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à Blangis, ci-devant Artois, sœur hospitalière de l'hôpital, a refusé le serment et persiste.

« 28. Antoinette Plebt (elle signe Plait), hospitalière du ci-devant hôpital Saint-Jean, née à Savigny-les-Baumes, en Bourgogne, âgée de 25 ans, arrêtée pour les mêmes causes que les précédentes et persiste.

« 29. Marie Cornellier, née à Saint-André-de-Lidon, cidevant Saintonge, ex-sœur de l'hôpital Saint-Jean, a refusé le serment; est encore plus fanatique que les autres.

« 30. Angélique Guillory (elle signe Guillois), née à TillyCapel, dans le ci-devant Artois, âgée de 60 ans passés, sœur comme ci-dessus, aussi fanatique.

« 31. Antoinette Taillade, ci-devant supérieure de l'hôpital Saint-Jean, native de Cahors, âgée de 64 ans, arrêtée comme les autres ci-dessus et pour les mêmes raisons.

«< 32. Perrine Ciret, ci-devant supérieure de l'hôpital des Incurables, âgée de 69 ans, née à Saint-Ellier, a déclaré être supérieure dudit hôpital par la confiance qu'on avait en elle et n'être que pensionnaire de la dite maison et ne vivait point des revenus dudit hôpital; a observé en outre que, pour le bien de l'humanité, elle remettait annuellement tous ses revenus aux administrateurs dudit hôpital et déclare qu'en cette considération elle ne doit point être assujettie au serment, ne faisant point partie des sœurs hospitalières employées dans la dite maison.

«< 33. Mathurine Ciret, sœur de la précédente, âgée de 73 ans, a déclaré être dans le même cas que sa sœur et n'être que pensionnaire dans ledit hôpital.

« 34. Marie-Thérèse Petit (de la Pichonnière), âgée de 44 ans, née à Chaudefonds, a déclaré qu'elle n'était que pensionnaire dans ladite maison et qu'en cette qualité elle ne se croit point assujettie au serment.

« 35. Perrine Bailly, née à Doué, district de Saumur, âgée de 37 ans, sœur hospilalière dudit hôpital, a déclaré qu'elle ne demeurait dans ladite maison qu'autant qu'elle

le voulait, sans y être attachée par aucun vou; a observé qu'elle ne se croyait pas fonctionnaire public et par conséquent assujettie au serment 1. »

Les noms des onze sœurs de l'Hôtel-Dieu ont été notés en marge d'un F. Aucun signe n'a été inscrit en force de ceux des quatre sœurs des Incurables.

Le 21 germinal-10 avril, les mêmes commissaires sont au Grand Séminaire nouvellement converti en prison pour recevoir les nombreuses femmes, surtout de la Vendée, qu'on amenait presque chaque jour. Là encore se trouvaient près de 300 détenues. Aucune d'elles n'ayant encore été interrogée, les commissaires y furent retenus plus de huit jours. Du 21 au 28 nous trouvons seulement cinq religieuses:

«< 73. Marie Gassignat, de Nyoiseau, âgée de 63 ans, ex-religieuse, a refusé de prêter le serment, persiste.

« 95. Anne Cartier, fille, de Louvaines, ex-religieuse, âgée de 58 ans, aristocrate, pourtant n'a pas moyen de subsister et préfère perdre sa pension pour ne pas prêter

serment.

« 198. Perrine Allaire, de Louvaines, ex-religieuse du Buron, âgée de 55 ans, fanatique prononcée, a refusé la prestation de serment et aime mieux courir les campagnes pour avoir du pain.

«< 228. Louise Robert de Boisfossé, ci-devant noble, exreligieuse de Nyoiseau, offre de prêter le serment civique et déclare aimer la République et les amis de la liberté, paraît regretter de n'avoir pas prêté le serment; dit aimer les lois révolutionnaires et républicaines (et elle signe): Louise Robert de Boisfossé.

«< 256. Jacquine Ricou, âgée de 68 ans, ex-religieuse de

1 Elle devait le prêter le 3 floréal pour éviter la déportation. Les autres sœurs des Incurables s'étaient peut-être soumises à prêter le serment.

Nyoiseau, n'a pas voulu prêter le serment crainte de se damner; a l'esprit faible et très infirme 1. »

Pendant que se poursuivaient ces interrogatoires les républicains, furieux de n'avoir pu obtenir la soumission des sœurs hospitalières, résolurent de faire emprisonner toutes les religieuses qui, chassées de leurs couvents en 1792, étaient rentrées dans le monde sans avoir prêté le serment. Nous n'avons pu encore découvrir en vertu de quelle loi, de quel décret, les administrateurs du Département émirent cette prétention, car ces religieuses n'étaient point fonctionnaires publics, ne se mêlaient pas de tenir des écoles ou de diriger des hôpitaux ou des hospices. Elles vivaient en simples particulières, ayant renoncé, par le fait de leur refus de serment, à toucher une pension de l'État. On peut donc se demander, à défaut d'un décret spécial, les motifs de cette mesure.

Beaucoup de religieuses recueillies par leurs familles ou réfugiées chez des amis échappèrent à la détention; mais toutes celles qui avaient été dénoncées comme continuant des pratiques religieuses, celles surtout qui s'étaient réunies par groupes pour vivre plus économiquement et pour suivre autant que possible en commun les règles de l'ordre auquel elles appartenaient, furent arrêtées le 13 avril-24 germinal.

Depuis quelques jours déjà l'agent national près le Département faisait rechercher les noms des religieuses dispersées dans la ville. Son collègue près la Municipalité lui écrivait le 21 germinal: « Lorsque vous nous avez invité à vous faire remettre les noms des ci-devant religieuses qui n'ont pas prêté le serment prescrit par la loi nous nous occupions des moyens de les connaître. I eu connues et menant une vie

1 Les trois sœurs de Nyoiseau (près Segré) prêtèrent le serment le 3 floréal. Les deux sœurs du Buron de Château-Gontier furent condamnées.

très retirée pour la plupart, nous avons cru que le meilleur moyen de connaître celles qui n'avaient pas obéi à la loi était d'inviter le District à nous donner le tableau de toutes les religieuses domiciliées dans cette commune qui avaient reçu leur traitement avant qu'il fût nécessaire pour cela de justifier d'une prestation de serment, parce que, ayant l'état de toutes celles qui ont prêté le serment, nous connaîtrons nécessairement celles qui ne l'ont pas prêté. Ce tableau nous est parvenu; il est composé de 119 personnes dont 19 sont dans le cas de la loi. »

Suit une liste de 19 religieuses appartenant à différents couvents d'Angers ou des villes voisines, savoir une Cordelière du Buron, deux du Perray, une des Ponts-de-Cé, deux sœurs de la Madeleine de la Flèche, deux Ursulines de Redon, une Bénédictine de Baugé, âgée de 82 ans, une Calvairienne, deux sœurs de Sainte-Catherine et huit sœurs du Bon-Pasteur.

Cette liste est certainement incomplète, puisqu'on n'y voit pas figurer la supérieure du Bon-Pasteur, ni les sœurs des Pénitentes que nous savons avoir prêté serment.

Puis il ajoute : « Voilà les noms de toutes les ci-devant religieuses habitant la commune que nous pouvons indiquer. Quelques-unes d'elles sont mortes ou ont quitté la commune. Il est possible qu'il y en ait encore beaucoup d'autres. » Et il signale les trois sœurs Rojou, ex-religieuses du Calvaire, croyons-nous, dont on lui a signalé la demeure rue Lyonnaise. Mais celles-ci ne furent par arrêtées 1. 1.

Nous n'avons pas trouvé la liste contenant cent noms environ de religieuses non assermentées résidant à Angers. Il devait y en avoir bien davantage qui, retirées chez les particuliers, parents ou amis, avaient négligé de réclamer

1 Ni les deux sœurs Rosé, ex-fontevristes, dont le père était membre du Comité révolutionnaire, ni les trois sœurs Neveu, ex-calvairiennes, ni bien d'autres dont il nous serait facile de citer les noms.

une pension, ce qui leur permit d'échapper à la prison. Un certain nombre aussi, protégées par des parents bien notés, qui répondaient d'elles, purent rester en liberté. Du reste les Jacobins n'étaient point incorruptibles et ne méprisaient pas les raisons convenablement appuyées d'espèces sonnantes pour fermer les yeux. C'est ainsi que nous verrons plus loin certaines religieuses non comprises dans le jugement de leurs compagnes ou restées en prison au moment du départ de celles-ci pour la déportation.

QUERUAU-LAMERIE.

(A suivre.)

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