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sommes de votre avis, quand vous vous élevez contre quelques mesures prises lors du Concordat, contre l'esprit qui animoit le gouvernement d'alors, .contre sa tyrannie, ses circulaires et ses lois. Mais pourquoi voulez-vous toujours rendre le clergé concordataire complice de toutes ces iniquités, tandis qu'il les blâmoit? Vous insinuez que ce clergé, en se soumettant au gouvernement établi, avoit promis de suivre tous ses caprices, et de leur sacrifier les dogmes de l'Eglise. Ou vous vous trompez, ce qui n'est pas rare, ou vous voulez tromper les autres, ce qui n'est pas bien. Vous criez, par exemple, beaucoup coutre le divorce, vous accumulez les autorités, et vous n'avez pas de peine à gagner votre cause; car nous sommes tous de votre avis. Mais où avez-vous vu que le clergé concordataire ait jamais approuvé le divorce, qu'il se soit prêté à l'exécution de cette loi, qu'il ait marié les gens divorcés? Le clergé étoit tellement prononcé contre le divorce que Buonaparte, tout violent qu'il étoit, n'osa forcer les ecclésiastiques à donner la bénédiction nuptiale aux gens divorcés, et que ceux-ci s'abstenoient de se présenter à l'église où ils attendoient un refus. Un peu de bonne foi donc; n'accusez pas le clergé concordataire de l'hérésie du divorce, tandis qu'il n'y a pris aucune part, et ne taxez pas d'impiété des hommes moins purs que vous sans doute, mais qui avoient le courage de travailler au salut de leurs frères, et d'exercer le ministère sacerdotal quand vous n'étiez occupé qu'à apprendre le françois, la géographie et l'histoire aux Anglois et Angloises, et que pour n'être pas distrait de ces soins pieux vous vous absteniez de dire la messe.

Mercredi 15 mai 1816.)

(No. 184.)

L'AMI DE LA RELIGION

ET DU ROI.

LE Concordat expliqué au Ror suivant la doctrine de l'Eglise et les réclamations canoniques des évêques légitimes de France; suivi du précis historique de l'enlèvement de N. T. S. P. le Pape Pie VII, de ses souffrances, de son courage et des principaux événemens de sa captivité; par l'abbé Vinson.

L'ABBÉ VINSON avoit publié l'année dernière une Adresse aux deux chambres, dans laquelle il leur traçoit la route qu'elles avoient à suivre, et cherchoit à leur communiquer les lumières de son expérience et de sa sagesse. Il leur proposoit un nouveau Concordat qu'elles ont eu l'imprudence de rejeter, et il invoquoit leur pouvoir supréme pour réorganiser l'Eglise, et faire décréter par elles seules une espèce de nouvelle constitution civile du clergé. Les chambres n'ont pas eu le bon esprit d'accepter cette mission qu'on leur donnoit si libéralement, et elles ont perdu leur temps à discuter le budjet, à proscrire le divorce, à réclamer des avantages en faveur du clergé, et à s'occuper d'autres bagatelles de cette sorte dont l'abbé Vinson ne les avoit pas chargées. Justement mécontent d'un tel manque d'égards, il vient de s'adresser au Ror

Tome VIII. L'Ami de la Religion et du Roi. A

qu'il avoit un peu négligé l'année dernière, et craignant que S. M. ne fut sensible à cet oubli de sa part, il l'en a dédommagée amplement par une nouvelle adresse de 211 pages in-8°.; de sorte que ce Prince n'aura plus droit de se plaindre, qu'il n'aura pas perdu pour attendre, et qu'il sera forcé de reconnoître le procédé délicat de l'abbé Vinson en lisant et étudiant son écrit. Un autre auroit pu craindre de ne pas assez respecter les nombreuses occupatious de S. M. Mais l'abbé Vinson, quoique fort modeste, a assez de jugement pour sentir que ce Monarque n'a rien de mieux à faire que de s'occuper de son Concordat expliqué, et nous ne doutons pas que, toute autre affaire cessante, ce Prince ne se soit mis à lire et à méditer les explications de Fabbé Vinson, qui d'ailleurs n'expliquent rien, et ses précis qui ne sont pas courts, et ses exposés qui ne sont pas vrais, et ses conclusions qui ne sont rien moins que justes. Il est clair que cela devoit passer avant toutes les affaires du royaume.

L'abbé Vinson, avant de faire part au Roi de toutes ses vues, n'a pu se dispenser de causer un peu avec S. M. de ce qui le regarde personnellement, et il est à croire que ce sage Prince aura pris un intérêt très-vif à ces petites confidences d'auteur. L'abbé Vinson lui conte done comme quoi son Adresse aux chambres a excité la clameur générale; comme quoi il a été en butte à d'innombrables traits; mais comme quoi il continuera à défendre les principes, sans se laisser abattre par aucun revers. Impavidum ferient ruince. C'est le témoignage que cet homme intrépide se rend à lui-même. Cependant il n'est pas aussi de sang froid qu'il le paroît; car au mi

lieu de son entretien familier avec le Roi, le voilà qui se fâche et qui tance rudement ses adversaires ce qui n'est pas très-poli pour eux, et ce qui l'est encore moins pour sa Majesté à laquelle il adresse constamment la parole. Il se plaint donc des traits décochés contre lui par l'ignorance et la sottise, de ces plates critiques où le sarcasme a remplacé la raison, de ces clameurs d'improbations qui ont retenti jusqu'au fond des provinces, et trouvé méme des échos à la cour, dans les premiers rangs de la hiérarchie politique. Ainsi voilà bien des coupables, et la cour elle-même n'est pas innocente, et les premiers rangs de la hiérarchie ont quelque part à ces reproches délicats d'ignorance et de sottise! Il faut espérer que S. M., avertie de ce/ désordre, y mettra fin, et qu'elle ne souffrira pas que dans sa cour on se permette ces clameurs d'improbations contre un homme aussi éclairé, aussi sage, aussi zélé que l'abbé Vinson.

Cet écrivain n'oublie point dans ses plaintes les journalistes qui dans leurs feuilles éphémères ont tâché de l'insulter lui et son ouvrage. Il déclare qu'il est trop bon chrétien pour leur répondre avec aigreur, et tout de snite il les peint comme de serviles esclaves de tous les gouvernemens, vendus à tous les partis, et changeant de style et d'opinion suivant les circonstances, gens qui ne sont point obligés d'avoir des principes, et qui sont méme forcés de n'en avoir aucun. Notez qu'il leur dit tout cela sans aigreur. Que doit-ce être quand il se fâche? Je ne dois pas cependant, dit l'abbé Vinson, confondre avec eux un auteur journaliste, l'ami de la religion, de l'empereur jadis, et maintenant du Ro1... Et ici commence un portrait peu flatteur d'un homme fort célèbre que l'abbé Vinson désigne assez clairement,

vêque et son conseil se sont prêtés à une transaction. L'ancien séminaire a donc été laissé aux soldats qui l'occupent. L'hôtel de Tessé sera affecté au petit séminaira et le grand sera placé à l'abbaye Saint-Vincent. L'ordonnance porte que le conseil général du département volera, dans sa prochaine session, les fonds nécessaires pour mettre cette maison en état de recevoir les séminaristes. Par ce moyen, le diocèse aura deux établissemens spacieux et commodes qui permettront de recevoir un plus grand nombre de sujets. On est redevable du succès de cette affaire aux soins et à l'activité de M. le curé de Saint-Julien de cette ville, qui s'est rendu à Paris pour cet objet, et qui y a mis cet esprit de suite, ce zèle pour le bien, et cette aptitude aux affaires dont sa paroisse et le diocèse ressentent depuis long-temps les heureux effets.

BESANÇON. Le retour de l'ordre et la paix de l'Etat rameneront peu à peu parmi nous les anciennes pratiques auxquelles le clergé devoit de connoître et de suivre l'esprit de sa vocation. On vient de rétablir dans ce diocèse les retraites ecclésiastiques, instituées autrefois en France par un saint dont la mémoire est précieuse aux yeux de l'humanité comme de la religion. Deux cent trente-quatre prêtres avoient demandé à être admis; on. n'a pu en recevoir que cent cinquante-deux, qui ont été réunis dans le séminaire, et ont vaqué pendant dix jours aux exercices de la retraite. Presque tous étoient des confesseurs de la foi qui ont souffert l'exil. Dans le nombre il en étoit cinq ou six qui avoient suivi d'autres bannières, et qui n'avoient été admis que dans l'espérance de les voir revenir aux principes et à l'exemple de leurs collègues. Cette condescendance n'a pas été déçue entièrement. Cinq de ces ecclésiastiques ont été dociles à la grâce, et ont déposé entre les mains de M. le vicaire-général un écrit où ils abjurent les principes de la constitution civile du clergé, et reconnoissent leur erreur. Un seul a persisté dans son opiniâtreté, et s'est

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