Les enfans ver- fon pere que les enfans heureux ? Mais Dionyfodore de Trezene le reprend fur cela, & raccommodant le proverbe, is le rend dans ses tueux, la gloire des peres. Ce proverbe rac Il n'y a que les leurs peres. fe propres termes commodé par Dio- Qui eft-ce qui louëra fon pere que les enfans malheureux ? nyfodore,& fon vé- Et il dit ritable Sens. que ce proverbe eft fait pour fermer la bouche à ceux qui n'ayant aucun mérite, ni auenfans fans mérite cune vertu en eux-mêmes, parent des vertus qui louent toûjours de leurs ancêtres, & sont toûjours à les loüer. Mais pour ceux en qui éclate naturellement la génerofité de leurs peres, pour me fervir des termes de Pindare, comme on le voit en vous, qui conformez toute Votre vie au plus parfait des exemplaires que vos ayeux vous ont laiffé, c'est une grande felicité de fe fouvenir toûjours des gens de bien, qui ont été dans leur famille, d'entendre rapporter leurs grandes actions, & de les raconter eux-mêmes. Car faute de biens qui leur foient propres, Га Il faut conformer Ja vie au plus par fait modelle qu'on a dans fa famille. entendre que les enfans heureux, ils ne font pas dépendre, leur réputation de ces louanges étrangeres, mais en ajoûtant leurs bonnes actions à celles de leurs devanciers, ils les beniffent & les louent, non seulement comme les auteurs de leur race, mais encore comme les modelles de leur vie. Voilà pourquoi je vous envoye la vie que je viens d'écrire d'Aratus votre concitoyen, & l'un de vos ayeux, que vous ne dèshonorez en aucune maniere, soit que l'on contemple la gloire que vous vous êtes acquise, foit que l'on confidere la puissance à laquelle vous vous êtes élevé. Et fi je vous l'envoye, ce n'est pas que je ne fois bien perfuadé que vous avez pris tout le foin poffible de vous inftruire mieux que perfonne de tout ce qu'il a fait de beau, mais c'eft afin que vos enfans Polycrate & Pytheoles foient nourris & élevez parmi ces grands exemples domeftiques, en lifant eux-mêmes & en entendant dire tout ce qu'ils doivent imiter. Car c'eft le propre d'un homme amoureux de lui-même, & nullement amoureux de l'honnêteté & de la vertu, de fe croire plus parfait que les autres. Car c'est le propre d'un homme amoureux de lui-même, & nullement amoureux de l'honnêteté & de la vertu,de fe croire plus parfait que les autres. ] Cette maxime eft certaine. Il n'y a que l'amour propre qui puiffe nous donner cette grande idée de nous. Au lieu que l'amour de l'honnêteté & de la vertu, en nous faisant admirer les vertus des autres, nous dé- Après que l'Ariftocratie pure & véritablement Doriene eut été une fois ruinée à Sicyone, comme une harmonie qui tombe dans le défordre & la confufion,& qu'elle eut fait place aux féditions, & à toute la furieufe ambition des harangueurs du peuple, cette pauvre ville se vit travaillée de maux.& de troubles horribles. Elle ne fit que changer tous les jours de Tyrans, jusqu'à ce que les Citoyens eurent élû pour leurs premiers MaClinias,pere d' A- giftrats Clinias & Timoclidas, les deux perfondas, deux Magi- nages qui avoient le plus de réputation & la plus Grats très-faget. grande autorité dans la ville. Déja fous leur administration le Gouvernement paroiffoit le rétablir & prendre une meilleure forme lorsque Timoclidas vint à mourir. ratus, Timocli Clinias tué par Abantidas. Abantidas,fils de Pafeas, profitant de cette occafion pour se faifir de la Tyrannie, tua Clinias, & de tous fes parens ou amis, il chassa les uns,& tua les autres. Il cherchoit auffi fon fils Aratus qui n'avoit que fept ans, pour le faire mourir. Mais "Comment Aratus parmi le trouble & le défordre, dont la maison étoit pleine quand le pere fut tué, cet enfant se déroba avec ceux qui prirent la fuite, & errant par la ville, saisi de frayeur & fans aucun secours, Je fauva quand on tuoit fon pere. Après que l'Ariftocratie pure &véritablement Doriene. ] C'eftà dire, & entiérement parfaite, par une figure empruntée des modes de la mufique Grecque, parmi lefquels le Dorien tenoit le pre& étoit eftimé comme le plus parfait, jufques-là que mier rang, Platon dit en quelque endroit, que le ton Dorien méritoit feul le nom d'harmonie Grecque. J'en ai fait ailleurs une remarque. Au refte quand Plutarque dit ici véritablement Doriene il a égard à ce que la ville de Sicyone étoit Doriene d'origine. , Il fe fauve dans d'Abantidas, qui maison de la four étoit fa tante. il entra par hazard fans être vû dans la maison d'une femme nommée Sofo, qui étoit fœur d'Abantidas, mais qui étoit mariée à Prophantus frere de Clinias. Cette femme naturellement génereuse, & d'ailleurs perfuadée que c'étoit sous la conduite de quelque Dieu que cet enfant s'étoit refugié chez elle, le cacha avec grand foin, Générosité de cette & la nuit venuë elle l'envoya fecretement à Argos. femme. Haine d'Aratus pour les Tyrans. Aratus, fauvé de cette maniere & échappé de ce grand danger, fentit dès ce moment s'allumer en lui la haine la plus violente & la plus vive contre les Tyrans, & elle s'augmenta toûjours avec l'âge. Il fut élevé avec grand foin chez les hôtes & les amis de fon pere. Et voyant qu'il devenoit grand & robufte, il s'adonna aux exercices de la palestre, & y devint fi habile, qu'il combattit aux cinq fortes d'exercices qu'on appelle du Pentathle, & y fut couronné. Auffi paroît-il fur Les ftatuës un certain air d'Athlete, & au travers de la mine majestueufe & grave qui éclate fur son visage, on démêle la voracité & le hoyau du Champion. De-là vint qu'il s'attacha moins à l'E- ftatues. On démêle la voracité & le boyau du Champion. ) Car les Athletes mangeoient beaucoup, & un des inftrumens de leurs exercices étoit le hoyau, pour becher la terre,& pour augmenter par là leurs forces. Theocrite a compris l'un & l'autre, la voracité des Athletes & leur hoyau, dans ce vers de fon iv. Kax τ' ἔχων σκαπάναν το και καπ το Il est parti avec un hoyau & vingt De là vint qu'il s'attacha moins Progrès qu'il fit dans les exercices. jeux du Pentathle. Il fut couronné aux Air & Athlete qui paroiffoit fur fes Mémoires d'A ratus. Dinias Ari tuent Abantidas. Pafeas pere d4de la Tyrannie, eft tué par Nicocles, bantidas, s'empare loquence qu'il ne convenoit à un homme d'Etat, quoiqu'il y en ait qui prétendent qu'il a été plus éloquent que beaucoup de gens n'ont cru, & qui en jugent par les mémoires qu'il a laiffez, & qu'il compofa a la hâte au milieu d'une infinité d'autres occupations, & dans les termes les plus ordinaires & les moins recherchez. Quelque tems après Dinias & Ariftote le DiaHote le Dialecticien lecticien drefferent des embûches à Abantidas, qui ne manquoit pas de fe trouver tous les jours aux converfations & aux difputes qu'ils avoient enfemble dans la place publique, & de difputer même avec eux, car ils l'avoient infenfiblement jetté dans ce goût-là pour exécuter leur projet, & le tuerent. Après la mort d'Abantidas, fon pere Pafeas occupa la Tyrannie, & Nicocles l'ayant tué en trahifon, s'en empara auffi à fon tour. On dit que ce Nicocles ressembloit parfaitement de visage à Periandre fils de Cypfelus, comme On en jugeoit par Oronte le Perfe reffembloit à Alcmeon fils d'Amfoient de ces per- phiaraus, & comme reffembloit au Grand Hector fonnages. ce jeune Lacedémonien, qui felon le rapport de la foule des par nien, quireembloit Myrfilus, fut écrafé à Hector, écrafé curiofité attira pour le voir dès que le bruit en fut douroit pour le voir. répandu. qui s'en faifit à fon zour. les ftatues qui re Jeune Lacedémo par la foule qui ac , grande application aux exercices gens que la de Platon, intitulé les Rivaux, Tom. II. de ma feconde édition pag. 597. Le milieu qu'il faut fuivre, c'eft d'exercer moderement le corps & l'efprit, & de donner un peu plus à l'efprit qu'au corps. |