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Chronique

Par suite du prix élevé des papiers et de la main d'œuvre un grand nombre de revues, dans ce département même, ont dû cesser ou suspendre la publication de leurs fascicules.

La Revue de l'Anjou, fière de son passé et confiante dans l'avenir, malgré les frais considérables qui lui incombent à l'époque de hausses continuelles que nous subissons, n'a pu se résigner à disparaître.

Les encouragements d'ailleurs ne lui ont pas manqué, soit de la part des distingués écrivains qui lui confient l'impression de leurs savants travaux, soit de la part de ses dévoués abonnés et de ses fidèles lecteurs.

Le Conseil général, appréciateur compétent des services rendus par la Revue de l'Anjou à notre région, vient, dans sa session d'août, de lui renouveler la subvention de mille francs qu'il lui allouait depuis quelques années.

Nous ne saurions trop remercier MM. les Conseillers généraux de cette marque de sympathie. Tous nos efforts tendront à leur prouver qu'ils n'ont pas affaire à des ingrats et, comme l'ont éloquemment demandé MM. le Dr Monprofit et de la Guillonnière, nous continuerons, « à faire connaître à nos enfants l'histoire locale de la province d'Anjou, si intimement et si glorieusement mêlée à la formation et au développement du pays. >>

Qu'ils nous permettent aussi de les féliciter d'avoir appelé à faire partie de la Commission de protection des sites et monuments naturels de caractère artistique notre éminent collaborateur, M. le chanoine Urseau, que ses savants travaux, son acti

vité inlassable et sa grande connaissance de l'Anjou placent au premier rang des historiens et des archéologues de notre beau pays,

Le Conseil général de Maine-et-Loire a inauguré le 16 août la série de ses séances, par la réélection de tous les membres de son bureau: M. le sénateur Bodinier, président; MM. le duc de Blacas et Blachez, vice-présidents; MM. le marquis de la Bretesche, de la Guillonnière, de Fougerolle, Desnoës, secrétaires.

Sont nommés de nouveau membres de la Commission départementale MM. de la Guillonnière, président; de la Bretesche, secrétaire; Frémy, de Jumilly, J. et G. d'Andigné, membres.

Au début de la première séance, MM. le sénateur G. Bodinier, et M. Borromée, préfet de Maine-et-Loire, ont pris successivement la parole et se sont exprimés en ces termes :

Discours de M. Bodinier

MES CHERS COLLÈGUES,

En mon nom personnel et au nom des Membres du Bureau, je vous exprime nos sentiments de vive gratitude pour le haut témoignage de confiance que vous venez de nous renouveler.

L'Europe se tire péniblement du chaos où l'ont plongée 5 années d'une guerre mondiale, inouïe par sa violence et sa durée. L'orage gronde encore à l'Est.

Ce ne sont pas là des conditions favorables au relèvement économique des peuples éprouvés par la guerre.

Notre chère France, l'une des nations les plus cruellement blessées, met toute son énergie à panser ses plaies. Elle, qui sait par expérience que c'est l'union sacrée des âmes et des cœurs qui a gagné la guerre, a compris que c'est également par l'union et le travail qu'elle parviendra à restaurer sa situation économique, à rétablir dans une pleine prospérité, son industrie son commerce et son agriculture.

Mais, malgré toutes les bonnes volontés, que de tâtonnements encore, que de lenteurs, que de difficultés à surmonter !

Redoublons d'efforts, restons unis et forts, et nous atteindrons le but si ardemment désiré.

Quoique victorieuse par les armes, la France a dû demander à ses enfants de lourds impôts pour assurer le fonctionnement d'un budget formidable, conséquence des ruines amoncelées par la guerre.

L'Allemagne, qui a signé le traité de Versailles, essaie sans cesse d'éluder, par sa mauvaise foi, les conditions imposées par le traité.

L'Allemagne doit payer. Il faut qu'elle paye (très bien),

Si, à maintes reprises, Messieurs, je vous ai proposé d'envoyer, au cours de ces dernières années, le témoignage de notre admiration au grand patriote Clémenceau et à l'illustre maréchal Foch, qui ont été les organisateurs de la victoire, ce m'est un devoir de vous demander aujourd'hui de faire parvenir à M. le Président du Conseil Millerand l'expression de la confiance que nous mettons en lui pour défendre, avec son énergie inlassable et sa volonté tenace, les droits de la France dans l'exécution du traité (applaudissements).

Vous voudrez aussi certainement, mes chers collègues, adresser à M. le Président de la République Deschanel nos vœux respectueux pour le prompt et complet rétablissement de sa santé (marques nombreuses d'approbation).

M. le Préfet, j'ai l'honneur de vous souhaiter la bienvenue, en mon nom et au nom de mes collègues.

Les bons rapports que nous avons eus avec vos prédécesseurs sont un gage du désir que nous avons de les voir se maintenir entre l'Administration et l'Assemblée départementale, en vue d'une féconde collaboration. L'union sacrée, dont rien ne nous a départis pendant les terribles années que nous venons de traverser, reste un devoir du plus pur patriotisme pour replacer la France à son rang de grande nation (vifs applaudissements).

Discours de M. le Préfet

Je suis très touché, M. le Président, des paroles que vous venez de m'adresser et dont je ressens tout le prix, venant d'un homme dont la haute conscience et les éminentes qualités d'esprit et de cœur s'imposent à l'estime et au respect de tous.

C'est de tout cœur que je vous exprime, ainsi qu'à l'Assemblée départementale, mes sentiments de vive reconnaissance.

Je considère, non seulement comme un grand honneur, mais aussi comme une très heureuse fortune, d'avoir été appelé à administrer un des départements les plus justement renommés de France pour la beauté de ses sites, la richesse de ses productions, l'activité à la fois ingénieuse et souriante en même temps que l'ardent patriotisme de ses habitants, enfin pour ses traditions de haute courtoisie, et qui président aux rapports des élus et de l'Administration départementale.

Tout cela il m'a été donné de l'apprécier au cours de ces trois derniers mois, et notamment lors de la tournée de révision qui m'a permis de visiter chaque canton, de prendre contact avec les élus, les administrateurs, les populations et de serrer un à un les liens qui déjà m'attachent si fortement à ce département et que l'avenir, je l'espère, ne fera que renforcer.

Déjà aussi, j'ai pu mesurer toute l'importance de ma tâche. Je n'ignore pas qu'elle sera lourde, que les plus graves problèmes, les plus redoutables questions, travaux publics, assistance, hygiène, finances, d'autres encore, sollicitent sans répit l'attention vigilante des administrateurs. Je n'ignore pas non plus que cette tâche ne saurait se limiter à une simple besogne administrative, mais qu'elle doit être étroitement associée à l'effort économique et à l'effort social, conditions essentielles du relèvement et de la prospérité de notre pays dans l'ordre et dans le respect des lois. J'y apporterai toute la volonté de travail et tout l'esprit d'équité dont je suis capable. Je m'y sentirai soutenu par l'exemple que m'ont donné mes prédécesseurs, encouragé par la sympathie que vous voulez bien me témoigner, aidé enfin par des collaborateurs dont vous avez pu éprouver, avant moi, la valeur et le dévouement. Représentant d'un gouvernement démocratique, je n'oublierai pas que mon administration se doit également à tous et je mettrai en pratique la règle d'impartialité et le principe d'union qui ont été mes directives au cours d'une carrière déjà longue et qu'avec vous, M. le Président, j'estime aujourd'hui plus nécessaires que jamais.

C'est dans ces conditions que je m'efforcerai d'accomplir de mon mieux tout mon devoir, en étroite collaboration avec vous, Messieurs; j'ai l'assurance de répondre ainsi au vœu du Conseil général et à la haute conception qu'il se fait du rôle d'une assemblée régionale.

En terminant, je tiens à m'associer aux paroles que M. le Président du Conseil général, interprète de toute la population du département, adressait tout à l'heure, à M. Paul Deschanel, président de la République, qui, nous l'espérons, complètement remis de l'accident dont il a été victime, reprendra prochainement l'exercice de ses hautes fonctions et à qui vont, avec nos vœux ardents, tous nos espoirs et notre respectueuse affection (applaudissements).

Au cours de la session le Conseil général a voté des adresses à la Pologne et à M. Venizelos et un vœu relatif à l'enseignement de l'histoire de France et de l'histoire locale. Les voici :

Adresse à la Pologne

Le Conseil général de Maine-et-Loire, au moment où la nation polonaise, attaquée jusque dans sa capitale, lutte, comme naguère la France, pour la liberté, la justice et la civilisation;

Adresse à ses amis séculaires le cordial salut d'un peuple qui, dans les plus cruelles épreuves, n'a jamais désespéré de lui-même et qui, comme aux jours de la Marne et de Verdun, garde intacte sa foi dans la Victoire, là où l'union suprême de la nation, dans le total sacrifice des personnes,confond la Patrie et le droit en un même idéal supérieur.

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