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expériences intéressantes qui ont été faites, dans la Vendée, avec un rouleau à égrainer le blé, qui est déjà en usage dans le département de la Haute-Garonne, et dont la description est due au zèle de la Société d'Agriculture de ce Département. Les résultats obtenus à plusieurs reprises ont été supérieurs encore à ceux annoncés par la Société de Toulouse, il a été reconnu que la machine traînée par un seul cheval pouvoit égrainer, dans l'espace de quatre à cinq heures, vingt-cinq hectolitres de froment, ou une quantité beaucoup plus grande d'orge ou de fèves, ce que douze hommes feroient à peine, dans le pays, en battant avec le fléau. Ce fait est sur-tout du plus grand intérêt dans les départemens, où, comme dans la Vendée, on est dans l'habitude de battre le blé sur l'aire, immédiatement après la récolte; lorsque l'été est pluvieux, une partie considérable du grain recueilli ne peut être battue avant la mauvaise saison, et le blé reste exposé aux intempéries de l'air, et devient la proie des animaux destructeurs. Ce fait intéressant mérite particulièrement l'attention des habitans du midi, qui sont dans l'usage de battre leurs grains sur l'aire, qui ont consacré depuis longtemps un espace de terrein à cette

opération, et pour lesquels un temps constamment pluvieux à l'instant de la récolte est rarement à craindre.

M. Michaux, qui suit avec distinction les traces d'un père qui a tant fait pour l'histoire naturelle et pour l'agriculture, a réuni, dans un Mémoire qu'il a présenté à la Société les résultats principaux des observations que ses voyages dans l'Amérique septentrionale lui ont procurés sur la naturalisation en France des arbres de ces climats qui offrent une si magnifique végétation. M. Michaux a tracé un tableau raisonné des arbres de l'Amérique septentrionale comparés à ceux que nous possédons. Suivant les observations de M. Thouin il a reconnu que dans nos forêts, trente-sept espèces d'arbres seulement s'élevoient au dessus de dix mètres ; dans l'Amérique septentrionale il en existe quatre-vingt-dix au-dessus de treize mètres ; que sur ces trente-sept que nous possédons, dix-huit seulement servent à former nos forêts; quatre-vingt-dix en Amérique ont cette destination, et dans ce nombre, soixante-seize se trouvent tant dans le nord que dans le sud et peuvent supporter un froid égal à celui qui se fait sentir dans le nord de l'Allemagne. Enfin, parmi les dix-huit espèces d'arbres qui

composent nos forêts, neuf seulement sont propres à la charpente et aux constructions maritimes et civiles, tandis qu'en Amérique, on en trouve cinquante-une qui conviennent à ces divers ouvrages. M. Michaux est entré dans les détails de ce que le Gouvernement à déjà fait pour acquérir à la France une partie de ces précieuses productions; il a constaté le succès dont ces utiles essais ont été couronnés, et il a établi comment on pouvoit parvenir à en obtenir le complément avec autant de certitude que de simplicité et d'économie (1).

Il a été fait, cette année, plusieurs tentatives pour guérir les bêtes à laine de la maladie si dangereuse qui les affecte, et qui est connue sous le nom de tournis. M. Huzard, dans une lettre à M. Pictet, qu'il a communiquée à la Société, a établi avec beaucoup de sagacité les difrentes causes qui peuvent donner lieu à l'accident du tournis, et il a indiqué le traitement à suivre dans les maladies dont il est un des symptômes. Le cas où cet accident est occasionné par la présence du tænia dans le cerveau, et qui avoit jusqu'à ce moment résisté aux recher

(1) Ce Mémoire est imprimé dans le tome VII de ceux de la Société, page 267..

ches de plusieurs habiles véterinaires, a été traité, cette année, par MM. Huzard et Yvart, qui ont employé une méthode proposée par M. Riem, et qui consiste à percer, avec un troquart, le crâne, à l'endroit où se trouve l'hydatide, et à extraire l'animal par le moyen de l'aspiration. Cette expérience, si elle est répétée avec succès, deviendra une découverte importante dans la médecine vétérinaire (1).

Une expérience importante pour l'économie rurale et vétérinaire a été tentée en grand, cette année; et c'est au zèle de la Société d'Agriculture du département de Seine et Oisc qu'elle est due. Il s'agissoit de vérifier si la vaccine, dont l'application à l'espèce humaine a été un grand bienfait, pouvoit préserver les moutons du claveau, qui semble avoir une si grande analogie avec la petite vérole. Plusieurs propriétaires du Département ont concouru avec zèle à cette expérience; qui a été accueillie comme elle devoit l'être par M. le Conseiller d'État Préfet du département de Seine et Oise. Une grande quantité d'agneaux

(1) La Lettre de M. Huzard à M. Pictet, est insérée dans les Annales de l'Agriculture françoise de M. Tessier, tome XXII, page 385.

et d'agnelles ou d'antenois, qui n'avoient point été atteints du claveau, ont été réunis dans un même local, et de nombreux essais ont été tentés sur eux par les commissaires de la Société de Versailles, en présence de ceux de la Société de Paris. La Société de Vaccine de Paris a non seulement suivi avec soin ces expériences répétées à Versailles, mais elle a fait aussi, pour le même objet, à Paris, des expériences auxquelles le Ministre de l'Intérieur et M. le Conseiller d'État Préfet de police ont pris un vif intérêt. Il paroît que ces expériences, quelque bien faites quelles aient été, ont jusqu'à présent laissé la question indécise; et sans doute elles seront continuées jusqu'à ce que le résultat en soit tellement constaté en grand, que l'économie rurale soit assurée du secours qu'elle a droit d'attendre de la vaccine, comme préservatif du claveau. Jamais le besoin de garantir ou de sauver les moutons de ce cruel fléau ne s'est fait sentir d'une manière plus terrible que cette année; la contagion a été funeste dans les environs de Paris : les troupeaux les plus précieux en ont été atteints, et ont éprouvé des pertes inévitables. D'habiles vétérinaires, des membres de la Société, ont été envoyés par l'Administration ou invités par

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