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sur l'usage des eaux. Tous les abus que se permettent trop souvent les meuniers à ce sujet, y étoient clairement désignés et sévèrement punis.

Les propriétaires des prés riverains des Cours d'eaux avoient particulièrement le droit d'en user, savoir au printemps, deux jours par semaine ; et pour l'irrigation des regains, un jour seulement par semaine.

Les meuniers ne chicanoient presque jamais sur les irrigations du printemps; mais la rareté des eaux, qui se fait ordinairement sentir après la fauchaison, les rendoit alors très-surveillans sur l'usage que les propriétaires de prés avoient le droit d'en faire. Cette surveillance incommode se terminoit presque toujours par une composition amiable, également avantageuse aux propriétaires et aux meuniers. Ceux-ci consentoient à ce que les propriétaires arrosassent leurs regains complètement et de suite, mais sous la condition de ne plus prendre d'eau pendant le reste de la saison. Pendant ce chaumage des meuniers, ils s'occupoient aux réparations de leurs moulins, et par cet arrangement les intérêts mutuels étoient conciliés..,,

C'est seulement avec de semblables réglemens Société d'Agric. Tom. VIII.

N

que la France pourra jouir entièrement des avantages que la possession d'une très-grande quantité de prairies à regains peut lui procurer pour la multiplication des bestiaux.

RÉSUMÉ.

Les moyens que je viens d'exposer, pour augmenter les produits des prairies naturelles, sont, comme je l'ai annoncé, le fruit d'une longue expérience. Dans tout ce que j'ai proposé sur cette matière importante, il n'y a point de travaux que je n'aie exécutés moi-même, ou vu exécuter avec le plus grand avantage et le plus grand succès.

Si ce travail, revêtu de l'approbation de la Société d'Agriculture, pouvoit obtenir assez de confiance pour engager chaque propriétaire de prairies à leur procurer toutes les améliorations dont elles sont susceptibles; et si ces améliorations étoient protégées et facilitées par des lois convenables, précises et appuyées par une police sévère, sans lesquelles elles ne peuvent être entreprises, il en résulteroit de bien grands avantages pour la prospérité générale et particulière de la France.

1o. Ces améliorations augmenteroient les produits annuels des prairies naturelles;

2o. Cette augmentation de fourrages produiroft celle des bestiaux;

3°. Les bestiaux étant plus nombreux, leur prix seroit moins élevé;

4°. Avec cette modération dans leur prix, l'Agriculture auroit plus de moyens de multiplier ses engrais et de perfectionner ses assolemens, parce que les frais de culture, de nourriture et de main-d'œuvre, diminueroient dans la même proportion;

Par la même raison, le commerce pourroit augmenter ses relations, et les arts perfectionner leur industrie;

Et la généralité des habitans pourroit se procurer une nourriture plus saine, et par suite acquérir une constitution plus robuste; 5o. Enfin, lors même que l'amélioration générale des prairies naturelles ne produiroit d'autre effet que celui d'élever le nombre des bestiaux, annuellement élevés et engraissés en France, au niveau de la consommation actuelle, cet Empire se trouveroit déchargé du tribut qu'il paie annuellement à l'étranger pour compléter les besoins de cette consommation.

MÉMOIRE

Sur la situation, l'industrie et le commerce de la ville de Sauves, département du Gard, et particulièrement sur les fourches de Micocoulier (vulgairement Alisier) qu'on y fabrique.``

Par J. B. DUBOIS.

LORSQUE je fus appelé à l'Administration du département du Gard, la patrie d'Astruc et celle de Florian (1) que j'avois particulièrement connu, dut fixer mon attention. J'avois lu, avec le plus grand plaisir, dans les Mémoires pour l'histoire naturelle de la province de Languedoc, publiés par Astruc (Paris 1737, in-4°.), des détails curieux sur la fontaine de

(1) Astruc étoit né à Sauves, et Florian, dans le voi

sinage. Comiac-de-Florian lieu de sa naissance

est

si peu considérable, qu'il mérite à peine le nom de commune. On n'y compte que vingt-sept personnes de population.

Fonsanche, qui est située entre Quissac et Sauves, et sur la manière de tailler lemicocoulier et de façonner ses branches en fourches,qui n'est pratiquée que par les habitans de Sauves. Je saisis la première occasion qui se présenta, pour vérifier les faits par moi-même, et observer tout ce que cette portion du Département pouvoit offrir à ma curiosité pour les choses utiles.

Je fus dirigé, dans, mes recherches, par M. Verdier, notaire, maire de Sauves, et sur-tout par M. Pierre Devèze, ministre du Saint-Évangile, qui me parut avoir beaucoup de connoissances sur ce qui devoit m'intéresser principalement, et de qui je reçus des renseignemens très-précieux.

1

Je fus bientôt convaincu qu'Astruc ne laissoit rien à désirer sur la manière de tailler le micocoulier, telle qu'elle est pratiquée par les habitans de Sauves, mais qu'il avoit entièrement omis tout ce qui tient à l'établis sement et au produit du commerce des fourches, quoique cette partie soit au moins aussi intéressante et aussi curieuse que celle de la fabrication.

Je me déterminai donc à réunir les notes que je recueillis alors, et que j'ai vérifiées

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