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PARIS. IMPRIMERIE DE BRUN, PAUL DAUBRÉE ET Cie,
Rue du Mail, 5.

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DE ROME,

PAR

M. F. DE LA MENNAIS.

P. D.

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NEW-YORK
PARIS,

CAILLEUX ET CIE, ÉDITEURS,

RUE VIVIENNE, No 17.

1836-1837

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Le temps fuit de nos jours avec une telle rapidité, qu'en quelques années l'on voit s'accomplir ce qui jadis eût été souvent l'œuvre d'un siècle ou même de plusieurs. Nous parlons encore moins des révolutions politiques, si soudaines cependant, si multipliées, si profondes, que d'un autre genre de révolutions dont les autres ne sont que le retentissement extérieur et, pour ainsi parler, la manifestation plastique. Car, si l'ancienne philosophie disoit : « Rien n'est >> dans l'intelligence, qui n'ait auparavant été dans » les sens ; » il est plus vrai de dire, qu'en ce qui tient au mouvement des choses humaines, rien n'apparoît aux sens, qui n'ait auparavant existé dans l'intelligence. Tout sort de la pensée, et l'histoire du monde n'est que l'histoire de son développement. Or voyez combien de changemens survenus dans l'opinion, en France et hors de France; combien de conceptions, de vues nouvelles se sont successivement produites, seulement à partir de l'époque récente des événemens de juillet. Un homme qui, depuis ce temps, séparé des autres hommes, rentreroit aujourd'hui parmi eux, les reconnoîtroit à peine, et les trouvant, sur une TOME 12.

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foule de points, quelques-uns d'une grave importance, si différens de ce qu'il les avoit connus, il douteroit s'il rêve, ou s'il veille. Nous remarquons peu ces mutations, parce que tous, et ceux même qui s'en croient les plus exempts, y participent à des degrés divers, et qu'elles s'opèrent insensiblement par des nuances insaisissables. Elles n'en sont ni moins réelles, ni moins curieuses à observer, et ceux que l'habitude de la réflexion porte à les considérer plus attentivement, les admirent comme une permanente révélation des lois immuables qui règlent la croissance indéfinie de l'esprit humain.

Il suit de là que beaucoup de choses tombent journellement dans le domaine paisible du passé, et que n'offrant plus d'autre intérêt que celui de l'histoire, on peut en parler librement sans craindre de soulever de nouveau les passions qu'elles excitoient : car on ne se passionne guère pour ou contre certaines idées, qu'autant qu'elles se lient à des intérêts actuellement vivans.

Nous avons donc pensé que rien aujourd'hui ne nous empêchoit de céder aux instances que depuis long-temps on nous faisoit de rendre publiques certaines pièces relatives à nos rapports avec Rome au sujet de l'Avenir. Les fondateurs de ce journal et des œuvres qui s'y rattachoient, avoient sans doute personnellement peu d'importance; mais les questions traitées par eux en avoient une grande, car elles embrassoient à la fois la religion et la politique dans leur mutuelle liaison. Convaincus que la liberté à laquelle

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