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DE

PIERRE DE BOURGOGNE,

SEIGNEUR DE BREDAM,

que l'on remarquait encore, en 1830, en l'église de Notre-Dame, à St.-Trond;
suivie d'une Notice Généalogique sur la Maison de Bourgogne,

PAR

M. le baron de HERCKENROOF,

membre correspondant de l'Académie, etc.

Peu d'années se sont écoulées depuis que l'on s'est avisé d'ouvrir les caveaux des anciens bienfaiteurs de l'église primaire de la ville de S.-Trond, d'en arracher les cendres, et de les jeter pêle-mêle dans le cimetière public, et de faire vendre à l'encan les belles pierres sépulchrales qui les recouvraient.

Bien des personnes se sont révoltées en voyant profaner d'une manière aussi indigne les épitaphes de leurs ancêtres. Il est vrai, que les anciennes dalles de cette église étaient fortement usées, et que leur mauvais état exigeait qu'on les remplacât; mais cette raison peut-elle excuser ce vandalisme monumental qui fait tant de ravages depuis quelques années, et qui, sous prétexte d'embellissement et d'économie, fait vendre comme objets de rebut ce que nos aïeux ont fait placer à grands frais sur les tombeaux des personnes qui leur furent chères ?

Cette question est trop simple et a déjà été résolue si souvent par des personnes amies de la conservation des anciens monuments, que nous croyons inutile d'y répondre. Seulement, nous ferons

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observer en passant, qu'il nous répugne de voir la plus grande partie des escaliers et des trottoirs, qui se trouvent devant les maisons de St.-Trond, composés de pierres sépulchrales, provenant de l'église de Notre-Dame.....

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Parmi les pierres funéraires que l'on a ainsi mutilées, et que l'on emploie si ignominieusement, se fait remarquer celle qui recouvrait les restes mortels d'un membre de l'illustre maison de Bourgogne, issue de celle des anciens ducs de ce nom. Cette pierre faisait partie, en premier lieu, d'une tombe élevée dont nous regrettons de ne pas posséder de copie; celle que nous donnons ci-jointe a été prise, en 1781, d'après la pierre qui remplaçait alors le monument primitif.

Nous allons essayer de donner quelques détails généalogiques sur la maison de Bourgogne à laquelle appartenait Pierre de Bourgogne, enterré en l'église de Notre-Dame à S.-Trond, sous le monument dont il vient d'être parlé.

De Bourgogne.

Branche des seigneurs de Bredam et comtes de Fallaix.

Cette noble maison portait pour armes : écartelé; aux 1.o et 4.o cantons, d'azur semé de fleurs de lis d'or, à la bordure componée d'argent et de gueules, qui est de France ancienne; au 2.o, bande d'or et d'azur de six pièces, qui est de Bourgogne ancienne, parti de sable au lion d'or qui est de Brabant ; au troisième, de Bourgogne ancienne, parti d'argent au lion de gueules, qui est de Limbourg; sur le tout d'or 'au lion de sable, armé, lampassé de gueules, qui est de Flandre; cimier: un hibou d'or.

La généalogie de cette maison commence par Bauduin, fils naturel de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, de Brabant, de Lorraine, etc., et de Catherine de Tiesseries. Il naquit à Lille en 1445 et fut

seigneur de Fallais 1, de Bredam et de Sommelsdyck. Envoyé avec son frère naturel Antoine de Bourgogne 2, comme amiral contre les Turcs, il entra ensuite au service de Louis XI, roi de France, qui lui donna le comté d'Orbec, en Normandie. I accompagna ce prince anx prises d'Amiens et de Saint-Quentin, et assista aussi à la bataille de Grandson, en 1476, et, l'année suivante, à celle de Nancy, où il fut fait prisonnier. Il mourut à Bruxelles, en 1508, et fut enterré en sa seigneurie de Fallais. Il avait épousé dame Marie (ailleurs Marine) Manuel de la Cerda, fille de Jean, seigneur de Belmonte et de Campos, et de Jeanne de Figueroa. De ce mariage naquirent quatre enfants, savoir:

1° Messire Philippe de Bourgogne, seigneur de Fallais et de Sommelsdyck, fut créé chevalier de la Toison d'or, à Bruxelles, au mois de janvier 1501, puis nommé conseiller et chambellan de l'empereur Charles V. Il mourut célibataire en 1542.

1 Fallais est situé dans la province de Liége à une demi lieue de Fumal, une lieue de Warnant, et deux et un quart lieue S. S. O. de Waremme. Selon de Hemricourt, édition de Jalheau, cette seigneurie appartenait depuis le commencement du XIe siècle à la famille de Beaufort; elle passa ensuite à la famille de Wesemal, puis aux comtes de Bouchain et de là à Wathieu d'Olhain, qui la céda à l'empereur Maximilien. Ce prince la donna, à Bauduin, bâtard de Bourgogne.

L'archiduc Albert érigea cette terre en comté en faveur de Herman de Bourgogne, en 1614.

Henri de Gueldres, prince évêque de Liége, assiéga le château fort de Fallais, en 1266; mais il leva le siège ayant appris que les Brabançons venaient au secours de la place. Il fut de nouveau investi, en 1276, par Jean de Halloy, bailly du Condroz. Baré, commandant les Allemands, le prit, en 1465, ravagea les environs de Hannut, et par ordre des états et du prince-évêque, il le conserva jusqu'à la restitution des dommages. Le duc de Bourgogne arriva à Fallais en 1467, avec Louis XI, roi de France, qu'il tenait prisonnier. Louis XIV, roi de France, logea au château de Fallais, en 1675; les députés de Liége y eurent une audience de ce roi qui, après son départ, fit raser une des tours du château. Fallais appartenait, en dernier lieu, aux états-généraux des provinces-unies, qui le cédèrent à l'empereur Joseph II, en 1785; depuis cette époque il a été incorporé dans le duché de Brabant. Il faisait partie des villages de rédemption, c'est-à-dire, de ceux qui, moyennant une certaine somme d'argent, pouvaient se racheter de leur cotisation annuelle des impôts.

2 Cet Antoine de Bourgogne était fils naturel de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, et de Jeanne de Prulle.

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