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Décrets.

Le Moniteur contient le décret suivant :

« Art. 1er. Le résultat des votes émis les 20 et 21 décembre 1851 sur l'appel au peuple sera proclamé, publié et affiché dans les communes de la République.

« Art. 2. Une fête nationale sera célébrée le 1er janvier 1852 dans tous les chiefs-lieux des départements, et le 11 janvier 1852, dans toutes les communes de France.

« Un Te Deum sera chanté dans toutes les églises.

« Art. 3. Le ministre de l'intérieur et le ministre des cultes sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret. »

Voici le texte d'un autre décret :

Le Président de la République,

Sur le rapport du ministre de l'intérieur,

« Considérant que la multiplicité toujours croissante des cafés, cabarets et débits de boissons est une cause de désordres et de démoralisation;

« Considérant que, dans les campagnes surtout, ces établissements sont devenus, en grand nombre, des lieux de réunion et d'affiliation pour les sociétés secrètes, et ont favorisé d'une manière déplorable les progrès des mauvaises passions;

. Considérant qu'il est du devoir du gouvernement de protéger, par des mesures efficaces, les mœurs publiques et la sûreté générale,

Décrète :

« Art. 1o. Aucun café, cabaret ou autre débit de boissons à consommer sur place, ne pourra être ouvert, à l'avenir, sans la permission préalable de l'autorité administrative.

« Art. 2. La fermeture des établissements désignés en l'art. 1er, qui existent actuellement ou qui seront autorisés à l'avenir, pourra être ordonnée, par arrêté du préfet, soit après une condamnation pour contravention aux lois et règlements qui concernent ces professions, soit par mesure de sûreté publique.

« Art. 3. Tout individu qui ouvrira un café, cabaret ou débit de boissons à consommer sur place, sans autorisation préalable ou contrairement à un arrêté de fermeture pris en vertu de l'article précédent, sera poursuivi devant les tribunaux correctionnels et puni d'une amende de vingt-cinq à cinq cents francs, et d'un emprisonnement de six jours à six mois.

L'établissement sera fermé immédiatement.

« Art. 4. Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent décret.

Fait à l'Elysée-National, le 29 décembre 1851.

« LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE.

« Le ministre de l'intérieur, A. DE MORNY. »

Un décret autorise divers emprunts par les villes de Dijon, Périgueux, Agen, Angers, Alençon et Saint-Germain-en-Laye. Les villes d'Angers, d'Alençon et de Tourcoing (Nord) sont, en outre, autorisées à s'imposer extraordinairement.

- M. Ferdinand Favre est nommé maire de la ville de Nantes.

-

Association de la presse catholique et conservatrice de l'Allemagne.

Il vient de se former à Cologne une Association de la presse catholique et conservatrice, destinée à servir de foyer aux efforts qui seront tentés pour la cause de la société par les journaux religieux de l'Allemagne. Elle a pour but d'imprimer à ces efforts une direction commune. Elle dit aux hommes politiques: Il n'y a point de salut hors de l'Eglise; et aux hommes religieux : La politique conservatrice est la seule politique qui convienne à des catholiques.

Elle est placée sous la protection spéciale de Mgr le Cardinal-Archevêque de Cologne et des autres Evêques d'Allemagne. Son comité provisoire est composé ainsi qu'il suit : Le comte Caius de Stolberg, président; le baron de WalabottBassenheim, maréchal de la Diète provinciale du Rhin; les comtes Max de Loë, Auguste et Léopold de Spee, Egon de Hoensbroïch, Rodolphe de Schaesberg, le baron de Salis-Soglio et le professeur Hermann-Müller, directeur de l'excellente feuille de Cologne intitulée: Deutsche Volksalle.

Nous trouvons dans cette feuille la réponse suivante, que M. de Montalembert a adressée à la demande d'adhésion qui lui avait été faite par le comité provisoire :

• Monsieur le professeur,

Paris, le 14 décembre 1851.

Je suis profondément touché de la confiance que vous me témoignez en me communiquant le programme de l'Association de la presse catholique et conservatrice en Allemagne. J'approuve sans réserve les doctrines et les tendances de cette œuvre; je fais des vœux ardents pour qu'elle réussisse. Les maux inséparables de la liberté de la presse ne peuvent être atténués que par l'action énergique et disciplinée des journaux religieux. D'un autre côté, les événements se chargent de démontrer chaque jour à l'Europe qu'il est insensé de vouloir vaincre la Révolution sans revenir au catholicisme. Vous avez donc parfaitement compris les nécessités de notre époque en plaçant la cause conservatrice à l'abri de l'immuable vérité catholique.

Il est bien entendu, du reste, que, pour vous comme pour nous, l'esprit conservateur consiste à défendre les principes éternels de toute société, et non pas les erreurs ou les faiblesses de tel ou tel gouvernement.

L'histoire d'Allemagne, de la patrie de Joseph II, est là pour démontrer que la révolution vient plus souvent d'en haut que d'en bas. En résistant, dans la mesure du droit, au pouvoir temporel toutes les fois qu'il empiétera sur le domaine spirituel, vous rendrez à ce pouvoir le service le plus essentiel et vous lui enseignerez où réside le secret de la seule force dont les révolutionnaires ne peuvent venir à bout.

L'Allemagne catholique, où j'ai passé les plus belles années de ma jeunesse, m'a toujours inspiré le plus affectueux intérêt. Je ne saurais lui donner une meilleure preuve de mon fidèle et reconnaissant souvenir qu'en demandant à Dieu de bénir la noble et difficile entreprise à laquelle se dévouent les hommes généreux dont vous me citez les noms.

Agréez, Monsieur le professeur, et faites agréer à M. le comte de Stolberg, ainsi qu'aux autres membres du comité provisoire, l'assurance de ma respectueuse sympathie. CH. DE MONTALEMBERT. ›

De l'instruction publique dans les Etats-Unis.

L'influence inévitable que l'instruction publique exerce sur l'avenir d'un pays nous a fait accueillir avec reconnaissance les détails qu'un des citoyens les plus distingués de l'Etat du Massachussets a bien voulu nous adresser sur cette branche de l'administration dans sa patrie. Plein d'amour pour la vérité qu'il recherche avec ardeur, et qu'un jour, nous l'espérons, il obtiendra de connaître tout entière, notre honorable correspondant est venu en France pour étudier nos institutions charitables et en particulier celles qui se rattachent à l'instruction des classes pauvres. Nous l'avons vu avec bonheur admirer, quoique protestant, le dévouement qu'inspire le catholicisme aux ordres religieux, et reconnaître les immenses résultats qu'il obtient. Aussi accueillons-nous avec une pleine confiance les renseignements qu'il nous transmet. Il est à regretter, sans doute, qu'il se soit borné à l'exposé des faits, sans nous dire quel est leur action sur la société. Nous eussions trouvé là de précieuses révélations sur l'état d'un peuple si jeune encore et déjà si avancé vers la décrépitude, malgré les panégyriques qu'on en a faits dans ces dernières années. Tel qu'il est, pourtant, ce travail nous a paru assez intéressant pour en offrir un résumé à nos lecteurs. Ils y recueilleront des notions exactes sur une matière dont l'étude doit préoccuper tous les esprits sérieux.

En Amérique, la tendance à répandre de plus en plus l'instruction dans toutes les classes de la société est si forte que tous se font généralement un devoir d'y contribuer ou par leur action personnelle, ou par de généreux sacrifices d'argent; et même dans des villages où le poids des impôts excite le murmure, jamais une plainte ne s'élève contre les taxes destinées à soutenir les écoles publiques. Il suffit de dire que dans le Massachussets une population d'un million d'habitants s'impose volontairement une taxe de 600,000 dollars (3,000,000 de francs).

Cette disposition, que notre correspondant constate dans l'Etat de Massachussets, qu'il habite, existe aussi, nous dit-il, dans les autres parties de la NouvelleAngleterre ainsi que dans le vaste Etat de New-York. Les institutions y sont aussi, à peu de chose près, les mêmes.

Dans l'Etat de Massachussets on compte 250,000 enfants de 4 à 16 ans ; 13,000 environ fréquentent les colléges, l'université de Cambridge et les académies; le reste est élevé dans les écoles gratuites. C'est de ces derniers établissements que nous allons surtout nous occuper.

Leur existence remonte à 1647, peu d'années après la fondation de la colonie, et quand les habitants étaient pauvres encore pour la plupart et obligés de pourvoir par le travail à leur subsistance. C'est à cette époque que fut rendue une loi, encore en vigueur, qui oblige, sous peine d'amende, toute commune, quelle que soit son importance, à entretenir une école pour l'enseignement gratuit de ses enfants; et maintenant il en est bien peu, s'il en est, qui ne fassent plus que la loi n'exige. Les dépenses sont couvertes par une taxe que s'impose chaque ville, bourg ou commune. On peut affirmer, en général, que si des enfants restent dépourvus d'instruction, ils appartiennent aux étrangers. qui affluent sur le sol américain. Quelques-uns, abrutis par l'esprit d'incrédulité qu'ils ont apporté d'Europe, s'imaginent avoir tout fait en satisfaisant les besoins physiques de leurs familles; d'autres, considérant avec raison leur foi comme un trésor mille fois plus précieux que les connaissances acquises dans les écoles, se gardent bien d'exposer leurs enfants aux dangers d'une éducation protestante. Là où les catholiques sont assez nombreux pour avoir des maîtres orthodoxes, ils ne re

culent devant aucun sacrifice pour se tenir au niveau des autres citoyens de l'Union.

Dans le Massachussets on ne compte pas moins de 5 à 6,000 instituteurs et institutrices. Ils obtiennent le droit d'enseigner, soit en passant un examen devant un comité spécial, soit en produisant un témoignage authentique des chefs des établissements où ils ont été élevés. Quelques-uns sortent des collèges ou des académies; la plupart ont été formés dans les écoles normales qui sont au nombre de trois dans l'Etat, et dont les professeurs sont payés par le gouvernement. L'enseignement de ces établissements comprend, outre les connaissances les plus élémentaires : l'algèbre, la géométrie, la tenue des livres, la navigation, des principes de physiologie et d'hygiène, la philosophie, l'astronomie, les sciences naturelles, la musique, le dessin. L'art si difficile de communiquer ses connaissances aux autres forme l'objet d'un cours spécial. L'âge fixé pour l'admission dans ces écoles est de dix-sept ans pour les jeunes gens, et de seize pour les jeunes personnes. Ils doivent fournir les preuves de leur intelligence et de leur moralité. Pendant toute la durée de leurs cours ils assistent chaque jour au service divin. Cette prescription montre qu'on regarde en Amérique les sentiments religieux comme une des principales qualités de l'instituteur, « qui doit développer chez l'enfant confié à ses soins les principes de piété et de justice, le respect et l'amour de la vérité, et toutes les vertus morales qui peuvent en faire de bons citoyens et des membres utiles de la société. » Telles sont, nous dit notre honorable correspondant, les leçons qu'on inculque aux jeunes professeurs. On ne peut qu'applaudir à cette direction donnée à l'enseignement; mais, quand après l'énumération des sciences exigées des maîtres et maîtresses, on les voit disséminés par milliers dans le pays pour montrer aux petits enfants la lecture, l'écriture, l'orthographe, les éléments de grammaire anglaise, la géographie et l'arithmétique, on se demande à quoi leur sert leur bagage encyclopédique, et si, prenant en dégoût leurs humbles fonctions, ils ne deviendront pas une source de dangers pour la société; les mêmes causes doivent produire les mêmes effets.

Il est une institution dont l'expérience a démontré l'utilité au point de vue de l'enseignement, c'est l'institut des maîtres (Teachers institute). C'est une conférence où les maîtres et maîtresses se communiquent leurs méthodes et examinent ensemble les améliorations dont elles sont susceptibles. On y traite, en outre, des sujets relatifs au système général d'éducation. Ces réunions ont été considérées comme si avantageuses, qu'elles ont lieu maintenant dans la plupart des Etats de l'Union.

Tout ce que nous venons de dire s'applique seulement aux écoles primaires ; quant aux colléges et autres établissements d'enseignement supérieur, notre correspondant affirme qu'ils peuvent sans désavantage soutenir la comparaison avec ceux de l'ancien monde. Cette assertion peut devenir un éloge ou un blâme, suivant le point de vue auquel on se place. Pour porter un jugement, il faudrait des données qui nous manquent; laissons donc les colléges du Massachussets pour ce qu'ils sont. Il est seulement hors de doute que dans un Etat où la diffusion de l'instruction dans tous ses degrés est considérée comme un devoir positif du citoyen, les individus comme le gouvernemente n'ont rien négligé pour atteindre ce but. Reste à savoir si ces efforts ont été intelligents.

Toute incertitude disparaît quand on examine ce qui a été fait en faveur des enfants employés dans les manufactures. Là nous trouvons toute la sage sollicitude d'un gouvernement paternel.

Une loi de l'Etat défend d'admettre aucun enfant au-dessous de quinze ans

dans les établissements industriels, à moins qu'il n'ait fréquenté une école publique ou privée pendant au moins trois mois de l'année qui a précédé son admission, et tant qu'il y est employé, on doit lui accorder trois mois par an pour aller à l'école; au-dessous de douze ans le travail ne peut être que de dix heures par jour. Une amende de 50 dollars (250 fr.) assure l'exécution de cette double prescription. Aussi les propriétaires de manufactures répugnent-ils, en général, à recevoir de jeunes enfants, et quand ils le font, c'est presque toujours en cédant à l'importunité des parents.

. Une enquête faite, il y a quelques années, dans les principaux établissements, a prouvé que les ouvriers élevés dans les écoles sont plus habiles et plus moraux que ceux dont l'enfance a été négligée. On les voit avancer rapidement dans leur profession et s'élever à un état de bien-être que n'atteignent presque jamais les ignorants. La différence morale n'est pas moins sensible. Les ouvriers instruits exercent un grand ascendant sur leurs camarades ignorants, qui le plus souvent les prennent pour arbitres dans leurs contestations, rendant ainsi un hommage involontaire à la supériorité que donne l'éducation.

Ces résultats ont été publiés et ont donné, s'il est possible, un élan aux soins incessants que le gouvernement et la nation apportent au progrès intellectuel de la génération qui s'élève; bien persuadés que la diffusion des connaissances est le meillenr moyen de produire la félicité du peuple et la prospérité de l'Etat.♦ Nous citons cette dernière phrase, parce qu'elle résume la pensée qui domine dans la plus grande partie des Etats-Unis, et non parce qu'elle exprime une vérité absolue. Nous ne voudrions l'adopter qu'avec bien des restrictions; mais ce serait établir toute une théorie sur la nature et l'étendue de l'instruction qui convient au bonheur des masses, et nous n'avons voulu dans cet article que dire où en est la question aux Etats-Unis. E. DE VALETTE, ch. hon.

Nous sommes heureux de pouvoir publier la lettre suivante, qu'on nous fait l'honneur de nous adresser, et qui dément un fait dont nous n'avions reproduit qu'avec douleur la triste nouvelle :

« Monsieur le Rédacteur,

« Nevers, le 28 décembre 1851.

Dans votre numéro du samedi 27 décembre, vous annoncez, d'après le Journal de Rennes, la mort de M. Villain, curé de Neuvy sur-Loire (Nièvre).

Cette nouvelle a dû affliger sa famille et les nombreux amis que ce digne prêtre compte encore dans la Bretagne.

Veuillez, Monsieur le Rédacteur, contribuer à les consoler en leur apprenant que cette nouvelle est dénuée de tout fondement.

« Il est bien vrai, comme vous l'avez marqué, qu'un insurgé lui a tiré en pleine poitrine un coup de pistolet à bout portant, il est vrai encore que dans ce triste état on a eu la barbarie de le jeter en prison, et qu'il a fallu les instances charitables de la supérieure des Sœurs pour obtenir qu'il fût transporté dans son presbytère afin d'y recevoir les secours que son état réclamait; mais il est faux qu'il ait succombé au bout de trois jours.

« Malgré la gravité de sa blessure, on a bien l'espérance de le sauver, et on peut dire que déjà il est en convalescence.

« Recevez, Monsieur le Rédacteur, l'assurance de ma considération très-distinguée.

Votre très-humble serviteur,

< CROSNIER, vicaire-général.

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