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Je ne m'étends pas davantage sur les destinations et les directions de ces différentes rigoles, parce que j'en parlerai plus amplement dans la section suivante.

J'observe qu'on ne peut donner aux prairies de cette classe que des irrigations d'eaux troubles, et dès-lors elles dépendent de l'abon dance des eaux pluviales de l'automne et des neiges. Il peut donc arriver qu'on ne puisse pas leur procurer annuellement cet engrais. Une irrigation bisannuelle suffira pour entretenir leur fertilité naturelle; mais si l'on veut augmenter leurs produits, il faudra avoir recours à d'autres engrais (1).

(1) M. Chassiron pense que, comme les prairies de la seconde classe sont ordinairement dominées par des hauteurs, il seroit possible de leur procurer aussi des irrigations d'eaux claires, en établissant des puits artésiens dans leurs parties supérieures.

Je partage son opinion; mais pour employer ce moyen, qui peut devenir dispendieux si on est obligé de creuser à une grande profondeur, il faut que la prairie à arrosér soit d'une étendue assez grande pour que son amélioration puisse compenser la dépense du puits et celle du grand réservoir, où il faudroit laisser échauffer et météoriser les eaux qui en proviendroient avant que de les faire servir à l'irrigation.

Après

Après la récolte de la première herbe, les prairies ne présentent plus à la seconde séve qu'un pâturage médiocre, et ne produisent des regains un peu abondans que dans les années très-humides, ou lorsqu'elles ont été précédemment fertilisées par de nombreux engrais.

SECTION IV.

'Amélioration des Prairies de la troisième classe. (Prés bas non marécageux, à regains, susceptibles d'irrigations).

Le territoire de la France présente un trèsgrand nombre de ruisseaux, de rivières et de fleuves qui, dans la plus grande partie de leur cours, traversent une immense étendue de prairies plus ou moins fertiles, selon leur élévation et la qualité des dépôts que les inondations font annuellement sur une partie de leur surface.

Par la position de ces prairies, il est toujours possible de les améliorer par des irri-gations régulières que l'on obtiendra, soit en détournant le cours des rivières qui les traversent, soit en dérivant une partie de leurs eaux, soit enfin en élevant ces eaux au-dessus Société d'Agric. Tom. VIII.

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de leur niveau par le secours des machines hydrauliques, suivant les circonstances locales; seulement l'établissement de ces irrigations est plus ou moins dispendieux, et présente des difficultés plus ou moins grandes, selon que les prairies de cette classe sont ouvertes ou encloses, et qu'elles sont situées sur des cours d'eaux navigables ou non navigables: c'est pourquoi je vais traiter de leur amélioration dans ces différentes positions.

6. I. Amélioration des Prairies encloses, situées sur les bords d'une rivière non navigable.

L'irrigation des prairies de la deuxième classe n'est, pour ainsi dire, qu'éventuelle ; elle dépend absolument de l'abondance des eaux qui tomberont pendant l'hiver, et de la possibilité de les réunir dans la partie supérieure de ces prairies; les travaux que leur irrigation exige sont très-simples et à la portée de l'intelligence des hommes les plus bornés. Celle des prairies de la troisième classe peut toujours être rendue régulière, et elle offre un champ plus vaste à parcourir. Son établissement exige des combinaisons plus grandes,

des connoissances plus étendues, et des travaux plus compliqués et plus dispendieux.

L'importance de cet établissement, et la grande influence des irrigations régulières sur l'amélioration des prairies de la troisième classe, m'ont déterminé à placer ici tous les détails qui leur sont relatifs, ou ce qu'on pourroit appeler la théorie et la pratique des irrigations.

Des Irrigations.

On distingue deux espèces d'irrigations: irrigation par infiltration, et irrigation par inondation.

Irrigation par infiltration.

On obtient l'irrigation par infiltration en maintenant, dans les canaux qui l'entourent, les eaux à dix-sept centimètres au-dessous du niveau du terrein que l'on veut arroser de cette manière.

Cette irrigation est singulièrement favorable, pendant les sécheresses de l'été, à la fertilité des terres légères et brûlantes. Elle convient aussi particulièrement aux marais desséchés pendant la même saison, en entretenant leur sol spongieux et inflammable dans un état

!

suffisant d'humidité, pour seconder la végétation des plantes, et empêcher leur étiolement et leur destruction.

Pour obtenir de cette espèce d'irrigation tout l'effet qu'on doit en attendre, il faut que les eaux arrivent à leur destination à ciel

ouvert.

Indépendamment des raisons qu'en a données M. Chassiron dans le Supplément de Rozier, article Desséchement, ces eaux étant exposées aux influences atmosphériques de la saison dans laquelle je conseille de donner les irrigations par infiltration, auront plus de facultés végétatives que si elles circuloient dans des canaux. couverts.

A toutes les raisons de préférer, dans cette circonstance, la conduite des eaux à ciel ouvert à leur circulation dans des canaux couverts, j'ajouterai que nos cultivateurs ne sont point susceptibles des attentions et des soins continus que l'entretien de ces canaux couverts exigent; et qu'alors, au lieu de retirer aucun avantage de la dépense que l'on aura sacrifiée à leur construction, la moindre négligence peut arrêter le cours des eaux,

et

leur stagnation devenir préjudiciable à la salubrité de l'air.

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