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aurez prises et de leurs résultats. Je ne tarderai pas de vous transmettre des instructions ultérieures.

Je vous salue,

REGNIER. >>

Du lieutenant de grenadiers C.-F. de Galiffe à M. B. Galiffe, << seigneur ancien conseiller et trésorier général, › à Genève ; d'Erfurt, le 16 avril 1803.

« Mon très-cher père,

Je sais que vous n'attendez point de moi de longs remercîments, et en vérité j'en suis bien aise, car je n'ai point d'expression pour tant de bontés.

M. de Manstein, de qui je viens de recevoir une réponse des plus jolies, m'envoie cette incluse pour vous. Je vous remercie pour celle que vous m'envoyez pour M. de Moller. J'ai un excellent chef dans la personne du major d'Ebra, mais je doute qu'il puisse jamais me remplacer tout à fait mon respectable capitaine de Moller.

Quoique vous ne connaissiez peut-être aucun des noms de nos officiers, je crois cependant vous faire plaisir en vous donnant quelques détails par lesquels vous pourrez vous faire une idée des pas que j'ai encore à franchir.

Le régiment a seize compagnies dont les deux premiers bataillons de mousquetaires en ont dix ensemble, les grenadiers deux, et le troisième bataillon de mousquetaires, destiné pour le service de la forteresse, quatre compagnies. Les quatre derniers premiers lieutenants et les huit derniers seconds lieutenants sont obligés, pendant un certain temps, de faire service auprès de ce troisième bataillon. Mais les places vacantes des chefs de compagnies ne sont pas chaque fois remplacées par des officiers du régiment. Le roi les choisit dans l'armée; elles sont destinées comme repos et récompense à des officiers âgés et de mérite. Les deux compagnies de grenadiers for

ment, avec deux autres d'un autre régiment, un bataillon qui, avec son chef, est placé immédiatement sous les ordres du Roi; de sorte qu'étant une fois placé auprès des grenadiers, M. de Wartensleben ne peut, avant que je sois premier lieutenant, me reprendre auprès des mousquetaires sans la permission du Roi.

On m'a déjà donné mon brevet de second lieutenant; il est daté du 28 avril 1798, celui d'enseigne du 3 octobre 1797, de sorte que, comme cela, je n'ai été que six mois sous-lieutenant. C'est un grand avantage; car si le Roi me remplace auprès d'un autre régiment, je rangerai d'après cette date; celui du lieutenant de Restorf est de 1802.

Je me suis fort réjoui de mon placement auprès des grediers et je vais faire mes efforts pour prouver que le grenadier n'a pas besoin d'être grand pour remplir tous ses devoirs. Je n'ai point reçu l'extrait dont vous me parlez; j'écrirai pour cela à M. de Chagnian. Je lui fis mes adieux par écrit avant de quitter Bromberg. Il m'avait invité plusieurs fois de venir le voir à Janischau; mais toujours empêché, je ne pus accepter l'invitation. Mademoiselle sa fille fait un beau parti avec le lieutenant de Hundt, fils du général-lieutenant et commandant de Thorn. Je crois vous avoir marqué qu'il a vendu Janischau et qu'il demeure maintenant sur sa terre de Katzke, à un mille de Dantzig.

On m'a payé 150 écus de Prusse pour la lettre de change que vous avez eu la bonté de m'envoyer, et je suis par là bien en état de payer mon équipage, etc.

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Notre bataillon vient de recevoir l'ordre de marcher pour Mülhausen, à cinq milles d'ici, où nous resterons en garnison; on m'assure que nous ne perdons rien au change. Les deux autres compagnies sont du régiment Landgrave de HessenCassel, feld-marchal au service de Prusse. Le 20 de ce mois,

notre régiment célébrera la fête des nouveaux drapeaux que

nous recevons.

Nous avons ici plusieurs officiers suisses de notre régiment: le capitaine de Raimond, de Vevey, et le lieutenant de Forer, qui dit avoir possédé Saint-Saphorin; le major de Chappui, de Berne, sert auprès d'un des deux bataillons de fusiliers qui garnisonnent ici.

Ayez la bonté de me donner l'adresse de mes frères; peutêtre que ma lettre à mon frère aîné aura plus de bonheur que la vôtre. >>

Du même à ses sœurs, à Genève; d'Erfurt, le 29 avril 1803.

« Mes chères et bonnes sœurs,

Si j'avais eu le temps, j'aurais répondu tout de suite à vos charmantes lettres; mais comme cela va auprès d'un nouveau régiment, nos gens sont plus que recrues, la plus grande partie ayant servi dans les troupes de M. de Munster et ayant donc eu tout à fait un autre exercice, ne peuvent qu'avec beaucoup de difficulté apprendre celui de Prusse ; comme nous n'avons que fort peu de temps à nous, le Roi venant le 1er juin, nous exerçons tout le matin et une partie de l'après-dîner ; après cela les officiers reçoivent des instructions militaires, que chacun doit se copier afin de nous égaliser dans le service; et tout cela n'est rien en comparaison de ce que nous aurons à faire l'année prochaine; car bien s'en faut que nous soyons complets, les cantons n'étant encore réglés; il nous manque plus que 2/3 de nos gens, surtout auprès des grenadiers, dont chaque compagnie doit avoir 190 têtes et n'ayant maintenant que 50 hommes.

Nous avons célébré le 20 de ce mois la réception des nouveaux drapeaux que notre régiment a reçus, fête fort importante pour nous. Le 19, tous les officiers, bas-officiers et de chaque compagnie 10 hommes se rassemblèrent chez le général

pour frapper les clous dans les étendards. M. de Wartensleben frappa le premier, M. de Prussenck le deuxième, M. de Schlegel le troisième, mon major le quatrième et ainsi de suite, selon l'ancienneté. Le 20, le régiment marcha sur une place pour jurer le serment de fidélité au Roi et à ses drapeaux. Les chefs des compagnies se réunirent pour fêter le reste du jour, qui finit avec un bal. Il va sans dire qu'on soigna également le plaisir des soldats. Il y a quelques jours que je reçus une lettre de Pictet, qui me marque son départ pour la Suisse. Espérant qu'il passera dans les environs de ma garnison, je lui écrivis de me donner un rendez-vous, où je lui remettrai cette lettre. Le 6 mai, nous partons pour Mühlhausen.

Erfurt, le 4 mai. - Les officiers des mousquetaires nous ont donné un très-beau bal pour prendre congé, et demain nous sommes invités chez M. de Wartensleben. Erfurt est une assez jolie ville, mais tout y est fort cher, et le militaire et le civil ne vivent point en harmonie, choses déjà assez désagréables; aussi est-ce avec un cœur léger que je pars pour Mühlhausen.

Mühlhausen, le 12 mai. Après deux marches, nous arrivâmes le 7 en cette ville, autrefois impériale. Nous eûmes un chemin bien misérable et une pluie continuelle. Quelle différence de ce temps avec celui que nous avions en avril, l'un des plus beaux que je puisse me rappeler! Les deux compagnies de Hesse-Cassel, qui forment avec nous le bataillon, arriyèrent ici le même jour, et nous fûmes invités pour toute la journée par une société nommé le Casino, composée des premières familles d'ici. Nous fumes parfaitement régalés et invités à augmenter le nombre des membres, ce qui coûte par année quatre écus de Prusse et d'entrée trois écus. Comme tous les officiers ont accepté cette proposition, je ne puis faire une exception; en général on nous a comblés d'honnêtetés. Le bois et les quartiers sont ici meilleur marché qu'à Erfurt, par cette rai

son que nous recevons un écu de moins de service; mais les vivres en sont d'autant plus cher; je suis obligé de donner six écus pour un dîner très-médiocre. Le 3, je reçus une réponse de Pictet, il me donnait Leipsic pour rendez-vous, qui est à 18 milles d'Allemagne d'ici. Ce serait donc avec le retour un voyage de 36 milles, ce qui dépasse mes moyens pécuniaires, surtout après les débours que j'ai été obligé de faire. Je viens de lui écrire pour lui dire combien je regrette de ne pouvoir me procurer le plaisir que m'aurait fait cette entrevue. Mais, comme il a oublié de me donner son adresse, je doute qu'il reçoive ma lettre. Ayez donc la bonté de le lui dire et de lui faire mes amitiés. 1

Mühlhausen me plaît beaucoup. Il ne me manque ici que mes amis du régiment de Manstein, dont je me trouve très-privé, pour que je sois aussi content que ma situation me le permet d'être. Marquez-moi si nous sommes apparentés à la famille Sarazin? La femme du capitaine de Waldenfels, de notre bataillon, est de cette famille. Vous me demandez combien me coûterait le voyage d'ici en Suisse; si je voyage comme officier, certainement 80 écus; mais, comme je préfère de le faire comme civil, je n'aurai besoin que de 50 écus. La différence consiste, au moins dans ce pays, que comme officier, je suis obligé de payer chaque chose double.

De lord Wentworth Fitz William, comte de Milton, etc., etc., à J.-A. Galiffe, esq., à Glascow, at MM. Bogle and Scott; de Londres, le 14 mai 1803.

« Sir,

I receiv'd your letter from Leith with the interesting intelligence of the determination on the part of France to shut

Il s'agit de son cousin issu de germain, du comte Louis Pictet de Pregny, bientôt capitaine au service de Prusse, ensuite allié Achard, et connu à Genève sous le nom familier du « Gros Pictet. »

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