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menter plutôt qu'à diminuer, ne laisse pas que d'être très pratique. Aussi a-t-ou pu émettre l'idée, en 1870, de l'appliquer au transport des vins du Midi à Paris. La compagnie P.-L.-M., alors débordée par l'affluence des marchandises qui se pressaient à toutes ses gares, ne pouvait suffire aux services de la viticulture méridionale; on cherchait un moyen de remédier aux inconvénients passagers qui résultaient de l'encombrement du moment. Celui qui a été proposé n'a cependant pas prévalu.

CHAPITRE V

SEMOIRS, FAUCHEUSES, MOISSONNEUSES, ETC.

LES SEMOIRS : Qualité de leur travail, économie de semences. LES FAUCHEUSES ET LES MOISSONNEUSES: Historique, travail journalier, économie de main-d'oeuvre. La moisson mécanique et la moisson à la faulx, leur importance relative. Les moissonneuses-lieuses, compte de moisson à la machine. LES MACHINES A BATTRE : Historique, principaux types de batteuses. Les machines à battre dans la grande et dans la petite culture. Statistique comparée des progrès des machinesà battre et des moissonneuses.- LES MOTEURS A VAPEUR: Machines fixes et locomobiles, qualités recherchées dans les machines agricoles. Statistique. LES APPAREILS DE L'INDUSTRIE LAITIÈRE: Transformations dont elles ont été la cause. Le matériel agricole à l'inventaire.

Les instruments de labour et de transport constituent à peu près, à eux seuls, tout le gros matériel des exploitations ordinaires. Un inventaire sommaire permet de se faire une idée assez exacte de leur importance et de leur valeur. Les autres groupes d'appareils sont spéciaux aux cultures relativement riches et aux pays qui ne manquent pas de capitaux. Examinons d'abord les semoirs.

Les semailles ont une si grande influence sur la réussite des récoltes, qu'on ne saurait apporter trop de soin à leur exécution. Dans les pays de petite et de moyenne culture, le

chef d'exploitation ne se repose que sur lui de ce travail essentiel. Sous le régime de la grande propriété, le directeur de l'entreprise agricole réserve cette même tâche à des ouvriers expérimentés, d'une habileté bien établie. Mais, quelle que soit l'adresse du semeur, le semis à main et à la volée ne répond jamais qu'imparfaitement aux conditions essentielles que doit remplir cette opération. La diffusion des graines à la surface du sol approcherait-elle de la perfection, que leur enfouissement à la herse serait, à lui seul, une cause d'infériorité sur l'ensemencement mécanique?

En s'exerçant et cn se formant peu à peu, l'homme parvient à une répartition, vraiment étonnante par sa régularité, des semences confiées au sol. Avec un bon semeur, il est impossible de reconnaître, au moment de la levée des plantes, si elle s'effectue normalement, la moindre tache de nature à déparer un champ. Aussi semblerait-il, à se borner à un examen superficiel des choses, qu'il n'y a rien à désirer de mieux; mais il suffit de regarder ce qui se passe d'un peu près pour se convaincre des inconvénients du semis à la volée, si bien fait qu'il soit.

Les jeunes plantes qui lèvent au hasard se gênent souvent dans leur développement. Elles se disputent la terre, et celles qui se trouvent moins bien situées disparaissent bientôt, étouffées par leurs voisines; les graines qui leur ont donné naissance se trouvent ainsi avoir été employées inutilement. Les accidents de ce genre n'auraient cependant qu'une importance tout à fait accessoire, si l'irrégularité de l'enfouissement à la herse ne venait augmenter considérablement cette source de pertes. Les semences sout toujours inégalement recouvertes les unes restent à la surface du sol, tandis que les autres sont trop profondément enterrées, et l'on ne peut obvier d'aucune manière à ces irrégularités. De là, une perte de grains considérable, qui peut s'élever à 50 pour cent,

et une végétation irrégulière, dont l'effet est trop souvent marqué par une diminution sensible du rendement.

Les semoirs mécaniques déposant les semences en lignes, les plus importants, permettent d'obvier aux inconvénients des semailles à la main. Ceux de ces instruments qui sont destinés à la grande culture se tirent de leur rôle avec une perfection qui ne laisse réellement que bien peu de chose à désirer. Depuis le semoir Hugues, avec cylindre distributeur à alvéoles, qui s'est montré dans nos expositions de 1835 à 1840, de notables perfectionnements ont été apportés dans la construction de ces appareils. Les semoirs mécaniques de construction anglaise, ou les modèles analogues, peuvent être employés pour toute espèce de graines; ils disposent les semences à une profondeur régulière, en lignes équidistantes, d'un parallélisme absolu et d'une rectitude irréprochable. L'espacement des lignes est susceptible, du reste, de varier au gré du conducteur de l'appareil.

Les semoirs destinés à la grande culture diffèrent peu dans leur construction; tous sont établis sur les mêmes principes. Ils se composent essentiellement d'une caisse oblongue, destinée à recevoir la semence, qui passe de ce premier récipient dans un auget inférieur de même longueur. Les graines, arrivées dans ce deuxième compartiment, sont saisies par des cuillers fixées sur des disques verticaux, placés tous sur un même axe. Cet axe prend son mouvement de rotation sur l'essieu des roues, à l'aide d'engrenages dont on peut faire varier les proportions suivant la vitesse que l'on désire communiquer à l'appareil distributeur. Les graines sont ainsi enlevées, comme elles le seraient par une noria, pour être déversées dans un tube abducteur qui les amène à proximité du sol. Elles s'engagent ensuite dans l'intérieur d'un soc spécial, pour tomber successivement dans une raie étroite, d'une profondeur régulière, obtenue par la pression

constante, sur le soc, d'un poids dont on peut régler la force suivant les situations.

L'instrument dont la description sommaire vient d'être donnée est porté sur deux roues. On se contentait autrefois de conduire les chevaux chargés de le trainer avec beaucoup d'attention, pour ne pas laisser dévier la direction des lignes. On a voulu obtenir plus de perfection dans le travail, et l'on a complété les anciens appareils par l'adjonction d'un avanttrain qui sert de gouvernail, et qui permet de régler la direction du semoir avec une rectitude absolue.

Les semoirs munis de ces derniers perfectionnements sont d'un usage ordinaire dans les domaines d'une grande partie de la France. On les retrouve dans toutes les fermes importantes de la région du Nord, de la Beauce, de la Brie, de la Bourgogne, etc., où ils sont employés alternativement aux semailles des betteraves, du froment, de l'avoine, de l'orge, du maïs, de la féverole, de la luzerne, du trèfle, etc. Les avantages des semis en lignes sont si bien établis aux yeux des cultivateurs qui en ont usé une première fois, qu'ils en acceptent définitivement l'usage.

Les grands semoirs exigent deux et quelquefois quatre chevaux pour leur traction, et trois hommes pour leur service. Cela paraît onéreux au premier abord, mais il est bon de remarquer que l'économie de la semence compense, à elle seule, bien plus que les frais supplémentaires qu'exige le semis mécanique. Cette économie ne peut pas être estimée à moins d'un tiers de la quantité ordinaire, soit 80 lit. par hectare; on est dispensé, d'un autre côté, du hersage de recouvrement, qui est inutile à la suite du semoir.

Quelle est la surface que peut ensemencer un de ces instruments en une journée de dix heures ? On peut admettre, sans grande chance d'erreur, qu'elle est de 3 hectares. Vingt jours suffisent, environ, pour l'ensemencement de 60 hect.;

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