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parut avec la Constitution de l'an III pour reparaître ensuite sous la forme d'arrondissements en 1800.

A ce département on donnait pour son administration. un Directoire de département, et au district un Directoire de district soumis à son contrôle.

L'organisation régulière des municipalités eut pour effet de rompre le pacte séculaire qui unissait les Ponts-de-Cé à l'administration d'Angers depuis 1484. De même en futil pour Saint-Augustin.

A Sorges, qui ne lui était pas rattaché, l'effet fut insensible.

De ces municipalités, trois (Saint-Maurille, Sorges et Saint-Augustin) disparaîtront.

Après une existence plus ou moins éphémère, Saint-Maurille se réunira volontairement à Saint-Aubin pour former la municipalité des Ponts libres; Sorges sera réuni administrativement à ce premier groupement et Saint-Augustin disparaîtra démembré vers trois administrations.

C'est l'histoire, très spéciale et peu facile à établir, que nous avons tenté d'écrire, de ces municipalités, qui ont eu une vie bien distincte avec leurs maires et leurs conseils, existence que la destruction de beaucoup de documents, soit volontairement, soit lors du passage des Vendéens, a pu faire passer pour problématique.

CHAPITRE DEUXIÈME

HISTOIRE DES QUATRE MUNICIPALITÉS DONT
LA FUSION SUCCESSIVE A FORMÉ LA COMMUNE
ACTUELLE DES PONTS-DE-CÉ

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La loi fut promulguée à la fin de 1789 et adressée aux paroisses dans le début de 1790; Saint-Aubin procéda donc à l'élection de sa municipalité dans la premier trimestre. Elle confia à Claude-Jean Humeau le soin de constituer sa première organisation régulière. Humeau, qui n'est pas un inconnu pour nous, était marchand tanneur aux Ponts-de-Cé. Successivement nous l'avons vu devenir greffier de l'assemblée paroissiale et, depuis le 25 octobre, il était électeur à l'assemblée départementale. La Révolution trouva en lui, aux Ponts-de-Cé, un serviteur zélé et, soit à la tête ou dans l'administration ou même hors de son sein, comme commissaire civil des guerres, il jouera jusqu'à la fin du Directoire un rôle de tout premier plan. Même mettra-t-il trop de zèle dans l'application des lois révolutionnaires, car une tradition, dont les échos affaiblis me sont parvenus un siècle après, me l'a représenté comme un Jacobin fougueux et un personnage détestable à tous points de vue, en même temps qu'un persécuteur de ses concitoyens. Un vieillard, qui me contait un jour une histoire que son père lui avait transmise, me disait : « C'était au temps du fameux Humeau et il ne faisait, paraît-il, pas bon à cette époque-là. » Sur des documents, le lecteur jugera.

Avec lui furent élus, comme officiers municipaux, Louis Godard, Louis Granry, Antoine Quenion. Mathurin Godillon,

que nous avons déjà vu être un des représentants de la paroisse à la réunion des Députés des paroisses pour la confection des cahiers des Doléances, remplit le poste de Procureur de la Commune. Nous ne connaissons pas exactement la date de l'entrée en fonctions de Humeau et de ses collaborateurs. Si l'on s'en réfère à celle de l'organisation de la Municipalité d'Angers (21 février 1790) 1, on peut supposer qu'elle fut installée vers la même époque. En tout cas, dans l'exercice de ses fonctions, Humeau se présente comme président de la Municipalité aux Cordelières le 28 mai 2. Comme conséquence de son élection et de ses nouvelles fonctions, il quitta le commandement de la Garde nationale. et fut remplacé par Gauvilliers, tandis que son frère, Gabriel Humeau, que nous aurons plus tard l'occasion de revoir en d'autres fonctions, en devenait major.

A l'époque où nous sommes, la Révolution débute, l'ordre public n'a été que peu troublé et les répressions sont même. vigoureuses. L'administration de Humeau semble avoir été au début des plus calmes. Il se contenta d'exécuter les ordres adressés à lui comme à toutes les municipalités et celan'a rien qui puisse encore nous choquer. Peut-être cachait-il pour des jours plus favorables son zèle patriotique 3 ?

1 Il convient de noter que c'est le 13 janvier 1790 que la Municipalité d'Angers reçut les lettres patentes de Louis XVI. Il y a lieu de conclure que les Ponts-de-Cé durent les recevoir vers la même époque et que les élections se firent peu après.

2 Au mois de janvier 1790, il signe encore simplement Humeau l'aisné; le 28 mai 1790, il se présente aux Cordelières comme Président de la Municipalité et, le 26 août, les registres paroissiaux, à l'occasion d'une sépulture d'enfant, l'appellent en propres termes « Maire de cette ville ». Cf. Abbé Bretaudeau, op. cit., page 119. 3 Jusqu'à la Révolution, Humeau apparaît comme un homme fort calme, faisant partie du Conseil de fabrique de sa paroisse à titre de notable et y siégeant fort tranquillement. Il est probable que lorsqu'il se vit quelque chose il fut pris d'un accès de folie des grandeurs et,

La Municipalité trouva, au lendemain du 5 septembre, une occasion de manifester son zèle et de faire concourir sa garde nationale, ainsi qu'on l'avait promis, à la sécurité d'Angers.

Ce jour-là, qui était un dimanche, une foule d'ouvriers des ports et des manufactures s'assemblèrent à Angers, au Champ de Mars, où vinrent les rejoindre 1.500 ou 2.000 perreyeurs armés de brocs, de piques et d'armes diverses. Une bande tenta l'attaque de la garde de la porte Saint-Michel, où elle échoua, et finalement une charge de volontaires, unis à la garde nationale et au régiment de Royal-Picardie, dispersa les émeutiers.

Les Ponts-de-Cé suivaient, comme on peut le penser, avec émotion, les événements de la ville. La garde nationale de Sa n-Aubin et de Saint-Maurille, assemblée sur l'appel de son commandant Gauvilliers, se porta, le 6 au matin, au secours d'Angers, « escortée et confondue avec la majeure partie des brigands échappés à l'action qui avait eu lieu sur les deux heures du soir au Champ de Mars ». Cet état de choses l'avait tellement choquée qu'elle crut bon d'envoyer une délégation d'officiers municipaux auprès du Directoire du Département pour lui en rendre compte. Cette délégation fut reçue à la séance du matin du 7 septembre.

Elle déclara que « ce jour depuis quatre heures du matin les ouvriers des carrières parcouraient les paroisses voisines pour se faire un parti, forcer les prisons et en faire sortir ceux d'entre eux qui ont été arrêtés le jour d'hier; qu'eux, officiers munici paux, ont cru de leur devoir d'en prévenir le Directoire » 1.

Les officiers municipaux de Saint-Léonard, Trélazé et

une fois pris dans l'engrenage, il n'aspira plus qu'à être de plus en plus un maître incontesté et devint par cela le tyran de ses conc toyens. Virtus agitata crescit!

1 Arch. Dép., Série L. 68.

Sorges, qui accompagnaient également cette délégation, apportaient des nouvelles encore moins rassurantes. Ils rapportaient en effet que :

Leurs habitants qui ne travaillent pas aux carrières ont été forcés par les mauvais citoyens de marcher avec eux le jour d'hier et de se porter vers la ville d'Angers; que, menacés d'ê're tués et pendus s'ils ne les suivoient, ils ont eu la faiblesse de s'y laisser entraîner; qu'ils prient le corps administratif de distinguer ces habitants des brigands qui, les armes à la main et en les maltraitant, les ont contraints de s'unir à eux 1.

Le Directoire remercia la députation des Ponts-de-Cé de son patriotisme et fit

sentir aux autres municipalités qu'elles devaient s'armer pour arrêter les brigands qui sollicit aient leurs habitants au meurtre et au carnage; que les insurgés qui n'avaient marché que par faiblesse ou crainte seraient distingués des scélérats et des assassins qu'ils avaient accompagné 2.

Malgré ces éloges, le Directoire crut bon d'interdire aux Municipalités d'expédier leurs gardes nationales sur Angers sans y être requis, dans la crainte sans doute que, changeant d'opinion, elles ne tournent casaque et n'aillent grossir le nombre des émeutiers, comme cela se vit si souvent à cette époque. Il n'accepta que l'offre du commandant de la garde nationale de Saint-Augustin, nommé Marbroult, et encore dut-il répondre sur sa tête de la fidélité de ses subordonnés 3.

1 Arch. Dép., Série L. 68.

2 Ibidem.

3 Sur la demande d'un permis et l'offre faite par le commandant de la garde nationale de Saint-Augustin-les-Angers de se présenter sur le Champ de Mars « ce jour dans l'après midy avec cinquante gardes nationaux de sa municipalité pour veiller avec la garde nationale à la sûreté de la ville pendant l'exécution qui doit avoir licu ce jour, désirant soulager leurs frères d'Angers qui doivent être fatigués du service qu'ils font depuis plusieurs jours.

« Le Département autorise la Municipalité et le commandant de la

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