une ère nouvelle; il mérite d'être étudié avec soin.

L'Orient est toujours occupé de ses discussions subtiles sur nos grands mystères. Il posséda cependant un homme supérieur, qui fit faire un véritable progrès à la théologie. Cet homme fut saint Jean Damascène. « La systématisation théologique de saint Augustin avait obtenu en Occident, dit M. A. Cousin de S. D., un crédit tel que les écoles des monastères n'en voulurent jamais adopter d'autre pendant l'espace de plus de cinq siècles. C'est ce qui exprime le peu de vogue qu'obtinrent les sommes théologiques parues dans les siècles suivants, quoique déjà plus complètes et plus élémentaires. Celle de saint Jean Damascène jetait les premiers fondements de la théologie scolastique.

« Ce grand homme, surnommé fleuve d'or, après avoir lutte contre toutes les grandes hérésies du vin siècle, et s'être enrichi de toutes les connaissances théologiques, concentra ses recherches sur l'état des études et sur les sommes théologiques qui gisaient éparses el sans lien dans les écoles orientales. Il résʊ

Monothélite ardent : il fit recevoir l'Ecthèse dans un conciliabule tenu à Constantinople.

Il soutint des conférences contre saint Maxime, adressa une lettre dogmatique au pape : elle contenait l'hérésie des monothélites.

Ses écrits furent condamnés aux conciles de Latran de l'an 649 et de l'an 680.

Il unissait la ruse à la haute éloquence. Il fut l'un des chefs les plus influents du parti monothélite.

lut de les rétablir dans un ordre logique et nouveau. C'est alors que Damascène appela à son aide les principes d'Aristote. S'il eûl assez vécu pour retoucher son œuvre vraiment gigantesque et la compléter, nul doute qu'il eût donné le plus beau des systèmes scolastiques. Esprit élevé, dialecticien nerveux, génie ferme et étendu, d'une érudition variée, tout imagination et tout cœur, ce grand homme avait tout ce qu'il fallait pour mettre en relief la scolastique, en l'élevaut à une rare précision et en suppléant à sa secheresse par la beauté de son style oriental, élégant et pur, toujours coloré, sans prétention. Le livre où Damascène expose son plan de systématisation est bref, inais substantiel; moins colossal que celui de saint Thomas des Latins, il put bien n'être que le continuateur dusaint Thomas des Grecs. Le plan jeté d'une manière ferme en est bien dessiné et mer veilleusement rempli. Deux ordres de preuves complétement distinctes y miltent en faveur du christianisme : le premier, tiré de l'ordre logique, contient les preuves de rai son; le second, tiré de l'ordre theologique, renferme les preuves traditionnelles et reve lées. Saint Jean Damascène est le premier théologien qui ait appelé en témoignage des mystères la raison humaine soumise aux principes philosophiques d'Aristote. C'es

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