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S6. Voies et moyens.

En supprimant les établissements religieux, en déclarant leurs biens nationaux, le gouvernement s'est chargé de réparer, de reconstruire les églises, et de pourvoir d'une manière convenable aux frais du culte 1.

A propos des pensions et traitements des ministres du culte. catholique, le rapporteur du projet de loi sur l'organisation des cultes disait au tribunat : « Il n'en coûte pas au trésor »> public la quinzième partie de ce que la nation a gagné à la >> réunion des biens du clergé 2.»>

Les deux tiers des propriétés foncières du ci-devant pays de Liége, étaient dans les mains du clergé.

Le double devoir du gouvernement de remettre à la disposition des évêques toutes les églises nécessaires au culte et d'assurer des traitements à ses ministres, a été consacré par la loi du 8 avril 1802 3. Mais on ne restituait pas les biens; seulement le gouvernement s'obligeait à prendre des mesures pour que les catholiques pussent faire des fondations en faveur des églises 4.

La même loi contenait le principe de l'institution des fabriques, non pour gérer les biens puisqu'on ne les restituait pas; elles étaient seulement appelées à veiller à l'entretien, à la conservation des églises, à l'administration des aumônes 5.

On a rendu ensuite aux fabriques les biens et rentes qui avaient échappé à l'aliénation 6. Mais la plupart de ces revenus étaient

1 Décrets 4 août 1789, art. 5. 2 Novembre 1789- 20-22 avril 1790, art. 5. 2 Siméon, au nom de la commission chargée de l'examen du projet de loi. Séance du 7 avril 1802.

3 Concordat. Articles 12, 14. Articles organiques 64 à 67, 71, 72, 73, 77. Concordat. Art. 15.

5 Article organique 76.

6 Décrets 26 juillet 1803 (thermidor an 11) 31 juillet 1806-20 décembre 1803 (28 frimaire ar 12) et autres.

chargés de fondations dont on ne pouvait changer la destination. Ainsi cette restitution laissa encore les fabriques sans moyens pour réparer les églises.

Les collégiales n'ont pas été rétablies; elles sont demeurées supprimées; leurs biens n'ont pas été rendus à leur destination, la plupart sont restés dans les mains de l'état 1.

Le décret du 30 décembre 1809, organique des fabriques, a chargé les communes de subvenir aux réparations á défaut de ressources des fabriques. Cependant serait-il permis d'étendre cette obligation aux réparations d'un temple qui par sa vastitude et son style architectural doit se ranger parmi les principaux édifices qui décorent le sol de la Belgique?

Obliger le conseil communal d'intervenir dans les grandes réparations de l'église Notre-Dame, ne serait-ce pas commettre une injustice? Écraser la petite ville de Huy? N'aurait-elle pas le droit d'objecter que si elle doit pourvoir aux besoins du culte et au maintien de sa dignité, elle peut accomplir ce devoir avec une église moins riche d'ornements, dont le coût serait de beaucoup inférieur à celui des réparations de l'édifice actuel?

Les revenus de la collégiale Notre-Dame, capitalisés, donneraient à-peu-près trois millions. Si cette somme était à la disposition de la fabrique, elle pourrait se charger des travaux; mais il n'en n'est pas ainsi, c'est donc au gouvernement à y pourvoir. Celui qui jouit des bénéfices doit supporter les charges: incommoda sequunter commoda. Par application de ce principe de justice éternelle, universelle, l'église de Sainte-Gudule à Bruxelles est réparée aux frais de l'état. Des crédits, toujours d'un minimum de quarante mille francs (40,000 frs.) sont alloués au fur et à mesure des besoins. Cette église aussi, provient d'un chapitre; elle est actuellement celle d'une paroisse primaire. Une parfaite identité met ces deux églises de Bruxelles et de Huy sur

1 Art. organique 11 Décret 15 ventôse an 15.

la même ligne. Où il y a parité de motifs, il faut appliquer le même principe.

L'église Notre-Dame de Huy, est, comme celle de Ste-Gudule à Bruxelles, un monument d'art, qui, sous ce rapport, intéresse le pays tout entier; c'est donc à lui à le prendre sous sa puissante égide.

La législation de France est restée la même sur ce point qu'en Belgique. Afin de justifier de plus en plus le crédit porté aujourd'hui à 1,200,000 francs pour réparer les églises paroissiales, M. Barthe, alors ministre de la justice et des cultes en France, divisait ces édifices en trois classes. Dans son rapport sur le budjet de 1840 il disait :

« La première classe se compose des églises bâties autrefois >> par de riches communautés, avec le même luxe d'architecture >> et dans des proportions aussi vastes que la plupart de nos belles >> cathédrales.

« Ces églises, devenues communales lors du rétablissement du >> culte, et privées des ressources avec lesquelles il était pourvu >> autrefois à leur construction et à leur entretien, sont presque » généralement dans un état déplorable.

« Placées ordinairement dans des localités peu importantes, dont » tous les revenus suffiraient à peine pour entretenir convenablement » ces magnifiques édifices, elles marchent rapidement vers une » destruction complète : LA MAIN DU GOUVERNEMENT PEUT SEULE » ARRÊTER LEUR RUINE. »

4 Moniteur du 23 janvier 1839.

NOTICE

SUR UN

ANCIEN TEMPLE OU CRYPTE

DONT LA DÉCOUVERTE A ÉTÉ FAITE SOUS

LE PAVEMENT de l'ancienne église de l'abbaYE DE ST-MICHEL A ANVERS,

AU MOIS DE MAI 1843;

par

M. F. H. MERTENS,

membre effectif de l'Académie, etc.

Au mois de mai 1843 on fit, aux frais de la ville, des fouilles à l'endroit du terrain qu'occupait l'ancienne église de l'abbaye de St-Michel, afin de découvrir les sépultures des abbés et recueillir les ossements de ces prélats pour les transporter dans un lieu convenable. On ne trouva rien des restes précieux que l'on croyait devoir être conservés sous le pavé de l'église; mais, au lieu de tombeaux, on découvrit sous le pavé du choeur, où les fouilles avaient été particulièrement dirigées, les débris d'un temple ancien, qui nous a paru digne de fixer l'attention des antiquaires. Le conducteur des travaux de la ville, chargé de la direction des fouilles, fit mettre entièrement à découvert cette intéressante trouvaille, mesura avec exactitude les restes et les dimensions du petit temple et en traça le dessin que nous reproduisons dans cette notice. La maçonnerie, appelée vulgairement coulée, est en pierre de Tournay, de l'espèce de celle qui a servi à la construction de

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l'ancien bourg d'Anvers; de morceaux très-irréguliers et ayant seulement les parements taillés. Les fondations sont en briques d'un volume extraordinaire en comparaison de celles d'aujourd'hui: elles n'ont pas moins de 30 centimètres sur 15 et 8 dans leur trois dimensions. Nous avons trouvé dans les documents du 12e siècle qu'il y avait des briqueteries sur le bord de l'Escaut, dans le voisinage du couvent. Les murs, dans tout le pourtour de l'édifice, ont l'énorme épaisseur d'un mètre dix centimètres, renforcés encore à l'intérieur par des pilastres. Ils ont été démolis seulement à la hauteur du sol de l'église élevée plus tard sur l'emplacement, et ont conservé ainsi une hauteur d'un mètre 80 centimètres. Il nous a paru assez remarquable que la partie antérieure du petit temple ait été démolie jusques dans les fondements, de sorte qu'il n'existe aucuns vestiges qui nous permettent de déterminer sa longueur ni la forme de son entrée, qui, du reste, comme les façades de la plupart des anciens temples chrétiens, était tournée vers l'occident.

A l'endroit marqué E, au fond d'une espèce de choeur, subsistait encore la table de l'autel construite en même pierre que le reste de l'édifice: adossée contre le mur, la maçonnerie en était entièrement isolée.

On ne saurait douter qu'il y ait eu une entrée principale à la partie antérieure. Probablement que les deux entrées A et B étaient destinées pour les moines: à la première on a reconnu les vestiges des marches par lesquelles on descendait dans le temple; à l'autre les marches au nombre de cinq existaient encore en entier.

Puisqu'on y entrait en descendant, on est naturellement porté à regarder notre temple comme une crypte; mais on ne sait alors comment s'expliquer l'existence des quatre soupiraux qui se trouvent des deux côtés de la nef, et qui ont dans leur ouverture resserrée au milieu, la largeur variante de 50, de 15, et de 10 centimètres, et ayant à l'intérieur une pente d'environ 30 degrés; sur les deux tiers de l'épaisseur du mur, le bas de ces ouvertures

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