REMARQ. SUR LE LIVRE INTITULÉ : LA MYSTIQUE CITÉ, ETC. 621 Testament l'Ecriture est la seule histoire qu'on peut appeler divine. La prétention d'une nouvelle révélation de tant de sujets inconnus doit faire tenir le livre pour suspect et réprouvé dès l'entrée. Ce titre au reste est conforme à l'esprit du livre. Le détail est encore plus étrange. Tous les contes qui sont ramassés dans les livres les plus apocryphes, sont ici proposés comme divins, et on y en ajoute une infinité d'autres avec une affirmation et une témérité étonnante. Ce qu'on fait raconter à la sainte Vierge dans le chapitre xv, sur la manière dont elle fut conçue, fait horreur et la pudeur en est offensée. Ce chapitre est un des plus longs, et suffit seul pour faire interdire à jamais tout le livre aux ames pudiques. Cependant les religieuses s'y attacheront d'autant plus, qu'elles verront une religieuse qu'on donne pour une béate, demeurer si longtemps sur cette matière. Au même chapitre, après avoir dit combien de temps il faut naturellement pour l'animation d'un corps humain, elle décide que Dieu réduisit ce temps, qui devoit être de quatre-vingt jours ou environ, à sept jours sculement. Ce jour de la conception de la sainte Vierge, dit-elle, fut pour Dieu comme un jour de fête de Pâque, aussi bien que pour toutes les créatures, (pag. 237, 238). C'est, dit-on, une chose admirable que ce petit corps animé, qui n'étoit pas plus grand qu'une abeille (p. 241), et dont à peine on pouvoit distinguer les traits, dès le premier moment pleurât et versàt des larmes dans le sein de sa mère, pour déplorer le péché (p. 251). Tous les discours de sainte Anne, de saint Joachim, de la sainte Vierge même, de Dieu et des anges, sont rapportés dans un détail qui seul doit faire rejeter tout l'ouvrage, n'y ayant que vues, pensées et raisonnemens humains. Depuis le troisième chapitre jusqu'au huitième, ce n'est autre chose qu'une scolastique raffinée, selon les principes de Scot. Dieu lui-même en fait des leçons et se déclare scotiste, encore la religieuse demeure d'accord que le parti qu'elle embrasse est le moins reçu dans l'Ecole. Mais quoi! Dieu l'a décidé, et il l'en faut croire. que 622 REMARQ. SUR LE LIVRE INTITULÉ : LA MYSTIQUE CITÉ, ETC. Elle outre ces principes scotistiques, jusqu'à faire dire à Dieu que le décret de créer le genre humain a précédé celui de créer les anges. Tout est extraordinaire et prodigieux dans cette prétendue histoire. On croit ne rien dire de la sainte Vierge, ni du Fils de Dieu, si l'on n'y trouve partout des prodiges, tel qu'est par exemple, l'enlèvement de la sainte Vierge dans le ciel en corps et en ame, incontinent après sa naissance, et une infinité de choses semblables, dont on n'a jamais ouï parler, et qui n'ont aucune conformité avec l'analogie de la foi. On ne voit rien, dans la manière dont parlent à chaque page Dieu, la sainte Vierge et les anges, qui ressente la majesté des paroles que l'Ecriture leur attribue. Tout y est d'une fade et languissante longueur; et néanmoins cet ouvrage se fera lire par les esprits foibles, comme un roman d'ailleurs assez bien tissu, et assez élégamment écrit ; et ils en préféreront la lecture à celle de l'Evangile, parce qu'il contente la curiosité, que l'Evangile veut au contraire amortir; et l'histoire de l'Evangile ne leur paroîtra qu'un très-petit abrégé de celle-ci. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est le nombre d'approbations qu'a trouvées cette pernicieuse nouveauté. On voit entre autres choses que l'ordre de saint François, par la bouche de son général, semble l'adopter, comme une nouvelle grace faite au monde par le moyen de cet ordre. Plus on fait d'efforts pour y donner cours, plus il faut s'opposer à une fable, qui n'opère qu'une perpétuelle dérision de la religion. On n'a encore lu que ce qui a été traduit; mais en parcourant le reste, on en voit assez pour conclure que ce n'est ici que la vie de Notre-Seigneur et de sa sainte Mère changée en roman, et un artifice du démon pour faire qu'on croie mieux connoître JésusChrist et sa sainte Mère par ce livre que par l'Evangile. FIN DU VINGTIÈME VOLUME. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE VINGTIÈME VOLUME. QUIETISMUS REDIVIVUS. ADMONITIO PRÆVIA. De summà questionis, ac de variis libri defensoribus. 13 15 CAP. III. Solutis auctoris responsionibus, ampliùs manifestatur error: res- 18 CAP. IV. Altera responsio auctoris repetita ex vità S. Francisci Salesii, 19 CAP. V. Alia responsio Cameracensis repetita ex falsis articulis quibus idem CAP. VI. His propositionibus totus liber continetur. - SECTIO II. Secundus error: de probris in absoluto sacrificio involutis, deque - CAP. I. Molinosi et Guyoniæ errores. CAP. II. His consona D. Cameracensis propositiones. SECTIO IV. Quartus error: de quinque amoribus, deque filso amore puro. CAP. II. De tertio amore, sive de amore spei: auctoris errores. CAP. Ill. In duas propositiones præcedentes nota contra amorem natura- CAP. IV. De quarto amore. CAP. V. De quinto amore sive puro D. Cameracensis æquivocationes. CAP. VII. Doctrinæ præcedenti aptæ auctoris propositiones contrariæ Apo- CAP. VIII. Alia propositio ad eumdem finem spectans. SECTIO V. Aliæ propositiones ad eumulem finem spectantes ex articulis libri 39 CAP. II. Ex his solutio locorum Patrum: Sanctorum securitas: his con- 40 CAP. III. Idem probatur ex articulo tertio. CAP. IV. Idem conficitur ex articulo quarto. CAP. V. Ex articulo quinto, ubi de resignatione et indifferentiâ ex S. Fran- CAP. VI. Aliud ex eodem articulo quinto. 43 44 45 47 CAP. VII. Aliud ex articulo decimo sexto, ubi de proprietate.. 48 CAP. VIII. Aliud ex articulo duodecimo, de amore sui et an perfectis ani- 49 CAP. IX. Radix erroris : Guyoniae dicta. 51 CAP. X. Alius locus ex Responsione ad Summam doctrinæ, ubi ad Scholam CAP. XI ET ULTIMUM. Dictorum recapitulatio. SECTIO VI. De aliis erroribus. - EAP I. Quintus error ad quietismum per- tinens circa contemplationem: quietistarum placita. . CAP. II. D. Cameracensis propositiones circa contemplationem. CAP. III. Aliæ propositiones his connexæ et consentaneæ. CAP. IV. Sextus error: de directis et reflexis actibus. CAP. V. Septimus error: de fanatismo et impulsibus extraordinariis. - COROLLARIUM, sive recapitulatio et collectio errorum D. Cameracensis ex Ile SECTION. Commencement de la Relation: et premièrement ce qui s'est 89 Ille SECTION. Seconde partie de la Relation contenant ce qui s'est passé 101 IV SECTION. Quelles furent les excuses de M. de Cambray. VIIe SECTION. Sur les explications de M. l'archevêque de Cambray, et sur 151 IX SECTION. Sur la Déclaration des trois évêques, et sur le Summa doc- Xe SECTION. Procédés à Rome : soumission de M. de Cambray. 162 165 REMARQUES SUR LA RÉPONSE DE M. L'ARCHEVÊQUE DE CAMBRAY A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. AVANT-PROPOS. Raisons de cet ouvrage. 171 ARTICLE PREMIER. Sur l'Avertissement. J. Du recours aux procédés, et s'il est vrai que je n'aie point répondu aux § II. Sur les altérations du texte, etc. § II. Sur le secret, et en particulier sur celui de la confession. ARTICLE II. Sur le chapitre 1er de la Réponse de M. de Cambray, où il VII. S'il est vrai que je n'aie rien répondu sur le sujet de madame Guyon. 199 ARTICLE III. Sur ma condescendance envers madame Guyon et envers §§ I et II. Mes paroles, d'où M. de Cambray tire avantage. 201 203, 204 ARTICLE IV. Détours sur l'approbation des livres imprimés de madame § I. Ambiguités. § II. Sur l'approbation des livres de madame Guyon. § I. Que M. de Cambray a su toutes les visions de cette femme. § III. Que M. de Cambray a voulu pouvoir justifier madame Guyon. 226 ARTICLE VII. Diverses remarques avant la publication du livre de M. de Cambrai. § 1. Sur mon ignorance dans les voies mystiques. 228 § II. Des expédiens de M. de Cambray contre madame Guyon. 229 connue. 231 § IV. Si j'ai accusé M. de Cambray, comme il l'assure. 232 TOME XX. 40 |