à la nef, on remarque assez sensiblement ce grand vide qui sert comme de péristyle ou vestibule et que nous avons déjà touché en parlant du plan 1. C'est une construction tellement en dehors du caractère des autres parties de l'église qu'au premier abord on dirait qu'elle a été faite postérieurement et à une époque où l'art gothique était à son déclin. La distance depuis le mur de la façade principale jusqu'à la nef, est égale à la largeur de celle-ci. Deux piliers d'une épaisseur énorme et faisant corps avec la première colonne des travées, présentent dans la direction de la nef une demie colonne qui s'élève du pavé jusqu'à la hauteur des tribunes pour soutenir un grand arc profondément refoulé de moulures, et qui sépare les voûtes de la nef de celle qui couronne le péristyle d'entrée. Remarquons que les ornements des chapiteaux de ces colonnes ne sont pas très-gothiques et sentent une restauration moderne. Deux pieds-droits de forme carrée, sans la moindre décoration, sont endossés dans les angles du mur extérieur. Ces membres sévères se prêtent assez bien aux constructions qui l'environnent, mais à la partie supérieure, là où commencent les nervures de la voûte, ils se terminent d'une manière si barbare que nous les osons placer parmi ces grossières restaurations modernes dont les églises nous offrent maint exemple. Au bas de ces pieds-droits et des grands piliers dont nous venons de parler, s'engagent des colonnes qui supportent un arc d'une très-grande ouverture. Ces colonnes à diamètre égal n'ont qu'environ la moitié de la hauteur de celles des travées, et les chapiteaux ne sont qu'une lourde imitation de ceux que nons avons décrits. Les arcs qui réunissent ces colonnes sont d'une grossièreté toute rustique et dont on ne trouverait d'exemple que dans les plus barbares essais des temples latins; tellement on a poussé l'oubli de toutes les conditions de l'art en construisant des

1 Peut être aurions-nous été plus régulier en commençant la description de l'intérieur par l'entrée de l'église; mais cette partie étant comme art, d'un intérêt fort restreint, nous avons préféré la marche que nous avons suivie en parlant d'abord des constructions d'une beauté plus accomplie.

arcs que nulle moulure ne décore et ne tend à en diminuer la pésanteur et l'aridité. Au-dessus, et répondant symétriquement au sommet des arcs, on a pratiqué dans l'épaisseur des murs des tribunes au nombre de quatre, qui n'ont aucun rapport avec celles de la nef: comme forme et comme grandeur il y a différence complète. Couronnées d'un arc en ogive, ces tribunes ressemblent à deux fenêtres figurées dans le mur, et dont le bas est décoré par une mince balustrade qui sert d'appui à la tribune. Sous ces balustrades et dans une direction horizontale, règne une moulure que nous y croyons placée pour rompre autant que possible la fatigante nudité de ces murs.

Nous devons signaler spécialement une décoration au-dessus des tribunes où de petites arcades en plein cintre ont remplacées l'ogive. Ce retour du cercle ne se voit nulle part dans les autres décorations de l'intérieur.

A la hauteur de la naissance de la voûte, on voit deux croisées très-étroites et dont le tympan, en ogive, est seul percé à jour. Ces croisées dont le bas est également décoré d'une mince balustrade d'appui, sont percées très-irrégulièrement et sans établir la moindre analogie avec les autres constructions.

Les mêmes tribunes que nous venons de décrire sont pratiquées dans le mur de la façade: elles sont en tout point semblables. Bien que la grande croisée se dessine entièrement à l'entrée, nous n'en parlerons pas ici : sa construction tient plus particulièrement à la façade, nous la décrirons en parlant de celle-ci. La voûte qui se suspend sur le péristyle d'entrée est une voûte d'arête du même système que les autres; dans l'un des pans, tout près de la façade, on a percé une ouverture circulaire qui produit un effet malheureux. Inutile d'observer que c'est une construction de beaucoup postérieure à l'achèvement de l'édifice. On est très-souvent forcé d'obéir à la nécessité, nous ne l'ignorons pas, mais ne pourrait-on éviter la grimace que produit ce cercle dans la voûte, tout en laissant cette ouverture indispensable au service? Oui sans doute; mais

trop souvent ces ouvrages importants sont confiés à des mains inhabiles ou ignorantes qui, loin de respecter les vieux monuments, sont totalement éloignées d'en connaitre et le style et le caractère.

Tout le mur de la façade, depuis le pavé jusqu'à la hauteur des tribunes, est uni et sans décoration. L'entrée principale est percée de la manière la plus simple: c'est une baie de porte d'une forme à peu près carrée sauf un arc extrêmement surbaissé qui la couronne. Deux portes de petites dimensions, et qu'encadrent de moulures ogivales, sont à côté de l'entrée, l'une de ces portes conduit à l'escalier de la tour et l'autre à un petit magasin. Un porche en bois, de construction moderne, marque l'entrée. Ces porches sont indispensables aux entrées des églises; mais comme nous l'avons observé au plan, c'était ici la place du buffet de l'orgue et du jubé. Ce grand emplacement n'a pas été réservé pour des objets insignifiants, mais pour y placer des constructions dont la grandeur et la beauté étaient en harmonie avec les autres parties du monument.

Ainsi que nous l'avons observé au plan, les bas-côtés longeant la nef présentent quelques différences du côté septentrional des colonnes qui reçoivent la retombée des voûtes sont engagées de moitié dans le mur extérieur; du côté méridional il y a une distance d'environ deux mètres qui sépare les colonnes du mur. Cette distance est remplie par un massif de maçonnerie qui fait séparation entre ces différentes parties que l'on peut considérer comme des chapelles de très-peu de profondeur, il est vrai, mais dont la largeur répond à l'ouverture des travées. Les colonnes des bas-côtés ont la hauteur de celles de la nef; mais elles ont un diamètre beaucoup plus restreint. Le dessin que nous avons vu pour la nef, a été suivi pour les piedestaux, les bases et les chapitaux, seulement les feuilles de ceux-ci sont plus rapprochées par suite de la dimension moins grande. Les colonnes du côté méridional présentent aussi un arrangement dissemblable trois colonnes groupées dont l'une répond à celle