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la couronne aux suffrages des Français, et l'on en avait fait hommage au prince régent et à la grâce de Dieu.

Ces fautes graves, quoique sensibles à la nation, n'avaient point été relevées au moment même, parce qu'on craignait de perdre par des récriminations le fruit des sacrifices autrement importans qu'on avait fait au bien général. Mais quand les patriotes reconnurent que le gouvernement avait levé le masque, ils rompirent le silence et l'attaquèrent sans ménage

ment.

A leur tête, se trouvaient placés les rédacteurs du Censeur. Chaque abus de pouvoir, chaque infraction à la Charte fut signalé à la France par ces jeunes tribuns; et la France entière applaudit à leur zèle, à leurs talens, à leur courage.

D'autres plumes, moins sérieuses, assaillirent les émigrés avec les traits du ridicule et de la satyre, et vouèrent au mépris et à la risée publique ceux que la gravité du Censeur avait épargnés.

Le Mémoire de M. Carnot, les ouvrages de M. Benjamin Constant, pleins de faits irrécusables et de vérités austères, contribuèrent puissamment encore à éclairer la nation sur les projets contre-revolutionnaires des minis

tres, et sur les dangers dont étaient menacés nos libertés et nos droits.

Mais les avertissemens, les leçons, les reproches étaient perdus pour le gouvernement. Loin d'être intimidé et retenu par les clameurs publiques, il tenait à honneur de les braver; son parti était pris : trompé par l'opinion qu'il s'était formé de la faiblesse des partisans de la révolution et de la toute puissance de la faction régnante, il se croyait assez fort, assez craint, pour se passer de ménagemens et marcher droit au but qu'il s'était proposé. Nous allons doncle voir, aveuglé par ses erreurs et ses passions, heurter de front les individus, et attaquer, sans scrupule et sans déguisement, les uns après les autres, leurs intérêts les plus chers et leurs droits les plus précieux.

La garde impériale avait trop de gloire pour ne point offusquer les émigrés, trop de patriotisme pour ne point les alarmer: elle fut éloignée. Les murmures qu'elle fit entendre lors de l'entrée du roi, motivèrent, dit-on, cette rigueur (1). Mais n'avait-on pas excité soi

(1) Je ne puis mieux repousser, en général, cette imputation de mutinerie, qu'en citant les paroles suivantes arrachée à M. de Montesquiou, le 14 Mars, par la force de la vérité. Depuis dix mois, dit-il, dans le corps de la Vieille Garde en

même ces murmures? N'avait-on pas manqué de générosité en obligeant ces braves, dont la douleur et la fidélité devaient être respectées, à marcher devant le char de triomphe du nouveau monarque? Je les vis ces nobles guerriers; leurs regards abattus, leur morne silence exprimaient ce qui se passait au fond dé leur âme : tout entiers à leurs tristes pensées, ils semblaient ne rien voir, ne rien entendre; en vain les Parisiens attendris les saluaient des cris de Vive la garde impériale! Ces cris, qu'ils méprisaient peut-être, n'arrivaient plus jusqu'à leurs cœurs; soumis aux ordres suprêmes, ils avaient été appelés là pour marcher, ils marchaient, et c'était tout.

On se hâta de les éloigner et de les remplacer par des troupes de ligne. Ces troupes nouvelles ne tardèrent point à faire éclater ellesmêmes leur propre mécontentement.

On les indisposa en brisant leur ancienne organisation, et en introduisant dans leurs rangs des officiers inconnus.

On les dégoûta du service en les fatiguant par des manœuvres et des revues perpétuelles, ordonnées non plus pour leur instruction,

garnison à Metz, pas un soldat ni an seul officier n'a été réprimandé une seule fois.

mais bien pour celle de leurs nouveaux chefs.

On les humilia en les maltraitant; en les contraignant de porter les armes aux gardesdu-corps qu'elles avaient pris en aversion : et l'on sait qu'on n'humilie pas en vain l'amourpropre français. (1)

L'amour-propre chez le soldat est le véhicule de la gloire. C'est en le flattant, c'est en l'élevant par des proclamations dignes de l'antiquité, que Napoléon, dans ses immortelles campagnes d'Italie, parvint à ranimer le courage de son armée et à faire de chaque soldat un béros.

C'est en l'humiliant, cet amour-propre, par

(1) Le rétablissement de la maison du roi déplut à tout le monde et excita particulièrement le mécontentement et la jalousie de la garnison de Paris.

Les soldats de la ligne et les gardes nationaux de service aux Tuileries, ne pouvant se soumettre à regarder les gardesdu-corps comme étant au-dessus d'eux, s'abstenaient la plupart du tems de leur porter les armes. Ils se plaignirent, et l'ordre fut donné à la troupe de ligne seulement, de leur rendre, sous peine de punition, les honneurs mtlitaires qui leur étaient dus. De jeunes gardes-du-corps, fiers de cette victoire, prirent plaisir à passer et repasser sans cesse devant les factionnaires, et à les forcer chaque fois de rendre respectueusement hommage à leurs épaulettes, etc. L'on sent facilement combien cet enfantillage qui ne fut pas réprimé, dut humilier et blesser les vieux soldats de Napoléon.

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