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excellent tableau de l'état politique, et civil des Juifs vers 1400.-La Pierre, histoire d'une journée de Louis XI. -L'Échafaudage, histoire de la Saint-Barthélemy, qui brille, même à côté de la Chronique de M. Mérimée. Le Guet, comique et curieuse peinture d'une institution que nous venons de voir renaître glorieusement dans la garde nationale; enfin, les Écoliers, tableau d'une autre institution antique encore debout, mais qui tombera bientôt, et, nous l'espérons, pour ne se plus relever, l'Université.

En traitant ce dernier sujet, M. Jacob marchait sur un terrain exploré avec talent et conscience par l'auteur des Mauvais Garçons. Il n'a pu manquer de profiter de son travail; et, en effet, on reconnaît à chaque pas qu'il est gêné par son devancier. Les dix ou douze premières pages des deux ouvrages sont les mêmes presque mot à mot.

On sait que les Mauvais Garçons étaient les bandes de Bohémiens, de voleurs, de déserteurs, d'écoliers débauchés, qui parcouraient quelques provinces, et surtout les environs de Paris, en commettant d'effroyables désordres. Pendant la captivité de François Ier, leur audace s'accrut à tel point, qu'ils venaient jusqu'au sein de Paris exercer leurs brigandages, et qu'ils faisaient trembler le guet chargé de la police, lequel n'osait plus s'opposer à leurs tentatives et fuyait à leur aspect.

L'auteur des Mauvais Garçons est certainement un écrivain de grand savoir et de beau style; mais nous sommes forcés de le reconnaître inférieur à M. Jacob. Il manie beaucoup moins facilement la langue marotique; il sème souvent son récit de réflexions vulgaires; enfin, il manque surtout de cette ingénuité fine et naïve qui constitue le mérite principal du moyen âge et de M. Jacob.

Les deux Fous sont, sans contredit, le meilleur ouvrage du vieux bibliophile. On y trouve réunis tous ses talens : le style savant et pittoresque, la grâce et la variété des caractères, le pathétique de l'intrigue et des situations.

Le sujet est emprunté à l'histoire de François Ier: c'est le récit de sa première liaison avec Diane de Poitiers. Les deux Fous sont les deux bouffons en titre de S. M.: Triboulet et Caillette. Nous devons blâmer l'auteur du moyen qu'il a imaginé pour faciliter la première entrevue des deux augustes adultères. Ce n'est point la nuit, sur la place de Grève, dans la boue, entre les mains insolentes des soldats du guet, que François Ier devait rencontrer sa maîtresse et celle de son fils. C'est une inconvenance qui jette une ombre sur tout le livre, et d'autant plus grave, qu'elle était facile à éviter.

On annonce la publication prochaine d'un autre ouvrage de M. Jacob, le Roi des Ribauds; nous en rendrons compte avec détails, et nous émettrons, à cette occasion, quelques idées sur ce genre naissant' qui, pour n'avoir encore été exploité que par deux jeunes écrivains, peut cependant s'étendre beaucoup et, si l'on se renferme dans de sages limites, donner naissance à une littérature neuve et savante, utile à notre gloire et propre à varier la monotonie de nos bibliothèques.

Anselme PETETIN.

III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

LIVRES ETRANGERS (1).

105.

AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE.

ÉTATS-UNIS.

Essays on American silk, etc.—Essais sur la soie d'Amérique, et sur les meilleurs moyens de faire de cette matière une source de richesses publiques et privées; avec des directions pour les cultivateurs qui voudront élever des vers à soie par J. D'HOMERGUE, fabricant de soieries, et par G. DuPONCEAU, membre de la Société philosophique américaine, etc. Philadelphie, 1830. In-12 de 140 pages.

Nous avons déjà parlé de l'introduction du mûrier et des vers à soie aux États-Unis, du zèle de M. d'Homergue pour la propagation de cette industrie, de l'assistance efficace que M. Duponceau prête à notre jeune compatriote, des succès de leurs efforts réunis cet ouvrage peut être considéré comme un compte rendu des progrès de la nouvelle culture, provoqués par les vues nobles et généreuses de ces deux véritables amis de l'humanité. M. Duponceau est déjà bien connu par des ouvrages qui le recommandent au monde savant; quant à M. d'Homergue, il s'est peint lui-même dans cet ouvrage, publié partiellement dans la Gazette nationale des États-Unis, sous le même titre d'Essais sur la soie d'Amérique; M. Duponceau s'était chargé

(1) Nous indiquons par un astérisque (*) placé à côté du titre de chaque ouvrage, ceux des livres étrangers ou français qui paraissent dignes d'une attention particulière, et nous en rendrons quelquefois compte dans la section des Analyses.

d'être le truchement de notre compatriote, encore peu familier avec l'idiome anglais. «< Quelques amis zélés pour mes intérêts m'ont dit plus d'une fois : Défiez-vous des Américains! ils sont adroits, intelligens; quelques momens d'entretien avec vous leur suffiront pour qu'ils devinent votre secret. Des secrets! hélas ! je n'en ai point. Je possède un art que je voudrais communiquer amicalement à tous les Américains, hommes, femmes et enfans, si cela m'était possible. Le musicien a-t-il un secret pour exécuter les chefs-d'œuvre de son art? On voit le mouvement de ses doigts, on entend les sons de sa voix; mais, pour l'imiter, il faut de l'étude et de la pratique, eût-on les dispositions naturelles d'un Orphée. Il en est de même de l'art de tra vailler la soie; c'est en le pratiquant qu'on peut l'apprendre ; toute autre instruction serait insuffisante. »

Outre l'intérêt attaché à l'histoire d'un art, aux conquêtes qu'il fait dans le Nouveau-Monde, et que M. Duponceau nous fait connaître dans l'introduction à cet ouvrage, introduction qui porte le nom de Préface, mais qui doit être lue préalablement; outre les motifs généraux qui feront rechercher ce petit livre par tous les amis de l'industrie, son apparition est un avertissement pour le commerce et les manufactures de l'Europe : il ne tiendrait qu'aux gouvernemens de profiter du même avis, s'ils savaient écouter, et s'ils comprenaient leurs véritables intérêts. Ils veulent des sujets obéissans; ils redoutent l'esprit de liberté que l'industrie fait naître, qu'elle développe et qu'elle fortifie jusqu'au moment où sa voix commence à faire trembler le despotisme. Les persécutions religieuses répandirent les fabricans français dans toute l'Europe tolérante ; les persécutions politiques exilèrent en Amérique les arts de l'Europe au préjudice de l'ancien monde que les deux révolutions françaises n'auront pu rajeunir. Le tems approche où la soie, produite en abondance par l'Amérique, attirera dans ce continent les fabriques d'étoffes de cette matière ; alors l'Europe, bornée à sa consommation, verra tomber la moitié de ses propres manufactures.

L'instruction que contient cet ouvrage pour diriger l'éducation des vers à soie est un résumé clair, méthodique et suffisant de ce que l'on a écrit sur cette industrie. On y a joint une description du devidage de la soie, extraite du Manuel publié par ordre du congrès, au nombre de 6000 exemplaires, ce qui n'avait produit que très-peu d'effet sur les cultivateurs améri

cains, jusqu'au moment où M. D'Homergue leur fit sentir une impulsion plus efficace, celle de l'exemple. On a joint à cette description un dessin du devidoir de Piémont, simplifié par M. JENSOUL, mécanicien Lyonnais.

F.

106. —* A connected view of the whole internal navigation of the United States.-Tableau de toute la navigation intérieure des États-Unis, naturelle et artificielle, actuellement existante et en projet, etc.; par un citoyen des États-Unis. Philadelphie, 1830; Carey et Lea. In-8° de 618 pages,

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107.- A Treatise on Rail Roads, and internal communications. Traité sur les routes en fer et à rainures en bois ; revue des moyens de communications intérieures, d'après les meilleures autorités, avec des notes et remarques originales; par Thomas EARLE. Philadelphie, 1830. In-8° de 120 pages.

108. —* Message of the President, in relation to the survey of a route for a canal, etc.— Message du président des ÉtatsUnis, concernant l'examen d'un projet de canal entre le golfe du Mexique et l'Océan atlantique. 28 février 1829.

Les nombreux et vastes cours d'eau qui arrosent en tout seus le continent de l'Amérique du nord indiquaient et favorisaient tellement un système de navigation intérieure, qu'on ne peut s'étonner de l'immense développement qu'il y a pris. On compte aujourd'hui aux États-Unis 103,202 milles et demi de canaux, rivières, etc., dont 16,397 172 milles de cours d'eau artificiels, et 86,805 naturels. Il en résulte que la nature apporte au calcul total plus de cinq sixièmes, et ne laisse qu'un sixième à l'art. Des 16,397 milles de navigation artificielle, 10,742 sont en canaux, et 5,655 en rivières rendues navigables. L'Etat de la Nouvelle-Angleterre a pour sa part cinq canaux en construction ou qui viennent d'être terminés : celui de New-York autant l'état de New-Jersey un seul, le Morris Canal de 101 milles et demi de long: la Pensylvanie 8, dont 5 achevés. Plus, les canaux de l'Ohio entrepris par l'État; ceux de la Virginie, de la Caroline du Nord, du Kentucky, etc.; lous en grand nombre et en progrès. Si l'on joint à cela la liste de ceux qu'on a jugés nécessaires à la défense du pays en cas de guerre, on aura un résultat effrayant et presque fabuleux pour nous. Cependant ces lignes gigantesques de communication ne suffisent pas encore à l'activité industrielle et commerciale du Nouveau-Monde : l'amélioration des routes, les moyens de

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