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de ses prédictions comme d'une chose généralement reconnue (1). S'il y avait eu seulement des doutes sur cette authenticité, les Juifs, acharnés comme ils l'étaient contre Jésus-Christ, lui auraient-ils passé cette citation sans la reprocher?

L'historien Josephe était parfaitement instruit de tout ce qui concernait l'histoire de son pays, et connaissait à fond tous les livres dans lesquels elle avait été écrite. Dans plusieurs endroits de son ouvrage des antiquités judaïques, il fait une mention expresse de Daniel. Au chapitre onze du dixième livre, il rapporte plusieurs de ses prophéties et plusieurs faits d'après son autorité. Au chapitre douze, il montre comment les événements avaient cadré avec ses prédictions, et il dit qu'on montrait encore à Echbatane, le palais que ce prophète y avait fait construire. Au livre onzième, chapitre onze, il rapporte que Jaddus, souverain pontife, fit voir à Alexandre ( antérieur à Antiochus de cent soixante ans), le livre de Daniel, dans lequel il était écrit qu'un prince grec détruirait l'empire des Perses; et il lui dit qu'il ne doutait point que ce ne fût de lui que cette prophétie se devait entendre.

Ce qui achève de démontrer que le livre de Daniel n'a pas pu être supposé après la persécution d'Antiochus, c'est qu'avant ce temps-là, il était traduit en grec. On croit communément que ce fut Ptolémée-Philadelphe, antérieur de cent ans au règne d'Antiochus, qui fit traduire tous les livres du canon hébreu. D'autres pensent que le Pentateuque seul fut traduit sous ce prince, et que la traduction des autres livres fut faite sous ses successeurs. Ceux qui la reculent le plus loin, la placent au temps de Ptolémée-Physcon ou Philometor, contemporain d'Antiochus. En admettant, si l'on veut, cette opinion qui cependant paraît peu fondée, il est évident au moins que la composition du livre de Daniel ne peut pas être postérieure à sa traduction.

(1) Cum ergo videritis abominationem desolationis, quæ dicta est a Daniele propheta stantem, in loco sancto. Matth. 24; 15.

On nous objecte la trop grande clarté des prophéties de Daniel. Nous avons déjà remarqué la contradiction des incrédules qui rejettent les prophéties, tantôt parce qu'elles sont trop obscures, tantôt parce qu'elles sont trop claires : Où ont-ils pris qu'une prédiction perde de son autorité à raison de sa clarté? il est évident au contraire que c'est une raison de plus pour y prendre confiance.

Quel est, entre les écrivains profanes, celui dont on voudrait avoir le témoignage au sujet de la métamorphose de Nabuchodonosor? on n'en connaît aucun qui ait parlé de ce prince; les histoires venues jusqu'à nous n'ont pas pu mentionner ce fait plus que les autres.

On lit dans le livre de Daniel, quelques termes d'arts qui sont à peu près les mêmes en grec et en chaldéen; et on en conclut que le livre de Daniel a été composé après Antiochus. Quel rapport y a-t-il entre le principe et la conséquence? La langue grecque était-elle celle qu'on parlait dans la Syrie et dans la Judée, où l'on veut que la supposition se soit faite? D'ailleurs, ces termes semblables ne pouvaient-ils pas être dérivés du chaldéen, et adoptés par les Grecs instruits dans les arts postérieurement aux Chaldéens?

Daniel donne au roi d'Assyrie et de Perse, d'autres noms que les historiens grecs; donc son livre est supposé. Voilà encore une singulière logique. Mais il est connu que ces princes qui avaient sous leur domination des nations de différents langages, étaient diversement appelés par ces peuples; ils portaient plusieurs noms, et la diversité de dénomination ne prouve rien. Daniel donne à ces souverains, les noms qu'ils portaient dans le pays où il habitait. Il n'est pas étonnant que les Grecs de qui nous viennent les histoires, adaptant ces mots à leur langue, les aient défigurés : c'est ce que nous voyons dans beaucoup de pays, relativement aux noms pro

pres.

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S IV.

Prophéties d'Aggée et de Malachie, sur le second temple où doit

venir le Messie.

I. Je réunis ici deux prophéties, parce qu'ayant évidemment le même objet, elles se donnent du jour l'une et l'autre.

Aggée prophétisait à Jérusalem, peu après le retour des Juifs dans cette ville, sous l'autorité de Zorobabel, petit-fils de Jéchonias, et de Jésus, fils de Jossédec leur grand-prêtre, d'après la permission que leur avait accordée Cyrus. Découragés par les obstacles qu'ils éprouvaient pour la reconstruction de leur temple, les Juifs disaient qu'il n'était pas encore temps de le rebâtir (1). Pour les y exhorter, Dieu suscite le prophète Aggée qui les Ꭹ excite, en leur demandant s'il n'est pas honteux pour eux d'habiter dans des maisons lambrissées, tandis qu'ils laissent la maison du Seigneur abandonnée; et qui les encourage à la construction, en leur assurant que Dieu sera avec eux, et que leur ouvrage lui sera agréable (2). Pour relever leur courage, il leur propose un dernier motif; c'est la prophétie dont il s'agit, en voici les termes : Parce que voilà ce que dit le Seigneur des armées : Encore un peu de temps, et je remuerai le ciel et la terre, et la mer et la terre; et je mettrai en mouvement

(1) Populus iste dicit : Nondum venit tempus domus Domini ædificandæ.? Agg., 1; 2.

(2) Et factum est verbum Domini in manu Aggæi prophetæ, dicens: Numquid tempus vobis est ut habitetis in domibus laqueatis, et domus ista deserta? Agg. 1; 3, 4.

Hæc dicit Dominus exercituum: Ponite corda vestra super vias vestras; ascendite in montem, portate ligna, et ædificate domam; et acceptabilis mihi erit, et glorificabor, dicit Dominus. Ibid.

7; 8.

Et nunc confortare Zorobabel, dicit Dominus, et confortare Jesu, fili Josedec, sacerdos magne; et confortare omnis populus terræ, dicit Dominus exercituum, et facite ; quoniam ego vobiscum sum dicit Dominus exercituum. Ibid. 2; 5.

toutes les nations; et le désiré de toutes les nations viendra; et je remplirai cette maison de gloire, dit le Seigneur des armées. L'argent est à moi, et l'or est à moi, dit le Seigneur des armées. La gloire de cette nouvelle maison sera plus grande que celle de la première, dit le Seigneur des armées; et dans ce lieu je donnerai la paix (1).

Malachie, le dernier des prophètes, et postérieur à Aggée de près de quatre-vingts ans, a aussi une prophétie relative au mème objet. Voilà que j'envoie mon ange, et il préparera la voie devant ma face. Et aussitôt viendra à son temple le dominateur que vous cherchez, et l'ange du Testament que vous désirez: voilà qu'il vient, dit le Seigneur des armées. (2).

Il est évident que c'est ici une prédiction, qu'Aggée et Malachie annoncent la venue d'un personnage important; il ne s'agit que d'en faire l'application, et de montrer que ce sont des prophéties accomplies littéralement et avec toutes leurs circonstances, dans la personne de Jésus-Christ: pour le prouver, j'établis trois propo

sitions.

1o Le personnage annoncé dans ces prophéties est le Messie.

2o Ce personnage est venu depuis longtemps.

3o Jésus-Christ seul réunit tous les caractères de la venue de ce personnage.

(1) Quia hæc dicit Dominus exercituum: Adhuc unum modicum est, et ego commovebo cœlum et terram et mare et aridam; et movebo omnes gentes; et veniet desideratus cunctis gentibus; et implebo domum istam gloria, dicit Dominus exercituum. Meum`est argentum, et meum est aurum, dicit Dominus exercituum. Magua erit gloria domus istius novissimæ plus quam primæ, dicit Dominus exerercituum ; et in loco isto dabo pacem, dicit Dominus exercituum. Agg. 11; 7 et seq.

(2) Ecce ego mitto angelum meum, et præparabit viam ante faciem meam; et statim veniet ad templum suum dominator quem vos quæritis, et angelus testamenti quem vos vultis. Ecce venit, dicit Dominus exercitnum. Malach. 3; 1.

II. Première proposition. Le personnage annoncé par Aggée et par Malachie, est le Messie.

Ces deux prophètes présentent diverses qualités du personnage annoncé, et diverses circonstances qui doivent accompagner sa venue, lesquelles ne peuvent convenir qu'au Messie.

1° Il est appelé par Aggée, le désiré des nations; et Malachie dit qu'il est l'objet des désirs de la nation juive. De ces deux qualifications, la première est employée dans plusieurs endroits de l'Ecriture, pour exprimer le Messie. Nous avons vu Jacob se servir de cette expression en l'annonçant à son fils Juda; et auparavant, Dieu s'énonçait à peu près de même quand il promettait aux patriarches que dans un de leurs descendants, seraient bénies toutes les nations. Isaïe prédisant le Messie, le présente aussi avec ces caractères (1). La seconde désignation est, s'il est possible, plus positive encore et plus claire. Quel est le personnage que les Juifs dési raient avec ardeur, attendaient avec impatience, sinon le Messie, objet encore actuellement de tous leurs vœux ?

2o Le personnage annoncé est appelé par Malachie, le dominateur, l'ange, ou, selon la force du mot, l'envoyé du Testament. Les Juifs reconnaissent si bien que ces dénominations sont propres au Messie, qu'ils emploient tous les jours dans leurs prières, les expressions de cette prophétie, pour demander sa venue. Et en effet, c'est un envoyé de Dieu qui est exprimé par le mot l'ange du Testament. Or, quel autre envoyé divin que le Messie, peut être appelé le dominateur par excellence, le dominateur désiré ?

3o A l'arrivée de ce personnage, Dieu mettra en mouvement le ciel et la terre, et agitera toutes les nations. Il est assez souvent fait mention dans l'Ecriture, de cet

(1) In die illa radix Jesse, qui stat in signum populorum. Is. 11;

Legem ejus insulæ expectabunt. Ibid. 42; 4.

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