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la foi obscure, indistincte et générale de Molinos, de Malaval et de madame Guyon; et nos Articles n'avoient pas besoin de ces additions.

Sur la mortifica

15. Les Articles s'étoient expliqués à l'avantage de la mortification: M. de Cambray n'y ajoute ces mots : « Les tentations tion. ou les mortifications intérieures et extérieures sont entièrement inutiles, » que pour excuser madame Guyon, qui ne leur est pas favorable.

46. Pour détruire le fondement de la fanatique inaction du quiétisme, les Articles avoient défendu à tous les fidèles de s'attendre à des instincts et inspirations particulières de Dieu3: M. de Cambray ne fait que changer le langage, lorsqu'il exclut tous les actes de propre industrie et de propre travail, et introduit la grace actuelle comme faisant connoître aux ames parfaites en toutes occasions ce que Dieu veut d'elles 3.

Sur les propre efl'inaction

actes de

fort: sur

et sur

impulsion

fanatique.

remarque

sur les

Articles

17. Je pourrois marquer à M. de Cambray beaucoup d'autres Dernière contraventions aux Articles qu'il a souscrits: mais je ne veux plus en rapporter qu'une seule touchant les vertus, à cause qu'elle dissy. étoit touchée dans la Relation, et qu'il a tàché d'y satisfaire dans sa Réponse".

veris.

18. J'avois demandé à M. de Cambray à quoi servoit à l'expli-Sur les cation de nos Articles, ces propositions de ses Maximes, qu'on n'aime plus les vertus comme vertus, et les autres de cette nature si souvent rapportées dans cette dispute. « Nous n'avions rien dit d'approchant dans nos Articles, » comme portoit la Relation: ainsi« ce n'en étoit pas une explication plus étendue, comme M. de Cambray l'avoit promis: » mais une manifeste dépravation pour favoriser Molinos, qui avoit décrié les vertus dans ses propositions, et madame Guyon qui le suit.

Excuse de

10

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M. de

19. Il ne sert de rien de répondre, comme fait M. de Cambray que les passages de cette femme que j'ai tirés de sa Vie lui sont Cambray. inconnus, puisqu'il n'a jamais lu sa Vie. Car outre qu'elle a avancé ailleurs des propositions de même nature, il me suffit qu'il pa

1 Art. 18.

118, 150, 227.

2 Max., p. 144, 145.

--

3 Art. 11, 25, 26. Max., p. 65, 117, 5 Inst. past. de M. de Cambray, n. 3, p. 7, 8; Max., p. 34, 35, 186, etc.6 Relat., Ive sect., n. 20.- 7 Rép., p. 71, 72.— 8 Max., p. 224-226, 253.

-Actes cont. les Quiét., prop. 31, 35.

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Vain recours à

çois de

Sales.

roisse qu'à inspirer le dégoût des vertus, sans même lire les livres de madame Guyon, M. de Cambray se trouve naturellement de même esprit qu'elle.

20. Il en revient à s'autoriser de saint François de Sales, et il saint Fran- nous demande : « Est-il vrai ou non, que ce grand Saint ait dit qu'il se faut dépouiller d'un certain attachement aux vertus et à la perfection1? » Qui doute qu'il ne se trouve des attachemens même vicieux aux vertus, lorsque par exemple, sans aller plus loin, on veut trop les rendre siennes et s'en glorifier soi-même? Mais ce n'étoit pas de cela qu'il s'agissoit. Nous savions bien que madame Guyon, après Molinos, aussi bien que M. de Cambray, abusoient de l'autorité de saint François de Sales, et en alléguoient des passages auxquels aussi j'avois répondu amplement. Il s'agissoit des Articles, et je demandois si nous y avions mis quelque chose d'approchant de ce qu'avoit dit M. de Cambray: qu'on n'aime point les vertus comme vertus, qu'on n'y pense pas, qu'on ne veut point être vertueux, etc. Au lieu de répondre sur les Articles dont il s'agissoit, se rejeter dans la question tant de fois vidée et épuisée de saint François de Sales, visiblement ce n'est pas répondre, mais éluder. J'ai donc eu raison de conclure qu'en effet il n'y avoit rien dans nos Articles qui obligeât M. de Cambray aux explications où l'estime des vertus fùt diminuée, et qu'il n'y étoit entré que pour contenter madame Guyon et Molinos son auteur.

sion.

Conclu- 21. Ainsi il paroît par les choses mêmes, que le livre, qui promettoit l'explication des Articles, étoit fait pour les éluder, sous prétexte d'en étendre les principes, et qu'il étoit fait par conséquent pour excuser madame Guyon, qui en étoit accablée. Joignez à cette raison que je tire des choses mêmes, celle que je tire des faits; celle que je tire, par exemple, de l'estime aveugle de la haute spiritualité de cette femme; celle que je tire de tous les efforts qu'on a faits et qu'on fait encore pour en soutenir, excuser, ou pallier les écrits: après cela qui pourra douter de l'intention de l'auteur, et que son sens dans les lieux obscurs ne doive être déterminé par cette vue?

1 Rep., p. 71.

22. Ceux qui en voudront savoir davantage sur le parallèle de Molinos, de madame Guyon et de M. de Cambray, peuvent lire le traité intitulé: Quietismus redivivus, où ce parallèle est démontré. Il me suffit ici de faire sentir qu'il ne s'agit pas de deux ou trois passages: il s'agit de tout le système, de tous les principes; et de démontrer que c'est enfin tout le quiétisme que M. de Cambray veut excuser dans madame Guyon à titre d'exagération, d'équivoque et de langage mystique.

§ III. De l'état de la question.

la bonne

cuser de

ner l'Ecole

1. On ne s'attend pas que j'aille ici traiter la question tant s'il y a de rebattue de la charité, et de la définition qu'on en donne com- foi à m'acmunément dans l'Ecole; j'ai épuisé la matière dans mes traités condamprécédens. Il s'agit uniquement de savoir, si la bonne foi a dù permettre à M. de Cambray de supposer cinq cents fois dans sa Réponse à la Relation et dans ses autres écrits, que je suis contraire à l'Ecole, pendant que j'en défends ex professo les principes dans le Summa doctrinæ1; dans deux écrits composés exprès sur ce sujet parmi les divers Mémoires dans la Préface sur l'Instruction pastorale de M. de Cambray ; dans l'Avertissement qui la précède, ce que je confirme encore tout nouvellement dans le traité tout entier intitulé Schola in tuto 5, et dans le Quietismus redivivus, aux endroits particuliers cotés à la marge. 2. Après ces traités, où je soutiens expressément en françois et en latin, scolastiquement et en toute autre manière, la définition de l'Ecole, je dis que la bonne foi ne permettoit pas de supposer que je l'attaquasse. Pour la doctrine, je renvoie un sage lecteur aux endroits marqués à la marge, qui ne sont pas longs; et s'il n'est pas convaincu de ma bonne foi, et dans le fond et dans la forme, supposé qu'il lise sérieusement et avec un amour sincère de la vérité, je lui conseille de n'ouvrir jamais aucun de mes livres.

1 Sum. doct., n. 8. · art. 10, 11, 12. sex primis quæst.

2 Ile Ecrit, art. 5, 10, etc.; IVe Ecrit, art. 21; Ve Ecrit, 3 Préf., n. 38 et suiv. - Avert., n. 8-10. - Sch. in tuto, Quiet. red., sect. v, cap. II.

6

Suite.

S'il s'agit de l'amour

celte dis

3. On voit par là clairement l'illusion qu'on voudroit faire à pur dans l'Eglise dans cette dispute, en mettant toujours devant soi le nom pute, et si d'amour pur; comme si nous combattions cet amour: au lieu que taquons. l'amour pur que nous combattons n'est pas le véritable amour pur que toute l'Ecole reconnoît, mais un faux amour pur que M. de Cambray veut introduire.

nous l'at

amour pur

faux

de M. de

Vrai 4. L'amour pur que toute l'Ecole reconnoit, c'est l'amour justide l'Ecole: fiant; autrement l'amour de la charité toujours désintéressée par amour par sa nature, comme saint Paul le décide, non quærit quæ sua sunt1. Cambray. Cet amour pur est celui dont M. de Cambray a fait son quatrième degré, sans pourtant lui vouloir donner ce nom: c'est aussi celui que toute l'Ecole reconnoît, et que personne ne condamne, comme je l'ai remarqué cent et cent fois. L'amour pur que nous condamnons est celui dont l'Ecole ne parla jamais, et dont M. de Cambray compose son cinquième amour, où l'on ne retient que le nom de l'espérance et de son motif.

Vrai état de la ques

5. Nous avons souvent représenté en françois et en latin, queltion dans quefois en très-peu de mots, mais toujours à fond, et en particu précédens. lier dans les lieux marqués à la marge, qu'au-dessus de l'amour

mes écrits

pur du quatrième degré où l'on ne cherche « son bonheur propre que comme un moyen qu'on rapporte à la fin dernière, qui est la gloire de Dieu,» il n'y avoit rien qu'un amour qui exclut la félicité, même comme subordonnée: c'est cet amour que j'attaque comme chimérique, comme dangereux, comme ruineux à l'espérance chrétienne. M. de Cambray, qui ne cesse d'alléguer l'Ecole, ne sauroit nous produire un seul théologien pour son amour du cinquième rang distingué de l'amour du quatrième. Il ne s'agit pas de tirer ici des conséquences qu'on lui conteste : il s'agit de nous nommer un théologien qui ait connu ce cinquième amour qu'il a distingué du quatrième, et qui fait tout le sujet de son livre: il ne l'a pas fait, il ne le fera jamais. Ainsi il donne le change, quand il nous fait attaquer le vrai pur amour de l'Ecole, sous prétexte que nous rejetons le sien qui est faux.

1 I Cor., XIII, 5. 2 Ile Ecrit, n. 17; IVe Ecrit, n. 21; Ve Quiet. rediv., Admonit. præv., n. 5; Quæstiunc., n. 1, etc.

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imputa

tions que

me fait

M. de

Cambray

dans sa

Réponse.

6. Sans entrer ici dans le fond, il me suffit de montrer qu'il Fausses change visiblement tout l'état de la question, puisqu'il dit « que M. de Meaux met encore le quiétisme dans la définition de la charité reconnue de toutes les écoles '. » La source du quiétisme n'est pas la définition de la charité qui constitue son quatrième degré, que je reconnois avec lui: mais la source du quiétisme est dans son cinquième degré, que ni l'Ecole, ni moi, ni aucun auteur ne connoissent. Ainsi il nous impute en termes formels tout le contraire de ce que nous disons, pour se donner à l'Eglise comme le seul défenseur du pur amour qui n'est point attaqué. 7. Le pur amour qu'il établit a des suites affreuses, puisqu'il prépare la voie à des désirs généraux des volontés connues et inconnues de Dieu; à l'indifférence du salut; au sacrifice absolu; aux convictions invincibles; aux acquiescemens simples à sa juste condamnation; à l'abandon absolu de l'ame, jusqu'à ne se laisser aucune ressource; à la séparation de ses deux parties, pour faire compatir ensemble l'espérance et le désespoir. Ainsi quand M. de Cambray répond sans cesse que son amour pur n'est qu'abstractif, il abuse manifestement de la foi publique, et d'une distinction qui est bonne, mais mal appliquée.

:

Suites af

freuses du

faux pur

amour de

M. de

Cambray,

Que l'amour pur

Cambray

8. Son amour pur est exclusif en deux manières en premier de M. de lieu, parce qu'il exclut le motif de l'espérance dans l'ame parfaite; estexclusif ce qui se démontre en ce que tout son progrès aboutit enfin au Tespéransacrifice absolu du salut et à un vrai désespoir.

9. Il est exclusif d'une autre manière, en tant qu'il exclut de l'acte de charité le désir de la jouissance, où consiste la perfection de l'amour causé par la claire vue; ce qui contraint à séparer de l'amour pur le désir d'aimer parfaitement à jamais : comme qui diroit que pour aimer purement, il faut cesser de désirer d'aimer purement: ce qui est le comble de l'illusion et de l'erreur.

du motif de

ce dans l'état parfait.

Le désir

de la jouis

sance ex

clu du faux

acte d'a

mour pur.

Principe

contraire

à l'amour

pur de

M. de

18. Pour déraciner à fond une illusion si absurde et si dangereuse, il faut absolument déterminer que la charité, outre le motif primitif et principal de la gloire de Dieu considéré en lui-même, cambray. a pour motif second et moins principal, et qui se rapporte à l'autre, Dieu comme communicable et comme communiqué à sa 1 Rép., p. 41.

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