N'oublions pas de recueillir une petite note imprimée au dos de l'œuvre de M. l'évêque de Carcassonne : « Ce discours se vend au profit du denier de saint Pierre. » Heureusement qu'on nous l'a adressé gratis!

Un décret récent, rendu par le commissaire général du roi Victor-Emmanuel dans les province de l'Ombrie (anciens Etats du pape), a ordonné la suppression de tous les couvents et établissements religieux qui n'ont pas pour objet la pratique de la bienfaisance ou l'enseignement du peuple. Des pensions viagères seront accordées aux membres actuels de ces corporations. Il serait superflu de dire quelles colères cette mesure a suscitées parmi les défenseurs de l'Eglise ultramontaine.

Les évêques des provinces que le décret atteint ont fait publier, dans le Journal de Rome, des protestations.

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Voici, d'après une lettre écrite de Stockholm à l'Indépendance belge, où en est la tolérance religieuse en Suède : 1. la vieille loi qui condamnait au bannissement et à d'autres peines celui qui professait une religion autre que la luthérienne est abolie. Cependant, il faut toujours faire profession de lutheranisme pour remplir la plupart des emplois publics; 2o nul ne peut sortir de l'Eglise suédoise avant l'âge de dixhuit ans, ni avant d'avoir informé de son dessein le pasteur' de sa paroisse; 3° les dissidents ne peuvent prêcher au delà des limites de la paroisse où ils résident.

Il est donc vrai de dire que le protestantisme n'est pas tolérant dans les pays où il est le plus fort.

L'opposition faite par les évêques italiens au mouvement de réforme légitime a fait naître le projet d'une Eglise indépendante et nationale, également éloignée de l'ultramontanisme et du protestantisme.

Dans une circulaire du 12 décembre, le vicaire général de Turin, chargé de la conduite du diocèse en l'absence de l'archevêque, mentionne ce projet, constate que cette Eglise soi-disant nationale est en voie de formation, sinon formée,

qu'elle tient des réunions les dimanches et jours de fête; puis, usant de ses pouvoirs temporaires, il établit et déclare que tous ceux qui assisteront à ces assemblées, « même par simple curiosité, encourront l'excommunication et le cas réservé, comme cela est déjà établi dans le diocèse pour ceux qui vont au temple et aux réunions des hérétiques. »

Le vicaire général de Turin, au lieu d'avoir recours à de telles menaces, ferait mieux de renoncer à l'ultramontanisme et de combattre des abus qui fournissent l'occasion de ces déplorables divisions.

Nous empruntons à un journal belge l'appel suivant, qui nous paraît très opportun dans l'hiver rigoureux que nous avons à traverser :

LE DENIER DU PAUVRE.

La neige tombe à gros flocons, et le froid glacial pénètre dans les tristes réduits du pauvre et dans les humbles chaumières des campagnards.

Le moment est venu de songer à ces frères souffrant de la faim. L'hiver accomplit la même œuvre que la guerre en plongeant des milliers de familles dans la plus affreuse misère.

Que ceux qui sont favorisés par la fortune et comblés de biens jettent leurs regards sur leurs compagnons de voyage et qu'ils tendent une main libérale à la souffrance.

Mère de famille entourée de tes enfants au foyer domestique, tu es heureuse de pouvoir les vêtir et les nourrir en leur temps, tu rends grâce à Dieu des bienfaits qu'il t'accorde à toi et aux tiens, mais songes-tu aux nombreuses femmes qui, comme toi, sont mères de famille et qui ne possèdent pas tes priviléges? Que dirais-tu à ton enfant mourant de froid et de faim si tu n'avais pas de quoi le chauffer et le rassasier? Que de cris douloureux montent au ciel à cette saison! Que de cris de désespoir et de découragement sortent des poitrines oppressées de milliers et de

millions de nos semblables! Que de pleurs, que de larmes, que de souffrances, que de privations ne se rencontrent pas dans la classe la plus laborieuse de la société et cependant la plus méprisée !

Il vaut mieux: donner que de recevoir; donnez donc largement, et le souvenir des larmes que vous aurez fait sécher, du sourire de reconnaissance que vous aurez fait naître, sera la récompense digne d'envie que vous en rece

vrez.

Donnez riches et heureux de cette terre! Venez au secours des nécessiteux, car la faim et le froid sont si cruels! ⚫ Donnez, ô cœurs charitables! Donnez bourgeois, artisans, industriels, commerçants, à ceux qui sont moins fortunes que vous et qui frappent à vos portès en disant : J'ai froid, j'ai faim!

Faites comme la veuve de l'Évangile, ô vous qui n'avez point, de superflu ! car «quiconque aura donné un verre à l'un de ces petits, l'aura fait comme à moi-même, » dit le Seigneur. Il est si doux de partager avec ses semblables le peu que l'on possède!

ε Ce denier, ce sou sera mieux employé que celui que l'on donne à la cour de Rome pour maintenir par la force des armes un pouvoir temporel abhorré par les Italiens, et fouler aux pieds leurs droits les plus sacrés

Le denier du Pauvre soulagera bien des misères et consolera un grand nombre de nos frères malheureux.

Le denier de saint Pierre fera couler le sang par torrent et écrasera la liberté !

Choisissez!

Pour tous les articles non, signés : L'abbé GUETTEE.

EARIS → IMPRIMENE DE DUBUISSON ET CO, RUE COQ-#ÉRON,BL

1

Saint Grégoire avait ménagé Jean de Constantinople, toutTM en lui disant la vérité sur ses prétentions ambitieuses. Le motif de cette réserve avait été le respect qu'il portait à l'empereur Maurice que Jean avait gagné à sa cause. Jean avait persuadé à Maurice que, la ville de Constantinople ayant remplacé Rome comme capitale de l'empire, le titre de premier évêque de l'Église lui appartenaît, puisque les conciles.ne l'avaient accordé à celui de Rome qu'à cause de l'importance de son siége, et parce que cette ville était la première de l'empire romain. C'était d'après cette prétention qu'il avait usurpé le titre d'œcuménique ou universel. Il avait même engagé Maurice à s'interposer auprès de Gré goire, afin que ce dernier fermât les yeux sur ses prétentions ambitieuses et vécût avec lui en bonne intelligence. Nous trouvons ces détails dans la lettre de saint Grégoire au diacre Sabinien, qui était alors son agent auprès de l'em

八条

pereur, et qui fut depuis son successeur sur le siége de Rome. Voici cette lettre (1) :

» Je n'ai pas voulu écrire deux lettres touchant la cause de notre frère, très révérend homme, Jean, évêque de Constantinople. J'en ai écrit une assez courte qui contient ce qui aurait fait l'objet de deux, c'est-à-dire la vérité et la douceur. Que Ta Dilection lui remette donc cette lettre que j'ai écrite pour obéir à l'empereur. Par la suite, j'en enverrai une autre qui sera telle que son orgueil n'aura pas sujet de s'en réjouir. Il en est en effet arrivé au point de profiter de l'occasion qui s'est présentée pour lui de nous écrire au sujet des affaires du prêtre Jean, afin de prendre, pour ainsi dire, dans chaque phrase, le titre de patriarche œcuménique. J'espère du Dieu Tout-Puissant que la majesté impériale abattra son hypocrisie. Je m'étonne qu'il ait pu tromper Ta Dilection au point de persuader à l'empereur qu'il devait me transmettre ses écrits touchant cette affaire, écrits dans lesquels il prétend que j'aurais dû conserver la paix avec lui. Si l'empereur veut être juste, il devra l'avertir de renoncer à son titre orgueilleux, et aussitôt la paix sera faite entre nous. Je suis persuadé que vous n'avez pas aperçu la ruse à laquelle notre frère Jean a eu recours en cette circonstance. Il en a agi ainsi afin que, si j'obéissais au seigneur empereur, je parusse approuver sa vanité; et que si je n'obéissais pas, l'empereur fût irrité contre moi. Mais nous tiendrons ferme dans le droit chemin, ne craignant rien, en cette circonstance, si ce n'est le Dieu Tout-Puissant. Ainsi, que Ta Dilection ne se laisse pas effrayer; qu'elle méprise, pour la vérité, les choses les plus relevées de ce monde qui sont contraires à la vérité; qu'elle ait confiance dans la grâce de Dieu Tout-Puissant et dans le secours du bienheureux apôtre Pierre; qu'elle se rappelle cette parole de la Vérité: Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est

(1) Lettres de saint Grégoire, liv. V; lettre 19° (édit. bénéd.)