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putes dans l'appréhension de soulever, « plutôt que d'instruire, un esprit que Dieu faisoit entrer dans une meilleure voie, qui étoit celle de la soumission absolue 1. >>>

32. J'aurai bientôt un nouveau procès sur la soumission, et l'on incidente sur tout: mais en attendant, vidons celui-ci. M. de Cambray n'a pas raison de tant mépriser les entretiens très-fréquens qu'on avoit avec lui, à la rencontre, comme peu propres à nous mettre au fait. Ces entretiens, quoique courts, ne laissoient pas d'être sérieux moins ils étoient préparés, moins ils ressentoient la dispute et le dessein formé, plus ils étoient propres au dessein que je m'étois proposé de regagner sans appareil un esprit délicat: je ne sais ce qu'on veut reprendre dans cette conduite.

:

§ VI. Sur la voie de la soumission et de l'instruction.

M. DE CAMBRAY.

33. «Falloit-il de peur de me soulever ne m'instruire jamais? la voie de la soumission exclut-elle celle de l'instruction? l'Eglise en demandant qu'on se soumette, néglige-t-elle d'instruire, et ne joint-elle pas toujours au contraire l'instruction à l'autorité ?? »

RÉPONSE.

34. Il y a une instruction sans dispute qu'il ne faut jamais négliger: elle consiste à proposer et insinuer les principes doucement et comme imperceptiblement à la manière que je viens d'expliquer. Quand on croit la matière suffisamment éclaircie, et qu'il ne s'agit plus que de décider; quand d'ailleurs on trouve un esprit qui pèche en subtilité, et que Dieu met dans la voie de la soumission absolue, j'ai remarqué dans la Relation qu'il en faut user. Faute de vouloir entendre des choses si claires, M. de Cambray remplit tous ses discours de sophismes, de paralogismes, de chicane et d'injustice: mais surtout il est admirable sur les confé

rences.

1 Relat., 11e sect., n. 20; Ie sect., n. 8, 13. Relat., II sect., n. 8, 13.

2 Rép., chap. IV, p. 88, 89.

§ VII. Sur les conférences que M. de Cambray m'accuse d'avoir négligées durant l'examen.

M. DE CAMBRAY.

35. Après m'avoir cent fois reproché que je ne conférois point avec lui durant le temps de l'examen, il revient à la charge par ces paroles: «Si j'avois de la peine, je savois la vaincre et n'y avoir aucun égard, puisque je signois (les Articles) sans disputer et sans dire un mot: que peut donc signifier cette crainte de la dispute avec un homme si silencieux, si confiant et si soumis? Pourquoi M. de Meaux ne l'invitoit-il pas à la conférence, où la force des larmes fraternelles, les discours inspirés par la charité et la vérité auroient été si bien employés? Pourquoi éviter cette voie toujours pratiquée, même par les apôtres, comme la plus efficace et la plus douce pour convenir de quelque chose 1? »

RÉPONSE.

36. Il me rend les propres paroles de ma Relation2: je les reconnois; mais il ne veut pas songer que s'il y a des conférences pour instruire, il y en a aussi pour convaincre : celles que je lui reproche d'avoir refusées, étoient de ce dernier rang. Il étoit sorti de toutes les voies de soumission en publiant son livre, et ne songeoit plus qu'à le soutenir en ce cas il en falloit bien revenir à tâcher de le convaincre, et de lui démontrer son erreur par quelques conférences aussi tranquilles que fortes : c'est l'espérance que je fais paroître dans ma Relation 3. Pourquoi a-t-il refusé cette seule voie qui nous restoit alors pour convenir? Auparavant nous suivions la voie de la soumission, que Dieu nous ouvroit : elle eut son effet, et fit signer les Articles à M. de Cambray et sans dire un mot. Mais nous en allons parler, et nous en reviendrons bientôt aux conférences.

1 Rép., chap. IV, p. 88.

2 Relat., vine sect, n. 2, 5.

3 Ibid., n. 2.

§ VIII. Sur la signature des Articles.

M. DE CAMBRAY.

37. « Il est vrai que les conférences furent faites sans moi à Issy: il est vrai aussi qu'on me proposa les Articles tout dressés. Mais combien m'en donna-t-on d'abord? M. de Meaux ne peut avoir oublié qu'on ne m'en donna d'abord que trente; le xi, le XIII, le xxx et le xxxive n'y étoient pas encore. Je garde l'écrit des trente Articles qu'on me donna. »

RÉPONSE.

38. Il me prend à témoin d'un fait dont je sais distinctement le contraire. On ne trouva jamais à propos de lui demander son sentiment sur aucun des Articles pour les solides raisons qu'on peut lire dans la Relation ', et qu'il ne faut pas toujours répéter. Quelque copie qu'il puisse produire des Articles, qu'on peut copier à sa fantaisie, je suis assuré qu'il n'en paroîtra jamais aucune qui lui ait été donnée de notre part, où le xi, le xìo, le xxx et le XXXIVe ne se trouvent pas, comme il l'assure. Je répète que de propos délibéré il étoit fixé entre nous de n'en consulter jamais aucun avec lui: s'il le veut nier à présent, pour le convaincre, je lui représente, comme j'ai fait dans la Relation 2, ce qu'il a écrit dans son Avertissement 3, où il ne parle que de deux prélats qui ont donné au public XXXIV propositions, et il ne s'avise pas de dire qu'il les ait dressées avec eux. Voilà qui est net il ne nomme comme auteurs des XXXIV propositions que deux prélats, M. de Paris et moi pourquoi ne se met-il pas avec eux?

39. Il répond « qu'il ne pouvoit se mettre avec eux, en parlant de leurs ordonnances auxquelles il n'a aucune part. » Mais la défaite est trop vaine; et pour éclaircir le public de la raison qui le portoit à expliquer ces xxxiv propositions que deux prélats ont données au public, il n'auroit pas oublié la part qu'il y auroit eue, s'il n'eut senti dans sa conscience qu'il n'y en avoit aucune, non - 2 Ibid., ve sect., n. 18.3 Max des SS., Avert.,

1

1 Relat., ne sect., n. 11-13. p. 16. Rép., chap. III, p. 80.

plus qu'à nos ordonnances. Il parloit naturellement, et il avoit plus près de la source la mémoire plus fraîche de ce fait. Elle étoit encore plus récente quand il écrivit son Mémoire où sont ces mots: « J'ai d'abord dit à M. de Meaux que je signerois de mon sang les XXXIV Articles qu'il avoit dressés, pourvu qu'il y expliquât certaines choses 1. » Quoi que puisse dire M. de Cambray, ces certaines choses ne pouvoient pas être des articles, puisque le nombre de trente-quatre en étoit complet selon lui-même, mais tout au plus quelques paroles; ce qui au fond ne conclut rien. Il répond que c'est par mégarde qu'il a mis trente-quatre au lieu de trente: c'est qu'il dit tout ce qu'il lui plaît. S'il a mis dans ses Maximes un involontaire qui le confond, il en accuse une autre main : s'il écrit trente-quatre, c'est trente qu'il a voulu dire. J'allègue des faits certains et bien écrits de sa main: il se sauve par les inventions de son bel esprit, et il veut qu'on croie tout ce qu'il imagine.

M. DE CAMBRAY.

40. Certains articles parlent d'eux-mêmes, par exemple le xxxii et le xxxIII. M. de Cambray prétend que M. de Meaux ayant parlé contre sa propre opinion, surtout dans le xxx, il ne le peut avoir fait qu'y étant fortement pressé par quelque autre, et il m'interroge en cette sorte: «M. de Meaux me permettra-t-il de lui dire ici ce qu'il me dit sans cesse : Etoit-ce pour confondre les quiétistes qu'il dressa cet article xxxIII 3. »

RÉPONSE.

41. Je réponds. Oui, c'étoit pour les confondre : il importoit de leur montrer que les Saints, qui sembloient avoir sacrifié leur salut, n'ont jamais songé à le faire que sous une condition impossible, sous une présupposition absolument fausse : « et que c'étoit sans déroger à l'obligation des autres actes essentiels au christianisme,» afin en effet de confondre les quiétistes qui les vouloient supprimer. C'est donc en vain que M. de Cambray insinue qu'il m'a suggéré cet article : la bonne foi nous le fit mettre 1 Mém. de M. de Cambray; Relat, Ive sect., n. 23.-2 Rép., chap. III, p. 80, 3 Ibid., p. 87. - Art. 33 d'Issy.

81.

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pour ne point dissimuler la plus grande objection des quiétistes, et en donner en même temps la solution. Le reste de ce qu'allègue M. de Cambray regarde le fond, où il n'est pas question. d'entrer à présent, et à quoi j'ai satisfait ailleurs. Mais on va voir encore sur les Articles une étrange parole de ce prélat.

§ IX. Encore sur les Articles, et sur la mauvaise foi dont M. de Cambray s'accuse lui-même.

M. DE CAMBRAY.

42. « Le lendemain je déclarai par une lettre aux deux prélats, que je signerois les Articles par déférence contre ma persuasion : mais que si on vouloit ajouter certaines choses, je serois prêt à signer de mon sang1. »

RÉPONSE.

43. Je n'ai jamais vu de lettres où il déclarât qu'il signeroit contre sa persuasion : et je déplore seulement qu'il se reconnoisse capable de signer ce qu'il ne croit pas.

M. DE CAMBRAY.

44. «Si j'eusse cru ces Articles faux, j'aurois mieux aimé mourir que de les signer mais je les croyois véritables : je les trouvois seulement insuffisans pour lever certaines équivoques, et pour finir toutes les questions. C'étoit précisément là-dessus que tomboit ma persuasion opposée à celle de M. de Meaux. >>

RÉPONSE.

45. Il s'aveugle, et il s'enferre sans nécessité. Accordez, si yous pouvez, ces deux contraires : Je croyois les Articles véritables, et je les signois contre ma persuasion. Est-ce signer contre sa persuasion, que de vouloir lever des équivoques; et quelqu'un a-t-il jamais parlé ainsi? M. de Cambray force partout le langage humain: il a cru sans doute que j'avois la lettre où il exprime cette 1 Rép., chap. III, p. 77.

TOM. XX.

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