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consultant qu'un seul caractère, selon son usage, y mit le désordre; Gmelin l'accrut, selon l'usage de tous ceux qui compilent sans observer: Bloch voulut en vain y remédier ; la confusion continua à s'accroître entre les mains de Lacépède, de Shaw, etc. Enfin, pour reconnaître ces poissons en eux-mêmes avec certitude, et pour les distinguer entre eux avec précision, il a fallu« recourir à la nature inême, et les distribuer, comme s'ils ne l'eussent jamais été. >>

M. Cuvier partage d'abord la famille des perches en trois grandes divisions, dont partie des espèces est décrite par lui, et partie par M. Valenciennes.

Les caractères propres des percoïdes, c'est-à-dire, les traits de conformation qui distinguent cette famille du reste des acanthoptérygiens, sont: des dentures ou des épines aux pièces operculaires; la joue non cuirassée ; et des dents au vomer ou aux palatins.

Une première division comprend toutes les espèces de cette famille à ventrales sous les pectorales, à cinq rayons mous aux ventrales, et à sept rayons aux branchies.

Cette division se partage en deux séries, selon qu'il y a deux dorsales, ou une dorsale unique; et chacune de ces séries en deux autres, selon que les dents sont toutes en velours, ou qu'à ces dents en velours se mélent des dents canines.

Une seconde division comprend les espèces à moins de sept rayons aux branchies. Celle-ci se partage encore en deux séries, selon qu'il y a des dents canines mélées aux dents en velours, ou qu'il n'y en a pas.

Enfin, une troisième division embrasse les espèces à plus de cinq rayons mous aux ventrales, et à plus de sept rayons aux branchies. Ces espèces se partagent en trois séries, d'après la position des ventrales, ou sous, ou devant, ou derrière les pectorales; et cette dernière série, ou celle des percoïdes abdominales, sé subdivise en deux tribus secondaires, selon que les dents sont toutes en ve

lours, ou qu'il y a des dents canines mélées aux autres. C'est sous ces premières divisions que viennent se placer les genres et les sous-genres, ayant chacun pour type une espèce principale, et tirant son nom de cette espèce, comme la famille entière le tire du genre principal, celui des perches propres.

La première division se partage, comme je viens de le dire, en deux séries, ou à deux dorsales, ou à dorsale unique. La première de ces séries donne dix genres ou sousgenres à dents toutes en velours: les perches, les varioles, les énoploses, les diploprions, les bars, les centropomes, les grammistes, les aprons, les ambasses, et les apogons. Elle en donne trois à dents canines mélées aux autres ; les cheilodiptères, les sandres, et les étélis.

La seconde série, ou à dorsale unique, donne six genres où les dents canines sont mélées aux autres : les serrans, les mérous, les barbiers, les plectropomes, les diacopes, les mésoprions; et six où les dents sont toutes en velours: les centropristes, les gristes, les polyprions, les pentaceros, les gremilles, et les savonniers.

Le premier de tous ces genres ou sous-genres est celui des perches proprement dites; il a pour type la perche commune ; en d'autres termes, cette perche est l'espèce où le caractère du genre est le plus marqué.

Autour d'elle se groupent plusieurs espèces à formes secondaires plus ou moins semblables. Toutes ces espèces sont étrangères; ce sont: la perche sans bandes, d'Italie; la perche jaunátre d'Amérique qui, d'après une expérience de Mitchill, serait aussi facile et aussi avantageuse à transporter que la nôtre; la perche à opercules grenus, la perche à téte grenue, la perche à museau pointu, la perche gréle, toutes des États-Unis ; la perche de plumier, des Antilles; la perche ciliée, des Indes orientales; la perche à caudale bordée de noir, remarquable, entre toutes les autres, par le grand nombre des rayons de sa deuxième dorsale; et

T. XLIX. JANVIER 1831.

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la perche à taches rouges, poisson pris près du détroit de Cook qui sépare les deux îles de la Nouvelle – Zé – lande.

Le caractère des perches est: un préopercule dentelé, un opercule épineux, un sous-orbitaire faiblement dentelé, et une langue lisse.

Le sous-genre des bars suit celui des perches. Il s'en distingue par les écailles et les deux épines de son opercule, par l'apreté de sa langue, par l'absence de dentelures à ses sous-orbitaires, à ses opercules, etc. Il compte six espèces, dont cinq étrangères. L'espèce-type est le bar commun d'Europe ( loup, loubine), le lupus des Romains, le labrax des Grecs; ce poisson si renommé par l'excellent goût de sa chair, et dont la conformation rappelle tellement d'ailleurs celle de la perche que l'on en donnerait, dit M. Cuvier, une idée assez juste en disant que c'est une grande perche allongée et argentée.

Le type des varioles est la variole du Nil, ce latès ou latos des anciens, auquel, selon Strabon, la ville d'Esné avait voué un culte: d'où cette ville reçut des Grecs le nom de Latopolis. Le sous-genre des varioles ne compte que deux autres espèces, l'une des Indes, l'autre de Java.

Celui des centropomes n'en compte qu'une, le centropome brochet de mer, poisson commun et de grande consommation dans toutes les parties chaudes de l'Amérique.

Ces quatre genres seraient suivis, dans l'ordre rigoureusement naturel, par les aprons, les ambasses, les apagons, les grammistes, etc. M. Cuvier intervertit un peu cet ordre dans les descriptions, pour la commodité des comparaisons, non des seuls traits génériques, mais de la conformation entière.

Le premier genre dont il parle, après les centropomes, est celui des sandres, ou l'un des genres à dents canines mélées aux autres. Le type de ce genre est le sandre commun que cette réunion même des caractères de la perche,

de ses nageoires, de son préopercule, etc., avec des dents canines ou pointues comme celles du brochet, a fait nommer brochet-perche (lucio-perca) par Gesner.

Autour de ce sandre des fleuves et des lacs du Nord de l'Europe, se rangent trois autres espèces : le sandre bátard de Russie, le sandre de mer, des côtes de la mer Noire, et le sandre d'Amérique.

A ces premiers groupes qu'on peut regarder comme les modifications les plus immédiates du type de la perche, succèdent quelques poissons étrangers, analogues ou aux perches propres, ou aux bars, ou aux varioles : le huron, l'étélis, le niphon, l'énoplose, le diploprion: toutes espèces qui s'écartent diversement de ces premiers groupes, et dont les formes tranchées montrent assez que «< chacune d'elles pourra devenir, à son tour, le type d'un genre, lorsqu'on aura découvert des espèces qui s'en rapprochent et la multiplient. »>

Viennent ensuite trois genres fort voisins entre eux, et qui diffèrent tous les trois des précédens, par l'éloignement de leurs dorsales, et le peu d'adhérence de leurs écailles : les apogons, les chéilodipières et les pomatomes.

L'espèce qui sert de point de comparaison pour les apogons, est l'apogon commun ои roides rougets, de la Méditerranée. Autour d'elle se réunissent quinze autres espèces, de la mer des Indes, du Japon, de la mer Rouge.

Les chéilodipières sont aux apogons, ce que les sandres sont aux perches, c'est-à-dire qu'aux dents en velours des apogons, ils mêlent quelques longs crochets pointus : trois espèces constituent ce genre. Quant au sous-genre des pomatomes, il ne se compose de la seule espèce qui lui sert de type, le pomaencore que tome télescope, de la Méditerranée.

Le genre des ambasses a pour caractères : une double arête au bord inférieur du préopercule, un sous-orbitaire dentelé, une bouche protractile, etc.; et, pour type, l'ambasse de Commerson, petit poisson très-commun à l'île de

Bourbon, où son abondance donne lieu à un commerce lucratif. Dix autres espèces suivent celle-ci, toutes aussi petites qu'elle, et remplissant les étangs et les mares des Indes, comme le font, en Europe, nos épinoches et nos petits cyprins.

Les aprons ne diffèrent des perches proprement dites que par leur museau bombé et par le grand écartement de leurs dorsales. L'espèce principale est l'apron proprement dit, ce poisson dont le Rhône est si riche, surtout entre Lyon et Vienne. Le Danube en produit une autre espèce, qui est le cingle.

Les grammistes forment le dernier genre de la première série des perches, ou des perches à deux dorsales; et ce genre n'a qu'une espèce, le grammiste oriental; car les autres individus, décrits par M. Cuvier, ne lui paraissent que des variétés.

Nous voici donc aux perches à dorsale unique. Celles-ci sont beaucoup plus nombreuses, et le seraient bien plus encore si on y laissait confondues les espèces de labres, de sciènes, etc., que Bloch y a mêlées. Pour prévenir toute confusion, M. Cuvier écarte d'abord tous les poissons qui n'ont pas des dents aux mêmes parties de la bouche que la perche commune.

Ce premier dégagement opéré, il établit ses subdivisions sur des caractères de plus en plus subordonnés : les dents, ou égales et en velours, comme dans la perche commune, le bar, ou mêlées de canines; l'opercule, dont la pièce osseuse est tantôt mousse ou arrondie, tantôt terminée par deux ou trois pointes plus ou moins aiguës; le préopercule, à bords lisses, dentelés, diversement armés; les os des mâchoires, lisses, écailleux, etc.

Le premier genre des espèces à dents canines est celui des serrans, ainsi nommés à cause de la dentelure de leur préopercule à peu près égale comme celle d'une scie (serra)., Les espèces de ces serrans sont presque innombrables. Nos mers d'Europe, et surtout la Méditerranée, en possèdent

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