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23. M. le docteur Broeckx, bibliothécaire-archiviste de l'Académie, fait hommage d'une brochure très-intéressante qu'il vient de publier sous le titre d'un Mot sur la période érudite de la médecine en Belgique. In-8°, 1847, Malines, imprimerie d'Olbrechts.

Extrait de la correspondance de l'Académie.

S. M. le Roi des Belges et plusieurs souverains étrangers remercient l'Académie, dans des termes très-flatteurs, de l'hommage qu'elle leur a fait de la dernière livraison de ses travaux.

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MM. de Smet, Dauw, Victor Pasquier, Redig, le baron Van den Bogaerde de Ter-Brugge, etc. adressent à l'Académie leurs remercîments pour avoir été admis au nombre de ses membres.

Mémoire historique et archéologique

SUR

L'ÉGLISE COLLÉGIALE

DE LIERRE:

par

M. REDIG,

professeur d'architecture à l'Académie de Lierre, membre correspondant de l'Académie d'Archéologie.

Ce fut vers la seconde moitié du VIIIe siècle, à l'époque où la religion chrétienne triomphait entièrement des obstacles que lui avaient opposés, et le culte des idoles et les hérésies sans cesse renaissantes de quelques apostats, que St-Gommaire, cet humble et valeureux chevalier, ce dévoué serviteur de Pépin-le-Bref, érigeait une chapelle au milieu d'une plaine marécageuse, dont l'espace est décrit et borné par un de ces capricieux détours que la nature s'est plu d'ordonner aux rivières que nous connaissons sous le nom de Deux-Nèthes. Cette île que les anciennes chroniques désignent sous le nom de Nieuwe-donck, devint après la mort du saint fondateur de la chapelle où se trouvait son tombeau lieu de pélerinage et de dévotion. Aussi peu de temps après, on vit

un

s'élever plusieurs maisons, ou cabanes plutôt, qui devaient former l'ancienne Ledo, aujourd'hui Lierre.

La ville de Lierre offre à l'histoire de notre pays mainte page remarquable. Plus d'une fois elle a été le théâtre de luttes sanglantes et de désordres sacriléges. Cette antique chapelle, dont la durée des siècles a respecté l'existence, fut l'objet du pillage impie que les barbares du Nord ont exercé dans nos provinces. Ces vieux murs, ces piliers, ces voûtes qui nous ont laissé quelques traces de l'art religieux dans ces temps si éloignés de nous, mériteraient sans doute, et le respect de l'archéologue et le souvenir de l'historien.

Pour nous qui, dans ce mémoire, n'essayons qu'une simple description de l'église actuelle de Lierre, nous n'avons fait mention de cette chapelle, dédiée à St-Pierre, que parce que sous le rapport historique elle se lie intimement à l'origine de l'église collégiale. On lit en effet dans les chroniques, que St-Gommaire institua un chapitre 1 dans la chapelle de St-Pierre, et que plus tard, lorsque par la grande affluence de monde qui venait de toutes parts en pélerinage, la petite Ledo se peuplait de maisons et d'habitants, on était obligé de bâtir une nouvelle église que le chapitre dédia à St-Jean-Baptiste. La date de l'érection de ce monument ne se trouve point dans les chroniques, seulement on y affirme qu'au moment de mettre à exécution le projet de l'église actuelle (1425) l'ancienne était très-délabrée et menaçait ruine, d'où l'on pourrait conclure que l'église de St-Jean-Baptiste doit son érection au Xme ou XIe siècle et appartenait à la transition du style latin au roman. Comme nous ne possédons aucun reste de ce vieux monument, les hypothèses que l'on pourrait établir à ce sujet seraient d'un intérêt fort restreint, ou parfaitement inutiles.

Venons donc à notre sujet.

1 L'institution de ce chapitre eut lieu vers l'an 766. Les pièces authentiques de cette cérémonie ne sont point parvenues jusqu'à nous; on croit qu'elles aient été détruites et brûlées lors de l'invasion des Normands.

C'est au XVe siècle, cette belle époque de l'art gothique, que nous devons l'église collégiale de Lierre 1.

Comme à tous les monuments que le moyen âge a légués à notre

1 Ainsi que l'on pourra s'en convaincre, nous avons envisagé notre sujet sous un point de vue tout artistique qui, à proprement parler, s'éloigne des conditions de l'histoire d'un monument. Nous n'ignorons pas le puissant intérêt qu'inspirent toujours l'origine, les mœurs, les usages, les priviléges et les droits de ces célèbres institutions du moyen âge que l'on appelait chapitres ou abbayes; mais en y touchant, nous craignons de nous éloigner trop du but que nous nous sommes proposé, celui de faire ressortir la valeur architecturale du monument qui va nous occuper. Nous nous contenterons donc de donner en note quelques faits qui nous paraissent les plus importants et les plus en rapport avec le sujet que nous traitons.

L'église a été commencé en 1425. La même année, comme dit cette charmante et naïve chronique rédigée par Van Lom en 1740, les marguilliers achetaient tous les matériaux nécessaires à la construction de la tour. Nous nous plaisons à reproduire ici le contrat suivant, qui donne une idée de la manière de bâtir au quinzième siècle.

<< Peter Vermeeren heeft gelooft te leveren een pylaer om onder den toren te stellen, met syn bassementen, soo veel als men behoeft, en sal hebben voor iedere voet 7 stuyvers 6 deniers, hier gelevert. Item Jan Dirickx heeft aengenomen eenen boog, die op de de voorsz. pylaer zal staen, al sooveel als men behoeft, en sal voor elken voet 20 Grooten hebben. »

Comme on était éloigné des finesses administratives de notre époque; nos mœurs raffinées ne se contenteraient point d'un engagement aussi simplement formulé. En 1426 on mit en adjudication la voûte et la grande fenêtre de la tour, ainsi que le fer et la verrerie de ladite fenêtre. - A un intervalle assez grand, en 1435, Goosen Vanden Eynde entreprit les piliers de la nef et les arcades des travées. L'année suivante on a construit le toit de l'église. Déjà en 1441 on avait érigé quelques autels. Nous citons encore comme une pièce très-curieuse :

« In het volgende jaer 1442 wierd aen zekere meester Jan Maldermans en Jan Wageman, wanneer zy de boog van de kerk met werklieden oversloegen en de maet daervan namen alsmede de maet van de groote scheyboog aen het kruyswerk, voor het gene zy te zamen verteerd hadden 4 stuyvers 2 deniers gegeven...)

En 1443 la grande nef fut totalement achevée. L'année suivante la fabrique payait à maître Dominique de Louvain, (meester Dominicus van Loven) pour deux jours qu'il avait passés dans cette ville pour faire le devis estimatif du grand arc du chœur, 3 sous et 6 deniers. Ce maître Dominique est plusieurs fois cité pour les constructions de l'église et principalement pour l'achèvement du

devenant plus pompeuses, exigaient ce surcroît de dépendances ou accessoires à l'ensemble de l'édifice. Les sacristies de l'église de Lierre, n'ont point subi de notables changements, quelques additions peu importantes ont eu lieu à cet égard; nons en parlerons à l'extérieur. Les sacristies sont construites du côté méridional, à l'intérieur elles sont précédées d'une pièce qui occupe la place d'une des chapelles carrées de l'enceinte du chœur.

Le plan primitif de l'église n'indique aucun porche intérieur; mais tout invite à croire que l'idée de l'auteur fut de les construire séparément et comme ne faisant point partie du principal. Les porches des entrées latérales, auraient eu un emplacement trèsrestreint en effet, mais sagement calculé sur l'importance de ces entrées secondaires. L'entrée principale de l'église, à l'ouest, offre une disposition d'un intérêt signalé: un porche extérieur d'une étendue peu notable et d'un plan carré fait saillie sur le reste de la façade. C'est une particularité qui, au moins que nous sachions, ne se voit nulle part aux églises gothiques: nous croyons établir une hypothèse de quelque valeur en cherchant la nécessité de ce porche, qui est en opposition avec tous les systèmes de portail adoptés à cette époque, dans l'intérieur. En effet n'estil pas évident que ce vaste emplacement, ce péristyle, laissé à l'entrée principale, demande une construction pour se compléter? n'est-il pas évident, nous le répétons, que c'est là la place destinée au jubé et au buffet de l'orgue, dont le perfectionnement avait nécessité un espace considérable, espace qui d'ailleurs se trouve dans toutes les églises gothiques? L'on ne peut supposer que les architectes du moyen âge en composant leurs immortels plans d'églises ne songeaient point aux jubés ni aux buffets des orgues, qui, comme nous venons de le dire, avaient pris tant d'extension; l'on ne peut supposer non plus, qu'ils donnaient dans l'idée, de placer ces objets intéressants là, où ils ne feraient que briser, corrompre, anéantir l'effet de l'église.

Indépendamment des trois entrées principales, il en existait

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