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drons de dépôt de plusieurs des régimens qui étaient à la grande armée.

Il pénétra sur le territoire portugais, prit possession des places fortes, sans rencontrer d'autre résistance que celle que lui opposaient les torrens, les précipices, qu'il eut à franchir. Il parvint enfin à vaincre tous ces obstacles, et, à force de constance, il triompha de la faim et de la fatigue, et entra dans Lisbonne sans que le gouvernement essayât de s'opposer à sa marche. Loin de là, le prince régent prit soin de lui aplanir les difficultés. Il prévint ses vassaux que la défense était inutile; qu'il allait s'absenter pour laisser écouler l'orage; qu'il reviendrait quand la tempête serait passée, et venait, en attendant, d'organiser un gouvernement chargé surtout de procurer de bons logemens aux troupes françaises, de pourvoir à leurs besoins, et d'empêcher qu'il ne leur fût fait aucune insulte (1). On ne pouvait faire les choses de meil

(1) « Après avoir inutilement fait tous mes efforts pour conserver la neutralité, à l'avantage de nos vassaux chéris et fidèles; après avoir fait, pour obtenir ce but, le sacrifice de tous mes trésors, m'être même porté, au grand préjudice de mes sujets, à fermer mes ports à mon ancien et loyal allié le roi de la Grande-Bretagne, je vois s'avancer vers l'intérieur de mes États les troupes de S. M. l'empereur des Français. Son territoire ne m'étant pas contigu, je croyais être à l'abri de toute attaque de sa part; ces

III.

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leure grâce, ni être plus prévenant. Il n'avait oublié qu'une chose, c'était de parler de l'imprudence qui attirait l'orage sur ses États: il n'avait cependant pu imaginer que le traité qui

troupes se dirigent sur ma capitale. Considérant l'inutilité d'une défense, et voulant éviter une effusion de sang sans probabilité d'aucun résultat utile, et présumant que mes fidèles vassaux souffriront moins dans ces circonstances si je m'absente de ce royaume, je me suis déterminé, pour leur avantage, à passer avec la reine et toute ma famille dans mes États d'Amérique, et à m'établir dans la ville de Rio-Janeiro jusqu'à la paix générale. Considérant qu'il est de mon devoir, comme de l'intérêt de mes sujets, de laisser à ce pays un gouvernement qui veille à leur bien-être, j'ai nommé, tant que durera mon absence..... (ici est détaillée la composition du gouvernement).

D'après la confiance que j'ai en eux tous, et à la longue expérience qu'ils ont des affaires, je tiens pour certain qu'ils rempliront leurs devoirs avec exactitude; qu'ils administreront la justice avec impartialité; qu'ils distribueront les récompenses et les châtimens suivant les mérites de chacun; que mes peuples seront gouvernés d'une manière qui décharge ma conscience.

« Les gouverneurs le tiendront pour dit ; ils se conformeront au présent décret, ainsi qu'aux instructions qui y sont jointes, et les communiqueront aux autorités compétentes.

« Donné au palais de Notre-Dame d'Aduja, le 26 novembre 1807. « LE PRINCE. >>

Instructions.

« Les gouverneurs du royaume nommés par mon décret

devait soulever toutes les forces de la Péninsule, ne nous avait pas échappé, et que, quoique l'Espagne seule eût éclaté, nous savions à quoi nous en tenir sur les projets du Portugal.

de ce jour, prêteront le serment d'usage entre les mains du cardinal-patriarche.

<< Ils maintiendront la rigoureuse observance des lois du royaume.

<<< Ils conserveront aux nationaux tous les priviléges qui leur ont été accordés par moi et par mes ancêtres.

« Ils décideront à la pluralité des voix les questions qui leur seront soumises par les tribunaux respectifs.

a Ils pourvoieront aux emplois d'administration et de finances, aux offices de justice, dans la forme pratiquée jusqu'à ce jour.

« Ils défendront les personnes et les biens de mes fidèles sujets.

<< Ils feront choix pour les emplois militaires de personnes dont ils connaîtront les bons services.

<< Ils auront soin de conserver, autant que possible, la paix dans le pays; que les troupes de l'empereur des Français aient de bons logemens; qu'elles soient pourvues de tout ce qui leur sera nécessaire pendant leur séjour dans ce royaume; qu'il ne leur soit fait aucune insulte, et ce, sous les peines les plus rigoureuses, conservant toujours la bonne harmonie qui doit exister entre nous et les armées des nations avec lesquelles nous nous trouvons unis sur le continent.

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«En cas de vacance par mort ou autrement d'une des charges de gouverneur du royaume, il sera pourvu au remplacement à la pluralité des voix ; je me confie en leurs

Pendant que l'empereur prenait ce parti visà-vis du Portugal, il fit rapprocher des frontières d'Espagne, du côté de la Catalogne et de la Navarre, deux corps d'armée, dont les troupes étaient encore bien moins organisées que celles du corps du général Junot : ce n'étaient pour la plupart que des bataillons de marche. On appelait ainsi des bataillons que l'on formait des détachemens de plusieurs régimens différens, qui avaient un long trajet à faire pour se rendre à la même armée. Les meilleurs étaient composés d'hommes appartenant à trois régimens différens; mais il y en avait dont les compagnies avaient des soldats de plusieurs corps, et même des officiers tirés d'autres corps que ces mêmes soldats; il fallait bien certainement que l'empereur crût n'avoir pas de grandes opérations à faire exécuter pour s'être décidé à employer des troupes dans cet état d'organisation; enfin la meilleure portion était la conscription des pro

sentimens d'honneur et de vertu. J'espère que mes peuples ne souffriront pas de mon absence, et que, revenant bientôt parmi eux avec la permission de Dieu, je les trouverai contens, satisfaits et animés du même esprit qui les rend si dignes de mes soins paternels.

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<< LE PRINCE.

Donné au palais de Notre-Dame d'Aduja, le 26 novembre 1807. »

vinces méridionales, qui avait été appelée en 1806, lorsque l'on entra en Pologne, après que la Prusse eut refusé de traiter et se fut jetée dans les bras des Russes, lorsque nous étions à Berlin. L'empereur avait ordonné que cette portion de conscription restât en France, et il l'avait fait organiser en plusieurs corps réguliers, que l'on nomma légions: ces légions furent rassemblées à Grenoble, Dijon, Toulouse, et, je crois, Bordeaux : cette disposition fut prise après la bataille d'Eylau, et c'est d'Osterode que l'empereur ordonna d'en former des corps de rédont il donna le commandement à des sénateurs qui avaient été militaires.

serve,

La proclamation de l'Espagne avait paru quelques mois auparavant; l'armée d'observation de l'Autriche était dans les environs de Prague. Ces corps de réserve auraient été grossir l'armée d'Italie, si l'Autriche avait entrepris quelques hostilités, ou bien ces mêmes corps auraient formé une armée pour s'opposer aux Espagnols, si la proclamation de leur gouvernement avait été suivie de quelques opérations offensives de sa part: ni l'un ni l'autre cas n'était arrivé, l'empereur trouva les légions disponibles à son retour de Tilsit. C'est ici que commencèrent les affaires d'Espagne, que je crois nécessaire de faire précéder de quelques détails.

et

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