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nisme veut dire le catholicisme pratiqué dans toute sa sainte rigueur : —or, ceux-ci, comme les disciples des apôtres, sont de Dieu; mais cette œuvre (ah! vainement essaierait-on de pallier les témoignages de l'histoire et de donner le change), cette œuvre impie et délétère fut celle du jésuitisme, qui sut parfois déguiser le vice sous les fleurs les plus belles,-et-mettre, pour la plus grande.gloire de Dieu, le poignard entre les main du régicide !...

Daigne celle que nous nommons, dans nos détresses spirituelles, Arche d'alliance et Secours des chrétiens, appeler par Jésus-Christ sur l'Église désolée, les miséricordes de l'Éternel, afin qu'il ramène sur le chemin de la vérité les ouailles nombreuses qu'en a écartées et qu'en écarte de plus en plus, tous les jours, une définition bien déplorable; afin qu'il éclaire le souverain Pontife lui-même, « seul auteur de cette définition, » comme ne cessent de le répéter, sans se douter qu'ils prouvent ainsi son illégitimité, ses enthousiastes admirateurs. Que le chrétien prie et espère, et son attente ne sera point trompée, car « toute œuvre corruptible disparaîtra à la fin, et celui qui l'a faite s'en ira avec elle (Eccl., xiv, 20)!... »

Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes très respectueux sentiments.

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>> Le concile œcuménique est-il infaillible sans le Pape, ou bien est-ce le Pape qui est infaillible sans le concile? A la première question, les ultramontains répondent négativement; à la seconde, la plupart affirmativement. Eh bien ! monsignor de Ségur, l'un de leurs plus fidèles organes, ne trouve pas qu'on accorde encore assez à l'évêque de Rome,

et ce ne sont point seulement les définitions ex cathedra qui obligent: non, ce serait en vérité trop peu ! «< Parole du Pape, Parole de Dieu!» disait-il, il y a quelques jours à peine, à un petit troupeau choisi d'une riche chapelle des Jésuites, placée sous l'invocation de Notre-Dame de BonSecours. « Parole du Pape, Parole de Dieu! tel est et tel doit toujours être le langage tenu par le catholique! >>

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» Jésus-Christ apprenait à ses disciples et au monde qu'ils devaient évangéliser, qu'il était sur la terre la voix de celui qui règne dans les cieux, et que, après son ascension glorieuse, cette voix serait celle de l'Église universelle; l'Église est la légataire de l'Homme-Dieu, le sanctuaire de la vérité, selon le langage vénérable des Pères. Mieux inspiré sans doute que toute la sainte antiquité, le prélat romaniste assure que c'est le Pape. Mais l'histoire des hérésies papales ne lui donne-t-elle pas le plus formel démenti ? Était-elle la parole de l'Éternel, cette parole d'Eleuthère approuvant les nouvelles prophéties des Montanistes et leur envoyant des lettres de communion (Tertull., Cont. prax.); celle de Libère souscrivant à l'Arianisme, aux témoignages de saint Hilaire (Liv. des frag.), et de saint Jérôme (Chroniq.); celle de Zozime, revêtant du sceau de l'autorité pontificale la profession de foi de Célestius, qui mettait en doute la transmission du péché d'Adam (Ang. à Bonif., liv. H); celle d'Honorius, confirmant la doctrine des Monothélites, et qui fut anathématisé par le sixième concile général, non-seulement comme fauteur, mais comme coupable et convaincu de cette iniquité (vi Conc., act. XIII); celle, enfin, de Jean XXII, imposant, des hauteurs de la chaire apostolique, la croyance que les élus ne jouiront de la vue de Dieu, qu'après le jour du jugement (Harang. au roi de Pierre d'Ailli)... et tous les enseignements, qui sont autant de blasphèmes que l'univers catholique a rejetés avec une juste colère et voués à l'exécration, devait-il donc, au contraire, les accueillir avec soumission et joie? Faudra-t-il donc, chaque fois qu'il plaira à un pape de proclamer et

d'encenser une erreur, que tout pasteur se prosterne et baise isa mule, ilote méprisable, comme le bramine sa pagode de bois ou de pierre ?...

» Si monsignor de Ségur eût réfléchi à ces diverses chutes des papes, se pourrait-il qu'il eût osé avancer comme un axiome cette fable puérile, que la voix du premier des évéques est la voix de Dieu même ? Loin de là: il se serait rappelé que cette nouveauté fut condamnée par le concile œcuménique de Constance, et il aurait conclu, contre les errants de son parti, que l'Eglise est infaillible sans le Pape, et que le Pape est faillible sans l'Eglise. Et alors, au lieu de faire intervenir, à propos de l'œuvre de la propagande -des bons livres pour la défense et la conservation de la foi, l'infaillibilité du saint Père, ce qui était tout à fait en dehors du sujet qu'il traitait, il eût enseigné aux fidèles à se dépouiller avant tout de ces opinions moliniennes, sans consistance, hasardées, extravagantes et anti-évangéliques, comme la meilleure manière d'attirer, sur une entreprise éminemment chrétienne, l'abondance des bénédictions divines! Prions, et disons du fond du cœur, avec le Psalmiste: « Songez, songez, ô Seigneur, à votre alliance, car elle est obscurcie!...» (Ps. LXXII, 24.)

»Veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur, l'expression de mes respectueux sentiments.

Bordeaux, le 21 avril 1860.

» Un de vos abonnés. »

-M. Dufriche-Desgenettes, curé de Notre-Dame-desVictoires, à Paris, vient de mourir. Nous avons dit, plusieurs fois, ce que nous pensions de ses prétendus miracles; maintenant qu'il est mort, nous ne devons plus en parler : Dieu l'a jugé silence! disons donc seulement que M. le cardinal Morlot a répandu sur la tombe de M. Desgenettes les fleurs de son éloquence; que le Monde a comparé son héros à saint Grégoire-le-Thaumaturge; que M. Gagne, l'avocat des fous, l'a canonisé et chanté sur sa lyre.

GUÉLON.

PARIS. — IMPRIMERIE DE DUBUISSON ET CO, RUE COQ-HÉRON, 5.

CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLESIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX.

Omnia instaurare in Christo. Eph., I, 10.

M. SYLVESTRE DE SACY,

ULTRAMONTAIN-RATIONALISTE.

On sait qu'une partie de l'Académie française s'est constituée, depuis quelque temps, en Comité de salut catholique; et que, pour arriver à sauver l'Église, les vénérables Pères de cette sacrée congrégation se sont déclarés ultramontains. Parmi eux, on remarque, non-seulement MM. Dupanloup, de Montalembert et de Falloux, dont les preuves sont faites depuis longtemps et qui sont ultramontains de la veille, mais encore M. Cousin, qui jadis avait de la peine à persuader ses lecteurs qu'il n'avait pas enseigné le panthéisme, et qui déclarait si éloquemment que le Christianisme n'en avait plus que pour quelques années dans le ventre. La conversion de M. Cousin est sans doute un miracle; feu M. Desgenettes aura prié pour lui. Il en aura été de même probablement de M. Villemain, autre membre de la sacrée congrégation académique. Atteint autrefois de jésuitophobie, il voyait partout, dans l'Église catholique, de fougueux jé

suites prêts à le déchirer en lambeaux; aujourd'hui, il n'en a plus peur, et il demande avec componction la bénédiction des bons pères. A côté de ces grands hommes, qui ont pris de pape et sa cour, l'Eglise et le Christianisme sous leur protection, il faut placer M. Sylvestre, connu sous le nom de Sylvestre de Sacy, élu membre de l'Académie française aidé de la science de son père, et rédacteur du Journal des Débats.

M. Sylvestre de Sacy aurait beaucoup de peine à prouver l'orthodoxie de plusieurs de ses articles; on pouvait même penser que M. le rédacteur du Journal des Débats était plutôt rationaliste que chrétien, lorsque tout à coup, il fit, dans son journal, une déclaration d'ultramontanisme qui lui valut les félicitations chaleureuses de M. L. Veuillot. Nous avons parlé de cette œuvre, et nous nous sommes permis de prendre son auteur en flagrant délit d'ignorance, touchant la théologie et l'histoire de l'Eglise. Un homme qui a eu un père aussi savant ne pouvait s'abaisser jusqu'à nous répondre; il se drapa dans sa dignité académique, il jeta un regard de complaisance sur la brillante auréole dont sa tête est ornée depuis que ses articles littéraires ont été réunis en deux volumes; il vit les premiers rayons du nimbe qu'allait lui mériter son titre de membre de la sacrée congrégation académique, et, enivré de sa gloire, il n'eut, dit-on, qu'un souverain mépris pour ce prêtre interdit qui avait l'impudence d'avoir raison en critiquant sa lettre au Journal des 'Débats.

Nous laissons à M. Sylvestre, comme à tous autres, la liberté de nous calomnier, si toutefois nous devons croire qu'il se soit rangé parmi nos calomniateurs, comme on nous l'a rapporté. Il faut bien que ceux qui ne peuvent répondre à nos raisons aient un petit dédommagement. Nous ne demandons, nous, que la liberté de dire tout haut ce que nous pensons, d'actes publics, dont le monde entier est témoin. C'est à ce titre que nous avons mis en scène M. Sylvestre de Sacy, et que nous voulons dire notre avis sur le doucereux

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