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Elles séduisent et retiennent plus que les dessins et, en les appréciant chaque jour davantage, on se prend à regretter qu'elles soient restées dans les albums de Marquis ignorées des connaisseurs; elles auraient sûrement attiré sur lui, de son vivant, une attention qu'il méritait bien; nous pouvons au moins aujourd'hui, l'accorder à sa mémoire.

M. VALOTAIRE.

Les Chapelles et les Chapellenies

de Noyant-la-Gravoyère

sous l'Ancien Régime

Il y a six ans je publiais dans cette Revue une étude sur les chapelles et les chapellenies du Bourg-d'Iré sous l'Ancien Régime 1. C'est une étude semblable que j'essaie maintenant sur les anciennes fondations pieuses de Noyant-laGravoyère. Elles se complètent d'autant mieux qu'autrefois, avant la Révolution, les deux paroisses étaient réunies sous un même curé, Noyant-la-Gravoyère n'étant qu'une succursale du Bourg-d'Iré 2. Mon but serait de faire aimer davantage, en le faisant mieux connaître, le Noyant d'autrefois au Noyant d'aujourd'hui qui en est si différent à bien des égards 3. Un noyantais de 1700 qui reviendrait en son

1 Revue de l'Anjou, sept., oct., nov. et déc. 1914.

2 Sous l'Ancien Régime les curés du Bourg-d'Iré étaient en même temps curés de Noyant-la-Gravoyère « son annexe » et doyens de Candé. (Voir notre article de la Revue de l'Anjou, s'ptembre 1911: Procès-verbal de la visite pastorale faite en 1717 par M. Boisard, curé du Bourg-d'Iré.) Toutefois un des vicaires du Bourg-d'Iré avait le titre de desservant de Noyant-la-Gravoyère et résidait dans cette paroisse qui possédait une église.

3 Le territoire de Noyant n'a pas varié d'étendue, mais sa population a triplé depuis le développement des carrières d'ardoises de Misengrain et de la Gatelière et des mines de fer de la Corbinière. L'ancienne

pays y retrouverait la petite église où il allait prier fidèlement chaque dimanche 1. Mais il ne verrait aucune trace des chapelles qui s'élevaient à la Ménardière, à Saint-Martin et sur les hauteurs de Saint-Blaise ou de la Gâtelière et il ne serait pas peu surpris de voir l'animation des chantiers établis dans les solitudes rurales de jadis. L'appel des sirènes y remplace la voix des clochettes qui annonçaient autrefois la messe des chapelains.

Pour composer cette étude j'ai dû me contenter d'un petit nombre de documents, différentes recherches n'ayant pas donné le résultat espéré. Guidé par les brèves indications des anciens Pouillés de France et du diocèse d'Angers, j'ai surtout utilisé les archives paroissiales et privées de Noyant-la-Gravoyère et du Bourg-d'Iré. J'aurais vivement désiré pouvoir donner des renseignements précis sur la date et les clauses des fondations des chapelles de Noyant ainsi que sur les différents chapelains qui les desservirent dans le cours de trois ou quatre siècles. Je dois avouer que dans le passé de cette histoire locale j'ai rencontré plus d'obscurité que de lumière. Si rares pourtant que soient les points certains j'ai tenu à les faire connaître, dans l'espoir de les voir complétés par d'aimables et heureux chercheurs que je remercie d'avance.

population agricole de 500 habitants n'avait sans doute pas la même physionomie que l'ensemble de la population actuelle qui comprend une majorité d'ouvriers.

1 « L'église, en mains laïques, fut rachetée par Geoffroy la Mouche, qui en donna la collation à son chapitre en 1177. Il paraît bien qu'à cette date elle était constituée en centre paroissial. Dès le xve siècle elle ne forme plus qu'une annexe et simple fillette de la cure du Bourgd'Iré. » C. Port. Dictionnaire historique de Maine-et-Loire. L'église paroissiale actuelle de Noyant-la-Gravoyère, dédiée à saint Georges, fut bénie le 16 novembre 1681, avce la permission de l'évêque d'Angers, par M. Jacques Amelot, remplissant provisoirement les fonctions curiales au Bourg-d'Iré, à la mort du doyen Peletier. (Archives municipales du Bourg-d'Iré.)

Les seules anciennes chapelles de Noyant sur lesquelles on ait quelques données sont Saint-Blaise, Sainte-Catherine des Fresnaies, Saint-Martin et Sainte-Anne, SaintAventin de la Gâtelière et Sainte-Catherine de la Ménardière.

1o CHAPELLE DE SAINT-BLAISE

Près de l'étang de la Gravoyère 1 au sud, non loin des ruines informes d'un vieux manoir, s'élève sur une éminence la ferme de Saint-Blaise. La maison d'habitation, haute et spacieuse avec fenêtre à meneaux de granit, est le reste d'un ancien prieuré qui disparut à la Révolution. Ce prieuré semble avoir été la plus ancienne fondation pieuse de la paroisse de Noyant-la-Gravoyère. Sa proximité de l'ancien château de la Gravoyère, dont il ne reste plus que de vastes caves couvertes de broussailles 2, pourrait faire supposer que le prieuré de Saint-Blaise dépendait du seigneur de ce

1 C mot, resté le qualificatif de la paroisse depuis de longs siècles, a pour origine le sable ou gravier qui est en abondance dans le pays. L'étang remplace sans doute une ancienne sablière. Il y avait autrefois une carrière de sable dans le village même de Noyant, au bas du parc de la Roche, à 300 mètres de la sablière de Friche, actuellement exploitée. Aux xvre et xvIIe siècles on écrivait souvent Noyant la Gravaire.

2 Dans ses Mémoires inédits, M. le chanoine Godineau, ancien curé de Noyant raconte que vers 1870, Fouché, garde de M. de Candé, voulut y aller voir au moyen d'une échelle. « Mais sa chandelle venant à s'éteindre, quoique bien brave en toute autre circonstance il n'osa jamais y descendre. Il vit des choses, qui l'épouvantèrent. >> Depuis quelques années, les mineurs moins effrayés descendent tous les jours dans les puits de cette région. Dans le sous-sol de SaintBlaise qui est en pleine exploitation, la Société des Mines de fer de Segré a retrouvé dernièrement les anciennes galeries à plan incliné des mineurs d'autrefois. Il semble qu'il y a fort longtemps déjà qu'on connaissait et utilisait les richesses minières de ce pays. Certains noms comme le cloteau des Forges et la présence de scories dans le voisinage de la ferme de Saint-Blaise sont significatifs.

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