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des obligations envers vous, et vous prie d'agréer les assurances du plus profond respect avec lequel je suis, etc., etc.

Pour copie conforme, (Signé)

(Signé)

D'YORCK.

Le maréchal duc de Tarente, MACDONALD.

No. IV.

Lettre du lieutenant-général de Massenbach au maréchal duc de Tarente.

Monseigneur,

La lettre du général d'Yorck aura déjà prévenu V. E. que ma dernière démarche m'est prescrite, et que je n'en pourrais changer rien, parce que la mesure de prévoyance que V. E. fit prendre cette nuit me parut suspecte de vouloir peut-être me retenir par force, ou désarmer mes troupes dans le cas présent. Il me fallut prendre ce parti dont je me suis servi pour joindre mes troupes à la convention que le général commandant a signée, et dont il me donne l'avis et l'instruction ce matin,

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V. E. pardonne que je ne sois venu moi-même pour l'avertir du procédé; c'était pour m'épargner une sensation très-pénible à mon cœur, parce que les sentimens de respect et d'estime pour la personne de V. E., que je conserverai jusqu'à la fin de mes jours, m'auraient empêché de faire mon devoir.

Le 31 Décembre, 1812.

(Signé) Le lieutenant-général MASSENBACH. Certifié conforme,

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(Signé) Le maréchal duc de Tarente, MACDONALD. Après la lecture de ce rapport, MM. les conseillers d'état présentent un projet de sénatus-consulte (voyez ci-après, séance du 11), et M. le conte Regnaud de Saint-Jean-d'Angely en expose les motifs de la manière suivante :

Motifs du sénatus-consulte qui met 350 mille hommes à la disposition du ministre de la guerre.

"Monseigneur, Sénateurs,

Le traité de Tilsitt avait rendu au nord de l'Europe une paix qui semblait devoir être durable."

"Mais l'Angleterre menacée de la guerre avec les EtatsUnis d'Amérique, redoutant avec raison la mauvaise issue que doit tôt ou tard avoir pour elle la lutte engagée en Espagne, s'est occupée de susciter à la France une nouvelle guerre, en faisant rompre l'alliance récemment jurée par la Russie.

"Les efforts de l'empereur pour la maintenir et assurer l'exécution des traités ont été inutiles, et la guerre s'est renoùvelée.

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"Elle a été commandée par la violation des conventions les plus solennelles, par des armemeus nombreux, par des agres

sions évidentes, par des refus répétés de toute explication, enfin par la nécessité imposée à S. M. de maintenir les droits et la considération de sa couronne et de celle de ses alliés.

"Le succès de cette lutte nouvelle a été ce qu'il sera toujours pour des Français conduits par le génie qui les a accoutumés à vaincre.

"L'ennemi forcé dans tous les postes, repoussé dans tous les combats, vaincu dans toutes les batailles, a été forcé d'abandonner sa capitale au vainqueur; mais il l'a livrée aux flammes et presque réduite en cendres.

“Delà, la nécessité de cette retraite glorieuse; retraite dans laquelle nous n'avotis été atteints et frappés que par l'âpreté du elimat, la dureté précoce de la saison, et l'exces inatcoutumé de sa rigueur.

"Quand le 29e bulletin de la grande armée vint étonner à-la-fois et rassurer la France, l'étendue de ses pertes dévoilées à la nation avec une simplicité si énergique, avec une si noble confiance, éveilla chez tous les Français le sentiment du besoin de les réparer; tous allèrent dès-lors au-devant des démandes qu'ils pressentaient, disposés plutôt à les prévenir et à les réparer, qu'à les débattre ou à les attendre.

"Cependant l'empereur, dont les ennemis doivent toujours craindre, les alliés et les sujets toujours espérer la venue, était arrivé dans sa capitale, lorsqu'on le croyait encore au-delà de Wilna; et se faisant rendre compte des ressources de ses arsenaux, de ses magasins, de son trésor, du nombre de ses troupes, avait annoncé à la France l'intention de ne faire aucune demande d'hommes ni de contributions nouvelles.

"Avec les impositions annuelles, et les soldats déjà sous les armes, il pouvait fournir à tous les besoins de la campagne au midi et au nord de l'Europe.

"Mais, sénateurs, les faits que le ministre des relations extérieures vient de vous faire connaître, par ordre de S. M., doivent changer les premiers calculs de sa sagesse économe des sacrifices de ses peuples, et y faire succéder les calculs de la prévoyance et de la nécessité.

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Déjà, messieurs, j'ai vu éclater dans cette assemblée les témoignages de l'indignation qu'éprouvera l'Europe entière au récit d'une trahison à laquelle on hésiterait de croire si elle n'élait avouée, écrite par son auteur même.

“Le général prussien dont le nom deviendra désormais une injure, a trahi à-la-fois son souverain, l'honneur, les devoirs de citoyen et ceux du soldat.

"Il s'est séparé honteusement de l'armée dont il faisait partie, du corps avec lequel il marchait; il a livré ceux qui s'exposaient sur sa foi aux suites hasardeuses de son lache abandon, de sa désertion inopinée.

"Instruit de ce crime, nouveau dans l'histoire des guerres

modernes, S. M. le roi de Prusse a montré un ressentiment digne de sa loyauté et de sa fidélité à ses alliés. Uni de sentimens au monarque, son cabinet n'a éprouvé que le besoin de réparer, de punir un attentat politique et militaire, qui offense la nation prussienne et outrage son souverain.

"Ces faits et ces assurances sont consignées dans les pièces dont le ministre des relations extérieures vous a donné communication.

"Elles garantissent que la gravité de cet événement sera appréciée non-seulement par le gouvernement, mais encore par le peuple prussien tout entier. Il jugera, et toutes les nations du nord jugeront avec lui, de quels malheurs un tel crime pourrait être la source. La Prusse montrera son attachement au prince qui la gouverne, en se ralliant à son exemple, à la voix de l'honneur, et à la fidèle observation des traités.

"Cependant le politique attentif depuis plusieurs années à la marche des événemens, s'arrêtera nécessairement sur les causes qui ont amené celui dont je viens de vous entretenir, et ces causes, sénateurs, il ne me semble pas inutile de les retracer ici rapidement.

"On les trouve évidemment dans les manœuvres et les intrigues de l'Angleterre sur le Continent.

"Trop faible pour se défendre seule, même sur mer, contre la puissance française, elle a constamment et successivement travaillé à armer contre elle tous les cabinets de l'Europe. C'est l'Angleterre qui a amené et ramené sur les champs de bataille les armées que l'empereur a vaincues et vaincues encore depuis douze ans.

"Lorsque les cabinets, éclairés par l'expérience, ont voulu la paix, la paix qui a réjoui l'Europe, a fait frémir l'Angleterre. "Alors elle a répandu parmi les peuples, et surtout dans les grandes cités, à l'aide de ses nombreux émissaires, et au moyen d'une active corruption, les germes de haine, les semences de division, les principes de désorganisation, qui éloignent ou séparent les sujets de leurs princes, les peuples de leurs gouver

nemens.

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C'est ainsi que des sociétés nombreuses, sous les noms d'amis de la vérité, de la nature, etc. etc. ou sous d'autres titres non moins bizarres, ont été formées, encouragées, soutenues, prêchaut la haine, l'insurrection, la désobéissance contre tout souverain ami de la France, et de la paix du Continent.

"Hélas, c'est dans notre belle France, si paisible aujourd'hui, alors si agitée et si misérable, que le cabinet anglais a fait, durant plusieurs années, qui furent des années de crimes et de malheurs, l'essai de ces funestes moyens de discorde et de troubles civils.

"C'est par ces moyens que l'Angleterre agissait en 1809 contre le cabinet de Saint Pétersbourg, alors qu'il montrait

envers la France des dispositions amies. C'est par ses agens que l'Angleterre préparait en Russie l'influence du parti ennemi de la France, et par lui les hésitations, les variations, les résolutions bostiles des cabinets, et enfin cette dernière guerre, qui a coûté à la Russie la dévastation de ses plus belles provinces, le repos à l'Europe, des regrets à l'humanité.

"L'Angleterre a employé, sans doute, pour préparer l'éternel déshonneur du général Yorck, les mêmes moyens, les mêmes associations par lesquels elle amena en 1809 des corps réglés, à se mettre en rébellion, et, chose inouïe, à faire la guerre pour leur compte, malgré l'intention, contre les ordres mêmes de

leur souverain.

"Ainsi l'Angleterre désunit et divise les pays qu'elle ne peut dominer; ellé prépare la ruine des états qu'elle ne peut soumettre à son système.

En effet, quel moyen de destruction plus inévitable pour le trône mème le mieux affermi, que la désertion d'une armée, son opposition aux intérêts de son pays, sa désobéissance aux ordres de son monarque, si tous les souverains intéressés à la repression d'un tel crime, n'unissaient leur voix pour la provoquer, leurs efforts pour en assurer le châtiment, leur pouvoir pour en empêcher le retour.

“Heureusement, Messieurs, les tentatives de nos ennemis pour étendre jusqu'à la France leur fatale influence, leurs funestes succès, sont impuissans.

"Notre vaste territoire, notre immense population, n'éprou vent que les sacrifices inséparables de l'état de guerre, mais sont loin de redouter les malheurs des pays qui en sont le théâtre.

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"Au-dedans, la tranquillité règne; l'industrie, les arts, les travaux publics suivent leur cours.

"Au-dehors, l'Autriche et nos autres alliés se montrent affectionnés et fidèles.

"Nos forces, nos moyens, nos ressources militaires sont immenses.

"Toutefois au moment où vient d'éclater la première éruption de ces volcans destructeurs allumées par l'Angleterre sous les trónes qui veulent rester indépendans de sa politique; il est nécessaire de réunir des ressources proportionnées, supérieures même aux dangers que la prudence envisage.

"Ce qui suffisait hier à la sécurité du gouvernement, se trouve aujourd'hui au-dessous de sa prévoyance. De nouveaux événemens ont créé de nouveaux besoins: des conjonctures imprévues commandent des sacrifices inattendus.

"Un sentiment universel de fidélité et de dévouement s'unira chez le peuple français au sentiment de son intérêt et de sa gloire, pour diriger sa conduite et déterminer ses résolutions. "S. M. vous propose de mettre à la disposition de son ui

nistre de la guerre, des forces assez considérables pour en inposer à tous nos ennemis, pour détruire toutes les espérances dans toutes les suppositions; et vous le savez, Messieurs, la réflexion et l'histoire vous l'ont appris, c'est ainsi qu'on repousse le danger, qu'on garantit le succès, qu'on assure la gloire, qu'on prépare la paix.

"Le nombre d'hommes demandés par le ministre de la guerre se divise en trois classes.

"La première se compose des cohortes dont les vœux sont allés au-devant des besoins, et qui ont sollicité comme une faveur, d'échanger lé devoir de défendre les frontières de la France, contre l'honneur d'aller chercher l'ennemi au-delà des siennes.

La seconde classe se compose d'une levée sur les hommes faisant partie des quatre précedentes conscriptions, non compris Já dernière.

"Cette levée a pour objet de réserver dans l'intérieur jusqu'au moment où elle aura acquis une force plus grande, une aptitude plus décidée pour le service militaire, la troisième classe, appelée par le sénatus-consulte, je veux dire la conscription de 1814.

"Elle pourra n'être pas immédiatement réunie: le ministre de la guerre jugera dans quel moment il conviendra de la faire

marcher.

"Les efforts des insulaires, artisans de la guerre continentale, sectateurs d'une guerre sans terme, fout à la France une loi impérieuse de ses armemens formidables. Elle n'a oublié, ni l'insolence des vainqueurs sous Louis XIV, ni la honte des traités sous Louis XV; elle n'oubliera pas non plus, les triom, phes qui ont effacé ces humiliations, la nécessité de conserver sans tache la gloire qu'elle a acquise, le besoin de préparer de nouveaux succès, la dignité de la couronne, l'honneur de la nation et des armes françaises."

Le projet de sénatus-consulte est renvoyé à une commission spéciale, et le sénat s'ajourne à demain.

Séance du 11 Janvier, 1813.

Le sénat se réunit à deux heures, sous la présidence de S. A. S. le prince archi-chancelier de l'empire.

M. le comte de Lacépède, au nom de la commission spéciale, nommée dans la séance d'hier, fait le rapport sur le projet de sénatus-consulte.

Le sénat, après avoir délibéré sur le projet de sénatus-con sulte, arrête qu'il sera présenté avec une adressse à S. M.

En conséquence, aujourd'hui à huit heures et demie du soir, MM. les comtes Lacépède, président; de Beaumont et de Lap parent, secrétaires, ont eu l'honneur de présenter le sénatusconsulte à S. M. avec l'adresse dont la teneur suit :

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