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MARDI 24 FÉVRIER 1852.

L'AMI DE LA RELIGION.

(No 5336.)

Mandement de Mgr l'Archevêque de Paris,

A l'occasion d'une nouvelle Indulgence plénière accordée sous forme de Jubilé par N. S. P. le Pape, le 21 novembre 1851, et du Carême de l'année 1852.

Marie-Dominique-Auguste Sibour, par la miséricorde divine et la grâce du Saint-Siége apostolique, Archevêque de Paris,

Au clergé et aux fidèles de notre diocèse, salut et bénédiction en notre Seigneur Jésus-Christ.

L'année dernière, en vous annonçant la sainte Quarantaine, nous vous annoncions en même temps que le Souverain-Pontife, ouvrant en notre faveur les trésors de l'Eglise, accordait à l'univers catholique une Indulgence plénière et solennelle sous la forme d'un Jubilé. Cette année, nous nous présentons encore devant vous, les mains pleines des grâces dont notre saint et bien-aimé Pie IX nous fait les dispensateurs. Un nouveau Jubilé nous est accordé, et nous avons choisi pour le publier dans notre diocèse le temps qui nous a paru le plus favorable, les jours mêmes de bénédiction et de salut où nous allons entrer.

Notre âme fut abondamment consolée l'an dernier, par toutes les manifestations éclatantes de votre piété, dont nous fûmes les témoins, ou dont le récit nous fut fait. Le Jubilé a été marqué, au milieu de nous, par les grâces les plus signalées. Cette grande ville où Dieu compte tant d'âmes si dévouées, mais où il y a aussi tant de cœurs indifférents ou hostiles, avait été comme frappée d'un trait de la miséricorde divine. Les âmes, déjà travaillées par la crainte et par de funestes pressentiments, s'étaient ouvertes d'elles-mêmes aux inspirations du repentir et de l'amour.

Ces salutaires résultats ne s'étaient pas seulement fait remarquer dans ce diocèse. Partout le Jubilé a été l'occasion de grâces abondantes, et a porté des fruits de bénédiction; partout on a remarqué un concours extraordinaire, des conversions nombreuses, un renouvellement admirable de l'esprit chrétien.

Le Souverain-Pontife nous exprime dans les lettres qu'il vient de nous écrire, et que nous sommes impatient de vous communiquer, combien son âme a été consolée en apprenant les fruits de salut que le Jubilé dernier avait produits dans tout l'univers catholique. La miséricorde de Dieu s'est montrée plus grande encore que nos misères, ubi abundavit delictum, superabundavit gratia, et, dans ce chaos des sociétés humaines où fernentent tant de passions, d'où, comme des vapeurs malsaines, s'élèvent tant d'erreurs, où se montrent les germes de tant de maux, une séparation plus sensible s'est faite de la lumière et des ténèbres, entre les bons et les mauvais éléments; le bien s'est produit d'une manière éclatante, et l'on a pu concevoir l'espérance que Dieu, qui a fait les nations guérissables, n'avait pas porté contre ce monde une sentence sans appel.

C'est cette espérance qui a inspiré au Souverain-Pontife la pensée d'avoir encore recours à Dieu, afin qu'il achève ce qui a été commencé. Il y a eu du bien opéré sans doute, mais il reste encore beaucoup de mal. Qui tournera vers le ciel tant de cœurs encore courbés vers la terre? qui apprendra à tous les L'Ami de la Religion. Tome CLV. 24

Art. 2. Toutes les personnes qui profitent de la dispense de l'abstinence, doivent, selon leurs facultés, faire, en faveur des pauvres, une aumône qu'elles remettront à MM. les curés. La dispense n'est accordée qu'à cette condition.

Une autre aumône est due également par tous ceux qui profitent de l'autorisation de faire usage du lait et du beurre à la collation. Cette aumône sera distincte de la première. Elle sera consacrée, comme les années précédentes, à l'établissement des Carmes.

MM. les curés devront séparer l'aumône destinée aux pauvres, de celle qui sera appliquée à l'acquisition des Carmes, laquelle sera remise au secrétariat de l'archevêché.

Art. 3. Nous accordons pour la présente année, et eu égard à la difficulté des temps, la dispense de l'abstinence pour le jour de saint Marc et les trois jours des Rogations. Les fidèles seront exhortés à compenser cet adoucissement de la discipline par quelques bonnes œuvres et quelques aumônes.

Art. 4. Pour l'exercice de dévotion en l'honneur de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ et de la Compassion de la Sainte-Vierge, on se conformera à ce qui a été prescrit les autres années (1).

Nous invitons tous les fidèles à assister à ce pieux exercice, soit à Notre-Dame, soit dans les églises de leurs paroisses respectives, soit dans les chapelles des différentes maisons où il est autorisé.

Nous leur rappelons que, par divers rescrits des Souverains-Pontifes Léon XII et Grégoire XVI, des indulgences sont accordées à tous ceux qui, remplissant les conditions prescrites (2), pratiqueront dans les susdites églises et chapelles la dévotion que nous venons d'indiquer.

Art. 5. Le temps fixé pour la communion pascale commencera le dimanche de la Passion, et finira le second dimanche après Pâques.

Et sera notre présent Mandement lu au prône de la messe paroissiale, dans les églises et chapelles de notre diocèse, le dimanche de la Quinquagésime; publié et affiché partout où besoin sera.

(1) Cet exercice aura lieu tous les vendredis du Carême, le Vendredi-Saint excepté.

Il se compose ainsi qu'il suit :

Avant l'instruction, on chantera le psaume Miserere mei, Deus: après l'instruction, on chantera l'hymne Vexilla Regis et la prose Stabat Mater. Pendant ce chant, on fera l'Adoration de la Croix; on récitera ensuite cinq Pater et cinq Are, avec cinq Gloria Patri, aux intentions de notre Saint-Père le Pape.

Ces jours-là, la vraie Croix sera exposée à la vénération des fidèles."

Après le chant et la récitation des prières, la bénédiction sera donnée avec le saint ciboire.

(2) Ces conditions sont, pour gagner l'indulgence plénière, l'assistance à l'exercice, la confession et la communion faites avec les dispositions convenables. - Pour gagner une indulgence de 300 jours, il suffira qu'étant contrits de cœur, les fidèles suivent l'exercice, et récitent cinq Pater et cinq Ave, avec cinq Gloria Patri, en mémoire de la Passion de Notre-Seigneur. Cette même indulgence sera gagnée, aux mêmes conditions, par ceux qui ne pourraient se rendre à l'église ou chapelle, s'ils en ont été empêchés pour cause d'infirmité, ou par quelque autre raison légitime. L'indulgence plénière et l'indulgence de 300 jours sont applicables, par manière de suffrage, aux âmes du purgatoire.

L'une et l'autre peuvent être gagnées à l'église métropolitaine par tous les fidèles indistinctement; mais elles ne peuvent être gagnées dans chacune des paroisses que par les fidèles de ces mêmes paroisses, et dans chacune des communautés ecclésiastiques et religieuses, et dans les maisons d'éducation, que par les personnes qui en font partie.

Donné à Paris, sous notre seing, le sceau de nos armes, et le contre-seing du secrétaire-général de notre archevêché, le 15 février 1852.

MARIE-DOMINIQUE-AUGUSTE, Archevêque de Paris.

Par Mandement de Mgr l'Archevêque,

COQUAND, chan. hon. secrét.-gén.

MM. les curés sont priés de prémunir les fidèles contre les personnes qui se présentent, sous prétexte de quêter, avec des pièces émanant de l'archevêché. Nulle pièce ne devra être regardée comme régulière, si elle ne porte la date de l'année courante.

Dépêches télégraphiques.

Londres, samedi 20 février 1852. L'amendement de lord Palmerston, sur la loi de la milice proposée par lord John Russell, tendant à omettre le mot local appliqué à la milice, a été adopté à la majorité de 11 voix.

Lord John Russell a donné immédiatement sa démission.

AUTRE DÉPÊCHE ÉLECTRIQUE.

Londres, lundi 23 février.

Le ministère du comte de Derby (lord Stanley) est formé. Affaires étrangères : comte de Malmesbury ou vicomte Canning. Membres du cabinet MM. Walpole, Disraeli, sir E. Sugden, comte d'Harwick, duc de Northumberland. Le ministère est, comme on le voit, composé des personnages importants du parti

conservateur.

Madrid, 18 février, 5 heures du soir.

La reine, accompagnée du roi, a réalisé la présentation de sa fille daus l'église d'Atocha, au milieu du plus grand enthousiasme et de la plus grande allégresse.

Actes officiels et Décrets.

SUPPRESSION DES BAGNES.

ÉTABLISSEMEnt d'un pénitencier a CAYENNE.

Parmi les réformes profondes qu'exige notre régime pénitentiaire, la transformation des bagnes était assurément une de celles que reclamait en première ligne l'intérêt de la justice, des mœurs et de la société. Nous avons donc trouvé avec plaisir, dans le Moniteur de samedi, un rapport du ministre de la marine, approuvé par le Président de la République, annonçant l'évacuation immédiate du bagne de Rochefort et des mesures prochaines relatives aux bagnes de Brest et de Toulon. Un établissement va être formé à la Guyane pour recueillir les forçats. Nous donnerons dans un de nos prochains numéros les principaux passages de l'important document que nous signalons.

Des ordres ont déjà été expédiés à Rochefort pour l'évacuation du bagne de ce port. Dans cinq ou six jours, un premier envoi de 350 forçats sera fait à Brest, sur la frégate à vapeur le Mogador; 120 de ces condamnés doivent partir sur la corvette l'Allier, pour se rendre à Cayenne, ainsi qu'ils en ont fait la demande; les 230 autres seront placés au bagne de Brest.

Dans le délai d'un mois environ, le reste de la chiourme de Rochefort partira sur la frégate à vapeur l'Isly et le Christophe-Colomb.

Un sergent, un caporal et vingt fusiliers de la compagnie d'agents de surveillance sont envoyés également à Brest par le Mogador.

Abbaye de Notre-Dame-de-Grâce à Briquebec. Tous les cœurs chrétiens admirent et bénissent cet ordre austère auquel le monde lui-même n'a pu refuser sa vénération : c'est la primitive observance de Citeaux, qu'on nomme généralement la Trappe.

Une maison de cet ordre a été établie en 1824, près de Briquebec, sur la route de Cherbourg. Nous avons parlé dans ce Recueil des travaux prodigieux qui ont fondé cette maison. La contrée qui l'entoure célèbre les services qu'elle a rendus à l'agriculture, la généreuse hospitalité qu'elle exerce envers de nombreux voyageurs, l'instruction agricole et pratique qu'elle donne aux enfants et les soins pieux qu'elle accorde aux malades. L'autorité ecclésiastique, l'administration civile se sont plu à vanter publiquement ses bienfaits.

Mais Dieu éprouve ceux qu'il aime. Un violent incendie a détrnit une aile entière du convent; une épizootie cruelle a décimé les troupeaux; les flots ont emporté un pont construit par les religieux, et enfin un arrêt qui a annulé une donation faite en leur faveur a presque consommé leur ruine. L'existence du monastère est plus que menacée.

Dans cette honorable détresse, les Trappistes ont fait appel aux inépuisables ressources de la charité. Déjà cette charité si généreuse est venue à leur secours: près de 25,000 fr. ont été recueillis. Il leur en faut encore environ 45,000.

NN. SS. les Evêques ont daigné recommander puissamment cette œuvre excellente à laquelle la religion, le travail, l'agriculture sont également intéressés. Le Nonce du Saint-Siége a bien voulu lui accorder sa protection spéciale, ainsi que LL. EEm. les Cardinaux de Bonald et Gousset.

Les religieux se sont engagés, s'ils sauvent leur pieuse retraite, à chanter tous les jours, à perpétuité, la messe de communauté pour tous ceux qui les aideront à se relever de leurs infortunes, et pour tous leurs parents vivants ou morts.

C'est pour nous un devoir étroit de joindre nos supplications à d'aussi hautes instances. Nous avons la confiance que tous les catholiques voudront coopérer à une oeuvre qui produit tant de fruits pour le ciel et pour la patrie.

Nous recevrons avec reconnaissance les offrandes qui seraient transmises aux bureaux de l'Ami de la Religion, et nous les enverrons au R. P. Edmond, prêtre profès et secrétaire du monastère, qui a été chargé par le R. P. abbé de NotreDame-de-Grâce, de recneillir les dons des fidèles (1).

HENRY DE RIANCEY.

Mgr l'Evêque de Coutances, le R. P. abbé de Notre-Dame-de-Grâce à Briquebec, et les dames patronesses dont les noms suivent, reçoivent aussi les souscriptions et offrandes :

«Mmes la duchesse de Serrant Walsh, rue de la Chaise, 9; la duchesse de LavalMontmorency, rue du Bac, 107; la duchesse douairière de Larochefoucault, rue de l'Université, 114; la duchesse de Caraman, rue de l'Université, 76; la princesse de Luxembourg; la marquise de Gallifet, rue de Grenelle-Saint-Germain, 73; la comtesse Du Parc, rue de Grenelle-Saint-Germain, 16; la comtesse Lemarois, rue Blanche, 33; la comtesse Daru, rue de Lille, 75; la comtesse Fery de Choiseul, rue des Saints-Pères, 54; la comtesse Alain de Kergorlay, rue Saint-Dominique, 25; la comtesse de Larochefoucault, rue de l'Université, 114; la comtesse de Nedonchel, rue Saint-Dominique, 90; la comtesse de Valanglard, rue de Varennes, 8; la comtesse de Bouelle, (1) Le R. P. Edmond est en ce moment à Paris, rue de Vaugirard, 112.

rue de l'Université, 47; la comtésse de Montsaulnin, rue Saint-Guillaume, 12; la comtesse de Douhet, rue de Beaune, 7; la comtesse de Boisguilbert, rue de Grenelle-SaintGermain, 84; la comtesse de Beurges, rue de l'Université, 47; la comtesse de Bullion, rue du Grand-Chantier, 6; la comtesse de Richemont, rue des Saussaies, 8; la comtesse de Brissac, rue de Grenelle-Saint-Germain, 53; la vicomtesse de Bourbon-Busset, rue Saint-Dominique, 90; la vicomtesse Levavasseur, rue Saint-Dominique, 48; la baronne de Morgan-Frondeville, rue de Grenelle, 52; la baronne Paul de Richemont, rue de Blanche, 49; Lacroix, rue d'Anjou-Saint-Honoré, 22; Ferré des Ferris, rue de l'Arcade, 14; Mlle de la Grange, rue de l'Est, 17; Mmes Fery des Clands, rue de l'Arcade, 29; Bingham, rue de Grenelle-Saint-Germain, 73; d'Escuns, rue de l'Université, 34; veuve Terray, née de Maistre, rue du Bac, 107; la duchesse de Valmy, rue de Bourgogne, 35; la baronne Almaury de Maistre, cité Vindé, boulevard de la Madeleine.>>

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Nouvelles religieuses.

ROME. Mardi, 10 de ce mois, S. Em. Mgr le Cardinal Fornari, préfet de la S. Congrégation des études, a pris solennellement possession de son titre cardinalice de Sainte-Marie-de-la-Minerve. Après le cérémonial prescrit par le rituel, S. Em. a du haut du trône adressé aux religieux Dominicains un discours plein d'onction auquel le R. P. Gaude, procureur général de l'ordre, répondit au nom du R. P. général, qu'une indisposition privait de cet honneur. La bénédiction pastorale donnée par le Cardinal a terminé la cérémonie à laquelle une foule nombreuse était accourue malgré une pluie battante.

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DIOCÈSE DE PARIS. La station quadragésimale sera prêchée à Saint-Roch, par M. Bautain, promoteur et vicaire-général du diocèse de Paris; à Saint-Sulpice, par le R. P. Marquet; à Saint-Germain-l'Auxerrois, par M. Gay, chanoine honoraire de Limoges et de Tulle; à Saint-Thomas-d'Aquin, par M. d'Alzon, vicaire-général de Nîmes; à Saint-Eustache, par M. Coquereau, chanoine de Saint-Denis; à Saint-Louis-d'Antin, par le R. P. Ventura; à la Madeleine, par M. Duquesnay, aumônier de l'Ecole normale, chanoine honoraire de Paris; à Saint-François-Xavier (Missions étrangères), par le R. P. Corail; à Saint-Merry, par M. Gabriel, curé de la paroisse; à Saint-Vincent-de-Paul, par M. Pintaud, chanoine honoraire de Meaux; aux Blancs-Manteaux, par M. Delacoste, chanoine honoraire de Troyes; à Saint-Germain-des-Prés, par le R. P. Félix ; à Saint-Etienne-du-Mont, par M. Mullois; à Saint-Séverin, par le R. P. Gondrand; à Notre-Dame-de-Lorette, par le R. P. Cornac; à Saint-Paul-Saint-Louis, par le R. P. Lefèvre; à Saint-Louis-en-l'Ile, par M. Leblastier, chanoine honoraire de Carcassonne; à Saint-Gervais, par M. Brazier; à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, par M. Pons, chapelain des Invalides; à Saint-Jean-Saint-François, par M. Firbach; à Passy, par le R. P. d'Abadie.

· :

Un sermon de charité sera prêché par le Révérend Père de Ravignan, le jeudi 26 février 1852, à une heure précise, en l'église de la Madeleine, en faveur de la Société charitable d'encouragement pour les Ecoles chrétiennes libres, fondée par Mgr l'Archevêque de Paris.

Monseigneur donnera le Salut.

La quête sera faite par Mesdames la marquise de Turenne, rue Basse-du-Rempart, 12; l'amirale de Mackau, rue Duphot, 27; la comtesse de Circourt, rue des Saussayes, 11; la comtesse de Forbin-d'Oppede, rue Saint-DominiqueSaint-Germain, 102; de Kerouartz, rue Saint-Dominique-Saint-Germain, 51; de Thannberg, rue de la Madeleine, 20; Eugène de Fourcy, rue du Cherche-Midi, 13; Lacoste, rue du Faubourg-Saint-Denis, 190; Rubini, rue de Milan; Le

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