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travail, s'il avait été terminé avant la publication de ce livre, nous aurait mis à même de rétracter ou de confirmer notre opinion à ce sujet.

Après toutes les tentatives de forage à grand diamètre qui ont été faites pour remplacer, dans certains cas, les moyens habituels de fonçage des puits de mines, il nous a paru nécessaire d'ajouter un chapitre sur ce sujet.

Un relevé des résultats obtenus par la sonde, sur un certain nombre de points, indique combien peuvent être multipliées les applications d'un art si utile.

Nous n'avons cru devoir reculer devant aucun détail; plus de 1,500 coups de sonde donnés pour servir à l'exploration du sol nous ont mis à même de connaître toutes les circonstances qui peuvent se présenter dans le travail du sondeur. En nous attachant à publier les méthodes aujourd'hui en usage, nous avons mentionné celles qu'on employait auparavant, et nous indiquons leurs divers perfectionnements. Nous espérons ainsi éviter aux personnes qui voudront se livrer à cette industrie les expériences coûteuses par lesquelles nous avons dû passer, leur fournir les moyens d'utiliser les travaux interrompus, en réparant les accidents résultant de la rupture des outils, de l'éboulement ou du resserrement du terrain, de la déviation du trou de sonde et de la détérioration des tuyaux de retenue, les prémunir enfin contre les pertes de temps et d'argent qui découragent trop souvent, et font renoncer à des travaux auxquels il ne manque, pour donner une large compensation aux sacrifices déjà faits, que d'avoir été menés à fin.

Il nous a semblé nécessaire d'entrer dans des explica

XII

tions qui sembleront surabondantes à certaines personnes, mais que les travailleurs apprécieront lorsqu'ils seront dans l'embarras.

Enfin, dans un appendice, nous donnons quelques avis qui seront utiles aux personnes étrangères aux sondages, et qui veulent se procurer les moyens terminons cette note par quelques mots sur la baguette d'en pratiquer. Nous divinatoire et ses adeptes, et tâchons 'de faire comprendre que cet instrument est une échelle commode dont se sert avec un certain charlatanisme la médiocrité ambitieuse de gens qui s'intitulent hydroscopes. Il est bien entendu nous sommes loin de ranger dans cette catégorie ceux qui, que comme l'abbé Paramelle surtout, écartent ces manoeuvres puériles, et dont la science s'appuie sur une longue observation et sur un savoir réel. Nous n'eussions jamais songé à dire un mot sur ce sujet, si la science plus que douteuse de l'un de ces hydroscopes n'avait été bien coûteusement expérimentée en Afrique et en France. Il est inutile de dire que

le succès a été nul, et les amateurs du merveilleux bien désappointés.

Nous terminons par une note sur les différents modes de traiter pour l'entreprise des forages et les ventes de sondes.

DU SONDEUR

CHAPITRE PREMIER

PRÉCIS HISTORIQUE ET THÉORIQUE

De l'Art des Sondages.

« Un des hommes qui ont eu l'honneur d'inaugurer le <«< mouvement scientifique et industriel des temps modernes, <«< un potier de terre, qui ne savait ni latin ni grec, fut le pre«mier, dit Fontenelle, qui, vers la fin du xvr° siècle, osa dire « dans Paris et à la face de tous les docteurs, que les coquilles fossiles étaient de véritables coquilles déposées autre«fois par la mer dans les lieux où elles se trouvaient alors; << que des animaux, et surtout des poissons, avaient donné aux pierres figurées toutes leurs différentes figures; et «< il défia hardiment toute l'école d'Aristote d'attaquer ses << preuves'. >>

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« Ce potier de terre, qui défia toute l'école d'Aristote, était « Bernard Palissy, aussi grand physicien que la nature seule

Hist. de l'Acad. des sciences, année 1720, page 5.

« en puisse former un 1; et, comme parle un écrivain de son « temps, homme d'un esprit merveilleusement prompt et « aigu2.

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Cet homme, dit Venel, qui n'était qu'un simple ouvrier sans lettres, montre, dans ses différents ouvrages, un génie observateur, accompagné de tant de sagacité et d'une méditation si féconde sur ses observations, une dialectique si peu commune, une imagination si heureuse, un sens si droit, des vues si lumineuses, que les gens les plus formés par l'étude peuvent lui envier le degré de lumière où il est parvenu sans ce secours, et cette tournure d'esprit qui l'a fait réfléchir avec succès.......... La forme même de ses ouvrages annonce un génie original. Ce sont des dialogues entre Théorique et Pratique; et c'est toujours Pratique qui instruit Théorique, écolière fort ignorante, fort indocile et fort abondante en son sens 3.

C'est dans un de ses dialogues qu'il exposait ainsi l'art des sondages:

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« PRATIQUE. Si je voulais trouver de la marne en quelque province où l'invention ne fût encore connue, je voudrais <«< chercher toutes les terrières desquelles les potiers, brique« tiers et tuiliers se servent en leurs œuvres, et de chacune « terrière, j'en voudrais fumer une portion de mon champ; puis je voudrais avoir une tarière bien longue, laquelle ta«rière aurait au bout de derrière une douille creuse, en laquelle je planterais un bâton, auquel il y aurait par l'autre «bout un manche au travers, en forme de tarière, et ce

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Expressions de Fontenelle, ibid., page 6.

2 Lacroix du Maine, Bibliothèque, etc., 1584. 3 Venel, article Chimie de l'Encyclopédie.

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fait, j'irais par tous les fossés de mon héritage, auxquels « je planterais ma tarière jusques à la longueur de tout le manche, et l'ayant tirée dehors du trou, je regarderais « dans la concavité de quelle sorte de terre elle aurait ap« porté, et l'ayant nettoyée, j'ôterais le premier manche et en <«< mettrais un beaucoup plus long, et remettrais la tarière dans <«<le trou que j'aurais fait premièrement, et percerais la terre << plus profond ; et par tel moyen ayant plusieurs manches de << diverses longueurs, l'on pourrait savoir quelles sont les terres profondes, et non-seulement voudrais-je fouiller dans « les fossés de mes héritages, mais aussi par toutes les parties de mes champs, jusqu'à ce que j'eusse apporté au bout de « ma tarière quelque témoignage de ladite marne, et ayant « trouvé quelque apparence, lors je voudrais faire, en icelui endroit, une fosse telle comme qui voudrait faire un puits. THÉORIQUE. Voire, mais s'il y avait du roc au-dessous de <«< ces terres, comme l'on voit en plusieurs contrées que toutes « les terres sont foncées de rochers?

« PRATIQUE. A la vérité cela serait fâcheux; toutefois en plu<«<sieurs lieux les pierres sont fort tendres, et singulièrement quand elles sont encore en la terre: pourquoi me semble << qu'une torsière les percerait aisément, et après la torsière on pourrait mettre l'autre tarière, et par tel moyen on pourrait << trouver des terres de marne, voire des eaux pour faire puits, << lesquelles bien souvent pourraient monter plus haut que le << lieu où la pointe de la tarière les aura trouvées: et cela se << pourra faire moyennant qu'elles viennent de plus haut que » le fond du trou que tu auras fait.

« THÉORIQUE. Je trouve fort étrange ce que tu me dis, que «si le roc m'empêche de percer la terre, qu'il faut aussi percer

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