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· signature contre sa pensée, et pour y trouver une excuse, embrouillé tout son discours.

il a

M. DE CAMBRAY.

46. « Si M. de Meaux répond qu'il avoit suffisamment exigé (ma profession de foi) en me faisant signer les XXXIV Articles : il doit se souvenir que selon sa Relation, je ne les avois signés que par obéissance contre ma persuasion. Cette signature faite contre ma conscience, loin de le rassurer, devoit l'alarmer plus que tout le reste 1. >>

RÉPONSE.

47. Il interprète lui-même que signer contre sa persuasion, c'est signer contre sa conscience; et il dit que selon ma Relation, il a signé de cette sorte mais ce n'est pas moi qui parle ainsi. J'ai bien dit qu'il avoit signé par obéissance: quand on signe de cette sorte, on fait ce que la théologie appelle déposer son doute ou son opinion: nous crùmes alors facilement après toutes les promesses de M. de Cambray; qu'au moins il avoit signé dans cet esprit, ce qui naturellement prépare la voie à l'intelligence parfaite si le contraire est arrivé à M. de Cambray, et qu'en effet il ait signé contre sa conscience, je ne vois pas dans les cœurs je ne le dis pas; mais par malheur, c'est lui-même qui vient d'avouer qu'il étoit prêt à signer par déférence, contre sa persuasion. Sur un tel entortillement je l'abandonne à lui-même, et je lui laisse à expliquer un mauvais discours.

§ X. Sur la soumission avant le sacre.

M. DE CAMBRAY.

48. « M. de Meaux assure que deux jours avant mon sacre, étant à genoux et baisant la main qui me devoit sacrer, je la prenois à témoin que je n'aurois jamais d'autre doctrine que la sienne. Quoi? d'autre doctrine que la sienne? C'est celle de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, qu'il faut qu'un évêque promette de suivre, et non pas celle d'un autre évêque. 1 Rép., chap. III, p. 86. 2 Relat., ne sect., n. 12.

Si j'eusse parlé ainsi, il auroit dù me reprendre : aussi n'ai-je jamais rien fait qui ressemble à ce récit1. »

RÉPONSE.

:

49. N'est-ce donc rien qui ressemble à ce récit, de m'avoir écrit tant de fois sur des points de foi : « Il ne me reste qu'à obéir : car ce n'est pas l'homme ou le très-grand docteur que je regarde en vous c'est Dieu un mot sans raisonnement me suffira: je ne tiens qu'à une seule chose, qui est l'obéissance simple : ma conscience est donc dans la vôtre traitez-moi comme un petit écolier, » et le reste qu'on peut voir dans ma Relation : et maintenant il vient nous apprendre « que c'est la foi de l'Eglise catholique, apostolique et romaine qu'il faut qu'un évêque suive, et non pas celle d'un autre évêque. » Qui ne le sait? Mais lorsqu'on parle à un autre évêque comme on vient d'entendre, c'est qu'on a toute la certitude morale de la foi de cet autre évêque conforme à la catholique, apostolique et romaine, et qu'on espère d'entendre Dieu parler par sa bouche: ce qui fait écrire avec confiance comme faisoit ce prélat : C'est Dieu que je regarde en

vous.

50. Je n'avois done point à reprendre M. de Cambray de sa protestation: il ne faisoit que répéter par cette action, ce qu'il avoit dit autant et plus fortement dans ses lettres. Je ne le crois pas assez injuste pour blâmer ces paroles de ma Relation: « Je reçus cette soumission comme j'avois reçu toutes les autres de même nature, que l'on voit encore dans ses lettres mon âge, mon antiquité, la simplicité de mes sentimens, qui n'étoient que ceux de l'Eglise, et le personnage que je devois faire, me donnoient cette confiance 3. » Pourquoi donc ici se récrier tant : Quoi? n'avoir point d'autre doctrine que celle de M. de Meaux? N'étoit-ce pas à l'Eglise catholique que je voulois l'attacher, en l'obligeant à quitter les malheureuses singularités que je rejetois? Quoi qu'il en soit, il n'y a rien de nouveau, rien qui ne ressemble à ce que M. de Cambray avoit déjà fait et s'il nie le fait du sacre, du moins il n'en peut nier la connexion avec ce qui Rép., chap. IV, p. 85. - Relat., III sect., n. 4, 6, 7. — 3Ibid., n. 14.

:

précédoit. Le reste, qui nous jetteroit sur la question de mon empressement à faire ce sacre, ne vaut pas la peine d'être examiné.

§ XI. Sur Synesius.

M. DE CAMBRAY.

51. « Pour aplanir tant de difficultés, il a recours à l'exemple du grand Synesius 1. »

RÉPONSE.

52. Il ne servoit de rien à notre sujet d'employer quatre grandes pages à expliquer le fait de Synesius, ni de se montrer savant dans une chose si triviale. Tout ce que j'ai voulu tirer de cet exemple, c'est que si on a cru que Synesius seroit docile à déposer les erreurs dont il s'accusoit lui-même, je pouvois bien espérer que M. de Cambray en feroit autant après des promesses si solennelles.

§ XII. Du peu de secret dont M. de Cambray m'accuse.

M. DE CAMBRAY.

53. « C'est ainsi que M. de Meaux parloit à tous ses confidens en grand nombre il leur racontoit qu'il venoit de sauver l'Eglise qu'il avoit découvert et foudroyé une secte naissante; et les confidens de M. de Meaux en assez grand nombre avoient à leur tour d'autres confidens aussi zélés qu'eux, pour les victoires de M. Meaux contre le quiétisme. Ce que j'avois confié secrètement à M. de Meaux me revenoit par ce demi-secret qui est pire qu'une divulgation entière. » Me voilà bien foudroyant et bien enflé de mes victoires.

RÉPONSE.

54. Les diseurs de belles paroles parlent autant contre eux que pour eux. Si pour vanter mes victoires sur le quiétisme renaissant en M. de Cambray, on ne faisoit que divulguer ce que ce 1 Rép., chap. IV, p. 94.

prélat m'avoit confié, il me l'avoit donc confié? et l'on ne divulguoit rien que de véritable. Parlons nettement : Si l'on avoit voulu perdre M. de Cambray, il ne falloit point tant de confidens. Qu'il voie là-dessus dans cet article vi, la réponse des nombres 15, 16 et 23: et qu'il reconnoisse l'effet de notre silence durant trois ans.

§ XIII. Sur les lettres de M. l'abbé de la Trappe.

M. DE CAMBRAY.

55. « Si on doute de ce fait, on n'a qu'à lire la première des deux lettres de M. l'abbé de la Trappe sur mon livre. Je pensois, dit-il, parlant de moi, que toutes les impressions qu'avoit pu faire sur lui cette opinion fantastique, étoient entièrement effacées, et qu'il ne lui restoit que la douleur de l'avoir écoutée1. »

RÉPONSE.

56. Que M. de Cambray se souvienne des bruits répandus partout depuis si longtemps, de sa liaison avec madame Guyon' : liaison qui étoit fondée sur la spiritualité, et si répandue dans le monde, que ce prélat va encore nous avouer que sa réputation eût été blessée, si cette femme se trouvoit capable en ce temps des erreurs dont elle étoit accusée. Après cela on pouvoit juger des impressions QU'AVOIT PU FAIRE sur lui une opinion fantastique son livre imprimé étoit une preuve qu'elles étoient véritables; et l'on pouvoit alors en être étonné, comme tout le monde le fut, sans jugement téméraire. C'est donc par une injuste préoccupation qu'il veut toujours tout rejeter sur M. de Meaux.

§ XIV. Erreur de M. de Cambray, qui fait dépendre sa réputation de celle de madame Guyon.

M. DE CAMBRAY.

57. « Approuver le livre de M. de Meaux, c'étoit, comme nous l'avons déjà vu, me couvrir d'une éternelle confusion, pour les temps où j'avois estimé cette personne 3. »

1 Rép., ch. v, p. 102.-2 Voyez ci-dessus, n. 15, 16, 23.3 Rép., ch. v, p. 104.

58. En effet il dit ailleurs : « M. de Meaux croit répondre d'un seul mot, en disant que madame Guyon n'est plus abominable si elle a quitté ses erreurs. Mais pendant qu'elle les enseignoit avec tant d'art, par un système suivi et soutenu, n'étoit-elle pas abominable? n'étoit-elle pas digne du feu ? M. de Meaux se contente de répondre qu'il ne la faut point brûler si elle a renoncé à ses impiétés mais IL SE GARDE BIEN DE RÉPONDRE pour les temps où elle les croyoit et les enseignoit, etc. 1. »

:

RÉPONSE.

59. Il oublie tous les endroits de la Relation où j'excuse madame Guyon par le repentir qu'elle témoignoit, et les temps passés, par son ignorance. Quand il dit que l'ignorance n'excuse pas des maximes si monstrueuses3, il ne songe pas aux spécieuses paroles dont le quiétisme les couvre. Elles ne lui sont pas inconnues lorsqu'une femme ignorante et trompée par ses directeurs revient de bonne foi, on l'humilie devant Dieu; mais devant les hommes, on aime mieux la plaindre que de la blâmer : loin qu'on charge sur les ignorans, on excuse même les savans qui ont été éblouis s'ils se corrigent, on oublie ce qu'ils ont été, et on admire ce qu'ils sont.

60. En tout cas, il n'y a point de réplique à ces argumens de la Relation: toute la chrétienté condamnoit ces livres : il les falloit condamner avec toute la chrétienté : personne ne les excusoit sur l'intention de l'auteur : il ne falloit point leur chercher une si mauvaise excuse: si on ne savoit pas que M. de Cambray eût laissé estimer ces livres, sa réputation demeuroit entière en approuvant le livre de M. de Meaux: si on le savoit, M. de Cambray n'en étoit que plus obligé à se déclarer et à sacrifier sa réputation à la vérité qui la lui auroit bientôt rendue.

1 Rép., chap. II, 3e Relat., ibid., n. 5.

obj., p. 60. - 2 Relat., Ive sect., n. 17, etc. 3 Mém.; Relat., ibid., u. 18.

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