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dernier synode de mai 1859. A Florence, l'œuvre d'évangélisation est en progrès marqué. Livourne et Pise demandent instamment un pasteur (il paraît qu'un pasteur y a été placé depuis l'époque de cette publication). A Milan, on a envoyé un évangéliste et loué un lieu de culte. Les pasteurs vaudois ont été autorisés par le gouvernement à visiter dans tous les hôpitaux les soldats protestants. Il a été distribué quelques milliers de Bibles et de Nouveaux Testaments, et 35,000 traités religieux. A Turin, Nice, Gênes, Pignerol, Novare, Courmayeur, Casale et Favale, les réunions de culte ont été plus nombreuses et plus fréquentées. Mais dans toutes ces anciennes stations, on aurait besoin d'un personnel plus nombreux. (Journal religieux de Neuchâtel.)

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-Les nombreuses Sociétés religieuses dont le siége est à Londres viennent d'avoir leurs assemblées générales. Nous n'avons pas encore de détails sur toutes ces institutions, mais les chiffres suivants donneront une idée de la prospérité toujours croissante que les rapports constatent. La grande Société des missions de l'Eglise d'Angleterre, qui a eu sa réunion le 1° mai, avait reçu dans le courant de l'exercice plus de 4 millions de francs. Elle compte dans les pays païens ou mahométans 236 missionnaires consacrés, dont 57 appartiennent par leur naissance aux populations indigènes, et le chiffre des autres indigènes qu'elle emploie comme agents, à titres divers, dépasse 2,000. Celui des communiants s'élève, pour toutes les stations, à environ 20,000. Depuis trente ans, les ressources financières de l'institution ont plus que quadruplé.

(Espérance.)

GUÉLON.

PARIS. — IMPRIMERIE DE Dubuisson et ce, ruE COQ-HÉRON, 5.

CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLESIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX.

Omnia instaurare in Christo. Eph., I, 10.

SENTIMENT DE L'ANCIENNE ÉGLISE DE FRANCE

SUR LES PRÉROGATIVES DU PAPE, PROUVÉ PAR L'ÉCRITURE ET LA TRADITION.

(Voir les nos des 1er et 16 mars, 1er et 16 avril, 1er et 16 mai et 1er juin.)

Voyons maintenant la tradition que nous opposent les modernes gallicans; elle n'est pas longue, ainsi elle sera bientôt discutée :

1° « Je suis lié à la chaire de Pierre, dit saint Jérôme au pape Damase; je sais que l'Eglise est édifiée sur elle; quiconque mange l'agneau hors de cette maison est profane; si quelqu'un, pendant le déluge, ne se trouve point dans cette arche, il périra. » Donc, conclut-on, l'Eglise de Rome est la première des Églises. Quel raisonnement! il est tout semblable à celui-ci : je suis lié à la chaire de Jean, qui est la même que celle de Pierre, par conséquent à la chaire de Polycarpe, par conséquent à la chaire de Pothin, par conséquent à la chaire de Montazet. Je sais que l'Eglise est

édifiée sur elle, quiconque mange, etc., donc l'Eglise de Lyon est la première des Eglises. On abuse donc de l'autorité de saint Jérôme, en lui faisant dire ce qu'il ne disait point en effet ;

2° C'est aussi ce qui a été promis à saint Pierre, continue-t-on : « Tu es Petrus, etc., » ce qui a été expliqué de la personne de saint Pierre, même par ceux des Pères qui l'ont expliqué de la confession de sa foi.

De quatre-vingts, tant pères qu'auteurs ecclésiastiques, qui ont expliqué ces paroles, soixante-trois disent que cette pierre sur laquelle l'Eglise doit être bâtie est, ou JésusChrist lui-même, où la confession de sa divinité, ce qui revient au même. Sept seulement les appliquent à saint Pierre sans exclure les autres apôtres qu'il représentait et. pour qui il parlait (Voy. M. de Launoy, part. 5, épit. 7).

3° « Voyez, dit Origène, ce que le Seigneur dit à ce grand fondement de l'Église, à cette pierre très ferme sur laquelle Jésus-Christ a fondé son Eglise : «Homme de peu de » foi!» (In Exod.)

4° « Y a-t-il eu quelque chose de caché pour Pierre, ainsi nommé parce qu'il était une pierre de l'Eglise què JésusChrist devait bâtir?» C'est Tertullien qui parle ainsi, Lib. de Præscript., no 22.

5° « Ecoutez, dit saint Jean Chrysostôme (Expl. du ps. 50) ce que Jésus-Christ dit à Pierre, à cette colonne, à cette base, et qui a été appelée Pierre à cause de sa foi, qui avait la fermeté de la pierre. »

6o « Je crois, dit saint Cyrille (Lib. de Trinit., dial. 4), que Jésus-Christ n'a donné le nom de Pierre à son disciple que pour désigner la fermeté inébranlable de sa foi. »

Voilà tous les textes de la tradition que proposent les modernes gallicans pour prouver que la tradition nous enseigne que Jésus-Christ a établi l'Eglise de Rome comme étant la chaire supérieure de saint Pierre pour veiller à la conservation de l'unité; j'en omets d'autres, qui sont de saint Augustin, de saint Optat et de saint Jean Chrysostôme, parcé

que je les ai discutés en examinant la doctrine de ces Pères. Mais, de bonne foi, trouve-t-on dans ces textes un seul mot qui signifie que Jésus-Christ n'a bâti son Eglise que sur saint Pierre, et que lui seul ait eu une foi ferme comme la pierre, ce qui serait absolument nécessaire pour que la conséquence qu'on tire fût juste? Mais quand même les Pères cités auraient exclu les apôtres des dons faits à saint Pierre par Jésus-Christ, ce qui certainement est bien éloigné de leur doctrine, comme nous l'avons vu, où trouve-t-on dans ces textes que l'Eglise de Rome a été établie pour maintenir l'unité dans les autres Eglises? Des passages indiqués, il n'y a que celui de saint Optat qui parle du maintien de l'unité, et qu'on le détourne de son vrai sens, puisque le saint docteur n'a d'autre but que de prouver aux donatistes qu'ils n'ont pas la chaire première que Jésus-Christ a donnée à tous les apôtres dans la personne de saint Pierre, afin que cette chaire, quelque part qu'elle fût établie par les apôtres, devînt le rempart de l'unité contre les entreprises des novateurs qui voudraient en établir une seconde à côté de cette première or, de ce que saint Pierre a établi la chaire première à Rome pour être le rempart de l'unité contre les novateurs et les donatistes qui en ont érigé une autre à côté d'elle, s'ensuit-il que saint Pierre et les autres apôtres n'ont pas établi dans d'autres lieux cette même chaire unique? C'est ce qu'il fallait prouver pour établir la prétention des gallicans modernes; leur raisonnement n'est donc qu'un sophisme, et leur opinion une opinion fausse, puisqu'elle a contre elle toute la tradition des beaux siècles de l'Eglise, en supposant même que saint Pierre ait été évêque de Rome. En effet, quoique tous les Pères qui sont venus depuis les deux premiers siècles aient tous mis saint Pierre à la tête du catalogue des évêques de Rome, on n'en trouve pas un seul pendant les cinq ou six premiers siècles, et même plus avant, qui n'ait soutenu la parfaite égalité entre tous les évêques, et qui ne se soit opposé avec vigueur à toutes les tentatives que les papes ont faites pour établir leur domi

nation sur les autres évêques, et ils ont tous établi cette 'égalité, surtout celle des apôtres, qui était si notoire dans toute l'Eglise, qu'elle faisait partie de l'enseignement public et général, même à Rome.

Que sera-ce donc si nous prouvons que saint Pierre n'a jamais été évêque de Rome? ou du moins qu'on ne peut pas appuyer le fait si solidement, qu'il devienne le fondement d'un article de foi; c'est ce que je vais entreprendre de faire voir.

De l'épiscopat de saint Pierre à Rome.

Rien n'est plus incertain, pour ne rien dire de plus, que l'épiscopat de saint Pierre à Rome.

1° L'Eglise de Rome était formée avant que saint Pierre fût allé en cette ville, car elle était formée en 58, puisque saint Paul, lui écrivant cette année, relève sa foi jusqu'à dire qu'elle était célèbre dans tout l'univers. Or, en 58, saint Pierre n'était point encore allé à Rome, car il était particulièrement, par l'ordre exprès de Jésus Christ, l'apôtre des Juifs; il n'aurait pas manqué d'instruire ceux de Rome, qu'on prétend avoir été son diocèse ou sa chaire particulière, de tout ce qui concernait Jésus-Christ, sa doctrine, ses disciples et son Eglise naissante: or, en 61, lorsque saint Paul arriva à Rome pour la première fois, les Juifs de cette ville étaient parfaitement ignorants sur tous ces points. « Nous apprendrons de vous volontiers, disent-ils à saint Paul, quels sont vos sentiments; car, par rapport à cette secte, ce que nous en savons, c'est qu'on la combat partout » (Act., xxvIII, 22). Saint Pierre ne les avait donc pas instruits en 58; il n'était donc pas allé à Rome en 58 ni en 61, puisqu'un apôtre si zélé pour Jésus-Christ et si attaché à sa nation n'aurait pas laissé ses ouailles, pendant dix-neuf ou vingt ans (en supposant avec M. de Tillemont qu'il était allé à Rome dès l'an 42), dans une ignorance si profonde de tout ce qui concernait le Maître et le Dieu qu'il était chargé d'annoncer.

2o On sait de saint Paul lui-même combien il était atten

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