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fort jolies collections de chrysanthèmes, nous n'avons pas encore dans notre ville d'exposition de cette fleur. Je forme le vœu pour qu'il y en ait à l'avenir. La chose est possible. Une simple promenade au cimetière, le 1er novembre, permettra d'en contempler toutes les variétés, toutes les gammes, tous les tons; les plus petites fleurs comme les plus grandes sont toutes plus éblouissantes les unes que les autres.

Malheureusement cette fleur si belle est sans parfum et le toucher duveteux de sa tige cause une sensation plutôt désagréable, sensation due sans doute à la sécheresse de ses rameaux. Elle donne l'impression de quelque chose qui brille encore mais qui n'est plus. C'est peut-être une des raisons qui la fait préférer pour l'ornement des tombes.

La passion des chrysanthèmes nous vient d'Angleterre. Cultivés au Japon de temps immémorial, ils apparaissent pour la première fois en France en 1789, à Marseille. Ils furent mis en faveur en 1827 par M. Brunet, horticulteur à Toulouse, puis délaissés pendant cinquante ans ; cependant la culture en est facile. Le chrysanthème est une plante d'arrière-saison; en serre, il fleurit jusqu'au mois de janvier.

Aujourd'hui que la mode s'en est définitivement emparée et que par les semis on obtient un grand nombre de variétés, il s'en fait un commerce considérable.

La première exposition des chrysanthèmes en France ne remonte pas au-delà de 1882; elle eut un tel succès qu'en 1886 la culture de cette fleur se faisait déjà sur une vaste échelle et aujourd'hui on en compte 9,000 variétés.

Jusqu'à présent, c'est le plus éclatant succès obtenu dans la culture des fleurs. Qui peut savoir jusqu'où ira l'engouement? Quoiqu'il advienne, dès aujourd'hui, indépendainment de la satisfaction qu'elle procure à ses admirateurs, la culture de cette plante est pour les horticulteurs une richesse imprévue.

Mais revenons à l'insecte dévastateur. Ainsi que nous l'avons dit au commencement de cette note, le coupe-bourgeon est un petit insecte de l'ordre des coléoptères, de la famille des porte-bec, de la tribu des attélabides et du genre rhynchite; son nom entomologique est Rhynchites conicus, Herbs, en français Rhynchite conique. On lui donne aussi le nom d'attélabe conique.

Rhynchites conicus, Herbs. Il est long de 3 à 4 millimètres, y compris le rostre ou bec. Sa couleur est d'un beau bleu foncé; il est revêtu de poils épais, courts, fins, dressés, qu'on ne distingue qu'en le regardant de près; sa tête se prolonge en un rostre long, menu, filiforme, de couleur noire; les antennes étroites, insérées

sur le rostre, sont noires, terminées en massues; les yeux sont noirs; la tête et le corselet sont bleus et couverts de petits points enfoncés; l'abdomen est protégé par des élytres carrées, arrondies aux angles, fortement striées et ponctuées dans ses stries; elles sont plus larges que le corselet; le dessous et les pattes sont bleus.

Pourvu d'ailes sous les élytres, il vole d'un arbre à l'autre. Pour le saisir, il faut avoir soin de placer la main ouverte audessous de la feuille sur laquelle il se tient, car au moindre danger il se laisse tomber et fait le mort.

Pendant les mois de mai et juin, on voit des bourgeons desséchés et moisis qui pendent aux arbres fruitiers; c'est l'œuvre de la femelle du coupe-bourgeon; avec son rostre elle fait à la branche une coupure dans laquelle elle a placé un œuf. Par ce moyen, la sève a été arrêtée, ce qui est nécessaire afin que la pelite larve qui naîtra ait la nourriture qui lui convient. Cette femelle en fait de même à chaque bourgeon et autant qu'elle a d'œufs à pondre, une cinquantaine au moins. Mais pourquoi agit-elle ainsi? C'est parce que le petit ver qui sortira de l'œuf a besoin de sève altérée pour sa nourriture, de jeune bois flétri, amorti, pour croître et se développer; il était trop à l'étroit dans un bourgeon sain. Au bout de quelque temps le bourgeon coupé se détache de l'arbre et tombe; la larve continue à y croître en rongeant le bois pourri. Parvenue à sa taille, elle rentre dans le sol, s'enveloppe de parcelles fines de terre qui lui forme une coque sphérique dans laquelle elle passe l'hiver sans redouter les gelées.

Jusqu'à présent, pour les détruire, on se contentait de ramasser tous les jours les bourgeons flétris et de couper ceux qui pendaient aux arbres, puis de les brûler. Le procédé de M. Denis, directeur de l'école d'horticulture de Lyon, est le moyen le plus efficace pour les combattre. Il consiste à asperger les arbres à l'aide d'un pulvérisateur avec de l'eau additionnée de 10 0/0 de bon vinaigre. Il faut faire cette aspersion au moment de la floraison.

Comme je l'ai déjà dit, ce coupe-bourgeon n'a qu'une époque, à la floraison printanière. Dans les années chaudes, comme celles de 1898-1899-1901, une deuxième génération devance le terme, les femelles n'ayant plus d'arbres fruitiers se rejettent sur les chrysanthèmes où elles font aux boutons de ces fleurs les dommages précités. Quand les fleurs sont épanouies, il n'y a plus aucun danger; la tige devient trop dure pour leurs petites dents qui agissent absolument comme une paire de ciseaux.

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NOTE SUR UN INSECTE NUISIBLE AUX CHRYSANTHÈMES.

Aux premiers froids ces insectes disparaissent et se mettent à l'abri de la mauvaise saison pour recommencer l'année suivante. Pour empêcher ces déprédations et rendre confiance aux jardiniers et aux amateurs, il n'y a qu'à soufrer ces plantes avec le soufre Biabaux, de M. Ch. Molin, de Lyon, ou bien encore pulvériser avec le lysol, en ayant soin de soufrer ou de pulvériser le feuillage en dessus et en dessous (1).

(1) On y trouve aussi un autre insecte du genre cigale; c'est un homoptère, l'Aphrophore salicis, il est peu nuisible; puis les pucerons, mais les remèdes indiqués ci-dessus les détruisent tous.

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