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désormais obligatoires, aura du moins pour effet de faire disparaître la peine de nullite, trop sévèrement prononcée par la loi du 29 mai.

<< Dans l'intérêt d'une prompte répression, vous préférerez généralement la eitation directe à la voie de l'instruction; la saisie même d'un journal ou d'un écrit quelconque en flagrant délit, ne devra donner lieu à d'autres formalités que celles des articles 36 et suivants du Code d'instruction criminelle. Lorsque les circonstances vous le permettront, vous m'en référerez avant de poursuivre des défits de presse; vous serez vigilant, toutefois; et, pour vous bien pénétrer de votre mission, vous vous rappellerez que celle de la presse est de fonder, non de détruire; d'éclairer, non de corrompre; de discuter, non de conspirer.

« Je vous prie, Monsieur le procureur-général, de m'accuser réception de la présente circulaire, dont je vous adresse deux exemplaires pour votre parquet, et un pour chacun de vos substituts près les tribunaux de première instance de votre ressort.

Recevez, Monsieur le procureur-général, l'assurance de ma considération très-distinguée.

Le garde-des-sceaux, ministre secrétaire d'Etat au département de la justice, ABBATUCCI.

Mgr l'Archevêque de Paris vient d'adresser la circulaire suivante à MM, les curés du diocèse :

« Monsieur le curé,

<< En vous transmettant le compte-rendu des sommes reçues à l'archevêché de Paris, pendant le cours de l'année 1851, pour l'acquisition de l'ancien couvent des Carmes, j'ai encore à solliciter en faveur de cette OEuvre, votre charité et celle des fidèles de votre paroisse, pour qu'elle me vienne en aide, afin de parvenir à acquitter les engagements pris par mon vénérable prédécesseur dans l'intérêt du diocèse. En conséquence, vous voudrez bien annoncer qu'une quête sera faite à toutes les messes et à tous les offices du dimanche des Rameaux dans les églises du diocèse, et le résultat en sera versé au secrétariat de l'archevêché.

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« Recevez, Monsieur le curé, l'assurance de mon affectueux attachement.

MARIE-DOMINIQUE-Auguste, Archevêque de Paris. Le résumé des quêtes offre les sommes suivantes : Quête générale, 7,589 fr. 95 c.; lait et beurre, 36,336 fr. 45 c.; dons particuliers, 1,530 fr. - Total: 45,456 fr. 40 c.

Nouvelles religieuses.

ROME.- La Sacrée Congrégation des Rites a rendu un décret qui approuva l'addition à faire à la sixième leçon de l'office de saint Hilaire, afin de rappeler son élévation au titre de docteur de l'Eglise universelle.

DIOCESE DE PARIS. - La retraite pascale, prêchée par M. l'abbé Gay, prédicateur de la station, commencera dans l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois, le mercredi 31 mars à huit heures du soir. Les sermons se continueront tous les jours à la même heure jusqu'au mercredi saint. Une enceinte sera réservée pour les hommes.

Un sermon sera prêché à deux heures dans l'église de Notre-Dame le vendredi, 2 avril, par M. l'abbé le Courtier, théologal archiprêtre de la métropole, en faveur de l'établissement des enfants délaissés.

Il y a quarante-neuf ans que cette Œuvre se soutient par la charité; cent

jeunes filles y sont élevées gratuitement, et plus de deux mille enfants lui ont dû leurs principes religieux ou leur état.

La quête sera faite par mesdames: la maréchale Exelmans, grande Chancellerie de la Légion-d'Honneur; la baronne Paul Benoist d'Azy, rue Pigale, 12; la baronne de Boutray, rue du Bac, 103; la comtesse de Lestrade, rue Saint-Dominique, 11; la comtesse Wladimir de Montesquiou, rue de Varennes, 60; Sautereau, aux Tuileries; la comtesse de Semallé, rue du Bac, 94; Thayer (de Padoue), rue Coq-Héron, 12; Textoris, rue de Provence, 56.

Les personnes qui ne pourraient s'y trouver sont priées de vouloir bien faire remettre leur offrande à une des adresses ci-dessus, ou à mesdames la duchesse de Montmorency, rue Saint-Dominique, 119; de Falaiseau, rue Notre-Damedes-Champs, 35.

VARIÉTÉS.

La Franc-Maçonnerie.

(Suite et fin. Voir le no 5347.)

II

Il ne manque pas de gens qui ne voient dans l'organisation maçonnique rien autre chose qu'une association de secours mutuels, qu'une vaste société philanthropique. Présentée sous cet aspect, elle séduit beaucoup de généreux esprits; et c'est ce qui explique comment il s'est rencontré et il se rencontre encore dans les loges maçonniques des hommes fort honorables, qui contribuent ainsi, sans s'en douter, à la ruine des principes pour la conservation desquels ils sont prêts à donner leur vie.

L'Ordre maçonnique, - c'est ainsi qu'il se désigne lui-même, s'est donné, en effet, une mission philanthropique, est l'on a essayé déjà plusieurs fois de circonscrire son action dans cet ordre d'idées. Ses chefs ont proclamé souvent qu'ils n'avaient pas pour objet la politique active; ses statuts actuels semblent le placer en dehors des discussions et des luttes politiques. Mais le souvenir de son origine, mais ses traditions encore chaudes, mais la pente naturelle des principes dont il s'inspire, mais les conditions dans lesquelles il se recrute, mais les opinions qu'il recherche dans les adeptes ou qu'il s'efforce de leur inculquer, tout cela est éminemment et essentiellement politique. En fait, la Maçonnerie a pesé de tout son poids sur les événements politiques de la première moitié de ce siècle. Elle a battu en brèche le gouvernement de la Restauration, et elle s'est fait un mérite de sa chute; elle a miné sourdement l'établissement de Juillet qu'elle avait bâti de ses mains, et le Grand-Orient de France, au nom de tous les ateliers maçonniques de sa correspondance, apporta son adhésion au Gouvernement provisoire, ne pouvant contenir, disait-il, l'élan universel de sympathie de la Maçonnerie française pour la révolution de Février. Il y avait pourtant, malheureusement, beaucoup de royalistes dans les loges sous la Restauration; et sous

le gouvernement de Juillet, elles étaient encombrées des amis de la famille d'Orléans, qui ne les avait que trop favorisées. D'où il faut conclure ou que ceux qui entrent dans la Maçonnerie ne savent pas à quoi ils s'engagent, ou que l'Ordre maçonnique tout entier est entraîné fatalement vers un but dont il ne sait pas se rendre compte. Sans aucun doute, et nous nous plaisons à le reconnaître, la Maçonnerie contemporaine s'est dégagée de la plupart des détestables pratiques de l'ancienne. Elle se soucie fort peu, croyons-nous, de Manès et des deux principes; elle ferait bon marché d'Hiram et d'Adoniram; elle n'armerait point le bras d'un assassin pour venger les Templiers et leur grand-maître; elle ne renouvelle plus les cérémonies sacriléges, les criminelles et lâches impiétés des illuminés d'une autre époque. Nous dirons plus encore en sa faveur. Nous avons la conviction, ou tout au moins l'espérance, que l'expérience de nos dernières secousses révolutionnaires n'a pas été sans fruit pour elle, et qu'elle ne voudrait à aucun prix être pour quelque chose dans le cataclysme social dont nous sommes toujours menacés. Nous croyons donc fermement que des efforts seront tentés pour détourner l'ordre maçonnique du conrant fatal qui l'entraîne et qui en fait le plus sûr auxiliaire de toutes les idées de désorganisation sociale.

Mais nous croyons aussi que tous ces efforts seront vains; et plus nous respectons les illusions patriotiques de ceux qui ont cru ou qui croient encore pouvoir transformer la Maçonnerie et faire d'un levier de renversement une force gouvernementale et un moyen de régénération sociale, plus nous avons à cœur de les détromper et de leur prouver que ce rocher de Sisyphe écrasera toujours ceux qui essayeront de le rouler.

Ne nous arrêtons pas à ce que doit avoir de fâcheux le souvenir des origines maçonniques. Rompons, s'il est possible, les déplorables traditions de l'ordre; supprimons son passé. Ne tenons pas compte de ce qu'il peut y avoir de ridicule dans ces expressions mystiques, dens ces insignes excentriques, dans ce symbolisme vulgaire et louche, toutes choses qui constituent, pour ainsi dire, le culte extérieur de l'association. Que reste-t-il? Une affiliation secrète dont un serment d'obéissance forme le lien : des réunions closes; un gouvernement occulte dans les entrailles mêmes du gouvernement officiel.Il ne s'agit, dit-on, que de se secourir mutuellement? Mais le secours mutuel n'implique aucune dépendance, aucun serment d'obédience. -Ce n'est qu'une société philanthropique? Mais les associations de cette nature n'ont aucun besoin du secret; et s'il ne s'agit que de bien faire, c'est le cas de dire: loyauté n'a pas honte. Mais, ajoute-t-on, la discipline est une force, et la curiosité est la plus efficace de tous les moyens de propagande... Et ici revient le but accusé par Weishaupt : « Il s'agit de former un gouvernement occulte dans l'Etat, qui force le véritable gouvernement dans ses actes.>> Or, nous le demandons, peut-on concevoir rien de plus antisocial

qu'une pareille institution? Supposez les intentions les plus droites, les plus désintéressées; supposez à la tête d'une pareille organisation l'homme le plus éclairé, le mieux intentionné; concevez vous un pouvoir officiel libre et fort en présence de cette puissance occulte dont il n'est pas possible de connaître au juste l'importance ni les moyens d'action?- Mais s'il ne s'agit plus d'une association désintéressée, mais bien d'une association de secours mutuels, d'une ligue pour se protéger réciproquement même et surtout contre le pouvoir; mais s'il s'agit d'une société philanthropique chargée de procurer à ses associés des places lucratives, de les maintenir dans celles qu'ils ont déjà ou de leur en faire obtenir de meilleures, quelle sera, je vous le demande, la situation du pouvoir, quelle sera la situation des citoyens non affiliés en face de cette organisation puissante et envahissante?

Et n'est-ce pas ainsi qu'on a pu voir des fonctionnaires, incapables ou malintentionnés, maintenus dans leurs fonctions ou préférés à de plus dignes, malgré les réclamations les mieux justifiées et en dépit des plaintes incessantes des corps publics les plus respectables et les plus accrédités?

N'est-il pas évident qu'une organisation de cette nature, forçant le gouvernement dans ses actes et dans ses choix, ne tendrait à rien de moins qu'à l'oppression des pouvoirs publics, et, par suite, au plus odieux despotisme, puisqu'elle constituerait une nouvelle classe de privilégiés auxquels elle assurerait les honneurs, les charges, tous les avantages sociaux, au détriment de l'immense majorité de la nation? Nous avions donc raison de dire qu'on ne pouvait rien concevoir de plus antigouvernemental qu'une pareille institution.

Mais que sera-ce, si nous rapprochons maintenant de cette organisation les principes qui ont inspirée et qui la dominent encore?

De même que nous avons écarté tout l'appareil maçonnique par lequel les fameux maçons contemporains se rattachent à la maçonnerie cabalistique, nous laisserons de côté les doctrines positives qu'on attribue encore aux initiés du dernier degré et qui les relient à l'illuminisme allemand. Nous avons à cœur de rester dans les termes de la plus grande modération, et de ne juger l'ordre maçonnique que sur les principes qu'il avoue lui-même hautement et qui sont professés par ses adeptes de tous les degrés. Or, il n'est pas contestable que la doctrine des francs-maçons, réduite à sa plus simple expression et dégagée de tous les systèmes particuliers, de toutes les conceptions fantastiques, n'est pas autre que la doctrine des libres-penseurs. En politique, ils sont républicains : non qu'ils adhèrent à la République comme à un dogme; mais parce que cette forme de gouvernement est une négation de la monarchie et un acheminement vers l'égalité absolue, qui est le but réel vers lequel

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tend l'ordre maçonnique. La République est dans la Maçonnerie, d sait, en 1848, M. Crémieux au grand-maître, qui était venu compl menter le Gouvernement provisoire et cela est vrai. La Maçonne rie appela fortement la République; mais elle l'appela comm moyen et non comme but car la Maçonnerie va plus loin que l République, puisque ses principes tendent à la négation de toute au torité, à l'abolition de toute espèce de distinctions sociales, au nive lement le plus radical. Aussi, partout et toujours, les ateliers ma çonniques ont-ils travaillé à répandre les idées républicaines; partou et toujours ils ont salué la proclamation de la République, paro que c'est là le triomphe de leurs principes, parce que c'est la consé cration maçonnique donnée à tout un pays, comme le faisait juste ment remarquer le Grand-Orient de France dans son adresse a Gouvernement provisoire.

En religion, les francs-maçons n'adoptent aucun système affirma tif. Ils discutent comme de simples opinions les symboles des diver ses sectes, vivant en bonne harmonie avec toutes, et ne repoussan formellement que le christianisme, parce que le christianisme repose sur l'autorité et qu'il ne transige jamais avec ces doctrines de liberté absolue et d'égalité radicale, qui sont la base même et le but de la Maçonnerie. Ils ne croient point à la divinité de Jésus-Christ; ils n'admettent aucune autorité en matière religieuse : la raison individuelle est, à leurs yeux, l'unique réalité existante.

Il est assurément fort difficile de concilier des doctrines aussi radicales, avec la puissante hiérarchie, avec la vigoureuse discipline de l'organisation maçonnique. Mais si l'erreur était toujours et forcément conséquente avec elle-même, elle cesserait bientôt d'être, ct la vérité ne serait pas longtemps méconnue ou contestée.

Et maintenant, si l'on se rappelle que l'institution, qui s'inspire des principes que nous venons d'exposer en peu de mots, a pour but, d'après l'aveu de l'un de ses principaux adeptes, « de former un gouvernement occulte dans l'Etat, qui force le véritable gouvernement dans ses actes, » ne conviendra-t-on pas, avec M. Francis Lacombe, que de pareilles associations forment autant de centres de protestation où le pouvoir occulte vient recruter ses phalanges, et qu'elles expriment la tradition révolutionnaire? ne conviendrat-on pas que c'est s'abuser périlleusement que d'espérer convertir en une force gouvernementale une organisation, dont les aspirations sont telles que nous venons de le dire? ne comprendra-t-on pas que, d'un pareil symbole religieux et politique, quels que soient ceux qui le prêchent, il ne peut sortir que des germes de désorganisation sociale?

Il ne manquera pas de gens, nous le savons, qui jugeront nos craintes exagérées. On nous citera beaucoup d'hommes honorables qui sont affiliés à la Maçonnerie et qui sont loin de professer les principes que nous lui attribuons. On nous objectera le but exclusive

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