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lorsque le temple était encore debout, et à l'expiration des soixante-dix semaines, se consolèrent, jusqu'à la fin des malheurs de la guerre (1). On nous oppose le silence de Philon et de Josephe. J'ai déjà répondu à cette difficulté ; j'ai montré les raisons qui avaient dû engager Philon à ne pas parler du Messie, et qui auraient pu y engager aussi Josephe; mais j'ai rapporté un passage de ce dernier historien, où il dit en propres termes que « ce qui porta principalement les Juifs à s'engager dans - cette malheureuse guerre, fut l'ambiguité d'un pas«sage de l'Ecriture, qui portait que l'on verrait, dans « ce temps-là, un homme de leur contrée commander à "toute la terre (2). » Ce n'était pas seulement parmi les Juifs qu'était établie cette persuasion de la prochaine apparition du Messie; elle s'était répandue dans tout l'Orient où ils l'avaient portée; et il fallait qu'elle fût bien générale et bien forte, puisque deux auteurs païens qui ont écrit vers ce temps l'histoire de leur pays, ont cru ne pouvoir s'empêcher d'en faire mention. Suétonne rapporte que c'était une tradition ancienne, constante publique dans tout l'Orient, que de la Judée sortirait, à cette époque, un dominateur; et Tacite dit que c'était d'après les livres des prêtres que cette persuasion s'était répandue (3).

Ainsi concourent merveilleusement ensemble les prophéties sur le temps où devait venir le Messie, et l'opinion générale au temps marqué par les prophéties. Les prophéties avaient fondé la persuasion, et la persuasion fixait le sens universellement reconnu des prophéties.

(1) De termino vitæ, lib. 3; sect. 6. ́

(2) Voyez ci-dessus, art. 1, no 33; note 1, pag. 92.

(3) Percrebuerat in oriente toto vetus et constans opinio esse in fatis, ut, eo tempore, Judæa profecti rerum potirentar. Suetonius in Vespas. cap. 4.

Pluribus persuasum fuerat antiquis, sacerdotum litteris contineri eo ipso tempore fore ut valesceret oriens, profectique judæa rerum potirentur. Tacitus, Histor., lib. 5; cap. 13.

ARTICLE QUATRIÈME.

PROPHÉTIES SUR L'ORIGINE ET LA NAISSANCE DU MESSIE.

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Nous diviserons ce chapitre en trois paragraphes. Dans le premier, nous examinerons les prophéties sur la race dont devait sortir le Messie; dans le second, celles sur le lieu où il devait naître ; dans le troisième, celles sur la personne qui devait le mettre au monde.

§ I.

Prophéties qui annonçaient que le Messie descendrait de David.

Je ne m'arrêterai pas à prouver que c'était d'Abraham, d'Isaac et de Jacob que devait descendre le Messie; nous avons vu les promesses positives faites par Dieu luimême à ces patriarches : d'ailleurs, c'était d'eux que descendait tout le peuple hébreu, dont le Messie devait faire partie : ainsi ce point ne doit faire aucune difficulté. J'ai aussi rapporté la prophétie par laquelle Jacob prédit à son fils Juda, que ce sera la tribu issue de lui qui donnera au monde le Messie. Ce que j'ai à établir ici est que parmi la tribu de Juda c'était dans la famille de David que devait naître le Messie, et que Jésus-Christ est véritablement issu de ce prince.

I. Nous voyons dans plusieurs endroits la promesse faite à David d'un royaume éternel qui doit exister dans sa postérité. Nathan, après avoir annoncé à ce prince

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que son fils bâtirait un temple au Seigneur, ajoute : Votre maison sera fidèle. Vous verrez votre royaume durer éternellement, et votre trône sera perpétuelle«ment stable (1). >> Dans un de ses psaumes, David rappelle à peu près dans les mêmes termes cette prédiction; parlant de lui-même, il dit : « Dieu l'a juré, et ne « mentira pas, qu'il conservera éternellement sa posté« rité, et que son trône subsistera aussi longtemps que « le soleil et la lune (2). » Une promesse aussi magnifique ne peut pas regarder Salomon, dont le règne ne devait pas être éternel, à moins qu'on ne veuille la lui appliquer typiquement et comme figure du futur Messie. On ne peut non plus l'adapter à la succession des princes du sang de David, qui n'ont pas éternellement régné, et dont la souveraineté se termina à la captivité de Babylone. Il faut donc voir s'il n'y a pas un autre descendant de David qui ait fondé un royaume éternel si nous le trouvons, nous ne pourrons pas douter que ce ne soit une prophétie de ce personnage ; l'accomplissement nous en montrera le sens et nous en prouvera la divinité. Nous disons donc que cette promesse de Nathan à David fait partie de la suite d'oracles sacrés dont nous avons eu occasion de dire un mot, et que nous verrons plus amplement par la suite prononcés par divers prophètes, et réalisés en Jésus-Christ. Ce que nous considérons en ce moment, c'est qu'il est promis à David que de lui descendra le Messie, fondateur d'un nouveau royaume.

Outre la promesse faite à la personne de David, que le Messie descendrait de lui, nous avons d'autres prophéties faites depuis, qui annonçaient au peuple juif

(1) Fidelis erit domus tua et regnum tuum usque in æternum ante faciem tuam, et thronus tuus erit firmus jugiter. 2 Reg. 7; 16.

(2) Semel juravi in sancto meo si David mentiar: semen ejus in æternum manebit, et thronus ejus sicut sol in conspectu meo et sicut luna perfecta in æternum et testis in cœlo fidelis. Ps. 88; 36, 37, 38.

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que ce serait de cette famille qu'il recevrait l'objet de son attente. «< Il sortira, dit Isaïe, un rejeton de la tige « de Jessé, et une fleur s'élèvera de sa racine, et l'esprit du Seigneur reposera sur lui, l'esprit de sagesse << et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit <«< de science et de piété, et l'esprit de crainte du Sei«gneur le remplira. » Le prophète entre ensuite dans des détails poétiques que nous aurons occasion de considérer, sur la justice de ce descendant de Jessé, sur la paix qu'il donnera au monde, sur la science du Seigneur dont il remplira la terre; et il ajoute : « En ce temps-là « sera le rejeton de Jessé élevé comme un étendard parmi les peuples; les nations l'invoqueront, et son sépulcre sera glorieux (1). » Il est clair que le prophète parle d'un descendant de Jessé, ou d'Isaïe, père de David; les caractères qu'il lui donne sont si admirables, qu'ils ne peuvent convenir qu'au Messie (2).

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(1) Egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice ejus ascendet; et requiescet super eum spiritus Domini, spiritus sapientiæ et intellectus, spiritus consilii et fortitudinis, spiritus scientiæ et pietatis; et replebit eam spiritus timoris Domini.... In die illa radix Jesse, qui stat in signum populorum, ipsum gentes deprecabuntur, et erit sepulcrum ejus gloriosum. Is. 11; 1, 2, 10.

(2) Atque Esaias alius propheta, eadem verbis diversis prædicans, sic fatur: « Orietur virga ex Jacob, et flos a radice Jesse ascendet; et in brachium ejus gentes sperabunt. » Stella sane lucida exorta est, et flos ascendit e radice Jesse, hic Christus. Nam ex virgine seminis Jacobi, qui Judæ pater extitit, (Jadam autem judæorum patrem esse ostendimas), per virtutem Dei genitus est. Ac Jesse quidem proavus Christi secundum oraculum fuit, Jacobi autem et Judæ filius, secundum generis successionem. S. Justinus, Apol. 1; a, cap.

32.

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Ex hujus ipsius domo Christum generatum iri secundum carnem, ipse David et alii prophetæ annuntiaverunt. Apud Isaiam ita scriptum est: « Et erit in die illa radix Jesse, et qui exurget principari in na« tiones. In eum gentes sperabunt, et erit requies ejus in honore. Et alio loco: << Exiet virga de radice Jesse, et flos de radice ejus ascendet, et requiescet super eum spiritus Dei, spiritus sapientiæ « et pietatis; et implebit eum spiritus timoris Domini. Jesse autem fuit pater David, ex cujus radice ascensurum esse florem prælocutus est. Lactantius, divin. Instit., lib. 4; cap. 3.

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Jérémie prédit aussi la même chose : Voilà, dit le Seigneur, les jours qui arrivent où je susciterai de Da<< vid un descendant juste (et selon la paraphrase de Jo« nathan, David le Messie des justes), et le roi régnera « et il sera sage, et il rendra sur la terre la justice avec jugement. Dans ces jours, Juda sera sauvé, et Israël << habitera avec confiance; et tel est le nom dont on l'appellera, le Seigneur qui est notre Juste (1). » Il est encore certain que c'est un descendant de David qu'annonce ici Jérémie ; et qu'il donne à ce descendant des titres si pompeux, des fonctions si relevées, qu'on ne peut les entendre que du Messie.

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Ezéchiel n'est pas moins précis. « Je susciterai sur elles « (sur mes brebis) un pasteur qui les fera paître, mon << serviteur David; il les fera paître et il sera leur pas«<teur. Et moi le Seigneur, je serai leur Dieu, et mon « serviteur David sera leur prince au milieu d'eux. C'est « moi le Seigneur qui ai parlé ainsi ; et je ferai avec eux un pacte de paix (2). » Il est certain que ce n'est pas la personne de David qu'Ezechiel promet pour pasteur, puisqu'il y avait quatre siècles et demi que ce prince était mort. C'est donc un de ses descendants qu'il annonce (3). C'est parmi les Juifs un usage assez commun

(1) Ecce dies veniunt, dixit Dominus; et suscitabo David germen justum (in paraph. Jonathan, David Messiam justorum), et regnabit rex, et sapiens erit ; et faciet judicium et justitiam in terra: in diebus illis salvabitur Juda, et Israel habitabit confidenter: et hoc est nomen quod vocabunt eum, Dominus justus noster. Jerem. 23; 5, 6.

(2) Suscitabo super eas pastorem unum qui pascat eas, servum meum David. Ipse pascet eas; et ipse erit eis in pastorem. Fgo autem Dominus ero eis in Deum, et servus meus David princeps in medio eorum. Ego Dominus locutus sum; et faciam cum eis pactum pacis. Ezech. 34; 23, 24, 25.

(3) Confiteantur ergo necesse est Judæi longe post tempora David hæc esse prædicata. Est autem David iste qui nomen parentis secundum originem carnis accepit, nomen sumens ejus cujus ex genere sumebat et corpus. S. Hilarius, Tract. in psalm. 131, no 2.

David autem Dominum dicit Christum, ut ex David secundum

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