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defagrémens qui y font attachés, font bien capables d'humilier la fierté d'un Prince, fi d'un autre côté l'efperance d'une Couronne peut le flatter. La Maifon d'Autriche, dont les alliances ont fait pourtant la grandeur; fournit à Mr. de Wilhelm des preu-. ves de tout ceci. Maximilien Epoux de Marie de Bourgogne, parut pendant la vie de cette Princeffe partager avec elle le cœur des Flamands. Après la mort de Marie, il devint l'ojet de leur haine ; ils ne refpecterent dans lui ni le Fils de l'Empereur, ni la qualité auguste de Roi des Romains. Un Titre plus touchant pour eux, celui de Pere de leur jeune Souverain, ne put même prévenir leur revolte ni arrêter leurs outrages. Charles V infatiable de grandeurs, voulut marier fon Fils avec Marie Reine d'Angleterre. Philippe ne parut à Londres, que pour y figner fa honte, & y fubir des conditions, tolérables pour un particulier, indé centes pour un Prince destiné à regner fur le Trône le plus étendu du monde. Ifabelle elle-même, cette vertueu

fe Reine de Caftille, jaloufe à l'excès de fes droits, n'en abandonna jamais aucun à Ferdinand fon Epoux. Ce Prince fi habile, après la mort d'Ifabelle, ne put retenir la Caftille dans fes interêts, & il eut la douleur de la voir prefqu'entiere voler au - devant de fa Fille & de fon Gendre Philippe d'Autriche.

L'Election eft le troifiéme moyen 'de pofféder la Couronne. A regarder les chofes dans la fuperficie, rien n'eft plus avantageux pour une Nation que le droit d'élire fon Maître. Quel avantage pour elle fi la raison; la juftice, l'amour feul de la Patric préfidoient aux élections de fes Rois! Les Princes nés dans la Pourpre, ont-ils la même compaffion pour des maux qu'ils n'ont jamais connus, qu'un Particulier qui s'est vû dans la néceffité de fouffrir, de dépendre, de parvenir ? Quelle émulation parmi les Grands du Royaume, à la vue d'une Couronne qui pourroit être & qui feroit fûrement le prix de la vertu & du mérite ! Mais n'eft-ce pas réaliser une chimere, que de penfer que l'élection d'un Roi,

foit accompagnée du moins fouvent & paisiblement de ces avantages ? Un feul peut être élû; combien prétendent à l'être ? Les cabales fe forment,' les partis s'entrechoquent avec fureur, les loix fe taifent, & la guerre embrafe les Provinces. Si ces malheurs n'arrivent pas, fi l'élection eft tranquille, le nouveau Roi goûte-t-il long-tems fans amertume le plaifir de commander? Il peut faire des graces, il ne peut les retirer, & fes bienfaits ne fervent fouvent, qu'à donner la liberté de l'offenfer! Efclave autant que Maître, il cede à l'ambition des Grands devenus fes ennemis, parce qu'ils étoient fes égaux, il plie fous les caprices d'une Nation dont on réveille la jaloufie.Il eft beau de regner, puifqu'on le veut, mais il est trifte de ne monter fur le Trône que pour obeïr en paroiffant commander.

Enfin, on parvient à la Royauté par droit de fucceffion. Ce quatriéme moyen, eft fans comparaifon plus avantageux que les précedens. L'habitude de voir réfider la fouveraine Puiffance dans la même Famille, im

prime dans le cœur des fujets un fen timent d'amour & de refpect, qui les contient dans le devoir, qui leur fair chérir la dépendance. Les Grands fubordonnés, n'attendent d'élevation que de leur fidélité; tous confpirent au bien commun, tous travaillent avec ardeur, certains que leurs fervices ne vieilliront point, & qu'ils obtiendront du Fils des récompenfes méritées fous le Pere. Eft-il permis à un Souverain que la naiffance a placé fur le Trône de violer les droit? On n'a point ces excès à craindre d'un Prince Chrétien, foumis lui-même à une Religion qui lui dicte des devoirs, comme elle en prescrit aux fujets.Seul poffeffeur de l'autorité fuprême, & auffi maître que fes Prédéceffeurs, il peut felon les tems & les befoins, établir de nouvelles loix, & abroger les anciennes. Mais il refpecte l'ouvrage & les, graces de fes Anceftres, tandis que le bien public n'exige point qu'il les détruife. Lors même que des vûës fupérieures le forcent à réformer d'anciens Privileges, il exprime fes intentions en Pere avant

que

que de s'expliquer en Maître, il ne le fait que pour en fubftituer de plus durables, & de plus propres à procurer le bonheur des peuples. Telle a été dans tous les tems la conduite de la Maison de Baviere; c'eft fans doute à cette modération fi loüable, qu'elle doit la tranquille poffeffion de cette belle portion de l'Allemagne, depuis fix cens ans de Pere en Fils, fans interruption, & fans que l'autorité ait été tranfmife une feule fois aux collatéraux.

M. de Wilhelm commence la feconde partie de ce quatrième Difcours par un élégant badinage fur les Conftellations celeftes; il est bien éloigné d'adopter les réveries de l'Aftrologie judiciaire, mais il fait voir que l'on peut chercher jufques dans le firmament des images affez naturelles de ce qui arrive fur la terre. La Couronne auftrale, par exemple, repréfente felon lui, & peint fenfiblement le fort des Couronnes de la terre. Ce Préambule orné de paffages de Manilius!, & de Defcriptions Aftronomiques, fait attendre avec imJanvier 1734.

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